Le monde est devenu un grand hôpital psychiatrique où les fous se promènent en liberté.
Chaque pays a élu son chef, "le Roi des fous". Et pour ne pas que les rois s’ennuient, on leur a donné des jouets, des petits soldats, des camions, des avions à réaction, et les rois des fous du monde entier s'invitent entre eux pour jouer, au cours de petits goûters, ils se comparent leurs jouets.
– Tu as vu mon sous-marin ?
– Et toi, tu as vu mon canon comme il tire bien ?
Tous les soirs, ils jouent très tard, ils font la bombe, ils poussent leurs petits soldats qui tombent sous les billes. Quand il n’y en a plus, ils les remplace, et puis les rois des fous échangent leurs jouets :
– J’te prête mon pétrole, mais toi tu me prête ta bombe à neutrons.
– D’accord, file-moi ton uranium et j’te prêterai mes camions de soldats.
Et puis, il y a des rois des fous qui n’ont rien à échanger, pas de jouets, même pas de quoi manger, à quatre heures, ils ont droit à un petit goûter à partager en trois, ils vivent au tiers, c’est le tiers-monde, ils traînent derrière eux, au bout d’une ficelle, un lapin qui joue du tambour, et en les voyant passer, les rois des fous du monde entier leur jettent pour s’amuser, des petits noyaux d’olive nucléaire.
Et puis de temps en temps, il arrive un docteur qui veut soigner les fous, on l’appelle "Prix Nobel de la paix", on lui met une grosse médaille sur le cœur qui brille au soleil pour qu’on voit bien l’endroit où il faut tirer pour le tuer, et la vie continue.
Les rois des fous du monde entier s’entourent de débiles qu’ils choisissent eux-mêmes ; le premier débile, le débile des armées, le débile des finances, ça s’appelle un gouvernement. Et dans le monde entier, les débiles donnent des conseils aux rois des fous pour gouverner les Cons, et les Cons cherchez pas, dans l'histoire, c’est toujours nous !
Mais si les cons du monde entier voulaient se donner la main, on obligerait les fous à ranger leurs jouets, leurs chars, leurs canons, leurs avions, et nous pourrions enfin nous promener en paix sur les jardins de la terre qui sont si jolis quand on n’y fait pas la guerre.
Roland Magdane