mardi 13 septembre 2022

 

Jean-Luc Godard est mort : il ne faisait rien pour plaire, et déjà il nous manque

François Gorin

Quand on rencontrait Jean-Luc Godard, on avait toujours peur de ne pas être à la hauteur — il le savait, s’en agaçait même. En revoyant ses films, on continue de ressentir une excitation parfois teintée de malaise. Foudroyé par la limpidité d’une image ou l’harmonie d’un plan, intrigué par telle dissonance, amusé par le maniement des mots, stimulé ou irrité par un raccourci. On s’y retrouve, on s’y perd. L’abstraction ? Elle est déjà dans les fragments de corps d’Une femme mariée (1964). La fraîcheur d’un visage ? Elle est encore au détour de Notre musique (2003). Et Godard, où est-il ? Ici, là et ailleurs, visible à l’écran ou non, occupé à refaire le monde à son image et ne cessant d’échouer avec un sourire las masquant une rage tenace. « Rater mieux » : la devise de Samuel Beckett lui allait comme un gant. Pour avoir eu le désir fou d’être à lui seul le cinéma, Jean-Luc a été puni, condamné à inventer le sien. Rares sont ceux qui peuvent en dire autant. On continuera de proférer sur tous les tons « c’est du Godard ». Des enfants, il en a eu malgré lui. Cinéastes et pas seulement. Il ne faisait rien pour plaire, allait là où les autres ne vont pas, et c’est ainsi que déjà il nous manque. Lire l’article

► Lire aussi : Douze films de Godard à voir une fois dans sa vie
► Jean-Luc Godard avait 91 ans… et nous, 91 raisons d’aimer JLG
► Jean-Luc Godard inspire-t-il toujours les jeunes cinéastes ?

  Aller au contenu principal Aller à la recherche des programmes Aller au pied de page Découvrez tout l’univers TF1 INFO Créer un compte Se ...