LE SYNDROME POST-AVATAR

 Depuis la sortie d'Avatar en 2009, la maîtrise visuelle du blockbuster et sa nature sublimée ont marqué les spectateurs. Au point de faire naître chez certains des sentiments dépressifs. À l'heure de la sortie en salles du second volet, retour sur cet étrange phénomène.

Du grand bleu au blues infini ? Ce n'était pas l'intention du réalisateur James Cameron, lorsqu'il dévoile au monde fin 2009 le long-métrage Avatar. Riche en effets spéciaux, cette fable écologique, mettant en scène une planète lointaine, peuplée d'humanoïdes bleus vivant en symbiose avec la nature, a suscité un engouement historique des spectateurs, et par la même occasion, a laissé derrière elle un goût doux-amer, voire une profonde détresse. Comme le rapporte un article de CNN , publié quelques mois après la sortie du film, certains fans se sentaient déprimés et insatisfaits de leur vie une fois les lumières rallumées de la salle de cinéma. Et à l'heure où un deuxième opus voit le jour cette semaineThe Guardian rappelle dans ses colonnes que «le syndrome de dépression post-Avatar» peut toujours sévir. 

Eco-anxiété et pensées suicidaires

Cette mélancolie s'accompagne d'une profonde angoisse, liée au réchauffement climatique. «Je me suis réveillé ce matin après avoir regardé Avatar pour la première fois hier, le monde semblait ... gris, racontait à l'époque sur un forum Ivar Hill, un Suédois de 17 ans. C'est comme si ma vie entière, tout ce que j'ai fait et pour lequel j'ai travaillé, avait perdu son sens. Tout semble si... vide de sens. Je ne vois toujours pas de raison de continuer à faire quoi que ce soit. Je vis dans un monde qui se meurt.»

En 2010, le phénomène concernait principalement des jeunes hommes, indiquent nos confrères de CNN. «Beaucoup se sentent seuls à l'école ou sans soutien à la maison», rapporte le média. Dans les situations les plus tragiques, ce mal-être a même conduit au développement d'idées noires. «J'ai même songé au suicide en me disant que je serais peut-être réincarné dans un monde merveilleux comme Pandora», déclarait un internaute sur le forum «Naviblue».

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Comment s'en sortir ?

Pour lutter contre ce sentiment d'impuissance et ce syndrome jusqu'alors inconnu de la médecine, les fans ont pu compter sur le soutien de leur communauté en ligne. Certains invitent à défendre la planète, à se mobiliser pour elle, n'hésitant à partager des conseils sur les moyens de réduire le consumérisme et le gaspillage. «Commencez à vivre comme Neytiri (personnage principal du film, NDLR), en contact avec la nature, l'environnement, et sans être avide ni gaspilleur», a écrit l'un d'eux.

Treize ans plus tard, le Suédois Ivar Hill, contacté par le New York Times Magazine , se félicite d'avoir vaincu son PADS. Coaché par ses amis du web, il s'est mis à lire de la philosophie et à passer plus de temps en forêt, s'essayant même à la randonnée. Grâce à son témoignage, l'homme désormais trentenaire a rencontré l'amour sur un forum dédié à Avatar dont il est encore le modérateur. «Ma vie serait très, très différente si je n'avais pas vu ce film par hasard en 2010», conclut-il. Avant d'ajouter sur un ton énigmatique : «Peut-être que si ce n'était pas Avatar, quelque chose d'autre se serait présenté».

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