Die kristallnacht

 La nuit de Cristal (en allemand : Reichskristallnacht) est le pogrom contre les Juifs du Troisième Reich qui se déroula dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 et dans la journée qui suivit. Ce pogrom a été présenté par les responsables nazis comme une réaction spontanée de la population à la mort le 9 novembre 1938 d’Ernst vom Rath, un secrétaire de l'ambassade allemande à Paris, grièvement blessé deux jours plus tôt par Herschel Grynszpan, un jeune Juif polonais d'origine allemande. En fait, le pogrom fut ordonné par le chancelier du Reich, Adolf Hitler, organisé par Joseph Goebbels et commis par des membres de la Sturmabteilung (SA), de la Schutzstaffel (SS) et de la Jeunesse hitlérienne, soutenus par le Sicherheitsdienst (SD), la Gestapo et d'autres forces de police.

La Première ministre a accusé le député LFI Antoine Léaument de comparer l’usage du 49.3 au pogrom mené contre les Juifs en Allemagne nazie en 1938. Ce que l’élu insoumis n’a absolument pas fait.

Heureusement que la loi contre la diffusion de fausses infos n’est pas appliquée contre le gouvernement et sa Première ministre ; les tribunaux sont déjà assez encombrés par Eric Dupond-Moretti et Olivier Dussopt. Jeudi soir, à l’Assemblée, Elisabeth Borne s’est ainsi livrée à un grand numéro de n’importe quoi pour critiquer le député LFI Antoine Léaument. Dans l’hémicycle, à l’occasion des discussions sur la motion de censure déposée en application de l’article 49.3, la Première ministre a ainsi accusé l’élu insoumis de comparer l’usage de cet article de la Constitution à… la Nuit de cristal, pogrom opéré en Allemagne nazie contre les Juifs, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938.

«Je vous le dis avec gravité : ce soir, vous avez franchi des lignes que je ne pensais pas imaginables dans cet hémicycle. La Nuit de cristal ? Je n’ai pas d’autre mot que celui d’indécence. Comment ici peut-on comparer un outil constitutionnel à la Nuit de cristal ? Savez-vous de quoi vous parlez, M. le député ?» a demandé la Première ministre, estimant que Léaument, et par sa voix l’ensemble de LFI, pouvait ainsi «jouer avec des lignes bien floues dans [son] rapport à l’antisémitisme».

Le député LFI a bien parlé de l’horrible opération menée sous l’impulsion du parti nazi



Sur tout le territoire du Reich, près de deux cents synagogues et lieux de culte furent détruits, 7 500 commerces et entreprises gérés par des Juifs saccagés ; une centaine de Juifs furent assassinés, des centaines d'autres se suicidèrent ou moururent des suites de leurs blessures et près de 30 000 furent déportés en camp de concentration : au total, le pogrom et les déportations qui le suivirent causèrent la mort de 2 000 à 2 500 personnes. Événement majeur de la vague antisémite qui submergea l'Allemagne dès l'arrivée des nazis au pouvoir en janvier 1933, la « nuit de Cristal » fait partie des prémices de la Shoah.


En provoquant cette première grande manifestation de violence antisémite, les nazis voulurent accélérer l'émigration des Juifs, jugée trop lente, en dépit de la politique de persécution et d'exclusion mise en œuvre depuis février 1933. L'objectif fut atteint : le nombre de candidats à l'émigration crût considérablement. Mais, en dépit de l'indignation que l'évènement suscita dans le monde, les frontières des autres pays restèrent fermées.


Marquant une rupture avec la politique nazie de 1933 à 1937, ainsi qu'une étape dans la violence et la persécution antisémites, cet évènement fut également révélateur de l'indifférence des nations au sort des Juifs d'Allemagne et d'Autriche, et de l'incapacité des États démocratiques à contrecarrer les coups de force menés par l'Allemagne de Hitler.


Le 7 novembre 1938, un jeune Juif polonais d'origine allemande réfugié à Paris, Herschel Grynszpan, âgé de 17 ans dont la famille résidant à Hanovre a été expulsée, le 27 octobre, d'Allemagne vers la Pologne, achète un pistolet puis se rend à l'ambassade d'Allemagne à Paris, où il demande à voir un responsable. Envoyé au bureau du premier secrétaire Ernst vom Rath, Grynszpan tire sur celui-ci et le blesse gravement9,b,c. L’historien Hans-Jürgen Döscher a affirmé que cette attaque pourrait ne pas être motivée politiquement mais être la conséquence d’une relation homosexuelle naissante entre l’assassin et sa victime qui se seraient rencontrés dans le célèbre cabaret parisien Le Bœuf sur le toit : il s’appuie notamment sur des écrits d’André Gide, pour étayer ses affirmations, et vom Rath aurait été réputé à Paris pour ses penchants au point de parfois être surnommé « Mme l’Ambassadeur ».


Il ne s'agit pas du premier événement du genre. Le 4 février 1936, un étudiant talmudiste yougoslave, David Frankfurter, avait assassiné, à Davos, le responsable du parti nazi en Suisse, Wilhelm Gustloff, sans susciter de réaction des autorités ou de la population allemandes, les circonstances, et notamment la proximité des Jeux olympiques de Berlin, « exigeant de serrer la bride aux fanatiques du parti en Allemagne ».


L'attentat contre le diplomate vom Rath ne fait l'objet d'aucune déclaration publique des responsables nazis, même si une campagne antisémite dans la presse orchestrée par Joseph Goebbels dès le 8 novembre 1938 encourage les premiers pogroms menés par des responsables locaux du parti nazi, notamment en Hesse-Cassel, à Munich ou à Hanovre


Dans son journal, le 9 novembre, Joseph Goebbels relatant la journée du 8, n'écrit rien sur l'attentat de Paris, alors qu'il a passé la fin de soirée avec Hitler au café Heck ; lors de son discours du 8 novembre commémorant le putsch de la Brasserie de 1923, Adolf Hitler est lui aussi muet sur le sujet. Pour Saul Friedländer, « de toute évidence, les deux dirigeants nazis avaient décidé de passer à l'action, mais jugé sans doute préférable d'attendre le décès d'Ernst vom Rath, grièvement blessé ; ce silence insolite était la plus sûre indication de l'existence de plans visant à accréditer une explosion spontanée de la colère du peuple ».


Vom Rath, au chevet duquel Hitler avait envoyé son médecin personnel, le docteur Karl Brandt, décède le 9 novembre 1938 à 17 h 30, et Hitler en est informé entre 19 et 21 h, alors qu'il participe, à Munich, au dîner traditionnel des « compagnons de combat », la vieille garde du parti.


Le 9 novembre 1938 au soir, à Munich, à l'occasion du Tag der Bewegung (Jour du Mouvement),  Adolf Hitler, après un long entretien à voix basse avec Joseph Goebbels au cours duquel le Führer semble particulièrement agité, quitte la réunion sans prononcer son discours traditionnel et sans faire la moindre allusion au décès de vom Rath. Vers 22 heures, Joseph Goebbels, dans un « discours bref mais incendiaire », annonce aux participants la mort d'Ernst vom Rath et leur apprend que des émeutes anti-juives ont éclaté en Hesse-Cassel et en Saxe-Anhalt, en ajoutant que le Führer avait décidé que rien ne devait être fait pour décourager le mouvement au cas où celui-ci s'étendrait à l'ensemble du Reich. « Le parti devait organiser et exécuter l'affaire sans paraître ouvertement y être engagé ».


La « colère populaire spontanée » mise en avant par les responsables nazis fait en réalité l'objet de quatre vagues d'ordres successives : à partir de 22 heures, les chefs régionaux de la SA donnent, par téléphone, instruction à leurs subordonnés de lancer incendies, destructions et violences à grande échelle ; peu avant minuit, Heinrich Müller, chef de la Gestapo enjoint aux forces de police de ne pas s'opposer aux actions contre les Juifs, d'empêcher les pillages et « tout autre débordement particulier » et de préparer l'arrestation de vingt à trente mille Juifs, « de préférence fortunés » ; à une heure vingt du matin, les instructions de Müller sont complétées et précisées par un télex de Reinhard Heydrich à la police et au SD. Heydrich demande de prévenir les actions qui peuvent mettre en danger des personnes ou des biens allemands, notamment lors de l'incendie des synagogues, d'autoriser la destruction des appartements et commerces appartenant à des Juifs, mais pas leur pillage, de ne pas s'attaquer aux étrangers et de trouver « le personnel nécessaire pour arrêter autant de Juifs, surtout fortunés, que peuvent en accueillir les prisons ». À 2 h 56 du matin, c'est au tour de Rudolf Hess de donner ses consignes.


Pour Rita Thalmann et Feinermann, la succession des ordres, et surtout, la précision des instructions données par Müller, notamment l'ordre d'arrêter de 20 000 à 30 000 Juifs, témoignent de l'existence d'un plan préétabli, antérieur à l'assassinat de vom Rath. Cette analyse est partagée par Gerald Schwab, selon lequel le télex envoyé par Müller, dans lequel il n'est fait aucune allusion à la mort de vom Rath, avait été rédigé au préalable en attendant une opportunité appropriée ; Schwab souligne également que les camps de concentration se préparaient, depuis plusieurs mois, à faire face à un afflux massif et soudain de détenus. Le caractère fallacieux de l'affirmation selon laquelle les violences auraient été spontanées est en outre étayé par un rapport du tribunal suprême du parti rédigé début 1939 : « les instructions orales du Ministre de l'Intérieur ont apparemment été comprises par tous les responsables présents comme signifiant que le parti ne devait pas apparaître, à l'extérieur, comme l'initiateur des manifestations, mais qu'il était, en réalité, chargé de les organiser et de les exécuter. »


Le 10 novembre 1938, Goebbels consulte Hitler par téléphone aux premières heures de la matinée et le rencontre ensuite lors du déjeuner, alors que les violences se poursuivent. Avec l'aval du Führer, Goebbels donne l'ordre d'arrêter le pogrom. Cette instruction est diffusée par la presse berlinoise à 17 heures, par les stations de radio à 20 heures et dans l'ensemble de la presse le lendemain. Elle est suivie par des messages de Heydrich aux forces de police dont les patrouilles « qui avaient disparu comme par enchantement, ressurgissent à tous les coins de rue ».


Le pogrom : violences antisémites dans l'ensemble du Reich

Dès la fin du discours de Goebbels, des membres de la Stosstrupp Adolf Hitler se déchaînent dans les rues de Munich et détruisent la synagogue de la Herzog-Rudolf-Strasse, leur violence allant jusqu'à susciter l'inquiétude du Gauleiter Adolf Wagner. Goebbels donne également des ordres pour qu'ils démolissent la synagogue de la Fasanenstrasse


Le pogrom s'étend rapidement sur tout le territoire du Reichh, des grandes villes aux bourgades : « les Gauleiters entrèrent en action vers 22 h 30. La SA suivit à 23 heures, la police peu avant minuit, les SS. »


À Innsbruck, dans le Gau du Tyrol-Vorarlberg, où ne vivent que quelques centaines de Juifs, un commando de membres de la SS, habillés en civil, assassine plusieurs Juifs influents. Des diplomates témoignent de la violence des saccages opérés à Cologne et à Leipzig ; des scènes semblables se produisent dans la petite ville de Wittlich, en Moselle, où un SA monte sur le toit de la synagogue en agitant les rouleaux de la Torah et en s'écriant « Torchez-vous le cul avec, Juifs ! » À Marbourg, à Tübingen, des membres du parti nazi et de la SA, souvent ivres à la suite de la célébration de l'anniversaire du putsch de la Brasserie, incendient les synagogues sous le regard de pompiers, dont l'action se borne à éviter que les incendies ne se communiquent aux édifices voisins. À Esslingen, des « Chemises brunes » saccagent un orphelinat dans la cour duquel ils font un bûcher avec les livres, les objets religieux et tout ce qui est combustible, en menaçant les enfants en pleurs de les jeter dans le brasier s'ils ne partent pas immédiatement ; à Potsdam, c'est un internat qui est envahi et dont les enfants sont chassés en pleine nuit. À Leipzig, le cimetière juif est saccagé : le lieu de culte et la maison du gardien sont incendiés, les pierres tombales renversées et des sépultures profanées. Dans la petite ville de Treuchtlingen, la violence atteint des sommets : des membres de la SA, encouragés par certains habitants, mettent le feu à la synagogue, brisent les vitrines des magasins juifs et en pillent le contenu, saccagent les habitations occupées par des Juifs, détruisant mobilier, vaisselle et sanitaires et obligeant les femmes, réfugiées dans la cave, à détruire bouteilles de vin et conserves. C'est à Vienne, où s'étaient déjà produites des émeutes anti-juives lors de l'Anschluss, que le pogrom prend ses formes les plus violentes et les plus meurtrières, avec 42 synagogues incendiées, 27 personnes juives tuées et 88 grièvement blessées.


Les violences sont systématiquement assorties de l'humiliation des victimes. À Sarrebruck, on oblige les Juifs à danser, à s'agenouiller et à chanter des chants religieux devant la synagogue, avant de les asperger à la lance à incendie ; à Essen, on met le feu à leur barbe ; à Meppen, on les force à baiser le sol devant le quartier général de la SA, pendant qu'ils sont frappés à coup de pied. À Fürth, des Juifs sont conduits au théâtre : « les uns parqués dans la salle obscure, les autres montés sur la scène violemment éclairée pour y être battus ». À Baden-Baden, les Juifs sont rassemblés dans la synagogue où ils doivent rentrer en piétinant un manteau de prières : une fois à l'intérieur de l'édifice, on leur fait entonner le Horst-Wessel-Lied, puis lire un passage de Mein Kampf à la table de l'officiant.


À côté des centaines de synagogues et lieux de culte incendiés, plusieurs milliers de commerces, de boutiques et d'appartements juifs sont détruits, saccagés ou pillés, et presque tous les cimetières juifs sont profanés ; des femmes, des enfants et des vieillards sont battus et victimes de brutalités bestiales ; les suicides sont nombreux et plus de 20 000 Juifs sont déportés dans les camps de concentration, où ils sont victimes de sadisme et de tortures indescriptibles de la part des gardiens. Un nombre indéterminé de viols et une centaine d'assassinats sont également perpétrés.


Les exactions ne sont pas commises que par des membres de la SA ou de la SS, mais aussi par des « citoyens ordinaires », par « d'autres secteurs de la population, surtout – mais pas seulement – des jeunes que cinq ans de national-socialisme à l'école et aux Jeunesses hitlériennes n'avaient pas laissés indemnes » ; à Düsseldorf, des médecins de l'hôpital et plusieurs juges prennent part à l'incendie de la synagogue ; à Gaukönigshoven, en Basse-Franconie, des « paysans respectés » profanent le sanctuaire de la Torah et pillent les maisons des Juifs ; dans la matinée du 10 novembre, écoliers et adolescents accablent de leurs sarcasmes, de leurs quolibets et de leurs injures les Juifs raflés par la police et souvent houspillés par des meutes hurlantes qui leur lancent des pierres. Si une partie de la population participe au pogrom, des Allemands témoignent toutefois leur sympathie aux victimes, et dans certains cas, leur prodiguent aide matérielle et réconfort.


Bilan : une communauté traumatisée

Dans un rapport du 11 novembre 1938, Reinhard Heydrich fait état de 36 morts et d'autant de blessés graves pour l'ensemble du Reich.


Pour Saul Friedländer, « le bilan se révéla bien plus lourd ; dans toute l'Allemagne [y compris l'Autriche annexée], outre les 267 synagogues détruites et les 7 500 entreprises et commerces saccagés, 91 Juifs périrent et des centaines se suicidèrent ou moururent par la suite des sévices infligés dans les camps, ».


Sur ce dernier point, Raul Hilberg estime à plus de vingt-cinq mille le nombre des hommes envoyés dans les camps de concentration nazis, comme Dachau (10 911 dont environ 4 600 en provenance de Vienne), Buchenwald (9 845 personnes) et Sachsenhausen (au moins 6 000).


Pour François Kersaudy, « plus de cent Juifs sont tués et deux mille déportés en camps de concentration, tandis que 7 500 boutiques sont détruites et 12 000 pillées, cent une synagogues sont incendiées, 76 démolies et 267 endommagées ».


Daniel Goldhagen parle d'« à peu près cent Juifs » assassinés, et de trente mille autres déportés en camps.


« Au total — et selon les estimations les plus modérées retenues dans les documents de la Wiener Library — le pogrom coûta la vie de 2 000 à 2 500 hommes, femmes et enfants et laissa des séquelles indélébiles chez tous ceux qui en vécurent l'horreur. »



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