«quoi qu'il en coûte»

 


 


Le présidentiel «quoi qu'il en coûte» a du plomb dans l'aile. Certains s'étaient offusqués de la formule à la minute même où elle était employée : on les traita avec un souverain mépris. Mais avec la mise en garde récente du FMI, inquiet de voir la dette française s'accroître dangereusement, on a un peu changé de ton à l'Elysée, à Matignon et à Bercy. Depuis Turgot, rappelle Charles Jaigu dans son enquête, se sont succédé des voix réclamant des «plans d'économies (...) indispensables» au risque de voir éclater des frondes, des révoltes voire des révolutions. Depuis Turgot, les chefs d'État n'en ont eu cure, et ont éclaté des révolutions (dans le pire des cas) et des changements de majorité. Or, comme Nicolas Sarkozy, qui semblait pourtant en avoir compris la nécessité, Emmanuel Macron ne manifeste pas plus d'inquiétude que cela. La preuve : il n'a pas, comme promis, supprimé les 120.000 postes de fonctionnaires. Pire : 33.700 agents supplémentaires ont jailli de terre, plombant un peu plus nos finances publiques. Une incongruité parmi d'autres, qui ont parfois l'allure de scandales, relevées par l'association Contribuables associés dans son édifiant Livre noir des gaspillages. Exemples ? Un TER de 25 kilomètres en Aquitaine pour plus de 100 millions d'euros et le chantier du CHU de Nantes passé de 250 millions à plus d'un milliard d'euros !

L'endettement public est un cancer qui ronge notre pays... et les finances des Français, taxes et impôts plus inventifs les uns que les autres servant (un peu) à écoper. Il est pourtant possible de le soigner sans passer pour une chimiothérapie de choc. Comment ? En arrêtant d'injecter des centaines de millions d'euros dans «le spectacle vivant» alors que les collectivités locales peuvent le faire... et le font. Contrôler les investissements dans la transition écologique qui, en promouvant par exemple la voiture électrique avec primes à l'achat, ne font que substituer une pollution à une autre (par exemple par l'extraction du lithium, indispensable au fonctionnement des batteries électriques automobiles). En mettant fin à certains projets architecturaux mégalos (stades, centres aquatiques, médiathèques...) qui n'engrangent que des minirecettes. En luttant contre l'absentéisme, une «activité» particulièrement prisée au sein de l'Éducation nationale. Enfin (surtout ?), en cessant de faire appel à des cabinets de consultants dont les tarifs frisent voire dépassent l'indécence et laissent souvent libre cours à des avis d'autant plus coûteux qu'ils seront réglés indirectement par le contribuable. Qui n'aura bientôt plus que l'impôt sur les os...


Le mammouth de l'Éducation nationale pèse trop lourd. Ce n'est pas son seul défaut. Il lui arrive plus souvent qu'à son tour de confondre enseignement et embrigadement. Dernier exemple en date, relevé par Guillaume Roquette : la décision de professeurs d'un lycée du Valenciennois d'emmener leurs élèves dans un camp de migrants avec «ateliers de bénévolat». À mettre en parallèle avec l'autorisation faite aux membres de l'association promigrants SOS Méditerranée de venir dans des classes expliquer le sens de leur action (souvent illégale, faut-il le rappeler...). Autant d'initiatives qui sont le contraire du vœu du père de l'école publique, Jules Ferry, hostile à toute tentative de la part des hussards noirs de la République de «toucher à cette chose délicate et sacrée qui est la conscience de l'enfant». Reviens, Jules, ils sont devenus fous ! Au point de donner furieusement envie aux Français d'envoyer leurs enfants dans des écoles privées... quoi qu'il en coûte.



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