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jeudi 9 novembre 2023

9 NOVEMBRE 1970 ✝️

 

DGL161913 The De Gaulle Family at Morgat, near Crozon, Finistere, 1950 (b/w photo) by French School, (20th century); Archives de Gaulle, Paris, France; (add.info.: General Charles de Gaulle and Yvonne de Gaulle; their son Admiral Philippe de Gaulle and Henrietta de Gaulle with their newborn son, Charles;); French,  it is possible that some works by this artist may be protected by third party rights in some territories.
BRIDGEMAN IMAGES

Dans la famille de Gaulle, succession et trahisons

RÉCIT

La succession de Philippe de Gaulle, le dernier enfant du Général encore en vie, âgé de 101 ans, préoccupe les fidèles de l’homme du 18-Juin. Après celui qui a longtemps fait figure de gardien des valeurs du père de la Vᵉ République, qui reprendra le flambeau ? La question divise la famille, d’autant que l’un de ses membres, Pierre, affiche son soutien à la Russie de Vladimir Poutine en se réclamant bruyamment de son grand-père.

dimanche 18 juin 2023

 


Appel du 18-Juin : le général de Gaulle de vive voix

L’appel du 18-Juin… Rarement un événement aura suscité autant de livres ou de travaux d’historiens et dégagé aussi peu de certitudes.

En partenariat avec l’Institut national de recherche et de coordination acoustique-musique (Ircam) et Ircam Amplify, et encadré par des chercheurs en éthique et des historiens, Le Monde a recréé une version audio de ce discours dont il n’existe aucun enregistrement.

Un projet qui aide à mieux cerner le fonctionnement et les promesses des technologies de synthèse reposant sur l’intelligence artificielle, et leurs risques.

jeudi 8 avril 2021





 Le 7 avril 1921, l'abbé Pierre-Marie Baheux, curé de Notre-Dame de Calais, unit devant Dieu une jeune héritière de la bourgeoisie industrielle locale, Yvonne Vendroux, et un capitaine d'infanterie d'origine lilloise, Charles de Gaulle. Le mariage civil a été célébré la veille au soir par le maire de Calais en personne, Joseph Duquenoy-Martel. Après la messe, un aria de Bach et la marche nuptiale de Mendelssohn, puis le repas, pendant lequel le mari, qui déteste ça, ne danse qu'à peine avec sa femme, les jeunes mariés partent pour Paris, où ils passent leur nuit de noces, puis l'Italie, en lune de miel. 

Il a presque 10 ans et 40 cm de plus qu'elle, mais Yvonne a été charmée par l'officier - elle qui s'était jurée de ne pas épouser un militaire, pourtant. Elle lui a été présentée par Paule Denquin-Ferrand, une amie commune, et à l'initiative des familles, qui se connaissent un peu : elles passent leurs vacances à Wimereux. Des rencontres sont organisées à Paris, à l'occasion du salon d'automne 1920 puis lors du bal de Saint-Cyr... Au 3e jour, Yvonne déclare : "Ce sera lui ou personne." Les fiancailles sont officialisées le 11 novembre 1920 - Charles, qui fait la guerre aux bolcheviks aux côtés des Polonais, a obtenu une permission. 

Elle l'accompagnera jusqu'à la fin, sera la mère de ses 3 enfants, Philippe, Élisabeth et Anne, la petite trisomique qui mourra à 20 ans, en 1948. Pour le rejoindre à Londres, elle traversera un pays livré à l'anarchie et au chaos, de Colombey-les-Deux-Églises à la Bretagne, et franchira la Manche. À l'Élysée, un "meublé" qu'elle n'aime pas, elle présidera aux cérémonies mondaines, jouera un rôle effacé en apparence, mais sans jamais hésiter à donner son avis. Elle risquera sa vie à ses côtés, au Petit-Clamart, s'attirant ce compliment : "Vous êtes brave, Yvonne". Catholique fervente, elle acceptera pourtant la légalisation de la pilule.

Elle mourra le 8 novembre 1979, 9 ans moins 1 jour après lui.

dimanche 5 juillet 2020

ANNÉE DE GAULLE



             CLIC               






Plongée dans les méandres et la personnalité complexe du général de Gaulle, de son histoire singulière qui est aussi la nôtre puisque l'homme prétendait être la France. Prétention dont nous avons, avec le temps, le recul de l'histoire, accepter l'augure. Tout le monde, est, a été et sera gaulliste, disait-on de son vivant. Aujourd'hui, toutes les forces politiques s'inclinent devant sa statue. Mais qu'est-ce qui, en 2020, peut nous relier encore au général ? 
Le mythe De Gaulle traduit-il un désir de grandeur historique chez les Français ? Ce souvenir que nous avons d'avoir été un grand pays fait-il qu'on veuille absolument se raccrocher à l'idole De Gaulle pour avoir une plus grande idée de nous-mêmes aujourd'hui ?
Pourquoi le gaullisme a été si important et le reste encore dans l'imaginaire de la France ? Comment expliquer cet aspect passionnel dans les rapports que les Français entretiennent avec de Gaulle, même ceux qui s'estiment contre lui ? 
De Gaulle représentait une certaine idée de la France, une façon de faire la politique, une espèce d'héroïsme, avec un côté très littéraire que l'on ne retrouve plus aujourd'hui
- L'historien Julian Jackson
Pourquoi l'appel à la résistance du 22 juin 1940, à Londres, marque-t-il l'acte de naissance du mythe De Gaulle ? C'est à ce moment-là que l'incarnation de la France est lancée ; que la France commence à exister par la puissance de la représentation de de Gaulle. Celui qui pourrait parler librement pour les intérêts de son pays.
Tout de Gaulle vient de cet acte courageux et remarquable
- Julian Jackson
Comment la reconnaissance de De Gaulle par Churchill et le Royaume Uni s'est-elle faite ? Churchill a mis du temps avant de comprendre que de Gaulle était devenu le vrai symbole de la nouvelle France. C'est là qu'il faut comprendre les relations passionnelles, conflictuelles entre ces deux personnages. Comment de simple chef de la France libre, il est parvenu à se faire reconnaitre le chef de la nouvelle France ? 
Comment décrire les relations de ces deux grandes figures politiques obsédées par les histoires de leur propre pays ? Comment Churchill percevait-il de Gaulle ? Comment mesurer cette si grande épaisseur historique entre les deux hommes, ce sens de l'histoire puis de la littérature qu'ils incarnaient ?
**En Angleterre, Churchill tient-il une place similaire à celle de Gaulle en France ?**L'influence de Churchill est-elle aussi importante dans l'histoire de notre pays que celle de de Gaulle ? L'héritage de Churchill dépasse-t-il celui de 1940 ? 
Quand la présidence de la république française hérite du mythe de Gaulle. Dans quelle mesure Emmanuel Macron parvient-il à faire transparaitre ou pas l'héritage des institutions de la Ve République en lui-même grâce à une image de rassembleur ?

Avec le témoignage de

Archives 

  • Appel du 22 juin 1940 par le Général de Gaulle depuis Londres via la BBC
  • Archive de la BBC - 21 octobre 1941 : De Gaulle accueilli chaleureusement dans une usine d'armement anglaise
  • Extrait des Mémoires de guerre du général de Gaulle au sujet de Winston Churchill (lu par le comédien Jean Desailly)
  • Archive INA - François Mauriac sur le destin de De Gaulle, 1958
  • Discours d'Emmanuel Macron à Londres en 2020 sur l'appel du 18 juin

Programmation musicale 

  • Charles Trenet - Verlaine 
  • Joy Crookes - Any one but me

mercredi 1 juillet 2020

IL Y A 80 ANS


1er juillet 1940

france-libre.gif Création des Forces navales françaises libres (F.N.F.L.) et des forces aériennes françaises libres (F.A.F.L.)
Les FNFL ne compte pour le moment que peu de navires. Seul les sous-marins Narval et Rubis, le patrouilleur Président-Houduce et quelque navires marchands les composents.
L'amiral Muselier, seul amiral rallié au général de Gaulle, est à leur tête.


L'amiral Muselier, chef des forces navales françaises libres

Le capitaine Dewavrin, devenu le colonel Passy, est nommé par le général de Gaulle à la tête des services de renseignements.
Le programme en français de la B.B.C. passe de 15 à 45 minutes.

source : france-libre.net (photo)guerre-mondiale.org

uk.gifFront ouest
Bombardement allemand sur Hull et Wick dans le nord de l'Ecosse. Les britanniques comptent 12 morts et 22 blessés

Dans les îles anglo-normandes, l'île de Jersey se rend aux allemands.

source : Wikipediaonwar.com

ethiopie.gifFront d'Afrique Orientale
La regia aéronautica effectue des raids de bombardement de nuit sur la gare d'Etteb en Afrique orientale et sur les ports d'Aden et de Port-Soudan.

source : guerre-mondiale.org


mouvement-naval.jpgL’amiral Sommerville, commandant l’escadre de Gibraltar, reçoit l’ordre d’exécuter l'opération catapult (neutralisation de la flotte française) à Mers El Kebir.
Il présente ses objections mais reçoit l’ordre formel d’exécution.

source : farac.org

bataille-aeronavale.jpgLa RAF bombarde le port de Kiel, en Allemagne, avec 12 bombardiers Hampden. Les bombes encadrent le croiseur de bataille Scharnhorst et 2 petites bombes touchent le croiseur lourd Admiral Hipper.

source : onwar.com

coule-1.jpgAtlantique nord
Le U26 attaque le convoi OA-175 et endommage le cargo britannique Zarian au sud ouest de l'Irlande. Il se saborde ensuite après avoir subit de sévères dommages par les charges de profondeurs de la corvette britannique HMS Gladiolus et par les bombes d'un sunderland australien.

Les U102 et U30 attaquent le convoi SL-36 au sud ouest de l'Irlande. Le U30 coule le cargo britannique Beignon. Le U102 coule le cargo britannique Clearton mais est ensuite coulé par les charges de profondeurs du destroyer britannique HMS Vansittart
Le U29 coule au canon le cargo grec Adamastos au sud ouest de l'Irlande.

Atlantique sud
Le croiseur auxiliaire Thor capture le cargo hollandais Kertosono. La prise est envoyé à Lorient et y arrivera sans encombre.

source : UBoat.netscharnhorst-class.dk

hongrie.gifroumanie2.gifLe gouvernement Hongrois rapporte des violations de frontières par les troupes roumaines. Des civils sont tués.
Les troupes hongroises et roumaines se massent à la frontière.

source : onwar.com

roumanie2.gifuk.gifLe gouvernement roumain renonce aux garanties d'intégrité territoriales apportées par la Grande-Bretagne

source : onwar.com"Events leading up to World War II" sur iBiblio.org


italie.jpggrece.pngL'Italie menace de prendre des mesures contre la Grèce
L'Italie possède la preuve  que des navires britanniques ont utilisés les eaux territoriales grecs dans le but d'attaquer les forces navales italiennes. Ceci est intolérable...

source : "Events leading up to World War II" sur iBiblio.org

uk.giffrance.gifLe gouvernement britannique avertit la France qu'elle n'acceptera aucune occupation allemande de la syrie.

Les différentes missions françaises qui se trouvent encore en Angleterre reçoivent l’ordre de quitter l’Ile.

source : onwar.comfarac.org


allemagne.pngLe général von Rundstedt est promu maréchal à la suite de ses succès en Pologne et en France.

source : guerre-mondiale.org



allemagne.pngusa.gifL'Allemagne rejette la note des USA du 18 juin
Le Reich allemand n'a donné aucune indication qu'il entend acquérir de telles possessions.
La non intervention dans les affaires du continent américain par les nations européennes, demandé par la doctrine monrœ, ne peut dans le principe être valide légalement qu'à la condition que les nations américaines n'interviennent pas non plus dans les affaires du continent américain.

Le secrétaire d'Etat américain, M. Hull, explique la doctrine Monroe.
Elle n'a jamais ressemblé, et ne ressemble pas de nos jours, aux politiques qui apparaissent  dans d'autres zones géographiques du monde, qui sont sensés être similaires à la doctrine monrœ, mais qui, au lieu de rester sur la politique de la défense de soi et du respect des souverainetés existantes, comme le fait la doctrine monrœ, seraient en réalité seulement un prétexte pour conquérir par l'épée, ou l'occupation militaire, et par la domination économique et politique complète par certaines puissances d'autre peuples libres et indépendants.

L'Allemagne demande aux USA  de retirer leurs représentations diplomatiques de NorvègeBelgiqueHollande et du Luxembourg courant juillet. Les questions politiques concernant ces pas devant maintenant passer par Berlin.

source : "Events leading up to World War II" sur iBiblio.org

italie.jpgLe général Graziani devient gouverneur de Libye et commandant en chef des forces armées italiennes d'Afrique du Nord. Il succède au maréchal de l'air, Italo Balbo, tué suite à une méprise quelques jours auparavant.

source : guerre-mondiale.org

usa.gifNouvelle commande à la Marine pour la construction de 45 nouveaux navires. La commande compte 550 millions de dollars pour financer ces constructions et d’autres projets.

source : onwar.com


japon.gifRationnement des allumettes et du sucre

source : onwar.com

vendredi 19 juin 2020

FONDATION ET FONDEMENTS DU CNR

La création du CNR

jeudi 18 juin 2020

IL Y A 80 ANS

Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général de Gaulle prononce son premier discours radiodiffusé sur les ondes de la BBC. Cet appel à tous les Français à refuser la défaite et à poursuivre la lutte contre l'Allemagne nazie, marque le début de la France libre.

1. Un appel à la résistance, en réponse à Pétain

Juin 1940. Un an après le début de la Seconde Guerre mondiale, la débâcle de l'armée française est totale face aux troupes allemandes d'Hitler. Le 17 juin 1940, considérant que la guerre est perdue, le maréchal Pétain, nouveau chef du gouvernement après la démission de Paul Reynaud, demande officiellement à la radio française l'armistice avec l'Allemagne : "C'est le coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat." Et engage des pourparlers avec l'ennemi.

Charles de Gaulle, nommé secrétaire d'État à la Défense nationale sous le gouvernement Reynaud, s'oppose farouchement à l'armistice de Pétain, qui "serait non seulement une capitulation mais encore un asservissement". 
En charge de coordonner les actions militaires avec les Anglais, il quitte la France pour rejoindre Londres. Le 18 juin 1940, avec le soutien du Premier ministre britannique Winston Churchill et en réponse au discours radiophonique de la veille par Pétain, de Gaulle lance un appel à la résistance, depuis les ondes de la BBC, vers 22 heures. Un discours dans lequel il invite les Français à poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie avec les alliés britanniques : "Tant que ses alliés continuent la guerre, son gouvernement n'a pas le droit de se rendre à l'ennemi. Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible."

2. L'appel du 18 juin... date du 22 juin ! 

Comme le précisent les archives du gouvernement français, aucun enregistrement de la célèbre allocution radiophonique du général de Gaulle, daté du 18 juin, n'a été conservé. Quatre jours plus tard, le 22 juin, le Général réitérera son appel à la résistance avec un second discours (voir la vidéo ci-dessous). Enregistrée, la version sonore peut encore être écoutée de nos jours. Il diffère du premier mais reste très proche dans l'argumentaire. Cette allocution intervient le jour de l'armistice franco-allemand, signé à Rethondes. Quant à la photo utilisée pour illustrer l'appel du 18 juin, où on voit le Général devant un micro de la BBC, celle-ci a été prise lors d'un discours en octobre 1941. 

3. Un appel peu entendu par les Français...

Rares sont les Français à avoir entendu l'appel du 18 juin du général de Gaulle dont la voix était encore méconnue du grand public. Et aussi en raison de l'exode où de nombreuses familles fuyaient l'occupation allemande. Le lendemain, l'allocution radiodiffusée du général de Gaulle est retranscrite dans quelques journaux régionaux français encore en zone non occupée (Le Petit Provencal, Le Petit Marseillais ou Le Progrès de Lyon) ou étrangers (The Times en Angleterre, le New York Times aux États-Unis). 
Ce célèbre discours marquera le début de la Résistance française. L'affiche "A tous les Français", aux couleurs de la France libre, organisation de résistance extérieure, est souvent confondue avec l'appel du 18 juin.  Placardées dans les rues de Londres, le 3 août 1940, elles s'adressent principalement aux Français présents à Londres et sur le sol britannique pour les encourager à rejoindre de Gaulle dans les Forces françaises libres. L'armistice signé, le contexte diffère. Cette affiche, sous une formulation différente, ne sert qu'à amplifier les arguments du discours du général de Gaulle.
"La France a perdu une bataille, mais la France n'a pas perdu la guerre !"
GÉNÉRAL DE GAULLE (depuis son quartier général londonien)
Entre juin et juillet 1940, quelque 7.000 Français prennent le chemin de la Grande-Bretagne. Parmi eux, des centaines de futurs compagnons de la Libération, souvent âgés d’une vingtaine d’années, révoltés par le genou plié du "vainqueur de Verdun" qui n'est autre que Pétain.

Aujourd'hui, l'authentique discours de l'appel du 18 juin, composé de quatre pages manuscrites, appartient à l'amiral Philippe de Gaulle, fils aîné du général de Gaulle.

5. Un appel adressé en premier lieu aux militaires

Contrairement à une idée répandue, le général de Gaulle ne demande pas la constitution de réseaux de résistance sur le territoire français. Le texte s’adresse d’abord aux militaires, ingénieurs et ouvriers, les invitant à rejoindre l’effort de guerre des Alliés à Londres : "Moi, général De Gaulle, j'entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale. J'invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l'air, j'invite les ingénieurs français spécialistes de l'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi. J'invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l'air, où qu'ils trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi."
 
Stéphanie Zeimet
stéphanie.zeimet@centrefrance.com

L'APPEL DU 18 JUIN




18 juin 1940: un appel contre le renoncement




GRAND RÉCIT

Le 18 juin, le général de Gaulle s’adresse aux Français depuis Londres. Récit de l’acte fondateur de la Résistance.
Par Jacques de Saint Victor

Comme le dira de Gaulle à Henri de Kérillis, qui est alors proche de lui, et à sir Vansittart: « On va peut-être me prendre pour un aventurier, et pourtant je ne suis pas un aventurier...»

Les  17 et 18 juin 1940 vont marquer d’une lueur terrible et glorieuse l’histoire de France pour le siècle à venir. Tout se passera via la radio. Alors que le maréchal Pétain, nommé le 16 dans la soirée à la tête du gouvernement par le président Lebrun, demande le lendemain à cesser les combats, le général de Gaulle se rend à Londres le jour même et prononce, le 18, le fameux discours qui le fera entrer dans la légende.


À lire aussi : Pourquoi l’appel du 18 juin doit continuer de nous inspirer?


Deux France, l’une pacifiste, l’autre offensive, commencent à se faire face.

Pétain, partisan avec le général Weygand de mettre un terme aux combats, précise sur les ondes avoir demandé aux Allemands les conditions de l’armistice.

«C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.»

Le jour même, Churchill, malgré les divisions de son cabinet, fait le choix inverse et déclare à la BBC:

«Mon cœur saigne pour le courageux peuple de France» et il ajoute: «Nous défendrons notre île, et, avec l’Empire britannique, nous continuerons, invincibles, la lutte.»


C’est dans ce contexte que le général de Gaulle, de retour alors à Londres, décide de sortir de la légalité pour s’opposer au maréchal Pétain et prononcer l’acte fondateur de la Résistance.

Face à ceux qui jugent absurde de poursuivre un combat qu’ils croient perdu d’avance, et qui sont souvent issus des rangs de l’état-major républicain et de la gauche pacifiste des années 1930 (alors majoritaire au Parlement issu du Front populaire de 1936), une autre France, généralement composée en ces jours douloureux d’esprits nationalistes et bellicistes (à quelques rares exceptions, comme un René Cassin), estime qu’il est possible d’éviter le déshonneur et de se battre en utilisant l’empire colonial qui reste avec celui de l’Angleterre le dernier recours d’un pays à genou.


À lire aussi : Il y a 80 ans, Paris vivait les premiers jours de l’occupation allemande


La geste gaulliste voudrait que le discours prononcé le 18 n’ait pas été soumis aux autorités britanniques. Après la guerre, en 1964, de Gaulle a déclaré avec superbe à l’historien Henri Amouroux: « De ma vie, je n’ai jamais montré un texte de moi.» Pourtant, dans d’autres occasions, notamment en mai 1943, il précise à Jean Oberlé que « le matin du 18 juin, je rédige un message aux Français. Je le donne au général Spears pour le montrer à Churchill ». Il apparaît clairement aujourd’hui que le discours a été sérieusement négocié avec les autorités anglaises, celles-ci étant même au départ hostiles à ce que de Gaulle parle à la radio.


Un pari

À l’époque, les Anglais hésitent à donner la parole à un général inconnu s’attaquant à la position de leur allié français. Il a fallu tout le poids de Churchill pour que Londres change d’opinion. Il s’agit d’un pari car le 18, Pétain n’a pas encore mis fin aux hostilités et les Anglais ne veulent pas se mettre définitivement à dos les nouvelles autorités françaises. C’est ce qui conduit le Cabinet britannique à imposer à de Gaulle des conditions particulières. Le général ne devra se limiter qu’aux aspects militaires et veiller de s’abstenir de toute attaque directe contre le maréchal. Ils demandent notamment au général de biffer l’attaque de son discours, trop agressive à l’égard de Pétain.


Quelle fut la teneur exacte du discours du 18 juin?



De nombreux mystères planent encore sur ce texte mythique. Si beaucoup croient en connaître la teneur exacte, l’histoire a le plus grand mal à en recomposer précisément l’élaboration. Car s’il existe bien une « ébauche de l’Appel du 18 Juin », publié dans " Lettres, Notes et Carnets " du général de Gaulle, les historiens savent aujourd’hui que ce texte daté du 17 juin au soir (il aurait été rédigé après le dîner du général avec Jean Monnet et sa femme) date en réalité du 2 juillet 1940, écrit en vue d’une séance d’actualité cinématographique. On sait même, précise l’historienne Aurélie Luneau, qui a consacré un livre spécifique sur ce célèbre Appel (1), que la formule fameuse, connue de tous - « La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre » -, n’aurait même pas été prononcée lors du 18 juin mais serait ultérieure: « Elle n’était pas dans le texte de l’Appel du 18 Juin», écrit Aurélie Luneau (p. 117). Elle y aurait été ajoutée tardivement. « C’est seulement au printemps 1944 que lors d’une réimpression d’exemplaires à diffuser en France libérée, la date du 18 juin 1940 fut ajoutée au texte initial (en bas, à gauche, en remplacement d’un encart avec le texte traduit en anglais), probablement par un excès de zèle des services du commissariat à l’Intérieur. Un acte qui entraîna l’amalgame avec le texte original de l’Appel, aujourd’hui encore…» On sait aussi aujourd’hui que le discours prétendument du 19 juin, selon les " Mémoires de guerre ", n’a pas pu être rédigé avant le 23 juin, lorsque de Gaulle annonça la création du Comité national français…


Enfin, quand ce discours fut-il exactement prononcé? 
À 18 heures, selon la version officielle des Mémoires de guerre, ou à 20 heures, comme l’a dit à certaines reprises Elisabeth de Miribel, qui tapa à la machine le discours, ou bien plutôt à 22 heures comme le précisent les historiens anglais de la BBC? C’est d’ailleurs aujourd’hui, d’après Aurélie Luneau, l’heure qui est retenue.

À lire aussi : Éric Roussel: « De Gaulle eut l’intelligence de voir plus loin »

Qu’importent au fond tous ces détails qui ne font que rappeler la fragilité du témoignage historique. Il n’en demeure pas moins que l’Appel du 18 Juin a marqué, comme chacun sait, un moment décisif dans l’histoire de France. Dans ses Mémoires de guerre, le général en dessine la portée: « À mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j’avais menée dans le cadre d’une France solide et d’une indivisible armée. À quarante-neuf ans, j’entrais dans l’aventure comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries. »
De fait, au lendemain du 18 juin, le général fait figure de paria pour les élites françaises. La propagande du maréchal Pétain se moque de lui en le présentant comme le «général micro».
Jusqu’au 22 juin, pour des raisons diplomatiques, les Anglais hésiteront pourtant à redonner la parole à ce général «félon» (alors même que de Gaulle, à la fin de son appel du 18, avait précisé qu’il reprendrait la parole à la radio anglaise le lendemain).

"On va peut-être me prendre pour un aventurier, et pourtant je ne suis pas un aventurier… On dira que je suis un rebelle parce que je n’obéis pas aux ordres. Mais ce sont « eux » les rebelles qui n’obéissent pas au devoir le plus sacré (..) " 
Le Général de Gaulle


S’il est difficile, reconnaît Aurélie Luneau, de mesurer le degré d’audience dont bénéficia l’appel du général, ce 18 juin 1940, il est indéniable qu’il fut entendu par certains acteurs importants ou influents le soir même, comme Pierre Mendès France, Maurice Schumann ou André Philip, voire dans les jours qui suivirent. En effet, l’appel est repassé à plusieurs reprises dans les jours qui suivent et publié dans certains journaux français. Ainsi, Daniel Cordier, replié dans le Sud, en prend connaissance le 19 dans la presse, comme Pierre Messmer ou le général Simon. Et il finira par consacrer la personnalité hors du commun qui a eu le courage de dire «non». Comme le dira de Gaulle à Henri de Kérillis, qui est alors proche de lui, et à sir Vansittart: « On va peut-être me prendre pour un aventurier, et pourtant je ne suis pas un aventurier… On dira que je suis un rebelle parce que je n’obéis pas aux ordres. Mais ce sont “eux” les rebelles qui n’obéissent pas au devoir le plus sacré: défendre son pays jusqu’à la dernière chance auprès de son dernier Allié… Ils vont me condamner, me condamner à mort, peut-être… Eh bien! Tant pis…"

 Jusqu’ici les généraux condamnaient à mort les simples soldats qui abandonnaient le champ de bataille… Cette fois “ils” condamneront un général qui n’a pas voulu le quitter. Le gaullisme et « une certaine idée de la France» étaient nés ".
(1) Aurélie Luneau, «L’Appel du 18 Juin», Flammarion, 311 p., 19,90 euros.

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