LE COVID LONG

 «Il n’y a pas un post-Covid, selon Xavier Lescure, infectiologue et membre du Covars, mais des présentations variables selon les patients, de la tête aux pieds en passant par le cœur, les poumons, le cerveau ou le tube digestif». Plus de 200 symptômes, de sévérité variable, ont été décrits dans la littérature scientifique. Une fatigue anormale, allant parfois jusqu’à l’épuisement, est très souvent au premier plan : elle réapparaît par vagues après une phase d'amélioration, déclenchée par des efforts physiques ou intellectuels parfois anodins. Elle se traduit par une réduction substantielle des activités de la vie courante, professionnelle, sociale et personnelle. Le retentissement psychologique est important. À ce symptôme particulièrement handicapant, typique des syndromes post-infectieux, peuvent s’ajouter une anosmie (perte d’odorat) et des troubles cognitifs.

  • Combien de personnes en souffrent en France ?

Les estimations varient beaucoup d'une étude à une autre en raison de biais et de différences de méthodologie, mais le Covars évalue à plusieurs centaines de milliers les personnes souffrant actuellement de Covid chronique en France, avec un retentissement au quotidien nécessitant une prise en charge spécifique. Le risque de séquelles est plus élevé après un Covid sévère (environ 30% des malades sont encore symptomatiques après un mois ; 10% après six mois) et après une hospitalisation (la moitié des patients touchés à quatre mois). « Le profil type est une femme active de 45 ans, fumeuse, allergique ou souffrant d’asthme», note Bruno Lina, membre du Covars. La pathologie touche aussi les enfants (surtout de la naissance à trois ans), les adolescents et les personnes âgées, chez qui elle est souvent sous-déclarée. Les scientifiques relèvent par ailleurs un «effet variant», qui se manifeste par une diminution du risque de Covid long depuis l’émergence de Delta et surtout d’Omicron.

  • Le vaccin permet-il d’éviter le syndrome post-Covid ?

La vaccination a un effet protecteur : elle réduit le nombre de cas de Covid et de formes graves, diminuant de ce fait l’incidence des formes chroniques. Mais elle atténuerait aussi, chez des patients atteints de Covid long, la sévérité et le nombre de leurs symptômes. Une étude a montré que deux fois plus de patients vaccinés ont signalé une rémission de leur syndrome post-Covid par rapport aux personnes non vaccinées. Dans une démarche de prévention, le Covars préconise aussi l’accès au traitement antiviral précoce chez les personnes à risque de forme grave en période de forte circulationdu virus.

  • Quelles sont les causes physiologiques du Covid long ?

Même si les mécanismes à l'œuvre ne pas encore complètement compris, plusieurs hypothèses peuvent expliquer les séquelles de l'infection. La première est la persistance du virus entier, ou sous forme d'ARN, dans certains réservoirs de l'organisme, ce qui serait à l'origine d'une inflammation chronique silencieuse. De l'ARN viral a ainsi été retrouvé dans les selles, le sang ou au niveau du bulbe olfactif de patients sept mois après leur infection. Une réaction inappropriée du système immunitaire est par ailleurs probablement impliquée dans la cascade des symptômes post-Covid. Dans leur rapport, les scientifiques listent également une atteinte du système nerveux central, un déséquilibre du microbiote intestinal et une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins.

  • Existe-t-il des traitements ?

Il n’existe pas de traitement contre le Covid long, mais une prise en charge globale incluant des médicaments contre les symptômes, la rééducation respiratoire, physique, cognitive et olfactive notamment, ainsi qu’un soutien psychologique. Elle doit être portée par le médecin généraliste. « L'alliance thérapeutique entre le médecin et le malade est fondamentale pour soigner une maladie que l'on connaît mal, souligne Xavier Lescure. Cette relation de confiance a une incidence sur l'évolution des symptômes. » Si 91 % des patients non hospitalisés voient leur état de santé s'améliorer très lentement au fil des mois ou des années, certains gardent des séquelles définitivesSelon l’infectiologue, « d'autres se rétablissent, mais conservent une certaine fragilité qui se traduit par une hausse de leur risque de rechute. »

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