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dimanche 18 juin 2023

 


Appel du 18-Juin : le général de Gaulle de vive voix

L’appel du 18-Juin… Rarement un événement aura suscité autant de livres ou de travaux d’historiens et dégagé aussi peu de certitudes.

En partenariat avec l’Institut national de recherche et de coordination acoustique-musique (Ircam) et Ircam Amplify, et encadré par des chercheurs en éthique et des historiens, Le Monde a recréé une version audio de ce discours dont il n’existe aucun enregistrement.

Un projet qui aide à mieux cerner le fonctionnement et les promesses des technologies de synthèse reposant sur l’intelligence artificielle, et leurs risques.

jeudi 18 juin 2020

L'Appel du 18 juin 1940


   L'Appel du 18 juin 1940 désigne le discours prononcé par le général de GAULLE à la radio de Londres ( BBC ).

  
    Officier de carrière formé à Saint-Cyr, Charles DE GAULLE avait participé à la 1ère guerre mondiale au cours de laquelle il avait été fait prisonnier.
   Dans les années 1930, il avait été un promoteur de l'arme blindée en France.
   En mai 1940, il avait lancé une contre-offensive à la tête de ses chars à Montcornet.
   Le 21 mai, à Savigny-sur-Ardres où il avait installé son poste de commandement, il avait enregistré une allocution considérée aujourd'hui par plusieurs historiens comme l'« appel avant l'Appel », c'est-à-dire comme une préfiguration de l'Appel du 18 juin 1940.
    Le 1er juin, il avait été nommé général de brigade à titre temporaire.
    Le 5 juin, il avait été appelé par le président du Conseil Paul REYNAUD, au poste de sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et à la Guerre.

    Le 17 juin, au moment où PÉTAIN, devenu chef du gouvernement en remplacement de Paul REYNAUD démissionnaire, appelait les Français à cesser le combat et sollicitait un armistice auprès des Allemands, DE GAULLE refusait d'accepter la défaite et se rendait à Londres, capitale du Royaume-Uni qui, sous la direction du Premier ministre CHURCHILL, était déterminé à poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie.

     Dans ce premier appel très peu entendu, lancé le 18 juin en pleine débâcle des armées françaises, le général DE GAULLE invitait les officiers et les soldats français ainsi que les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvaient sur le territoire du Royaume-Uni à se mettre en rapport avec lui pour continuer le combat aux côtés de nos alliés britanniques


   " Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
   Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
   Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
   Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
   Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ?
   Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
   Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
   Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du                  monde est là.
   Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
   Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
   Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres ".

   Cet appel n'a pas été filmé, et aucun enregistrement n'en a été conservé.
   Par contre celui qui a été diffusé le 22 juin 1940 a été enregistré sur un disque conservé à la Phonothèque de l’Institut national de l’audiovisuel ainsi qu’aux Archives sonores de la BBC.



          
Quartier général 
4, Carlton Garden 
London   
   




   Le graphisme de cette affiche rappelle celui des affiches officielles de mobilisation générale arborant deux drapeaux français croisés et un liseré tricolore.

   L'effet recherché est double.
   Il s'agit tout d'abord de renouveler et d'amplifier les précédents appels à la résistance lancés par le général DE GAULLE depuis le 18 juin 1940 à la BBC, appels qui ont été peu entendus dans l'immédiat.
   Il s'agit aussi d'affirmer le caractère officiel de la France libre, conçue dès le départ comme le seul véritable gouvernement légitime qui aspire à se faire reconnaître par le gouvernement britannique, face au régime de Vichy constitué par « des gouvernants de rencontre » et considéré par le général DE GAULLE comme un gouvernement qui s'est déshonoré en capitulant et qui a livré la France « à la servitude ».
... énumérant les raisons d'espérer des Français

   Les raisons d'espérer des Français en 1940 résident dans la conviction prémonitoire affirmée avec force par le chef de la France libre :

       - que « la France a perdu une bataille », mais qu'elle« n'a pas perdu la guerre » ;
       - et que la guerre de 1939-1940 est une nouvelle « guerre mondiale » dans laquelle « des forces immenses n'ont pas encore donné » ;
   Le général DE GAULLE fait ici allusion aux ressources et aux troupes de l'Empire britannique qui n'ont pas encore été totalement mobilisées, mais aussi à celles de l'Empire colonial français dont il espère le ralliement.
   Ancien combattant de la 1ère guerre mondiale, il pense aussi à l'engagement prévisible tôt ou tard aux côtés des Alliés de l'Union soviétique et des États-Unis.

Des appels répétés, peu entendus dans l'immédiat
mais d'une grande portée historique



   Certes dans l'immédiat, l'Appel du 18 juin 1940 et ceux qui l'ont suivi n'ont guère été entendus.

   Un seul officier général s'est rallié à DE GAULLE, l'amiral MUSELIER, et parmi les 15 000 marins qui se trouvaient en territoire britannique après l'armistice du 22 juin 1940,quelques centaines seulement se sont engagés dans les Forces françaises libres.
   Néanmoins cet appel comme ceux qui l'ont précédé constituent bien le principal acte fondateur de la Résistance française extérieure et intérieure, dont les forces se sont progressivement affermies et que le général DE GAULLE est parvenu à unifier sous son autorité avec l'aide de Jean MOULIN.
   Même si l'engagement dans la Résistance suscité par ces appels est resté le fait d'une minorité de Français, il a permis à terme d'associer la France à la victoire alliée de 1945.  

   En juin 2004, l'Institut national de l'Audiovisuel ( INA ) et la British Broadcasting Corporation ( BBC ) ont adressé conjointement à l'UNESCO un dossier de proposition d'inscription au Programme « Mémoire du Monde » de l'UNESCO de quatre documents d'archives relatifs à l'Appel du 18 juin : « le manuscrit du texte de l’Appel radiodiffusé du 18 juin, l’enregistrement radiophonique de l’Appel du 22 juin, le manuscrit de l’affiche du 3 août et l’affiche elle-même ».

Le manuscrit de l'Appel du 18 juin 1940 sur le site de la Fondation Charles de Gaulle
   En juin 2005, le Comité consultatif international du Programme « Mémoire du monde », réuni à Lijiang en République populaire de Chine, a retenu cette proposition qui a été approuvée par le Directeur général de l'UNESCO.
   Aujourd'hui, les historiens continuent de s'interroger sur l'inexistence d'un enregistrement de l'allocution de Savigny et plus surprenant de l'Appel du 18 juin à la BBC, comme sur les variantes et les différentes versions des appels successifs lancés par le général DE GAULLE depuis Londres au cours de l'été 1940.
   En juin 2008, dans un éditorial mis en ligne sur son blog, l'historien François DELPLA, auteur de L'Appel du 18 juin 1940 publié en  2000 chez Grasset, explique pourquoi « le discours du 18 juin est un objet historique des plus complexes » qu'il faut replacer dans son contexte. Face à la demande d'un officier français peu connu qui appelle les militaires français à désobéir, alors que le maréchal PÉTAIN, le prestigieux vainqueur de Verdun, chef du gouvernement d'un pays allié, appelle unilatéralement à cesser le combat et sollicite un armistice, le gouvernement britannique était très embarrassé et même divisé quant à l'attitude à adopter à l'égard du général DE GAULLE et même sur la poursuite de la guerre :

   [...] Il en résulte un grand retard dans le lancement de l’appel, qui pourrait avoir lieu dès le 17 en milieu d’après-midi et ne se produit que dans la soirée du lendemain, à 22 heures. Le ministre des Affaires étrangères Edward Halifax est fermement opposé à cette démarche, et paraît longtemps en mesure de l’emporter sur le premier ministre Churchill, qui n’en fait précisément pas une affaire d’État. Le cabinet britannique, réuni le 18 à 12 heures 30, met carrément son veto, en l’absence il est vrai de Churchill. Du coup la discussion, en ordre dispersé, rebondit dans l’après-midi. Au terme de ces tractations, si de Gaulle parle, c’est après avoir dû amender son texte à plusieurs reprises. Mais la discussion reprend dans la nuit. Car le discours publié par les journaux anglais du 19, qui deviendra la version officielle ( à un passage près cependant... ajouté fin juillet ou début août ! ), diffère de celui prononcé au micro, sur des points fondamentaux [...]


Ce film est une révélation



2 juillet 1940, la première apparition filmée du général de Gaulle depuis son arrivée à Londres
sur le site de l'ECPA

   Dans un supplément à La Lettre d’information n° 68 de son site, datée du 22 juin 2010, l'historien François DELPLA revient sur le film présenté sur le site de l'ECPAD comme étant la première apparition filmée du général DE GAULLE depuis son arrivée à Londres, dans lequel il voit une ébauche de l'affiche « À tous les Français » :

   Un film d’une minute et demie, présent sur la Toile depuis quelques mois, défraye la chronique, notamment au colloque sur le 18 juin qui se tient en ce moment à Paris.
   Il montre de Gaulle prononçant, debout derrière un bureau, un discours jusque là inconnu. Il ressemble cependant à l’ébauche de l’appel du 18 juin publiée par Philippe de Gaulle en 1988 dans le volume 12 des Lettres, notes et carnets. Par rapport à ce texte, il porte néanmoins la trace d’un polissage de forme ( huit modifications en une quinzaine de ligne s).
   Il ressemble également à un passage du discours gaullien diffusé par la BBC le 2 juillet 1940.
   La tendance générale des commentaires est de dater ce texte du 2 juillet ou d’une période immédiatement antérieure, et de rejeter résolument, pour l’ébauche, la date du 17 juin.
   À cela j’objecte que dans ses discours des premières semaines, de Gaulle commence par indiquer où en sont les rapports entre le gouvernement Pétain et l’Allemagne, et qu’il le fait dans celui du 2 juillet. Le passage ressemblant au texte du film vient ensuite, suivi lui-même d’un développement sur les exemples historiques qui devraient détourner les dirigeants de Vichy de leur attitude et, dans le cas contraire, inciter les Français à leur désobéir.
   Il serait curieux que de Gaulle prenne la peine d’enregistrer sur pellicule une esquisse très incomplète.
   En revanche on peut (sous toutes réserves vu les lacunes de la documentation dévoilée à ce jour, en France comme en Angleterre) proposer une autre hypothèse : une ébauche de l’appel initial a pu être retravaillée quelques jours ou quelques semaines plus tard, et enregistrée dans un souci de propagande.
   Ce texte va en effet droit au but, opposant la voie du Général et de ses « compagnons », qui serait celle de « l’honneur », à celle choisie par Pétain et son gouvernement, caractérisée par les mots d’abandon, de désespoir et de capitulation.
   L’enjeu est d’importance : l’appel du 18 juin, dans sa version classique (connue, à une variante près ajoutée en août, par les journaux anglais du 19), ne comporte aucune critique directe de Pétain ; mieux, l’appel réellement prononcé, connu par une écoute suisse, prétend répétitivement que le maréchal cherche un armistice « dans l’honneur ». Or tout montre que de Gaulle voulait le frapper d’infamie dès le départ, et en a été empêché par une censure anglaise (dont l’épicentre était au Foreign Office de lord Halifax). C’est bien pour   cela que le texte de l’appel, même amélioré par les journaux et poli jusqu’en août, va tendre pendant toute la guerre et, encore aujourd’hui sur les monuments de nos places, à être éclipsé par la fameuse affiche « à tous les Français », qui met en cause le gouvernement Pétain d’une façon radicale. Elle-même est apparue le 3 août 1940. Dans la même veine, on trouve un « appel du 19 jui n », incendiaire envers Pétain, et apparu, lui,... en 1941.
   Ce film semble procéder d’un souci analogue : de Gaulle a pu envisager de faire diffuser cette séquence en la faisant passer pour son appel ou pour un résumé de celui-ci, datant de la même période. Puis y renoncer, soit de lui-même, soit dans une négociation avec les Britanniques. Car il y en a eu nécessairement une, pour convenir du texte de l’affiche et de sa diffusion en Angleterre.
   Ainsi, cet enregistrement filmé, s’il a peu de chances d’être un galop d’essai pour le discours du 2 juillet, pourrait bien être une ébauche... de l’affiche « A tous les Français ».
   Puisse le surgissement de cette bobine faire progresser l’exigence d’un dévoilement total, des deux côtés de la Manche, des documents permettant de reconstituer la genèse de l’épopée française libre !

IL Y A 80 ANS

Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général de Gaulle prononce son premier discours radiodiffusé sur les ondes de la BBC. Cet appel à tous les Français à refuser la défaite et à poursuivre la lutte contre l'Allemagne nazie, marque le début de la France libre.

1. Un appel à la résistance, en réponse à Pétain

Juin 1940. Un an après le début de la Seconde Guerre mondiale, la débâcle de l'armée française est totale face aux troupes allemandes d'Hitler. Le 17 juin 1940, considérant que la guerre est perdue, le maréchal Pétain, nouveau chef du gouvernement après la démission de Paul Reynaud, demande officiellement à la radio française l'armistice avec l'Allemagne : "C'est le coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat." Et engage des pourparlers avec l'ennemi.

Charles de Gaulle, nommé secrétaire d'État à la Défense nationale sous le gouvernement Reynaud, s'oppose farouchement à l'armistice de Pétain, qui "serait non seulement une capitulation mais encore un asservissement". 
En charge de coordonner les actions militaires avec les Anglais, il quitte la France pour rejoindre Londres. Le 18 juin 1940, avec le soutien du Premier ministre britannique Winston Churchill et en réponse au discours radiophonique de la veille par Pétain, de Gaulle lance un appel à la résistance, depuis les ondes de la BBC, vers 22 heures. Un discours dans lequel il invite les Français à poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie avec les alliés britanniques : "Tant que ses alliés continuent la guerre, son gouvernement n'a pas le droit de se rendre à l'ennemi. Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible."

2. L'appel du 18 juin... date du 22 juin ! 

Comme le précisent les archives du gouvernement français, aucun enregistrement de la célèbre allocution radiophonique du général de Gaulle, daté du 18 juin, n'a été conservé. Quatre jours plus tard, le 22 juin, le Général réitérera son appel à la résistance avec un second discours (voir la vidéo ci-dessous). Enregistrée, la version sonore peut encore être écoutée de nos jours. Il diffère du premier mais reste très proche dans l'argumentaire. Cette allocution intervient le jour de l'armistice franco-allemand, signé à Rethondes. Quant à la photo utilisée pour illustrer l'appel du 18 juin, où on voit le Général devant un micro de la BBC, celle-ci a été prise lors d'un discours en octobre 1941. 

3. Un appel peu entendu par les Français...

Rares sont les Français à avoir entendu l'appel du 18 juin du général de Gaulle dont la voix était encore méconnue du grand public. Et aussi en raison de l'exode où de nombreuses familles fuyaient l'occupation allemande. Le lendemain, l'allocution radiodiffusée du général de Gaulle est retranscrite dans quelques journaux régionaux français encore en zone non occupée (Le Petit Provencal, Le Petit Marseillais ou Le Progrès de Lyon) ou étrangers (The Times en Angleterre, le New York Times aux États-Unis). 
Ce célèbre discours marquera le début de la Résistance française. L'affiche "A tous les Français", aux couleurs de la France libre, organisation de résistance extérieure, est souvent confondue avec l'appel du 18 juin.  Placardées dans les rues de Londres, le 3 août 1940, elles s'adressent principalement aux Français présents à Londres et sur le sol britannique pour les encourager à rejoindre de Gaulle dans les Forces françaises libres. L'armistice signé, le contexte diffère. Cette affiche, sous une formulation différente, ne sert qu'à amplifier les arguments du discours du général de Gaulle.
"La France a perdu une bataille, mais la France n'a pas perdu la guerre !"
GÉNÉRAL DE GAULLE (depuis son quartier général londonien)
Entre juin et juillet 1940, quelque 7.000 Français prennent le chemin de la Grande-Bretagne. Parmi eux, des centaines de futurs compagnons de la Libération, souvent âgés d’une vingtaine d’années, révoltés par le genou plié du "vainqueur de Verdun" qui n'est autre que Pétain.

Aujourd'hui, l'authentique discours de l'appel du 18 juin, composé de quatre pages manuscrites, appartient à l'amiral Philippe de Gaulle, fils aîné du général de Gaulle.

5. Un appel adressé en premier lieu aux militaires

Contrairement à une idée répandue, le général de Gaulle ne demande pas la constitution de réseaux de résistance sur le territoire français. Le texte s’adresse d’abord aux militaires, ingénieurs et ouvriers, les invitant à rejoindre l’effort de guerre des Alliés à Londres : "Moi, général De Gaulle, j'entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale. J'invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l'air, j'invite les ingénieurs français spécialistes de l'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi. J'invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l'air, où qu'ils trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi."
 
Stéphanie Zeimet
stéphanie.zeimet@centrefrance.com

L'APPEL DU 18 JUIN




18 juin 1940: un appel contre le renoncement




GRAND RÉCIT

Le 18 juin, le général de Gaulle s’adresse aux Français depuis Londres. Récit de l’acte fondateur de la Résistance.
Par Jacques de Saint Victor

Comme le dira de Gaulle à Henri de Kérillis, qui est alors proche de lui, et à sir Vansittart: « On va peut-être me prendre pour un aventurier, et pourtant je ne suis pas un aventurier...»

Les  17 et 18 juin 1940 vont marquer d’une lueur terrible et glorieuse l’histoire de France pour le siècle à venir. Tout se passera via la radio. Alors que le maréchal Pétain, nommé le 16 dans la soirée à la tête du gouvernement par le président Lebrun, demande le lendemain à cesser les combats, le général de Gaulle se rend à Londres le jour même et prononce, le 18, le fameux discours qui le fera entrer dans la légende.


À lire aussi : Pourquoi l’appel du 18 juin doit continuer de nous inspirer?


Deux France, l’une pacifiste, l’autre offensive, commencent à se faire face.

Pétain, partisan avec le général Weygand de mettre un terme aux combats, précise sur les ondes avoir demandé aux Allemands les conditions de l’armistice.

«C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.»

Le jour même, Churchill, malgré les divisions de son cabinet, fait le choix inverse et déclare à la BBC:

«Mon cœur saigne pour le courageux peuple de France» et il ajoute: «Nous défendrons notre île, et, avec l’Empire britannique, nous continuerons, invincibles, la lutte.»


C’est dans ce contexte que le général de Gaulle, de retour alors à Londres, décide de sortir de la légalité pour s’opposer au maréchal Pétain et prononcer l’acte fondateur de la Résistance.

Face à ceux qui jugent absurde de poursuivre un combat qu’ils croient perdu d’avance, et qui sont souvent issus des rangs de l’état-major républicain et de la gauche pacifiste des années 1930 (alors majoritaire au Parlement issu du Front populaire de 1936), une autre France, généralement composée en ces jours douloureux d’esprits nationalistes et bellicistes (à quelques rares exceptions, comme un René Cassin), estime qu’il est possible d’éviter le déshonneur et de se battre en utilisant l’empire colonial qui reste avec celui de l’Angleterre le dernier recours d’un pays à genou.


À lire aussi : Il y a 80 ans, Paris vivait les premiers jours de l’occupation allemande


La geste gaulliste voudrait que le discours prononcé le 18 n’ait pas été soumis aux autorités britanniques. Après la guerre, en 1964, de Gaulle a déclaré avec superbe à l’historien Henri Amouroux: « De ma vie, je n’ai jamais montré un texte de moi.» Pourtant, dans d’autres occasions, notamment en mai 1943, il précise à Jean Oberlé que « le matin du 18 juin, je rédige un message aux Français. Je le donne au général Spears pour le montrer à Churchill ». Il apparaît clairement aujourd’hui que le discours a été sérieusement négocié avec les autorités anglaises, celles-ci étant même au départ hostiles à ce que de Gaulle parle à la radio.


Un pari

À l’époque, les Anglais hésitent à donner la parole à un général inconnu s’attaquant à la position de leur allié français. Il a fallu tout le poids de Churchill pour que Londres change d’opinion. Il s’agit d’un pari car le 18, Pétain n’a pas encore mis fin aux hostilités et les Anglais ne veulent pas se mettre définitivement à dos les nouvelles autorités françaises. C’est ce qui conduit le Cabinet britannique à imposer à de Gaulle des conditions particulières. Le général ne devra se limiter qu’aux aspects militaires et veiller de s’abstenir de toute attaque directe contre le maréchal. Ils demandent notamment au général de biffer l’attaque de son discours, trop agressive à l’égard de Pétain.


Quelle fut la teneur exacte du discours du 18 juin?



De nombreux mystères planent encore sur ce texte mythique. Si beaucoup croient en connaître la teneur exacte, l’histoire a le plus grand mal à en recomposer précisément l’élaboration. Car s’il existe bien une « ébauche de l’Appel du 18 Juin », publié dans " Lettres, Notes et Carnets " du général de Gaulle, les historiens savent aujourd’hui que ce texte daté du 17 juin au soir (il aurait été rédigé après le dîner du général avec Jean Monnet et sa femme) date en réalité du 2 juillet 1940, écrit en vue d’une séance d’actualité cinématographique. On sait même, précise l’historienne Aurélie Luneau, qui a consacré un livre spécifique sur ce célèbre Appel (1), que la formule fameuse, connue de tous - « La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre » -, n’aurait même pas été prononcée lors du 18 juin mais serait ultérieure: « Elle n’était pas dans le texte de l’Appel du 18 Juin», écrit Aurélie Luneau (p. 117). Elle y aurait été ajoutée tardivement. « C’est seulement au printemps 1944 que lors d’une réimpression d’exemplaires à diffuser en France libérée, la date du 18 juin 1940 fut ajoutée au texte initial (en bas, à gauche, en remplacement d’un encart avec le texte traduit en anglais), probablement par un excès de zèle des services du commissariat à l’Intérieur. Un acte qui entraîna l’amalgame avec le texte original de l’Appel, aujourd’hui encore…» On sait aussi aujourd’hui que le discours prétendument du 19 juin, selon les " Mémoires de guerre ", n’a pas pu être rédigé avant le 23 juin, lorsque de Gaulle annonça la création du Comité national français…


Enfin, quand ce discours fut-il exactement prononcé? 
À 18 heures, selon la version officielle des Mémoires de guerre, ou à 20 heures, comme l’a dit à certaines reprises Elisabeth de Miribel, qui tapa à la machine le discours, ou bien plutôt à 22 heures comme le précisent les historiens anglais de la BBC? C’est d’ailleurs aujourd’hui, d’après Aurélie Luneau, l’heure qui est retenue.

À lire aussi : Éric Roussel: « De Gaulle eut l’intelligence de voir plus loin »

Qu’importent au fond tous ces détails qui ne font que rappeler la fragilité du témoignage historique. Il n’en demeure pas moins que l’Appel du 18 Juin a marqué, comme chacun sait, un moment décisif dans l’histoire de France. Dans ses Mémoires de guerre, le général en dessine la portée: « À mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j’avais menée dans le cadre d’une France solide et d’une indivisible armée. À quarante-neuf ans, j’entrais dans l’aventure comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries. »
De fait, au lendemain du 18 juin, le général fait figure de paria pour les élites françaises. La propagande du maréchal Pétain se moque de lui en le présentant comme le «général micro».
Jusqu’au 22 juin, pour des raisons diplomatiques, les Anglais hésiteront pourtant à redonner la parole à ce général «félon» (alors même que de Gaulle, à la fin de son appel du 18, avait précisé qu’il reprendrait la parole à la radio anglaise le lendemain).

"On va peut-être me prendre pour un aventurier, et pourtant je ne suis pas un aventurier… On dira que je suis un rebelle parce que je n’obéis pas aux ordres. Mais ce sont « eux » les rebelles qui n’obéissent pas au devoir le plus sacré (..) " 
Le Général de Gaulle


S’il est difficile, reconnaît Aurélie Luneau, de mesurer le degré d’audience dont bénéficia l’appel du général, ce 18 juin 1940, il est indéniable qu’il fut entendu par certains acteurs importants ou influents le soir même, comme Pierre Mendès France, Maurice Schumann ou André Philip, voire dans les jours qui suivirent. En effet, l’appel est repassé à plusieurs reprises dans les jours qui suivent et publié dans certains journaux français. Ainsi, Daniel Cordier, replié dans le Sud, en prend connaissance le 19 dans la presse, comme Pierre Messmer ou le général Simon. Et il finira par consacrer la personnalité hors du commun qui a eu le courage de dire «non». Comme le dira de Gaulle à Henri de Kérillis, qui est alors proche de lui, et à sir Vansittart: « On va peut-être me prendre pour un aventurier, et pourtant je ne suis pas un aventurier… On dira que je suis un rebelle parce que je n’obéis pas aux ordres. Mais ce sont “eux” les rebelles qui n’obéissent pas au devoir le plus sacré: défendre son pays jusqu’à la dernière chance auprès de son dernier Allié… Ils vont me condamner, me condamner à mort, peut-être… Eh bien! Tant pis…"

 Jusqu’ici les généraux condamnaient à mort les simples soldats qui abandonnaient le champ de bataille… Cette fois “ils” condamneront un général qui n’a pas voulu le quitter. Le gaullisme et « une certaine idée de la France» étaient nés ".
(1) Aurélie Luneau, «L’Appel du 18 Juin», Flammarion, 311 p., 19,90 euros.

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