ROUTE DU RHUM

 

Ce vendredi 18 novembre, on n’a encore accueilli que cinq marins en Guadeloupe, chiffre à comparer avec les 138 skippers qui étaient au départ de Saint-Malo… En catégorie Class40 par exemple, un fait de course important survient : Xavier Macaire est en difficulté. Son Class40 Groupe SNEF est victime d’une voie d’eau ! Au beau milieu de l’océan Atlantique, à plus de 1 800 milles de l’arrivée aux Antilles, soit 3 330 kilomètres en langage terrien.

Deux fissures dans la coque du bateau

Alors qu’il évoluait en deuxième position des Class40 - une des séries de la Route du Rhum qui a été le plus durement touchée par les passages de fronts successifs et violents – Xavier Macaire a constaté deux fissures importantes dans la coque de son voilier, Groupe SNEF. L’une au niveau du fond de coque, l’autre au niveau du bouchain. Ces deux fissures ont pour conséquence de provoquer une voie d’eau à l’intérieur du bateau. La tuile.



Thomas Coville (3ème en Ultim) :



 « Imaginez ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui arrive de 6 jours de mer durant lesquels il n’y avait que des vagues, du vent, de la vitesse, des chocs ; avec aussi un duel et un combat avec Charles et François et qui apprend le drame qui est arrivé cette nuit. Et là, ce n’est plus descriptible… Dans ma tête, je ne sais pas comment m’exprimer : c’est trop violent. J’ai fait des tas d’arrivées ici et, à chaque fois, effectivement, c’était tendu. Mais jamais on n’avait imaginé ça. Ce n’est donc pas forcément la même chose de venir au ponton et de vous parler et de faire comme s’il ne s’était rien passé.


Sinon, sur cette course, je voulais féliciter Charles : bravo. C’est un beau vainqueur, une belle équipe qui nous a emmené dans les Ultim il y a quatre ans. À l’époque, on ne voulait pas aller jusque-là et Gitana y était déjà, et avait déjà cette vision-là. On s’est même accroché souvent parce que nous ne voulions pas avoir ces bateaux-là. Parce qu’on voulait que ça n’aille pas trop vite ni trop loin : eux avaient déjà prévu et projeté de nous emmener là où ils voulaient nous emmener stratégiquement. La Route du Rhum, c’est une construction stratégique et philosophique 4 ans avant. Ils ont cru et voulu le vol tout de suite. Benjamin de Rothschild, qui a donné beaucoup à la voile, doit être content de là-haut.


Il y a nos bateaux et les autres. Une partie de la flotte est devenue obsolète et une autre qui peut jouer des duels et des matches comme sur cette Route du Rhum. Il faut le vivre de l’intérieur pour avoir cette chance et pour se rendre compte que c’est ex-tra-or-di-naire. Il faut un engagement physique, un engagement technique, une connaissance. J’ai eu l’impression d’être un incroyable privilégié d’avoir pu faire ce match avec les deux autres.


Je me suis vraiment éclaté, comme jamais. Pourtant, je pensais en avoir fait, en avoir vu… Ce n’était pas la cible. La cible, c’était d’aller chercher le deuxième front engagé dans 45 nœuds avec un engin comme ça tout seul. C’était la carte dans notre jeu. Quand c’est passé, là où les deux autres n’ont pas été, j’ai pensé avoir décroché la timbale. Mais le front s’est réorienté et ils ont pu le retraverser. On ne va réécrire l’histoire : c’est Charles qui a gagné.


J’ai un bateau d’une fiabilité incroyable. Je n’ai rien eu besoin de toucher… sauf ce matin avant l'arrivée où j’ai eu la peur de ma vie. J’ai pris un filet de pêche dans 4 mètres de houle avec la mer des alizés. Il a fallu que je plonge pour libérer mon plan porteur de dérive. Quand vous descendez en apnée sous ce bateau, avec le couteau et que vous faites 25 plongées… ça aussi c’est extraordinaire. »

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