Poème sur la 7ᵉ

"Poème sur la 7ème" de Johnny Hallyday, une des premières chansons qui parle d'écologie...


" Qui a couru sur cette plage ? 
Elle a dû être belle. 
Est-ce que son sable était blanc ? 
Est-ce qu’il y avait des fleurs jaunes. 
Dans le creux de chaque dune ? 
J’aurais bien aimé toucher du sable. 
Une seule fois entre mes doigts. 

Qui a nagé dans cette rivière ? 
Vous prétendez qu’elle était fraîche. 
Et descendait de la montagne ? 
J’aurais bien aimé plonger mon corps. 
Une seule fois dans la rivière. "

 " Qui a marché dans ce chemin ? 
Vous dites qu’il menait à une maison. 
Et qu’il y avait des enfants 
qui jouaient autour. " 

  " Dites, ne me racontez pas d’histoires. Montrez-moides photos pour voir
Si tout cela a existé. 
Vous m’affirmez qu’il y avait du sable. 
Et de l’herbe, et des fleurs, et de l’eau. 
Et des pierres, et des arbres, et des oiseaux ? Vous êtes sûrs que la photo n’est pas truquée ? 
Vous pouvez m’assurer que cela a vraiment existé ? "  



Poème sur la 7ème " parce que Johnny récite son texte sur le 2ème mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven :


" Poème sur la 7ème " de Johnny Hallyday, une curiosité carrément oubliée du répertoire de Johnny Hallyday. Une chose étrange qui date de 1970 et qui n’est pas vraiment une chanson puisque c’est un poème déclamé par Johnny. Et pourquoi sur la 7ème ? On pourrait croire qu’il récite sur la 7ème Avenue à New York… Mais non ! Cette chanson s’intitule " Poème sur la 7ème " parce que Johnny récite son texte sur le 2ème mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven :

Beethoven - 7th Symphony - 2nd movement

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On n’est pas loin de la marche funèbre. Et pour cause : c’est dans l’ambiance du texte… Le texte de " Poème sur la 7ème " est signé par le journaliste et romancier Philippe Labro qui, en 1970, place Johnny à l’avant-garde pop – avant le rap, avant le slam, avant Fauve… Certains diront à l’avant-plan du rire involontaire, puisque l’interprétation, c’est quelque chose – et même s’il est débile de continuer de rire de quelqu’un dont le simple fait d’attirer autant de rire finit par provoquer de l’affection…

 

Que nous dit ce fameux poème ? Il nous dit l’effroi d’un jeune homme qui s’étonne du paysage :

 

" Qui a couru sur cette plage ? Elle a dû être belle. Est-ce que son sable était blanc ? Est-ce qu’il y avait des fleurs jaunes. Dans le creux de chaque dune ? J’aurais bien aimé toucher du sable. Une seule fois entre mes doigts. Qui a nagé dans cette rivière ? Vous prétendez qu’elle était fraîche. Et descendait de la montagne ? J’aurais bien aimé plonger mon corps. Une seule fois dans la rivière. "

 

Avec ce texte, Johnny accepte de prendre un gros risque, qu’il continue de payer aujourd’hui. Mine de rien, il invente la chanson française de science-fiction… La scène montre un jeune homme qui, entre colère et stupéfaction, pose des questions : qui a couru ? qui a nagé ? et qui décrit un monde qui n’existe plus… Plus loin : " Qui a marché dans ce chemin ? Vous dites qu’il menait à une maison. Et qu’il y avait des enfants qui jouaient autour. " Visiblement, le jeune garçon découvre le décor et ne peut pas croire qu’il a pu être dessiné autrement… Pour s’en assurer, il dit : " Dites, ne me racontez pas d’histoires. Montrez-moi des photos pour voir. Si tout cela a existé. Vous m’affirmez qu’il y avait du sable. Et de l’herbe, et des fleurs, et de l’eau. Et des pierres, et des arbres, et des oiseaux ? Vous êtes sûrs que la photo n’est pas truquée ? Vous pouvez m’assurer que cela a vraiment existé ? "  

 

Ce qui est intéressant dans ce texte c’est la question " Qui ? " Plus il demande " qui a fait quoi ?", plus on comprend " qui a fait ça ? "

Le texte décrit un passé récent – et c’est la destruction d’Hiroshima par la bombe atomique lancée par un bombardier qui a été chantée par Orchestral Manœuvres In The Dark en 1980 :

Orchestral Manoeuvres In The Dark - Enola Gay

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Enola Gay, c’était le nom du bombardier américain qui a lâché la bombe sur Hiroshima le 6 août 1945. Et entre 1945 et 1970, il n’y a que 25 ans !  

 

" Poème sur la 7ème " parle donc du passé, mais aussi du futur… C’est une chanson qui a eu un flair du diable puisque c’est une des premières chansons qui parle d’écologie et de la possibilité d’une destruction de l’écosystème par la main de l’homme. Avec une langue et un vocabulaire un peu naïfs… Le texte a été écrit en 1969 et il dit des choses que nous pensons encore aujourd’hui : la peur de la défiguration de la nature, la peur de la disparition des choses, la peur d’une guerre nucléaire, la peur d’un monde post-apocalyptique…  Le tout sur cette musique de Beethoven un peu craignos…

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