TÉMOIGNAGES. Ils se souviennent du 11 septembre 2001 comme si c’était hier
Quel que soit leur âge au moment où l’Amérique a été attaquée, nos lecteurs n’ont pas oublié ce qu’ils faisaient le 11 septembre 2001, il y a tout juste vingt deux ans.
Tout le monde se souvient où il était le 11 septembre 2001 quand deux avions contrôlés par des terroristes sont venus percuter les tours jumelles du World Trade Center, à New York. Les États-Unis venaient d’être frappés en plein cœur par les attentats les plus meurtriers de l’histoire.
Deux autres avions allaient s’écraser, l’un contre le Pentagone, près de Washington, l’autre dans un champ de Pennsylvanie, après la rébellion des passagers contre les pirates de l’air.
À l’occasion du vingtième anniversaire de ces attentats qui ont fait 2 977 morts, vous avez été nombreux à nous partager vos souvenirs de ce jour si particulier.
La télé après la journée de classe
Marie avait 8 ans, l’âge de l’insouciance et des premières lectures de Harry Potter. « Ce 11 septembre, je suis rentrée de l’école, me suis précipitée en jetant mon cartable dans l’entrée. J’ai pris mon goûter pour venir m’affaler sur le canapé, impatiente de regarder un dessin animé. Choquée, je me suis retrouvée devant des images de fumée, de flashs spéciaux. Cette vision d’un avion s’écrasant encore et encore sur ces tours que je n’oublierais jamais. Le pire ? Je n’étais pas choquée, ni triste de ce spectacle mais bien furieuse de ne pas avoir mes dessins animés, jusqu’à ce que l’on m’explique. »
Nicolas venait de rentrer en classe de 4e, au collège Fénelon de Brest. « Je faisais mes devoirs quand ma mère est rentrée du travail et nous a annoncé, à mon frère et moi, la terrible nouvelle. Mon père est rentré quelques minutes plus tard. Blême, il nous a regardés tous les trois et nous a dit » c’est la guerre ». Nous avons regardé toutes la soirée les images des tours qui s’effondraient. J’ai eu beaucoup de mal à dormir et je suis resté traumatisé pendant de long mois. J’ai écrit une lettre pour figer mon ressenti, mes émotions. Elle est toujours à Brest chez mes parents. »
Stéphanie, presque 17 ans à l’époque, a appris l’horreur en rentrant chez elle. « Mon frère était déjà devant la télé. La première image que j’ai vue ça a été un avion s’écrasant sur une tour. Vu qu’il aimait les films d’action, je n’ai pas prêté attention aux paroles ni à l’affichage exact sur l’écran. Je lui ai demandé : « C’est quoi ton film ? » Et il m’a répondu » C’est pas un film, il y a eu des attentats à New York il y a 1 heure, c’est les infos ». Je me suis assise, j’ai suivi, je n’en revenais pas, j’en étais bouche bée, de voir le nombre d’attaques terroristes qu’il y avait eu, de voir ces images horribles d’avions dans les tours, et de voir les tours s’effondrer… Je me suis dit que New York ne serait plus New York sans les tours. C’était un symbole des USA… C’est ce qui représentait New York en dehors de la statue de la Liberté. »
Les écrans du supermarché
Plusieurs internautes, déjà adultes en 2001, se trouvaient au supermarché le 11 septembre 2001, comme Maryvonne, qui faisait ses courses dans une grande surface. « En passant devant le rayon télé, j’ai vu des images qui m’ont interpellée. Pensant que c’était un film, j’ai regardé quelques minutes et réalisé que c’était en direct. Je suis restée prostrée pendant un bon moment, choquée. J’ai continué mes courses en mode zombie, avec ces images qui me tournaient dans la tête. »
Hervé, commercial, s’est retrouvé au Géant Casino de Saint-Grégoire, près de Rennes, « face à un mur d’écran télé avec les images qui tournaient en boucle. J’ai pensé que c’était la 3e guerre mondiale qui commençait. Autour de moi des gens stupéfaits et d’autres qui vaquaient à leurs occupations comme si de rien n’était… »
Florence, elle, travaillait comme hôtesse de caisse. « Tous les clients me parlaient de ça : c’est la fin du monde, c’est l’horreur, il y a beaucoup de morts, les gens courent partout… Et moi, j’avais hâte de terminer et rentrer chez moi pour allumer ma télé et voir les images et les infos, pour me rendre compte de l’ampleur de la catastrophe. »
Avec Jacques Chirac à Rennes
Jean-Christophe était au campus de Ker Lann, à Bruz, près de Rennes, pour assister au déplacement du président de la République Jacques Chirac. « Un ancien ministre se précipite dans le couloir. Il est grand, brun, suivi de très près par une assistante. Tout en téléphonant, il demande à la cantonade « une télé, une télé ! » Le mur d’écrans des bac pro maintenance audiovisuelle est juste à côté. Il se précipite à ma suite, le deuxième avion percute la deuxième tour en direct. Le ministre est toujours en communication. Il a l’air complètement désemparé et ne sait visiblement pas quoi faire. Il répète plusieurs fois, en tournant en rond et en s’adressant à son assistante, « Il faut bouger, il faut bouger ! » A ce moment, le Président sort de la médiathèque le visage fermé. Avec l’agent de sécurité, je dévale l’escalier pour rejoindre le pupitre sur l’estrade prévue pour les interventions de l’inauguration. C’est très court, Jacques Chirac annonce qu’à cause des évènements qui se passent aux États-Unis, il doit rejoindre Paris immédiatement. Les petits fours ont un goût amer et cet étalage de denrées paraît presque obscène dans la situation. »
En direct de New York
Certains de nos lecteurs se trouvaient à « Big Apple » le 11 septembre 2001, comme Axelle, arrivée la veille comme fille au pair. « Ce jour-là, je venais de me réveiller au New Yorker Hotel et devais faire le tour de cette fabuleuse ville le matin même mais… »
Cyril, 20 ans, visitait New York avec deux amis depuis six jours et devait rentrer en France le 12 septembre. « Nous avions prévu, pour notre dernier jour, de monter au sommet du World Trade Center. Des Français rencontrés la veille nous avaient conseillé cette vue imprenable. Nous avions même trouvé des tickets de réduction, nous étions prêts. Alors que nous nous levions avec pour objectif cette dernière visite spectaculaire, nous allumons la TV. Quelques secondes de flottement, mais rapidement, nous comprenons que ce que nous voyons à l’écran est en train de se passer à quelques encablures de notre hôtel. Nous avons du mal à quitter ces chaînes d’infos en direct. Nous assistons à l’effondrement des tours, hagards. Nous décidons ensuite de descendre dans les rues. Et là, c’est le chaos : tous les regards sont rivés en direction de la pointe sud de Manhattan, d’où un panache de fumée s’élève dans le ciel. Rapidement, la moindre cabine téléphonique est prise d’assaut, les gens essayant péniblement de rassurer leurs proches. Nous, il nous aura fallu plusieurs jours pour prévenir nos familles que nous allions bien. Le trafic aérien étant paralysé, finalement nous serons bloqués jusqu’au 18 septembre où, avec un coup de pouce de l’ambassade de France, nous réussirons à prendre un vol retour. Entre-temps, nous aurons vu fleurir des milliers d’affiches d’avis de recherche à tous les coins de rue, nous aurons été évacués de notre hôtel et même de Central Park, le seul endroit où nous réussissions à trouver un peu de sérénité, pour de (fausses) alertes à la bombe, nous aurons été réveillés chaque nuit par le ballet incessant des véhicules de secours… Bref, c’est dans une ambiance pesante empruntée de paranoïa que nous achèverons notre séjour dans la Grosse Pomme, soulagés et heureux de retrouver le sol français. »