Françoise Bourdin était passée à « On n’est pas couché », un de ses rares passages à la télé
Malgré ses millions de lecteurs, la romancière a été méprisée par les critiques littéraires. Illustration lors de son passage, en 2012, dans l’émission de France 2.
LITTÉRATURE - Plus de 15 millions de livres vendus, un nouveau roman publié chaque année... Le succès de Françoise Bourdin avait de quoi impressionner. L’écrivaine française, dont le décès a été annoncé ce lundi 26 décembre, a pourtant été boudée par les critiques littéraires tout au long de sa carrière.
Son passage sur le plateau de l’émission On n’est pas couché le 31 mars 2012 en est l’exemple. Alors qu’elle était invitée pour faire la promotion de son roman Serment d’automne, les journalistes Christophe Barbier, Natacha Polony et Audrey Pulvar n’ont pas caché leur condescendance à son égard.
Pendant l’émission de France 2, l’une des rares où elle a été invitée, Laurent Ruquier a rappelé que les sorties littéraires de l’écrivaine étaient anormalement peu relayées dans la presse, malgré son succès commercial, et Christophe Barbier a proposé une explication peu convaincante. « Françoise Bourdin ne nous a pas dit qu’elle voulait changer l’histoire de la littérature, défendre un genre littéraire, qu’elle concourrait pour l’Académie française ou des prix littéraires. Elle est dans une relation intime avec des millions de fois une personne », a dit celui qui était alors directeur de la rédaction de L’Express.
Lorsque le présentateur lui a fait remarquer que le magazine pourrait quand même publier une critique sur le contenu des livres de Françoise Bourdin, le journaliste à l’écharpe rouge a rétorqué : « Oui mais nous ne sommes pas dans ce registre-là. Chut, ne faisons pas de bruit dans la conversation délicate entre elle et ses lecteurs. »
« J’aurais bien aimé être récompensée, ça m’aurait touchée »
Françoise Bourdin, dans Le Monde en 2019
C’était ensuite au tour de Natacha Polony de faire sa critique du dernier livre de Françoise Bourdin. Elle lui a demandé si « ce ne serait pas possible de prendre plus de temps pour un livre, d’en écrire moins, et de travailler la langue », pour rendre hommage à ses auteurs préférés, Colette et Jean Giono.
Françoise Bourdin a fini par s’habituer à l’absence de critiques
Dans l’émission, Audrey Pulvar l’a, elle, comparé à d’autres auteurs à succès comme Victor Hugo et Arthur Rimbaud, en expliquant qu’ils étaient eux aussi « populaires », mais que leur langue était « belle, et travaillée ».
Mi-amusée, mi-agacée, Françoise Bourdin avait fini par répliquer « Vous posez là des auteurs super classiques en disant ’oui il y a eu Victor Hugo, il y a eu Rimbaud, il y a Giono et Colette, et vous ne l’êtes pas.’ Ben non, je ne le suis pas, c’est indiscutable ».
Interrogée par Le Monde en 2019 sur l’absence de critiques littéraires à son sujet, elle avait répondu : « Longtemps je me suis dit : « je préférerais un mauvais article à ce néant ». « Ça me rendait triste que les journalistes n’aient même pas envie d’ouvrir le livre, de tourner la première page pour voir à quoi ça ressemble, et puis je m’y suis habituée ». En souriant, Françoise Bourdin avait avoué « J’aurais bien aimé être récompensée, ça m’aurait touchée ».