CHANSONS D'AMOUR


Du Calm Down de Rema au chant grave de Fontaines D.C. dans I Love You en passant par la Carmen de Gaëlle Arquez… Le top 10.



 “I Love You”, par Fontaines D.C.

Ce n’est pas une banale chanson d’amour de plus. Sur un tempo modéré, le chant grave de Grian Chatten, envoûtant et caressant pour commencer, se fait désespéré pour se muer en un torrent verbal aussi enragé que dépité, adressé à son Irlande qu’il ne reconnaît plus. Une flamme littéraire et romantique déclamée sur un éloquent rock binaire. Un modèle de tension, entre passion et désillusion. – Hugo Cassavetti



“Suffisamment”, par Zaho de Sagazan



Il suffit parfois de deux mots pour faire une belle chanson. Dans celle de la toute jeune Zaho de Sagazan, dont l’avenir suscite beaucoup d’espoir« passionnément » et « suffisamment » s’opposent avec la cruauté dont sont capables les sentiments. « Je t’aime, passionnément, tu m’aimes, suffisamment… pour que je reste », chante-t-elle de sa voix grave, sans afféterie, sur un orgue qui verse des larmes. On attend impatiemment la suite – Odile de Plas


“Picadors”, par Telefís



Sans qu’on l’ait su, et lui non plus peut-être, c’était l’adieu aux armes d’une grande voix irlandaise trop méconnue. Cathal Coughlan a voyagé depuis les années 80 avec Microdisney, Fatima Mansions puis en solo, avant de s’associer récemment avec le producteur et multi-instrumentiste Jacknife Lee. Leur duo, Telefís, a eu le temps d’enregistrer quelques merveilles, dont ce Picadors à vous briser le cœur, toutes les fureurs passées du grand Cathal contenues dans ce chant faussement serein, ce lyrisme épuré. – François Gorin

“Cold Front”, par Evgueni Galperine

Compositeur reconnu de bandes originales (Faute d’amour, d’Andreï Zviaguintsev, Grâce à Dieu, de François Ozon…), Evgueni Galperine n’avait pas encore publié d’album sous son seul nom. Si Theory of Becoming échappe à toutes les catégories, il n’en demeure pas moins un des gestes artistiques les plus impressionnants de 2022. Réalisé avec le concours du trompettiste prodige Sergueï Nakariakov, Cold Front s’apparente à une fresque pointilliste dont l’unité s’élabore lentement et où passe l’écho d’une spiritualité sans âge. – Louis-Julien Nicolaou

“Calm Down”, par Rema

Une chanson qui témoigne du triomphe planétaire des afrobeats, accordant le rap et la pop aux tempos africains. Sur Calm Down, l’accent anglais du jeune Rema n’est pas toujours facile à suivre. D’autant qu’il truffe ses textes de mots doux en edo, langue parlée principalement au Nigeria. Mais on comprend l’essentiel et cela ajoute à son charme entêtant : « Bébé, ton corps a mis mon cœur sous confinement / Bébé t’es délicieuse comme du Fanta. » Sucré et dansant. – Erwan Perron

“Halfway Out the Door”, par Romero

Des guitares tranchantes, entre power pop rétro et Strokes des débuts, une crooneuse aux mélodies brûlantes, mélange de Beyoncé et Debbie Harry… Les Australiens de Romero (à suivre) signent la chanson sentimentale la plus banalement obsédante de l’année. – Jean-Baptiste Roch

“Soul Plan”, par Naâman

Combien de fois a-t-on écouté cette ode à la coolitude, bijou de sensibilité rythmé par des claquements de doigts ? Naâman, prodige de la scène reggae française, qui se savait souffrant lors de l’enregistrement, y partage sa quiétude d’une voix apaisée sur le refrain et s’affirme volontaire sur le couplet avant que le Néo-calédonien Marcus Gad lui donne une tonique réplique. Quel plaisir de se laisser porter par cette basse ronde, ces cocottes de guitare et cette chaude mélodie qui nous rend zen ! – Frédéric Péguillan

“Mugogo !”, par Flexfab & Ziller

Mugogo !, en swahili, c’est le « roi », campé ici par Ziller Bas, jeune MC kenyan au flow accrocheur qui rappe dans une langue hybridée d’anglais, de swahili et de dialecte bantou local. C’est aussi le morceau-titre de l’album qu’il a enregistré chez lui, à Kilifi, avec le beatmaker suisse FlexFab pendant la pandémie. Porté par une vibe tueuse, il enjaille dans les rues de ce village côtier natal un bal poussière 2.0 aussi majestueux que fracassant, qui n’a pas fini de nous faire danser. – Anne Berthod

“Près des remparts de Séville” (séguedille), de Georges Bizet, par Gaëlle Arquez

Difficile d’imaginer une Carmen plus séduisante, plus impériale, plus stylée (et l’on ne parle ici que de son chant), que celle de Gaëlle Arquez. La soprano française vient de faire d’éblouissants débuts parisiens sur la scène de l’Opéra Bastille, dans la production de Calixto Bieito, qu’elle connaissait déjà pour l’avoir expérimentée au Teatro Real de Madrid. Air de conquête, sa séguedille est à tomber de beauté – le superbe Don José de Michael Spyres n’y résistera d’ailleurs pas longtemps. – Sophie Bourdais

“Selfish Soul”, par Sudan Archives

«  Si je me coupe les cheveux, repousseront-ils longs, si je me les lisse, m’aimera-t-on autant, comme les filles en Une des magazines ? ». À 28 ans, Brittney Sparks, alias Sudan Archives, mène une quête de reconnaissance viscérale. En témoigne ce tube vrombissant et manifeste d’affirmation capillaire. Sur son album, elle passe du chant au rap avec la grâce, naguère, d’une Erykah Badu. – Jean-Baptiste Roch



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