La nouvelle charpente de 

«Stat crux dum volvitur orbis» : Notre-Dame de Paris retrouve peu à peu sa charpente !


Notre-Dame s’esquisse dans le ciel de Paris

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L’une des fermes déposées, mardi, au sommet de la cathédrale. davidbordes.com

RÉCIT - Trois fermes qui constitueront l’ossature entourant la future flèche sont arrivées hier par la Seine. L’une d’elles a déjà été déposée au sommet de la cathédrale. Ce ballet hors norme continuera jusqu’à l’automne.

La «forêt» de Notre-Dame de Paris prend petit à petit racine sur les hauteurs de la cathédrale. Mardi matin, trois des huit fermes destinées à former l’ossature des charpentes qui entourent la flèche de Notre-Dame ainsi que celle des deux bras du transept ont été déposées, au sommet de l’édifice. Par ce temps ensoleillé, le grutage de la structure triangulaire, taillée en chêne massif, a évidemment suscité un attroupement important sur le pourtour du monument, du parvis à l’ensemble des quais voisins, jusqu’au pont de l’Archevêché. Le tout sous une nuée de caméras et en présence du général Georgelin, président de l’Établissement public de Notre-Dame et du ministre des Transports, Clément Beaune.

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Mardi, les immenses pièces de chênes (dont les grumes ont été prélevées dans les forêts françaises, puis sciées) avaient été acheminées dans une longue barge, depuis le port d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Le fleuve a été d’ailleurs fermé pendant quelques heures à la circulation fluviale aux abords de la cathédrale.

Avant leur transport par barge, les trois fermes (14 à 16 mètres de largeur, 12 à 13 de hauteur, d’un poids de 7 tonnes) avaient été réalisées dans des ateliers de charpentiers spécialisés. On doit leur construction à l’entreprise MdB Métiers du Bois, une des quatre sociétés du groupement de charpentiers constitué par Le Bras Frères, Asselin, Cruard Charpente. Réunis pour faire face à la commande exceptionnelle, ces ateliers ont la charge de la reconstruction de la flèche de Viollet-le-Duc, qui doit être refaite à l’identique. Il y a quelques mois, le général Georgelin avait estimé que cette dernière année et demie de travaux était «le temps des entreprises». Qu’on en juge: on estime aujourd’hui que près de 1000 personnes travaillent pour le chantier, dont 500 sur place et 500 autres, depuis des ateliers répartis dans toute la France.

«Un temps incompressible»

Mardi, aucun des passants ni touristes internationaux, très nombreux en cette pleine saison, ne s’attendait à jouir du spectacle impressionnant du grutage de ces lourdes et longues pièces de bois. «C’est émouvant de voir Notre-Dame reprendre vie petit à petit, s’exclamait un couple de retraités américains de l’Indiana, croisé sur les quais en face de la cathédrale. Nous étions déjà venus à Paris au lendemain de l’incendie, en 2019. La cadence des travaux a de quoi impressionner», ajoutent les deux touristes.

Les immenses structures triangulaires en chêne ont été acheminées dans une longue barge. davidbordes.com

Deux fermes additionnelles attendent encore d’être soulevées au sommet de Notre-Dame de Paris. Ces structures reposent pour l’instant sous le soleil, sur d’immenses chevalets. Selon l’Établissement public pour la restauration de la cathédrale, leur grutage devrait se poursuivre ce mercredi. Les machines et les hommes sont sursollicités sur le front des travaux. «Il y a un temps incompressible de latence entre chaque opération: l’installation de la charpente n’interrompt pas les autres opérations en cours», explique-t-on à l’Établissement public.

Les huit fermes qui forment le cœur de l’ossature de la charpente devraient être toutes en place d’ici à septembre ou octobre. Déjà, le «tabouret» devant soutenir la flèche est installé. Sous réserve d’intempéries - y compris d’une canicule empêchant tout travail -, la flèche devrait s’élancer dans le ciel d’ici à la fin de l’année 2023. La reconstitution de la grande charpente médiévale, surnommée autrefois la «forêt», doit se faire en parallèle - tout se tenant pour soutenir l’édifice. «Pas à pas, nous avançons vers la réouverture, calmes et sereins», a indiqué le général Georgelin, devant la presse.

Bois et plomb

Ce même mardi matin, un jeune homme, qui faisait découvrir le centre de la capitale à deux amis allemands, regrettait cependant «le choix d’une restauration à l’identique», et l’abattage en conséquence de chênes centenaires. Sans doute ses préventions étaient-elles motivées par un sentiment écologique, et par la répulsion à l’idée que l’on coupe un quelconque arbre.

Depuis 2021, la filière bois s’évertue à dire que les 2000 chênes nécessaires à la reconstruction de la cathédrale ne représentent qu’une partie infime des forêts françaises. Plus largement, «Notre-Dame de Paris a tenu plus de huit cent cinquante ans sans problèmes structurels grâce à ses lourdes charpentes en bois», martèle Philippe Villeneuve, l’architecte de la cathédrale, qui a obtenu le feu vert de la Commission nationale de l’architecture et du patrimoine pour l’utilisation du bois et du plomb. D’ici à 2024, un système anti-incendie novateur, basé sur un brumisateur diffusant des gouttelettes microscopiques, ainsi que des portes coupe-feux sont par ailleurs prévus.

Les structures ont ensuite été grutées, offrant un spectacle impressionnant à de nombreux touristes. davidbordes.com

La réouverture de Notre-Dame à la visite et au culte, est toujours prévue le 8 décembre 2024, jour de la fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie.

Entre-temps se tiendront les Jeux olympiques de Paris, avec 30 millions de touristes attendus, principalement dans la capitale. «Cela ne devrait pas avoir de répercussions sur la poursuite des travaux», a réaffirmé le général Georgelin, mardi.

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