Les coulisses de l’ancienne demeure de la duchesse de Bourbon



Histoires secrètes de l’Assemblée nationale (éditions du Rocher, 2024)


Des épisodes méconnus de l’ancienne demeure de la duchesse de Bourbon. Pas de révélations fracassantes dans ce court ouvrage mais la promesse réussie d’une plongée entre les murs de la Chambre basse. Un récit de ses petites histoires, comme le séjour en prison du comte Armand Léon de Baudry d’Asson, en 1880, après une turbulente séance. Ou cette bombe lancée en plein hémicycle en 1893 par un anarchiste, Auguste Vaillant, qui blessera plusieurs députés. Et cet improbable duel à l’épée, en avril 1967, après une insulte lancée par Gaston Defferre, député-maire socialiste de Marseille, à son collègue gaulliste René Ribière. Scène «grotesque», avouera Defferre, mais un combat «pour l’honneur». 

Un chapitre rappelle d’ailleurs que le Palais Bourbon fut longtemps un lieu de pouvoir réservé aux hommes. Les premières femmes élues députées y firent leur entrée en 1945, après la Libération. Bordas raconte aussi des lieux privilégiés réservés aux députés, comme la bibliothèque et ses 700 000 ouvrages, l’hôtel de Lassay, résidence de l’actuelle présidente de l’institution, Yaël Braun-Pivet, ou cette «chambre forte» secrète, dans les sous-sols du Palais Bourbon... Le journaliste, qui a fouillé les archives des quotidiens nationaux et de l’Assemblée, convoque également Bruno Fuligni, historien, conseiller de la présidente et auteur de nombreux ouvrages sur l’institution.

La fin de l’ouvrage revient sur des épisodes plus récents de guérilla parlementaire, des scènes de tension, comme lors de la réforme des retraites, d’esclandre en commission et de bouleversement des usages, majorité relative oblige. Ainsi des commissions mixtes paritaires (CMP), où l’avenir d’un projet de loi se joue entre une poignée d’élus, après la navette parlementaire. D’où des demandes répétées de parlementaires de l’opposition de filmer (et diffuser) ce traditionnel huis clos. 

Le lecteur curieux de popote parlementaire trouvera aussi les coulisses du travail législatif, comme le dépôt des amendements par les conseillers de groupe. L’auteur raconte par exemple cette nuit du 4 mai 2023 où une fonctionnaire de l’Assemblée a failli perdre la vie. Ce soir-là, dans l’hémicycle, une femme chargée des comptes rendus de séance manque de s’écrouler. Un malaise. Un député (RN), Julien Rancoule, pompier volontaire, constate que son pouls s’est arrêté. Sa collègue (Renaissance) Stéphanie Rist, médecin, déboule et commence alors un massage cardiaque, puis du bouche-à-bouche. Les huissiers apporteront plusieurs minutes plus tard un défibrillateur. Un choc électrique est envoyé, et le cœur repart. Un moment fort, suspendu.

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