mercredi 1 juin 2022

GOD SAVE THE QUEEN ! đŸ„łđŸ’„đŸ™đŸ˜˜đŸ„°

 70 ans de rĂšgne

Au Royaume-Uni, effervescence et «street parties» pour le jubilé de la reine


De jeudi Ă  dimanche, le pays cĂ©lĂšbre les soixante-dix ans de rĂšgne d’Elizabeth II, un record. Pour l’occasion, les Britanniques se sont ruĂ©s dans les magasins pour acheter drapeaux et objets dĂ©rivĂ©s et ont prĂ©vu nombre de fĂȘtes de quartier. Ce jubilĂ© pourrait ĂȘtre le dernier de la monarque, ĂągĂ©e de 96 ans.
par Nina GuĂ©rineau de LamĂ©rie, correspondante Ă  Londres

«On a prĂ©vu un DJ, des spectacles, des jeux pour enfants, un concours de gĂąteaux
 Et on attend plus de 1000 personnes !» Dans les voix de Tamara Barklem, Catherine Morris et Nil Batt, qui habitent dans un quartier de l’est de Londres, l’excitation est palpable. Pendant quatre jours de congĂ© exceptionnels, du jeudi 2 au dimanche 5 juin, le Royaume-Uni cĂ©lĂšbre les soixante-dix ans de rĂšgne de sa reine. Cheffe de l’État britannique depuis le 6 fĂ©vrier 1952, Elizabeth II, 96 ans, est la premiĂšre monarque dans l’histoire du pays Ă  fĂȘter un jubilĂ© de platine. Le prĂ©cĂ©dent record de longĂ©vitĂ© Ă©tait dĂ©tenu par son arriĂšre-arriĂšre-grand-mĂšre, la reine Victoria, restĂ©e sur le trĂŽne pendant presque soixante-quatre ans (1837-1901).

Pour cĂ©lĂ©brer ce rĂšgne inĂ©dit, le pays tout entier s’est mis en branle. Des drapeaux couleurs rouge, bleu, blanc flottent dans les rues, les magasins, les pubs et restaurants, des photos de la reine apparaissent sur les fenĂȘtres, des petites figurines royales tricotĂ©es Ă  la main fleurissent sur les boĂźtes aux lettres
 Et vers le palais de Buckingham, il n’était pas rare, ces temps-ci, d’assister Ă  un entraĂźnement de la garde royale peaufinant les dĂ©tails avant le jour J.

Frénésie de ventes

À Lichfield Road, Catherine Morris, Tamara Barklem et Nil Batt, qui se sont vraiment rencontrĂ©s et rapprochĂ©s pendant la crise sanitaire, organisent leur premiĂšre Â«street party», fĂȘte traditionnelle Ă  mĂȘme les pavĂ©s. PrĂ©vues par milliers Ă  travers l’üle, elles constituent le versant populaire des cĂ©lĂ©brations officielles qui comprennent dĂ©filĂ©s, parades militaires et concerts, Ă©talĂ©s au fil du week-end. Pour les trois voisins, ce dĂ©jeuner de rue est aussi Â«un hommage Ă  Stan Jones», explique Tamara, comptable de 42 ans. Stan Jones, immense fan des jubilĂ©s et rĂ©sident du 45, Lichfield Road, est dĂ©cĂ©dĂ© rĂ©cemment Ă  92 ans. Â«Il vivait dans la mĂȘme maison depuis 1936 et a photographiĂ© tous les jubilĂ©s depuis 1953 [annĂ©e du couronnement de la reine, ndlr], dĂ©roule-t-elle. Une de nos voisines travaille aux archives locales et elle voulait exposer ses photos pendant la street party. On a donc demandĂ© une subvention au Heritage Fund [le Fonds du patrimoine], que nous avons obtenue. C’est Ă  ce moment-lĂ  que nous avons eu les moyens d’organiser cette grande fĂȘte, qui est aussi un Ă©vĂ©nement patrimonial.»

Qui dit street parties dit forcĂ©ment dĂ©guisements, dĂ©corations, avec services Ă  thĂ©, prĂ©sentoirs pour petites sucreries, assiettes et verres royaux, ainsi que les immanquables drapeaux et banderoles. Selon un rĂ©cent rapport du Centre for Retail Research, le Royaume-Uni pourrait dĂ©penser 408 millions de livres (478 millions d’euros) pour le jubilĂ© de platine. Cette frĂ©nĂ©sie a fait bondir les ventes, certaines marchandises Ă©tant souvent dĂ©valisĂ©es avant mĂȘme d’atteindre les Ă©tagĂšres. Â«La vitesse Ă  laquelle les gens achĂštent les produits essentiels du week-end du jubilĂ© est vraiment stupĂ©fiante, c’est du jamais vu», rapportait il y a quelques jours Tamreen Hasan, responsable de la catĂ©gorie des articles de fĂȘte chez OnBuy (magasin en ligne), dans le Guardian. A en croire le Co-op’s Jubilee Convenience Report, publiĂ© le 26 mai, environ 39 millions de Britanniques cĂ©lĂ©breront le jubilĂ© et 4,1 millions de familles devraient participer Ă  une street party.

Un jubilĂ© d’adieu ?

Beaucoup d’autres, cependant, n’ont rien prĂ©vu. Car ces quatre jours, voulus comme un moment d’unitĂ© nationale, arrivent dans un contexte oĂč une grande partie des Britanniques subissent l’inflation de plein fouet, et oĂč la monarchie est bouleversĂ©e par de nombreux scandales. Pour preuve, le prince Andrew, qui a conclu en fĂ©vrier un accord mettant fin aux accusations d’agressions sexuelles et de viols Ă  son encontre, ainsi que le prince Harry et Meghan Markle, qui ont dĂ©finitivement pris leur distance avec la royautĂ©, n’ont pas Ă©tĂ© invitĂ©s au traditionnel salut depuis le balcon royal de Buckingham.

MalgrĂ© tout, l’engouement Â«devrait ĂȘtre au rendez-vous», rassurait rĂ©cemment Sadiq Khan, le maire de Londres. La reine reste trĂšs populaire auprĂšs des Britanniques, souvent admiratifs de son engagement et de son parcours. En soixante-dix ans de rĂšgne, la monarque a travaillĂ© avec quatorze Premiers ministres britanniques – son premier ayant Ă©tĂ© Winston Churchill – et rencontrĂ© onze dirigeants français.

Ce jubilĂ© prend en outre une dimension particuliĂšre car il pourrait ĂȘtre le dernier du rĂšgne d’Elizabeth II – ces grandes rĂ©jouissances nationales n’ayant lieu que toutes les dĂ©cennies. Or, au cours de ces derniers mois, la reine est souvent apparue affaiblie, et elle dĂ©lĂšgue de plus en plus ses apparitions officielles aux autres membres de la famille royale. Â«Elle est une trĂšs bonne reine. Mais je pense qu’elle dĂ©cline vraiment depuis la mort de son mari [le Prince Philip, disparu en avril 2021], regrette Catherine Morris, 64 ans. C’était un roc et il doit lui manquer. Une partie d’elle doit sĂ»rement penser : j’ai fait ma part Ă  prĂ©sent et je suis prĂȘte Ă  partir maintenant.»


CRITIQUE - Ce documentaire rembobine les soixante-dix ans de rĂšgne, que les Anglais cĂ©lĂšbrent ce jeudi, de la souveraine. Il s’agit du dernier projet de Roger Michell, regrettĂ© rĂ©alisateur de Coup de foudre Ă  Notting Hill et de The Duke.
 





«Elle est si lourde, explique la reine Ă  propos de sa couronne, qu’il m’est impossible de baisser la tĂȘte.» La phrase peut s’entendre au figurĂ©. Le tourbillon d’images d’Elizabeth: Regard(s) singulier(s) le rappelle, la souveraine a maintenu le cap de la royautĂ© sans faiblir durant sept dĂ©cennies. Les Anglais cĂ©lĂšbrent cet anniversaire ce jeudi, lors du jubilĂ© de platine. Le regrettĂ© Roger Michell, dĂ©cĂ©dĂ© en septembre 2021 Ă  65 ans, lui rend hommage Ă  sa maniĂšre dans ce film nourri de trĂšs nombreuses archives.

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Notre critique d’Elizabeth, regard(s) singulier(s): sirùne d’Angleterre

La reine Elizabeth II et le duc d’Édimbourg le jour de leur couronnement, Ă  Buckingham Palace, en 1953. Â© The Print Collector / Alamy Stock Photo

CRITIQUE - Ce documentaire rembobine les soixante-dix ans de rĂšgne, que les Anglais cĂ©lĂšbrent ce jeudi, de la souveraine. Il s’agit du dernier projet de Roger Michell, regrettĂ© rĂ©alisateur de Coup de foudre Ă  Notting Hill et de The Duke.

«Elle est si lourde, explique la reine Ă  propos de sa couronne, qu’il m’est impossible de baisser la tĂȘte.» La phrase peut s’entendre au figurĂ©. Le tourbillon d’images d’Elizabeth: Regard(s) singulier(s) le rappelle, la souveraine a maintenu le cap de la royautĂ© sans faiblir durant sept dĂ©cennies. Les Anglais cĂ©lĂšbrent cet anniversaire ce jeudi, lors du jubilĂ© de platine. Le regrettĂ© Roger Michell, dĂ©cĂ©dĂ© en septembre 2021 Ă  65 ans, lui rend hommage Ă  sa maniĂšre dans ce film nourri de trĂšs nombreuses archives.

Il n’y a pas de voix off, les extraits de reportages ou de documentaires habilement montĂ©s suffisent. Â«Les documents venaient de diffĂ©rents continents, la masterisation de certaines vieilles pellicules s’est rĂ©vĂ©lĂ©e assez ardue», se souvient Kevin Loader, producteur historique de Michell. Le rĂ©alisateur de Coup de foudre Ă  Notting Hill et plus rĂ©cemment de la comĂ©die The Duke avait eu l’idĂ©e de ce projet qui ne nĂ©cessitait pas de tournage durant l’un des confinements de 2020.




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