Macron, la Corona et les deux corps du roi
À la vue du président de la République s’envoyant une bière Corona cul sec dans le vestiaire avec les Toulousains après leur victoire en Top 14, la députée d’extrême gauche Sandrine Rousseau a pesté: «la masculinité toxique dans le leadership politique en une image»!
Je mesure l’agacement, et c’est un euphémisme, que m’inspire le président à cet épisode de la bière bue cul sec dans les vestiaires des Toulousains remportant le bouclier de Brennus.
Mais enfin, ce n’était pas de cela qu’il s’agissait avec Macron. Ne parlons pas de « sa masculinité toxique » comme a pu le faire l’inénarrable Sandrine Rousseau.
Il s’agissait plutôt de binge drinking digne de l’étudiant d’une école de gestion de second ordre qui fête ses examens en faisant le malin devant les copains.
Macron, d’ailleurs, encore une fois, confond les deux corps du roi, joue sur les deux alors qu’ils doivent rester séparés. Macron, c’est Jupiter quand ça l’arrange politiquement et Manu quand c’est utile médiatiquement. Cette géométrie variable n’est pas pour rien dans la détestation sans précédent qu’il inspire aux Français.
Rien à voir avec la spontanéité chiraquienne des années 70, quand le député de Corrèze mangeait franchement sa tartine de rillettes en vidant son verre en compagnie de ses administrés dans la froidure des Monédières. Mais il est vrai que Chirac faisait une campagne d’élu local, ce que n’a jamais été Macron, incapable de se confronter au quotidien d’une mairie ou d’une circonscription, avec de vrais gens dedans.
Sa Corona, finalement, n’est pas très loin de la pure propagande poutinienne quand le dictateur russe n’hésitait pas à chevaucher torse nu pour montrer sa force. Macron aura lui, encore une fois, avec cet épisode, montré son ridicule décalage de président copain. Qu’il sache simplement que ça ne donne aucune envie de boire avec lui parce que, pour paraphraser ce que Audiard fait dire à Gabin dans Un singe en hiver : « Dans le fond, il ne mérite pas de boire ».