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 70 ans de règne

Au Royaume-Uni, effervescence et «street parties» pour le jubilé de la reine


De jeudi à dimanche, le pays célèbre les soixante-dix ans de règne d’Elizabeth II, un record. Pour l’occasion, les Britanniques se sont rués dans les magasins pour acheter drapeaux et objets dérivés et ont prévu nombre de fêtes de quartier. Ce jubilé pourrait être le dernier de la monarque, âgée de 96 ans.
par Nina Guérineau de Lamérie, correspondante à Londres

«On a prévu un DJ, des spectacles, des jeux pour enfants, un concours de gâteaux… Et on attend plus de 1000 personnes !» Dans les voix de Tamara Barklem, Catherine Morris et Nil Batt, qui habitent dans un quartier de l’est de Londres, l’excitation est palpable. Pendant quatre jours de congé exceptionnels, du jeudi 2 au dimanche 5 juin, le Royaume-Uni célèbre les soixante-dix ans de règne de sa reine. Cheffe de l’État britannique depuis le 6 février 1952, Elizabeth II, 96 ans, est la première monarque dans l’histoire du pays à fêter un jubilé de platine. Le précédent record de longévité était détenu par son arrière-arrière-grand-mère, la reine Victoria, restée sur le trône pendant presque soixante-quatre ans (1837-1901).

Pour célébrer ce règne inédit, le pays tout entier s’est mis en branle. Des drapeaux couleurs rouge, bleu, blanc flottent dans les rues, les magasins, les pubs et restaurants, des photos de la reine apparaissent sur les fenêtres, des petites figurines royales tricotées à la main fleurissent sur les boîtes aux lettres… Et vers le palais de Buckingham, il n’était pas rare, ces temps-ci, d’assister à un entraînement de la garde royale peaufinant les détails avant le jour J.

Frénésie de ventes

À Lichfield Road, Catherine Morris, Tamara Barklem et Nil Batt, qui se sont vraiment rencontrés et rapprochés pendant la crise sanitaire, organisent leur première «street party», fête traditionnelle à même les pavés. Prévues par milliers à travers l’île, elles constituent le versant populaire des célébrations officielles qui comprennent défilés, parades militaires et concerts, étalés au fil du week-end. Pour les trois voisins, ce déjeuner de rue est aussi «un hommage à Stan Jones», explique Tamara, comptable de 42 ans. Stan Jones, immense fan des jubilés et résident du 45, Lichfield Road, est décédé récemment à 92 ans. «Il vivait dans la même maison depuis 1936 et a photographié tous les jubilés depuis 1953 [année du couronnement de la reine, ndlr], déroule-t-elle. Une de nos voisines travaille aux archives locales et elle voulait exposer ses photos pendant la street party. On a donc demandé une subvention au Heritage Fund [le Fonds du patrimoine], que nous avons obtenue. C’est à ce moment-là que nous avons eu les moyens d’organiser cette grande fête, qui est aussi un événement patrimonial.»

Qui dit street parties dit forcément déguisements, décorations, avec services à thé, présentoirs pour petites sucreries, assiettes et verres royaux, ainsi que les immanquables drapeaux et banderoles. Selon un récent rapport du Centre for Retail Research, le Royaume-Uni pourrait dépenser 408 millions de livres (478 millions d’euros) pour le jubilé de platine. Cette frénésie a fait bondir les ventes, certaines marchandises étant souvent dévalisées avant même d’atteindre les étagères. «La vitesse à laquelle les gens achètent les produits essentiels du week-end du jubilé est vraiment stupéfiante, c’est du jamais vu», rapportait il y a quelques jours Tamreen Hasan, responsable de la catégorie des articles de fête chez OnBuy (magasin en ligne), dans le Guardian. A en croire le Co-op’s Jubilee Convenience Report, publié le 26 mai, environ 39 millions de Britanniques célébreront le jubilé et 4,1 millions de familles devraient participer à une street party.

Un jubilé d’adieu ?

Beaucoup d’autres, cependant, n’ont rien prévu. Car ces quatre jours, voulus comme un moment d’unité nationale, arrivent dans un contexte où une grande partie des Britanniques subissent l’inflation de plein fouet, et où la monarchie est bouleversée par de nombreux scandales. Pour preuve, le prince Andrew, qui a conclu en février un accord mettant fin aux accusations d’agressions sexuelles et de viols à son encontre, ainsi que le prince Harry et Meghan Markle, qui ont définitivement pris leur distance avec la royauté, n’ont pas été invités au traditionnel salut depuis le balcon royal de Buckingham.

Malgré tout, l’engouement «devrait être au rendez-vous», rassurait récemment Sadiq Khan, le maire de Londres. La reine reste très populaire auprès des Britanniques, souvent admiratifs de son engagement et de son parcours. En soixante-dix ans de règne, la monarque a travaillé avec quatorze Premiers ministres britanniques – son premier ayant été Winston Churchill – et rencontré onze dirigeants français.

Ce jubilé prend en outre une dimension particulière car il pourrait être le dernier du règne d’Elizabeth II – ces grandes réjouissances nationales n’ayant lieu que toutes les décennies. Or, au cours de ces derniers mois, la reine est souvent apparue affaiblie, et elle délègue de plus en plus ses apparitions officielles aux autres membres de la famille royale. «Elle est une très bonne reine. Mais je pense qu’elle décline vraiment depuis la mort de son mari [le Prince Philip, disparu en avril 2021], regrette Catherine Morris, 64 ans. C’était un roc et il doit lui manquer. Une partie d’elle doit sûrement penser : j’ai fait ma part à présent et je suis prête à partir maintenant.»


CRITIQUE - Ce documentaire rembobine les soixante-dix ans de règne, que les Anglais célèbrent ce jeudi, de la souveraine. Il s’agit du dernier projet de Roger Michell, regretté réalisateur de Coup de foudre à Notting Hill et de The Duke.
 





«Elle est si lourde, explique la reine à propos de sa couronne, qu’il m’est impossible de baisser la tête.» La phrase peut s’entendre au figuré. Le tourbillon d’images d’Elizabeth: Regard(s) singulier(s) le rappelle, la souveraine a maintenu le cap de la royauté sans faiblir durant sept décennies. Les Anglais célèbrent cet anniversaire ce jeudi, lors du jubilé de platine. Le regretté Roger Michell, décédé en septembre 2021 à 65 ans, lui rend hommage à sa manière dans ce film nourri de très nombreuses archives.

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Notre critique d’Elizabeth, regard(s) singulier(s): sirène d’Angleterre

La reine Elizabeth II et le duc d’Édimbourg le jour de leur couronnement, à Buckingham Palace, en 1953. © The Print Collector / Alamy Stock Photo

CRITIQUE - Ce documentaire rembobine les soixante-dix ans de règne, que les Anglais célèbrent ce jeudi, de la souveraine. Il s’agit du dernier projet de Roger Michell, regretté réalisateur de Coup de foudre à Notting Hill et de The Duke.

«Elle est si lourde, explique la reine à propos de sa couronne, qu’il m’est impossible de baisser la tête.» La phrase peut s’entendre au figuré. Le tourbillon d’images d’Elizabeth: Regard(s) singulier(s) le rappelle, la souveraine a maintenu le cap de la royauté sans faiblir durant sept décennies. Les Anglais célèbrent cet anniversaire ce jeudi, lors du jubilé de platine. Le regretté Roger Michell, décédé en septembre 2021 à 65 ans, lui rend hommage à sa manière dans ce film nourri de très nombreuses archives.

Il n’y a pas de voix off, les extraits de reportages ou de documentaires habilement montés suffisent. «Les documents venaient de différents continents, la masterisation de certaines vieilles pellicules s’est révélée assez ardue», se souvient Kevin Loader, producteur historique de Michell. Le réalisateur de Coup de foudre à Notting Hill et plus récemment de la comédie The Duke avait eu l’idée de ce projet qui ne nécessitait pas de tournage durant l’un des confinements de 2020.




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