Toutânkhamon

 

Toutânkhamon est né il a plus de trois mille ans, vers 1345 avant J.-C. Il est le fils de deux personnalités extrêmement connues et importantes de l’Egypte ancienne, Akhenaton et Néfertiti. Avant d’avoir un fils, le couple avait eu cinq filles, et c’est évidemment Toutânkhamon qui deviendra pharaon. Il est marié à l’âge de 9 ans… à sa sœur aînée, et débute au même âge son règne : Toutânkhamon n’a pas vraiment eu d’enfance, il règne à peine dix ans, jusqu’à sa mort, à 18 ou 19 ans, en 1327 avant J.-C. Il est considéré comme le dernier pharaon sans gloire de sa dynastie (la 18e). Pourquoi sans gloire ? Parce qu’il a le malheur d’avoir été le fils de ses illustres parents. Akhenaton et Néfertiti sont à l’origine d’une révolution civilisationnelle, culturelle et religieuse extrêmement importante au XIVe siècle avant notre ère. A cette époque, l’Empire égyptien est à son apogée, le clergé qui honore de nombreux dieux a un pouvoir politique indéniable. Et voici que les époux royaux décident de rompre avec les dieux ancestraux pour vénérer le disque solaire Aton comme dieu quasiment unique. Une forme de monothéisme inédite alors. Aton est un dieu proche des hommes et de la nature, on le voit tous les jours puisque le soleil se lève chaque matin. Révolution. Le clergé et les dignitaires sont bien sûr hostiles à cette révolution. Néfertiti et Akhénaton décident également de déplacer la capitale de Louxor à Tell el-Amarna, où il se font souvent représenter avec leur fils sur les genoux.

Découverte de la tombe du pharaon Toutankhamon dans la Vallée des rois (Égypte): Howard Carter, regardant à travers les portes du deuxième sanctuaire, le 4 janvier 1924.

Découverte de la tombe du pharaon Toutankhamon dans la Vallée des rois (Égypte): Howard Carter, regardant à travers les portes du deuxième sanctuaire, le 4 janvier 1924.

photo Harry Burton/Bridgeman Giraudon

Toutânkhamon ne poursuivra pas l’œuvre de ses parents. En l’an 2 de son règne (il a donc environ 10 ans), manquant cruellement d’expérience et subissant quelques manipulations de la part des dignitaires, il rétablit l’ordre précédent et retourne à l’orthodoxie polythéiste. Quand son règne débute, l’économie va mal, l’ère initiée par son père décline et le jeune Toutânkhamon a une santé fragile. On pense qu’il boitait et qu’il avait des difficultés à marcher. Il est toujours représenté assis, même quand il chasse – activité qui se pratique debout d’ordinaire. Il meurt brutalement, probablement d’une blessure au genou qui se serait infectée, c’est en tout cas ce que laissent supposer les analyses effectuées en 2010 sur sa momie.

Comment a-t-on découvert son tombeau ?

On doit cette prodigieuse découverte à la passion de Lord Carnarvon, riche comte britannique, qui se découvre un goût pour l’égyptologie quand il débarque au Caire en 1903 pour se remettre d’un accident de voiture. Il finance des fouilles à titre privé, une première, et il en veut pour son argent. Le mécène anglais a un poulain : Howard Carter. L’égyptologue anglais débute ses fouilles en 1914 dans la région de la Vallée des Rois… et ne découvre rien de majeur, mais il sait, il en est persuadé, que la tombe de Toutânkhamon est proche. En 1922, Carnarvon se désespère et offre une dernière saison de fouilles à Carter. C’est sa dernière chance. Et le matin du 4 novembre, tout s’accélère. Hussein, un gamin alors chargé de remplir des jarres d’eau, creuse le sable pour que le récipient tienne sans se renverser… et découvre une marche. Carter accourt, et c’est une volée entière de marches qui se dévoile sous le sable. Au bout, l’entrée d’un tombeau. “Avons enfin fait une découverte extraordinaire dans la vallée. Une tombe somptueuse dont les sceaux sont intacts. L’avons refermée jusqu’à votre arrivée. Félicitations.” lit-on sur le télégramme que Carter adresse à Lord Carnarvon. Une fois les deux hommes réunis sur place, en costumes trois pièces, chapeaux et cannes comme ils se doit, ils jettent enfin un œil à la première salle. Carter éclaire la chambre funéraire avec une bougie : “D’abord, je ne vis rien : l’air chaud s’échappant de la chambre faisait danser la flamme de la bougie. Puis, à mesure que mes yeux s’accoutumaient à la faible luminosité, des formes se dessinèrent lentement dans l’obscurité de la pièce, d’étranges animaux, des statues et de l’or – partout le scintillement de l’or”, écrira-t-il. La tombe est la seule qu’on ait trouvée intacte, inviolée, avec autant d’objets à l’intérieur. C’est une découverte exceptionnelle, qui a d’autant plus de retentissement qu’elle est relayée par les médias – des photos et des films documentent les fouilles.

Que trouve-t-on dans le tombeau de Toutânkhamon ?

Toutânkhamon est mort jeune, soudainement, et le tombeau n’était certainement pas prévu pour lui : il est trop petit pour être celui d’un pharaon et le décor est tout à fait banal. Mais à l’intérieur, Howard Carter découvre plus de cinq mille objets constituants le mobilier funéraire. On a accumulé, en tassant, quantité de choses dignes d’un pharaon, un peu à la va-vite, tout est sens dessus dessous, comme dans un garage mal rangé ! Reste que tous les objets sont d’une beauté stupéfiante. L’art égyptien au moment de la mort de Toutânkhamon est à son apogée, et tout est d’une finesse exceptionnelle.

Il y a de la vaisselle, des meubles, des bijoux, des statues… Il faut plusieurs jours à Howard Carter (surtout à sa valeureuse équipe) pour dégager tous les objets et atteindre la véritable tombe du pharaon. La momie de Toutânkhamon se trouve dans le quatrième et dernier cercueil enchâssé, sous le célèbre masque d’or – dix kilos de métal précieux pour le masque, cent-dix pour le cercueil, et en tout, on trouve pas moins de deux cents kilos d’or dans le tombeau.

Pectoral en or incrusté de pierre avec scarabée en lapis. Or, lapis lazuli, turquoise, cornaline, feldspath, calcite. Chambre du trésor, Louxor, vallée des Rois.

Pectoral en or incrusté de pierre avec scarabée en lapis. Or, lapis lazuli, turquoise, cornaline, feldspath, calcite. Chambre du trésor, Louxor, vallée des Rois.

Laboratoriosrosso

Rien n’est trop beau pour un pharaon et l’ensemble est sublime. L’accumulation d’objets est éblouissante et l’état de conservation stupéfiante. Le tombeau n’ayant jamais été violé, aucun choc thermique ni hydraulique n’est venu perturber l’atmosphère. La tombe est restée scellée pendant les trois mille ans : la découverte est sans équivalent. »

Quels étaient les rites funéraires pour un pharaon ?

Toutânkhamon a été momifié : en plus de l’avoir enrubanné de couches et de couches de bandelettes – une opération qui pouvait prendre plusieurs dizaine de jours – on a vidé toutes les parties purulentes et molles de son corps. Les entrailles, les organes et les viscères sont placés dans des vases canopes, qu’on met à côté du cercueil pour que l’illustre défunt, une fois arrivé dans l’au-delà, puissent les retrouver. Il s’agit d’arriver dans “l’après” le plus intact possible et de mener une vie des plus agréables. C’est pour cela qu’on enterre le pharaon avec autant d’objets, de meubles, mais aussi des boissons, de la nourriture : il ne sera pas dépaysé dans l’au-delà et il aura tout le confort à portée de main. Et pour qu’il ne manque vraiment de rien, on place non loin de lui des statuettes funéraires (ouchebtis), équipées d’outils du quotidien – pour labourer, ramasser le blé… – afin d’effectuer tout un tas de corvée dans l’au-delà our le souverain. Normalement, on trouve une statuette pour chaque jour de l’année : même mort, le pharaon n’aura pas à s’abaisser à de vulgaires corvées.

Et les malédictions alors ?

Maudits soient les pilleurs de tombeau ! Une légende, tenace, fait état d’une malédiction touchant celles et ceux qui ont eu le malheur d’approcher, directement ou non, la momie de Toutânkhamon. D’abord, le canari d’Howard Carter est dévoré par un cobra, emblème royal, ensuite, un an après la découverte de la tombe, c’est Lord Carnarvon qui succombe à une septicémie à la suite d’une vilaine piqûre de moustique… qui aurait le même emplacement qu’une balafre sur le visage de Toutânkhamon.

Pire : les lumières du Caire s’éteignent quand il meurt. Coïncidences ? La presse de l’époque n’y croit pas et s’emballe. Ils vont être nombreux à mourir ainsi, dans des circonstances que beaucoup trouvent douteuses. Ajoutons à cela le scanner, dernier cri et flambant neuf, qui doit analyser la momie… tombe en panne ! N’en jetez plus, tout le monde tremble. Tous ces drames ont aussi des explications bien rationnelles, n’en déplaise aux amateurs de malédictions. L’égyptologue Jean-Philippe Lauer, qui a passé sa vie à explorer des tombeaux, est, lui, mort de sa belle mort à l’âge de 99 ans. Rappelons que les conditions de vie d’un égyptologue dans les années 1920 n’étaient pas non plus idéales. « Survivre à une telle découverte, celle du tombeau de Toutânkhamon, n’est pas évident. C’est un tel bouleversement ! Mais n’allons pas dire que Carter était un émotif… », conclut, amusée, l’égyptologue Guillemette Andreu-Lanoë.

Cent ans après la découverte du tombeau de Toutânkhamon, tout savoir sur le pharaon superstar

Julia Vergely

Il est aussi connu que les pyramides et la belle Cléopâtre. Pharaon parmi les pharaons, Toutânkhamon doit sa notoriété mondiale à un événement dont il n’est pas responsable. La découverte de son tombeau, intact, le 4 novembre 1922 par le Britannique Howard Carter met au jour de multiples splendeurs inhumées avec cet enfant-roi, mort avant sa vingtième année. Grâce à l’aide précieuse de l’égyptologue Guillemette Andreu-Lanoë, voici ce qu’il faut savoir sur la vie et l’héritage du mythique roi égyptien. « Toutânkhamon est né il y a plus de trois mille ans, vers 1345 avant J.-C. Il est le fils de deux personnalités extrêmement connues et importantes de l’Égypte ancienne, Akhenaton et Néfertiti. Avant d’avoir un fils, le couple avait eu cinq filles, et c’est évidemment Toutânkhamon qui deviendra pharaon. Il est marié à l’âge de 9 ans… à sa sœur aînée, et débute au même âge son règne : Toutânkhamon n’a pas vraiment eu d’enfance, il règne à peine dix ans, jusqu’à sa mort, à 18 ou 19 ans, en 1327 avant J.-C. Il est considéré comme le dernier pharaon, sans gloire, de sa dynastie (la 18e). Pourquoi sans gloire ? Parce qu’il a le malheur d’avoir été le fils d’illustres parents. Akhenaton et Néfertiti sont à l’origine d’une révolution civilisationnelle, culturelle et religieuse extrêmement importante au XIVe siècle avant notre ère. » Lire la suite de notre entretien

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