Doses de science

 

REPLANTER DES ARBRES

Près de la moitié des arbres replantés dans les forêts tropicales en Asie ne survivent pas plus de cinq ans, selon une étude publiée lundi dernier dans la revue Royal Society. De nombreuses campagnes de replantation d’arbres ont vu le jour pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la biodiversité. Les scientifiques ont étudié l’évolution de 176 sites de restauration. Ils ont observé qu’en moyenne 44 % des arbres replantés meurent au bout de cinq ans. Selon l’étude, les arbres replantés dans les forêts fortement touchées par la déforestation ont un taux de mortalité plus élevé que les autres. Les auteurs estiment tout de même que la restauration de forêts est nécessaire et utile, car la régénération naturelle est beaucoup plus lente.

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ABEILLES

En 50 ans, la durée de vie des abeilles domestiques productrices de miel a diminué de moitié, selon une étude parue dans la revue Scientific Reports lundi dernier. Dans les années 1970, l’espérance de vie d’une abeille occidentale ouvrière était en moyenne de 34,3 jours contre 17,7 jours aujourd’hui. Cette diminution n’est pas liée à l’environnement (pesticides, réduction de l’habitat, hausse des températures, etc.) mais à des facteurs génétiques, qui doivent encore être étudiés. Cette découverte peut expliquer les pertes de colonies d’abeilles constatées par les apiculteurs, estiment les scientifiques.

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PHYTOPLANCTON

Une prolifération rapide de phytoplanctons a été détectée sous la banquise de l’Antarctique, rapporte une étude parue dans la revue Frontiers in Marine Science jeudi dernier. Ces micro-organismes, dont font partie des algues et des bactéries microscopiques, constituent le premier maillon de la chaîne alimentaire dans les océans. Ils se développent habituellement sous la lumière du soleil, comme les plantes terrestres. Les résultats de l’étude suggèrent qu’ils peuvent prospérer dans des conditions de faible luminosité.


La COP27, la 27e édition d’une conférence annuelle des Nations unies sur le changement climatique, s’est terminée ce dimanche à Charm el-Cheikh, en Égypte. Dans un plan d’action publié le même jour, les 196 pays participants ont décidé pour la première fois de créer un fonds pour aider financièrement les pays en développement, « particulièrement vulnérables » aux dégâts causés par le réchauffement climatique. Ils s’engagent aussi à « poursuivre les efforts » pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, selon l’accord de Paris pris en 2015. Pour respecter cet accord, le texte adopté par les participants de la COP27 rappelle qu’il est nécessaire de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il mentionne l’engagement des pays participants à accélérer la réduction de l’utilisation du charbon. Mais le pétrole et le gaz – énergies fossiles émettant beaucoup de gaz à effet de serre – ne sont pas évoqués. L’objectif des COP, qui existent depuis 1995, est de mettre en place des accords mondiaux pour faire face au réchauffement climatique induit par les activités humaines.

En schéma
 
Schéma à la loupe
L’explication
 
Un réchauffement très rapide

Les activités humaines ont provoqué un réchauffement planétaire d’environ 1,1 °C au-dessus des niveaux préindustriels (température moyenne entre 1850 et 1900), estime dans un rapport de février 2022 le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), mis en place par l’ONU en 1988. Un degré, ça peut sembler faible. Pourtant, les impacts se font déjà sentir [PDF] : fonte des glaciers ; augmentation du niveau des océans, de la fréquence et de la durée des vagues de chaleur l’été ; avancée de la date de migration de certains oiseaux ; arrivée des moustiques tigre (vecteurs de maladies) dans des régions tempérées, etc. Ce n’est pas la première fois que la Terre connaît un important réchauffement planétaireMais c’est la première fois qu’un réchauffement si rapide est observé, actuellement de l’ordre de 0,2 °C par décennie. S’il continue d’augmenter à ce rythme, il est probable que le réchauffement atteigne 1,5 °C aux alentours de 2040, selon le Giec. Or, plus les changements climatiques sont rapides, plus il est difficile pour les populations humaines et animales de s’y adapter.

Chaque degré compte

Le climat touche presque tous les aspects de la vie humaine : les infrastructures et leur résistance aux inondations ou fortes températures, le rendement des cultures, les stocks en eau et la santé (vagues de chaleur, maladies infectieuses, etc.). Un dépassement de 2 °C sera probablement atteint aux alentours de 2050 si les niveaux actuels d’émissions de CO2 ne diminuent pas, selon le Global Carbon Project, un consortium international de scientifiques. Le Giec explique qu’un réchauffement de 2 °C au lieu de 1,5 °C entraînerait « avec un degré de confiance élevé » une forte hausse des températures pendant les jours chauds sur l’ensemble des terres émergées, avec un risque accru de vagues de chaleur mortelles. La montée des températures ayant une incidence sur le cycle de l’eau, un écart de 0,5 °C provoquerait une augmentation plus importante des épisodes d’intenses précipitations dans certaines régions, surtout au nord de l’hémisphère Nord, avec un risque accentué d’inondations. Il est également probable que la fonte des calottes polaires du Groenland et de l’Antarctique s’accélérerait, accompagnée d’une élévation plus marquée du niveau de la mer d’environ 10 centimètres.

Diminuer nos émissions de CO2

Aux termes de l’accord de Paris adopté en 2015 lors de la COP21, 195 pays (dont la Chine et les États-Unis) se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (en particulier le CO2) dans le but de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète à 1,5 °C. Selon les estimations du Giec, les émissions de CO2 doivent diminuer d’environ 45 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010 et devenir nulles vers 2050 pour atteindre un tel objectif. Au lieu de diminuer, les émissions de CO2 ont continué d’augmenter au cours de la dernière décennie, mais de manière beaucoup moins rapide que dans les années 2000, selon le Global Carbon Project. Cette évolution est encore « loin de la diminution des émissions nécessaire pour être conforme aux objectifs de température de l’accord de Paris », précisent les auteurs. Le ralentissement des émissions passe selon eux par la réduction de l’usage du charbon et le développement des énergies renouvelables.

Comment mesurer le réchauffement climatique ?

Pour calculer la hausse des températures à l’échelle planétaire, les scientifiques effectuent des centaines de milliers de mesures à la surface des terres et des océans. Elles permettent de dresser un modèle à échelle mondiale des températures terrestres. Ces données sont recueillies à l’aide de stations météorologiques sur terre, de bouées équipées de thermomètres dans les océans ainsi que de satellites. La moyenne de l’ensemble de ces mesures est comparée chaque année à une période de référence : la moyenne des températures entre 1850 et 1900. Cette époque préindustrielle est la plus ancienne pour laquelle on dispose de données de températures quasi mondiales et où les activités humaines n’avaient pas encore une influence marquée sur le climat. Le Giec parle de « réchauffement climatique planétaire » lorsqu’une hausse des températures est détectée en continu sur au moins 30 ans par rapport à cette période de référence.

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Pour aller plus loin

Image lienUne vidéo du Réveilleur et du Monde très pédagogique montrant les impacts présents et futurs du changement climatique sur l’humanité.
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C’est étonnant
Découverte de la plus vaste population de raies manta océaniques
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Raie manta océanique. Crédit photo : Michel Guerrero / FMME.

Des biologistes ont découvert la plus grande population de raies manta océaniques connue au large des côtes de l’Équateur, relate une étude parue dans la revue Marine Ecology Progress Series le 10 novembre. La zone abrite plus de 22 000 individus, soit 10 fois plus environ que dans n’importe quelle autre région du globe. Elle est particulièrement favorable aux raies en raison d’une remontée d’eau froide riche en krill et autres zooplanctons (ensemble de petits organismes), dont ils se nourrissent. Les scientifiques ont utilisé des photos et des observations de terrain collectées entre 2005 et 2018 pour parvenir à cette estimation. Les raies manta sont les plus grandes raies du monde. Elles peuvent atteindre une envergure de sept mètres et un poids de 1 400 kg. Cette espèce est classée comme espèce en danger d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en raison de la pêche.

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Sur nos radars
PIEUVRES JOUEUSES

Les pieuvres sauvages font partie des rares animaux à lancer des objets. Des scientifiques ont filmé leur comportement dans une réserve marine sur la côte est de l’Australie. Dans une vidéo insolite, on peut les voir lancer de la vase, des algues et des coquillages, certaines visant les autres. La plupart des lancers servent à se créer un espace personnel alors qu’elles vivent très proches les unes des autres, estiment les scientifiques.

POISSONS

Un poisson sous antidépresseur ? Dans une courte vidéo, le compte Instagram du média Curieux.live explique comment nos médicaments passent de notre corps aux mers et océans. Une fois dans l’eau, ces composés chimiques absorbés par les poissons ont plusieurs conséquences sur leur santé. Par exemple, certains mâles développent des organes sexuels femelles et inversement, compliquant leur reproduction.

BIOGAZ

Produire du gaz respectueux de l’environnement, c’est possible ! Dans une vidéo publiée sur la chaîne Youtube Epicurieux, le vulgarisateur scientifique Jamy Gourmaud nous explique comment une exploitation agricole produit du méthane à partir de ses déchets, comme les bouses de vache ou les parties de plantes non exploitées. Le biogaz ainsi produit peut être utilisé pour le chauffage ou les transports, tout en réduisant notre dépendance au gaz naturel, une énergie fossile.

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En vidéo
Notre émission sur les fraudes scientifiques
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Mardi dernier, nous étions en direct avec Rémy Mosseri, référent à l’intégrité scientifique au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), et Stéphanie Ruphy, professeure de philosophie des sciences à l’École normale supérieure et directrice de l’Office français de l’intégrité scientifique (Ofis). Nous avons défini ce qu’était une fraude scientifique et présenté l’ampleur du phénomène. Près de 2 % des scientifiques admettent avoir déjà fabriqué ou falsifié des données et pensent que 14 % de leurs collègues y ont déjà eu recours au moins une fois, selon une méta-analyse publiée dans la revue Plos One en 2009. Rémy Mosseri et Stéphanie Ruphy nous parlent de leur métier et racontent comment ils luttent contre la fraude qui entache le milieu scientifique.



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