 |
L’œil de Soulcié |
Charles III : entre «not my king» et toi-toi mon roi, la cérémonie vue par Libé
:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/RAUKXDPIIRES3K5HRGI4TEAFTA.jpg)
En résumé
- Charles III est légalement roi depuis le dernier soupir de sa mère Elisabeth II. Manquait la couronne en or massif, les spectres, le trône… et les télévisions du monde entier. C’est chose faire. La cérémonie a lieu ce samedi 6 mai midi à Londres. Charles et Camilla ont fait l’AR entre le Palais de Buckingham et l’abbaye de Westminster en calèche modernisée (un oxymore). Sous la pluie et en présence d’une foule éparse.
- Dans un pays ravagé par la crise économique, appauvri par l’inflation et isolé par le Brexit, cette occasion d’unité est à coup sûr un divertissement bienvenu. Du moins pour les 60 % de Britanniques encore attachés à la monarchie, chiffre en baisse de 10 points en dix ans. Et pour les fétichistes de la noblesse de sang, all over the world.
This is the end : des saluts au balcon de Charles, mais pas de baiser royal avec Camilla (ni de Harry). Et voilà, on est arrivé au bout de la journée du couronnement, avec la traditionnelle scène du balcon. Il pleut, c’est totalement normal. Le roi Charles et la reine Camilla sortent sur le balcon de Buckingham palace, entourés d’abord des petits pages qui ont passé la journée à porter leurs capes d’hermine. Il y a George, 9 ans, deuxième dans l’ordre de succession au trône après son père William. La foule en délire trempé, sous parapluies et ponchos, les salue. Charles arbore un sourire satisfait, la couronne est un peu penchée sur son crâne, comme s’il portait un béret (de quinze kilos), mais, visiblement, il est à l’aise. Bien plus que Camilla, sourire plus crispé, qui n’ose pas trop bouger la tête et craint visiblement que sa couronne bascule. Le couple royal est vite rejoint par les membres «qui travaillent», les «Working royals» de la famille. A savoir, William et Kate, la princesse Anne, sœur du roi et son époux, le prince Edward, frère du roi et son épouse Sophie. En revanche, comme anticipé, pas de trace de l’autre frère, Andrew, banni pour ses fréquentations avec le prédateur sexuel Jeffrey Epstein, ou de Harry, fils du roi, l’exilé volontaire de la famille royale.
:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/Y6U27LG24NHUPEEMIVRVICC2RE.jpg)
Après le passage d’une parade aérienne un peu réduite par rapport au plan initial en raison de la météo capricieuse, close par le somptueux survol des neuf Red Arrows (l’équivalent de la Patrouille de France), les souverains se sont retirés. Avant de revenir pour un bis et un dernier salut. En revanche, pas de baiser royal au balcon, faut pas rêver non plus. Pourtant, même à 74 et 75 ans respectivement, ça aurait eu un certain cachet. Par Sonia Delesalle-Stolper.
Dans le public londonien, Laurence une Française vibre au côté «très punk et très tradi des Anglais». Il n’y a pas que des Britanniques dans le public. Marisa, roumaine de 22 ans, est «fascinée» par la cérémonie. Fatima, arrivée d’Iran il y a quatre ans, ne tarit pas d’éloges : «J’aime tellement l’histoire de ce pays. C’est très ordonné, très normal, très rangé». Il y a aussi la Française Laurence, retraitée venue de Lyon et enchantée par le côté «très punk et très tradi des Anglais». «Tout le monde se moque de moi quand je dis que je suis fan de la famille royale, mais depuis que Nick Cave a avoué dans le Guardian que lui aussi ressentait un attachement inexplicable à la royauté, j’ai l’impression d’avoir un peu de légitimité !» Si Mister Cave en personne le dit… Par notre reporter Juliette Démas.
:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/L5NUIBTEY5A53AHE5IXJUBC2SI.jpg)
Le Balcon, le Balcon ! On y est presque. Le carrosse est arrivé à Buckingham palace sur lequel flotte l’étendard royal et pas l’Union Jack. Charles et Camilla vont prendre quelques minutes pour se remettre du mal de mer provoqué par ce retour en carrosse sans amortisseurs, puis, enfin, nous aurons droit au «Grand Finale», la scène du balcon. L’accès au Mall, l’immense avenue qui part de Trafalgar Square au Palais et le rond-point devant Buckingham, va être ouvert au public. Une fois la foule rassemblée, les rideaux seront tirés, les fenêtres ouvertes et le roi et la reine fraîchement couronnés viendront saluer leurs sujets. Quelques minutes après, d’autres membres de la famille les rejoindront. Lesquels ? C’est le dernier suspense de la journée. Si William et Kate seront à coup sûr présents, rien ne dit que Harry, le fils rebelle, aura accès au balcon. Il n’est pas impossible qu’il soit déjà en route vers l’aéroport pour repartir aux Etats-Unis fêter les quatre ans de son fils Archie.
Jo Biden salue la «longue amitié» américano-britannique, Ursula von der Leyen «un symbole de stabilité». Du baume au cœur pour la diplomatie britannique qui peine à renforcer sa relation privilégiée avec les Etats-Unis depuis sa sortie de l’UE. Pas rancunière, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présente dans l’abbaye de Westminster, a jugé que le couronnement de Charles III «est un témoignage de la force durable de la monarchie britannique, un symbole de stabilité et de continuité» sur son compte Twitter.
Deux trajets, deux carrosses. Et voilà le Golden State Coach ! Le carrosse est de tous les couronnements depuis 1 821 et le sacre de George IV, l’oncle de Victoria. Sept mètres de long, doré à l’or fin et tellement lourd (4 tonnes) qu’il faut huit chevaux pour le tirer. Victoria le détestait, tellement on y est mal assis. On notera que la procession du roi et de la reine a été diablement raccourcie en soixante-dix ans. En 1953, Elizabeth et le prince Philip avaient paradé jusqu’à Hyde Park Corner avant de rejoindre Westminster, soit 5 miles (plus de 7 kilomètres), alors que cette fois, on se contentera de deux petits kilomètres. Evidemment, ça fait moins de place pour se masser sur le trajet, mais en 1953, on n’avait pas installé d’écrans géants à Saint James Park et à Green Park…
:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/LUOZD3XXBVBATKW5ADKFCSL3OQ.jpg)
La fin de la cérémonie approche, il pleut. L’hymne «God Save The King» a retenti. Le roi et sa couronne s’apprêtent à sortir de l’abbaye de Westminster. Il est suivi de sa reine Camilla. Et puis de son héritier William et son épouse Catherine. Retour du couple couronné au palais de Buckingham en carrosse, après une cérémonie quand même très - trop ? - religieuse.
Chips de couronnement à Londres. Pour s’occuper pendant la messe, on casse la croûte dans le parc : scotch eggs et chips de couronnement, qu’on mange dans des assiettes Union Jack, sous son parapluie Union Jack, avec son pull Union Jack et son chapeau Union Jack. Amanda, 55 ans, a conduit depuis Manchester avec ses trois enfants. Ultra-équipée, pour elle, c’est «juste le meilleur jour de l’année». Rien que ça. Par notre royale reporter Juliette Démas
«Je commence à être un peu saoule» au Bowler à Paris. «God save the king !» Quand retentit la bénédiction tant attendue au son des trompettes, c’est l’euphorie au Bowler à Paris. Enfin le pub sort de son flegme tout britannique. On entrechoque des pintes en souhaitant «longue vie» au roi, devant un fish and chips. Au comptoir, toujours rivée sur la BBC, Mary attaque sa deuxième pinte. «Je commence à être un peu saoule», confesse la quarantenaire, en chipant des frites à sa voisine. Elle confesse aussi aimer ce vieux roi (74 ans) longtemps détesté, à proportion inverse de l’amour «aveugle» porté à Diana. Sa fidélité à Camilla, aimée envers et contre tous, «force le respect» selon elle. A la table voisine, cinq quinquas, touristes anglaises en goguette à Paris, ont les yeux qui brillent. Des familles d’expatriés débarquent. On installe les enfants sur les tabourets. Deux rouquins, un frère et une sœur, regardent l’écran géant, bouche bée, en sirotant une limonade. Par Eve Szeftel
Camilla reine d’Angleterre ? C’est le moment de se souvenir que son mariage avec Charles en 2005, huit ans après le décès de Diana, a été un peu bousculé. Ce devait être l’événement de 2005, prévu pour le 8 avril et patatras… Jean Paul II meurt et ses funérailles sont prévues pour le 8 avril. La noce, célébrée à la chapelle Saint George de Windsor, est repoussée de 24 heures. Décidément…
William, héritier du trône, vient de prêter allégeance à son roi (et accessoirement père), Camilla couronnée. Le bisou qui a suivi était un peu formel, mais bon, dans l’émotion du moment on peut comprendre. Toute l’assemblée vient aussi de prêter allégeance, bref, tout le monde est d’accord, c’est lui le roi. Puis c’est le tour de Camilla à être couronnée. C’est fait. On la sent un peu inquiète pour la stabilité de sa couronne… Il fut un temps où Charles rêvait d’être son tampon hygiénique. Aujourd’hui, elle est sa reine. Quel chemin parcouru tout de même ! (Une pensée pour Lady Di).
Depuis Hyde Park : «Vas-y Charlie» ! Les deux pieds dans la boue, les Britanniques ont assisté à la cérémonie en criant des encouragements. «Vas-y Charlie !» «C’est bon, il a la couronne !». Matt, les larmes aux yeux, y voit «la continuation de l’Histoire». Pour lui, «notre système qui mélange pouvoir héréditaire et assemblée élue est très bien fait». Lui qui assiste aux cérémonies le plus souvent devant la télévision est ravi : «tout le monde pique-nique et ignore la pluie, c’est très Britannique, j’adore». Sa femme Mia est convaincue que Charles «sera très bien le boulot pour lequel il a été préparé»… pendant soixante-dix ans. Par notre royale reporter Juliette Démas.
L’archevêque de Canterbury pose la couronne sur la tête du roi : «God save the king». Une petite cuillère, une chaise en bois, un morceau de rocher, une Bible, un sceptre, un globe, une épée, un gant blanc, tous ces objets sont supposés sceller le lien entre le monarque, le peuple, l’Eglise et Dieu. Le même rituel est suivi depuis plus de 1000 ans. Sonnez trompettes ! God Save the King ! Charles III est couronné. The end (ou presque).
:quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/EWZTIQCVUZFCJBIPUEQ74PYPZI.jpg)
L’instant sacré. C’est le moment, l’instant suprême. La tenue de cérémonie que portait le roi est ôtée, alors qu’il est caché derrière des paravents délicats. Il va être oint d’huile sacrée (et vegan). C’est le moment où son rôle spirituel, celui de chef de l’Église anglicane (un peu leur pape), est mis en valeur. Ça ne s’invente pas, après s’être déshabillé (non pas complètement !), le roi vient d’enfiler une modeste chemise blanche, puis un très simple manteau d’or, dont le nom est «supertunica». Il est assis sur le trône du couronnement. Dans quelques instants, il sera couronné.
Football royal. Préparez-vous, voilà «Zadok The Priest» de Haendel, que vous connaissez tous, ou presque… Comment ça, ça ne vous dit rien ? Mais si ! L’espace d’un instant, vous allez avoir l’impression d’être projeté à Anfield Road ou à Old Trafford. Car si vous avez déjà jeté un œil à un match de Ligue des Champions, vous avez nécessairement entendu «Zadok the Priest»… vu que c’est l’hymne officiel (enfin, un peu adapté tout de même) de la plus prestigieuse des coupes d’Europe. Le morceau a été composé en 1727 et a résonné dans Westminster à chaque couronnement depuis, mais il est désormais surtout rentré dans l’oreille des fans de foot. Et comme mardi, Manchester City défie le Real de Madrid en demi-finale, il est possible que dans le nord de l’Angleterre, ce soit la version footballistique qui soit la plus attendue.
La couronne de Saint-Edward quezako ? (c’est pour bientôt, juste après l’onction et le sermont écolo-anglican de l’archevêque). Avec sa structure en or de 30 cm de haut et ses 444 pierres précieuses, a beau être couverte de velours d’hermine, est reste assez inconfortable. Le principal problème est son poids : 2,23 kg, soit presque d’un (petit) nouveau-né ou d’une trentaine de couleuvres. Elizabeth II avait dû s’entraîner à la porter pendant des semaines avant le jour J. Pour Charles, on ne sait pas, mais il l’échangera illico pour la Couronne Impériale, plus légère. Il a le dos solide, mais pas à ce point. Il s’agit d’ailleurs d’une reconstitution : l’originale a été désassemblée sous Cromwell au XVIIe siècle, après l’exécution de Charles Ier – eh oui, quoi qu’on en dise, les Français ne sont pas les seuls à décapiter leurs rois.
Bande son. Come Together des Beatles fait partie de la playlist officielle du couronnement, la musique qu’on entend dans l’abbaye de Westminster est plus, disons, conventionnelle… Mais Charles a commandé pas moins de douze morceaux spécialement pour la journée. Dont une marche du couronnement à Patrick Doyle, le compositeur attitré des musiques des films de Kenneth Branagh (la bande-son d’Henry V était quand même pas mal). Et puis comme son père était d’origine grecque (le prince Philip avait même quitté la Grèce, enfant, planqué dans une caisse d’oranges), le roi a demandé à un ensemble byzantin de jouer une musique grecque orthodoxe. A lire aussi : Pour son concert de couronnement, Charles III s’est pris vent sur vent.
Vu du Boyler, le pub parisien : pour Mary le roi apporte de «stabilité». Mary, accoudée au comptoir, a déjà vidé une pinte de Rievaulx. Que ressent cette expatriée de 45 ans devant le couronnement de «son» roi ? «De l’ambivalence. C’est une part de notre héritage et ma fibre patriotique vibre, forcément. Je ne suis pas d’accord avec tout mais j’aime le côté amusant de cette tradition que beaucoup trouvent dépassée. Et puis j’ai apprécié que Charles, au lieu d’inviter des aristocrates à la cérémonie - les représentants du vieil ordre - ait convié des gens méritants, engagés dans la charité, au service de l’intérêt général. Il a énormément modernisé l’institution, de manière très discrète, et c’est une bonne chose». Mary défend aussi la monarchie parlementaire pour la «stabilité» qu’elle apporte à la démocratie, même si le maintien de ce régime peut sembler lunaire, vu de France : «Imaginez si Charles de Gaulle, ou son fils, était encore à la tête de la France !». Vertigineux, en effet, mais pas forcément aberrant dans cette France toujours en proie à ses vieux démons régicides…. «Nous ne sommes pas passionnés comme vous, les Français. Alors, pour nous, la royauté, ça marche» Par Eve Szeftel.
Le point de notre historien de la monarchie Brit : qui est l’archevêque de Canterbury qui va poser la couronne sur la tête de Charles ? On parle beaucoup de celui qui va ceindre la couronne, moins de celui qui va la lui poser sur la tête. Alors que l’archevêque de Canterbury, 67 ans, 5 enfants, a quand même une histoire de dingue. Justin Welby a été nommé en 2012 par Elizabeth II et il est parfaitement francophone vu qu’il a été… cadre chez Elf, à Paris, dans l’industrie pétrolière pendant onze ans, ce qui n’est pas a priori le début de carrière le plus évident pour brandir la couronne de Saint-Edouard au-dessus de la tête d’un souverain d’Angleterre. En 1989, il a 33 ans, il entend l’appel de Dieu. La mort de sa fille, qui avait moins d’un an, n’est pas pour rien dans ce changement radical de vie. Mais ce qui a retenu le plus l’attention des gazettes, c’est l’identité de son père. Car pendant plus de cinquante ans, Justin Welby a été convaincu qu’il était le fils d’un vendeur de whisky, Gavin Welby, mort en 1977 et dont sa mère avait divorcé à peine trois ans après sa naissance. Sauf qu’en 2016, le Daily Telegraph, révèle que c’est un peu plus compliqué. Et affirme que son père est Antony Montague Brown, ancien secrétaire particulier de Churchill, himself. Quand on sait que la mère de l’archevêque, Jane, avait été secrétaire au 10 Downing Street à la même époque, ça devient troublant. Après un test ADN qui ne laisse guère de doutes, Jane est la première surprise mais confesse que quelques jours avant le mariage, elle avait fini une soirée (très) arrosée entre collaborateurs du Premier ministre dans les bras de Browne. Et voilà comment l’archevêque qui aura présidé à l’enterrement de la reine Elizabeth et au couronnement de Charles III doit (de loin, certes) sa naissance à Churchill lui-même (même s’il ne l’a appris que sur le tard. «Je trouve qui je suis dans Jésus Christ, mon identité ne s’en trouve pas changé», avait-il commenté à l’époque… Par Michel Becquembois
Les fans londoniens regardent la procession sur leur portable. Comme la plupart de ceux qui attendaient la procession, Cheryl, sa fille et son amie Sue n’ont «rien vu», mais sont tout de même ravies de s’être levées à 3 heures pour ne rien manquer. Pour elles, Lady Di fait bien partie du passé - «elle et Charles n’étaient pas assortis» - mais Camilla n’emporte pas leur cœur. «On a un peu été dupés, elle n’était pas supposée devenir reine». En attendant le retour de la procession on regarde la cérémonie sur son téléphone, sous la pluie. Par notre royale reporter, Juliette Démas.
Vu du pub le Bowler à Paris. Le grand pub du VIIIe arrondissement, est pavoisé et, pour ce grand jour, a ouvert une heure plus tôt, dès 11h. Un écran géant, au-dessus de la cheminée en brique, et deux autres en surplomb du comptoir assurent la retransmission de l’événement, son monté au maximum. Quand Charles fait son entrée dans l’abbaye de Westminster, l’hymne éclate à en faire trembler les vitres de ce pub à l’anglaise, entièrement boisé. Mais, pour l’instant, il n’y a pas foule pour s’électriser : seul un couple, au coca, et Mary, au comptoir devant une pinte déjà vide, suivent la cérémonie. «J’ai reçu beaucoup d’appels hier, pourtant» affirme James, le patron - irlandais, dit-il en s’excusant - de cette vénérable «institution» britannique de la capitale française, qui sert des London Lager ou Guinness depuis 1997 à sa clientèle de touristes, expatriés et habitués du quartier qui viennent vider des pintes devant le foot ou le rugby. La carte, qui s’est enrichie d’une «Brexit» depuis que le Royaume-Uni a décidé de faire bande à part de l’Union européenne en décembre 2020, propose aujourd’hui des cocktails en l’honneur du couronnement, et notamment un «English garden cocktail» à base de gin, de fleur de sureau, de jus de pomme, de menthe fraîche, le tout agrémenté d’une tranche de concombre. par Eve Szeftel.
Charles III… deux fois couronné. C’est un cas unique dans toute l’histoire britannique à notre connaissance, mais le roi Charles va bien être couronné pour la deuxième fois… puisqu’il l’avait été une première fois comme prince de Galles, le 1er juillet 1969 au château de Carnavon, au pays de Galles. D’accord, c’est la couronne de prince de Galles qu’on lui avait mis sur la tête à l’époque (et d’ailleurs c’est sa propre mère qui la lui avait posée), mais quand même, aucun autre souverain n’a vécu ça. Ses deux prédécesseurs, Elizabeth II et George VI n’étaient pas prévus pour régner. Et le précédent prince de Galles, le futur Edward VIII, s’il a bien eu droit à la cérémonie galloise (en 1911), s’est défilé de la couronne britannique à peine quelques mois après y avoir accédé : il n’a donc jamais été couronné à Westminster ! L’histoire ne dit pas si le précédent gallois de 1969 aura aidé le roi pour la cérémonie du jour. Par Michel Becquembois.
En route vers le prochain couronnement. Sa mère Elizabeth II a régné pendant 70 ans et 214 jours. Le roi Charles III, 74 ans, ne régnera pas aussi longtemps. Il prépare déjà sa succession et a insisté pour que son fils aîné et héritier du trône, William, et son épouse Catherine (Kate pour les intimes), revêtent les tenues complètes d’apparat et le suivent à la trace lors de la procession vers les trônes. Parmi les pages portant la lourde cape d’hermine, on reconnaît George, fils aîné de William et Kate et 2e dans l’ordre de succession du trône. Sa sœur Charlotte et son petit frère Louis, suivaient aussi derrière. La relève est assurée, visiblement exposée. On est encore loin de la proclamation d’une république. Par Sonia Delesalle-Stolper
Le roi Charles III prête serment. «Voulez-vous prêter serment ?» «Je le veux». Le roi Charles prête serment devant l’’archevêque de Canterbury.
Point Pantone : le rose the teinte du jour. Brigitte Macron (ou ses conseillers fashion) a eu le nez creux : les femmes invitées au couronnement ont plébiscité les couleurs pastel, dont le rose poudré - le rose en général, décliné jusqu’à l’aubergine, est THE teinte du jour. Il est concurrencé par le bleu lavande et la coquille d’œuf. Du coup, tout ce qui claque un peu, saute aux yeux, telle une dame en vert chlorophylle - sans doute un hommage au côté bio de Charles. Par Sabrina Champenois.
Le point de notre historien de la monarchie Brit : Camilla couronnée reine, une première depuis… 86 ans. Sinon, on va bien sûr couronner un souverain d’Angleterre pour la première fois depuis 70 ans, mais, pour un conjoint de souverain, il faut remonter au 12 mai 1937 (pas sûr que quelqu’un s’en souvienne…). Car si les épouses de rois sont dûment titrées, ointes et couronnées, les maris des reines peuvent oublier l’idée de tâter du mélange d’huile d’orange, de cannelle, de musc et d’ambre gris avec lequel on va tartiner Charles III au moment de l’onction. Et le prince Philippe avait dû passer son tour. Une inégalité hommes-femmes inversée qu’on doit à Guillaume d’Orange qui avait profité de son statut d’époux de la reine pour gouverner même après sa mort (ça remonte au XVIIe). C’est donc Elisabeth Bowes-Lyon (la mère d’Elizabeth II, femme de George VI et inoubliable Queen Mum) qui, la dernière, a coiffé la couronne. Camilla a choisi de recycler (les temps sont durs) la couronne de Mary de Teck, la femme de George V (oui, celui qui a une station de métro sur les Champs-Elysées). Une couronne qui sera agrémentée de trois diamants, les Cullinan III, IV et V, que la reine Elizabetn portait en broche. Par Michel Becquembois.
Des nobles triés sur le volet : Sarah Ferguson n’a pas été invitée. Il y avait 8000 invités, représentant 129 nations, à la cérémonie en 1953, quatre fois moins cette fois. Les places sont si rares que certains ducs ont été écartés. Et même Pamela Hicks, la fille de lord Mounbatten (le père de cœur de Charles III) a dû rester chez elle alors qu’elle avait été la demoiselle d’honneur d’Elizabeth II ! On ne verra pas non plus la duchesse d’York (mais si, vous savez, Sarah Ferguson, l’ex du prince Andrew).
Sus aux trouble-fêtes, Human Rights Watch dénonce les arrestations de pro-Republic. Au moins 19 militants écologistes et six anti-monarchie ont été arrêtés, dont le chef du mouvement républicain Republic, Graham Smith, alors qu’ils voulaient manifester le long du cortège. Des centaines de pancartes jaunes «Not my King» (Pas mon roi) ont également été saisies. Bref, tout est bon pour ne pas troubler la fête à 100 millions de livres (115 millions d’euros). Pour l’ONG Human Rights Watch, ces arrestations sont «incroyablement inquiétantes». «C’est quelque chose que l’on s’attend à voir à Moscou, pas à Londres», s’est insurgé la responsable de l’organisation au Royaume-Uni, Yasmine Ahmed.
Harry est très souriant. Harry est arrivé ! Il marche seul derrière sa cousine Beatrice et son époux. Meghan est restée en Californie, histoire de ne pas envenimer encore la situation. Et puis aussi parce que c’est l’anniversaire de leur fils Archie. Harry ne porte pas d’uniforme, mais plein de médailles quand même. A lire : Harry et Meghan : au-delà de la querelle familiale, l’envie d’en finir avec un système pourri
Premier couac. Le carrosse est arrivé devant l’abbaye de Westminster. Le roi et la reine sont prêts à sortir. Mais, mais… On attend toujours William, le prince de Galles et héritier du trône, son épouse Kate et leurs trois enfants, George, Charlotte et Louis.
The eye de Sonia Delesalle-Stolper : un sacre un peu ridicule mais comme une rare parenthèse On ricane un peu, on trouve tout ce cérémonial un peu, voire beaucoup, «too much». Et pourtant, ces occasions royales sont, pour les Britanniques, un rare moment d’unité, où on regarde et on critique en cœur. Où on se dit qu’on fait partie d’une seule nation qui aime ces démonstrations d’un autre âge. Parce que l’important, c’est ça, dans une société de plus en plus polarisée, c’est aussi l’occasion d’une rare parenthèse, une respiration, où tout le monde est à peu près d’accord pour dire, oui c’est un peu ridicule, mais c’est nous, c’est à nous.
Point nos amis les bêtes. Une petite pensée pour les chevaux enrôlés dans ce raout comme droit sorti de Disneyland. C’est peut-être un honneur pour vous, mais on note pas mal d’embardées et de mouvements d’humeur. Décorés comme des sapins de Noël, contraints à trotter mollement, sans compter que les tenues de leurs cavaliers doivent peser, on les comprend.
Sur le chemin, la foule ravie crie «God save the King». Le mal de pieds est oublié, la pluie aussi, certains en tombent de leurs tabourets sous le coup de l’émotion - ou parce qu’ils ont tenté un selfie ambitieux. En attendant que la procession repasse, les Britanniques reprennent leur activité préférée : faire la queue. Pour un sandwich, les toilettes ou le plaisir, mais faire la queue quoi qu’il arrive. Par notre royale reporter, Juliette Démas.
Charles et Camilla en route. Tous les cœurs battent à l’unisson, un carrosse est sorti de Buckingham Palace ! Le roi Charles III et Camilla, reine consort, sont en blanc. On pose ça là. Voilà.
Le point sur le carrosse par notre historien de la monarchie brit : Le carrosse du trajet aller du roi (qu’on vient d’apercevoir), n’est pas encore le fameux (mais très inconfortable) Golden State Coach (que Charles et Camilla utiliseront au retour). Il s’agit du Diamond Jubilee State Coach. Il était prévu pour le jubilé de la reine, en 2012… mais il n’a été livré qu’en 2014. La couronne à son sommet est sculptée dans une pièce de bois du HMS Victory, le bateau de l’amilral Nelson… Ce carrosse est un véritable musée roulant : on y trouve même un contrepoids de Big Ben, des fragments de Spitfire, et un mousquet qui a vu le champ de bataille de Waterloo. Il est climatisé et équipé d’amortisseurs hydroliques Et les poignées de porte recèlent 24 diamants et 130 saphirs, s’il vous plaît ! Par Michel Becquembois.
Les jeunes s’éloignent de la couronne, l’analyse de Libé : La nouvelle génération se débarrassera-t-elle de la couronne ? Alors que de nombreux anti-monarchistes manifestent devant les grilles de Buckingham Palace, le roi Charles III peine à séduire ses jeunes sujets. En avril, l’institut de sondage britannique YouGov a interrogé la population sur son adhésion à la monarchie. Verdict : 58 % des personnes interrogées préfèrent la monarchie à un chef d’État élu. Problème : les plus nombreux à soutenir la couronne sont les plus de 65 ans (78 %), alors que les 18-24 ans sont les moins nombreux à le faire, seuls 32 % d’entre eux y sont en faveur. Pour Graham Smith, chef du groupe anti-monarchie Republic, arrêté avec cinq autres militants à Trafalgar Square, «des millions de personnes souhaitent l’abolition de la monarchie.»
Du quiet luxury un peu boring, hormis la robe jaune en corolle de la soprano Pretty Yende : le point fashion. «Tenue d’affaires standard» («standard business attire») était le dresscode recommandé aux invités. On prévoyait donc un déploiement de «quiet luxury», cette tendance qui consiste, côté fringues, à envoyer de l’ultraluxueux et ultracher mais à bas bruit - coupes et couleurs tranquilles, pas flashy. Brigitte Macron en robe midi et manteau rose poudré (Vuitton, comme d’hab’) et chignon, coche les cases, son mari pareil en costume-cravate noir sur chemise blanche. Et de fait, ce qui frappe est l’absence de robes longues, des chapeaux pas trop fous alors qu’on sait de quoi les Anglaises sont capables, et ce qui brille ne pique pas trop les yeux - paillettes, satin, pas d’avalanche de bijoux. On se croirait à un cocktail plus qu’à un couronnement - et on ne va pas s’en plaindre. Pour l’heure, seule la soprano sud-africaine Pretty Yende a réveillé l’abbaye de Westminster avec une robe jaune qui se déploie autour de son cou façon corolle. Par Sabrina Champenois
Toujours pas de peigne pour Boris Johnson. Alors tous les anciens Premiers ministres encore en vie, et il y en a une flopée, sont aussi de la partie. John Major, sans son épouse Norma, souffrante, Tony et Cherry Blair, Gordon et Sarah Brown, David et Samantha Cameron, Theresa et Philip May, suivis par… Boris et Carrie Johnson, sont entrés dans l’abbaye. Même pour le couronnement, Boris Johnson n’a toujours pas retrouvé de peigne. Ah, mais qui le suit à la culotte ? Liz Truss ! On avait oublié cette Première ministre, qui détient le record du plus bref passage de l’histoire au 10, Downing Street, 50 tout petits et totalement oubliables jours. Le Premier ministre en exercice, Rishi Sunak, arrivera un peu plus tard.
bruine» (on n’a pas la même échelle des critères de pluie). La procession équine a commencé. Des centaines de chevaux avancent au pas, sous la pluie. Sur leurs dos, beaucoup de soldats dans des uniformes de toutes les couleurs, dont certains portent sur leur tête des… plumes de cygnes. Oui, parce que c’est comme ça, les Britanniques n’ont peur de rien. La foule est en pâmoison, enfin en pense, parce que les parapluies sont de plus en plus nombreux, quand ce ne sont pas d’immenses ponchos en plastique coloré, qui ressemblent à des sacs-poubelles mais qui font le job.
royale d’un déjeuner sur l’herbe, en gros. Ceux qui le souhaitent pique-niqueront dimanche midi, dans les rues, dans les parcs, bref où ils le souhaiteront, en hommage au roi. Et que personne n’évoque la météo, des trombes d’eau n’ont jamais, au grand jamais, empêché un Britannique de pique-niquer en extérieur. A lire Quiche de Charles III vs poulet d’Elizabeth II : les (douteuses) recettes du couronnement
36 millions de pintes de bière devraient être vendues à Londres ce week-end nous annonce BFM. Il est 9h46 et on les comprend. Sur TFI /LCI et BFM, l’excitation est, pour à peu près un milliard des gens sur terre, à son comble. Les gens sont très très contents d’être là, dis donc. Entre les sourires entendus des présentateurices qui n’ont à gérer aucune polémique et les badauds éblouis venus pour cette grande célébration de la choucroute, de l’hermine, de la violence, de l’exploitation et de l’expropriation, tout le monde est ra-vi. Sur LFI, on rappelle que Charles est à la tête de 15 pays et du Commonwealth avec 56 Etats membres (silence sur le Belize et la Jamaïque qui veulent devenir des républiques). Une femme, venue de Calcutta rien que pour le couronnement (faut imaginer le voyage, 7 957 km précise la journaliste et ce n’est pas un détail) : «Je pense qu’il va introduire une ère moderne, plus inclusive, plus accueillante pour la diversité.» Cette fascination du pire nous fascine justement : il faut adorer se soumettre pour être là. Cette pensée excite nos pulsions sadiques - on ne va pas se priver. Pensée émue pour les anti-monarchistes de RepublicStaff qui doivent passer un moment bien SM avec la police. Par Marie-Eve Lacasse.
Charles III : l’enfin roi. Depuis le début de son règne il y a déjà huit mois, le souverain britannique a dessiné le profil d’un roi discret, loin de ses prises de position habituelles, et a montré une volonté de moderniser une institution de plus en plus surveillée. De notre correspondante à Londres Juliette Démas.
La cérémonie en chiffres. Avec une inflation à 10 % sur fond de crise économique et sociale post-Covid et post-Brexit, le roi Charles III a voulu une cérémonie sobre. Moins de falbalas, d’or et d’hermine. Plus de componction. Son couronnement va durer quatre fois moins longtemps (deux heures) avec quatre fois moins d’invités (2000) que celui de sa mère. Comparé à ses retombées le coût de la cérémonie c’est peanuts rappellent tous les experts british sur les ondes depuis plusieurs jours. Dans les 72 heures suivant son organisation, le sacre de Charles III aura généré plus de 170 millions d’euros à Londres en ventes de produits dérivés et revenus touristiques divers. Selon le très distingué journaliste anglais qui officie à France 24, la monarchie coûterait 2 euros par an à chaque Britannique. Beaucoup moins, selon lui, que ce qu’elle rapporte au Royaume-Uni en revenus tirés du merchandising du tourisme, et en terme l’image pour une Great Britain en perte de vitesse sur la scène internationale.
été «inventé» pour le couronnement et est supposé aggrementer le «Coronation Great Big Picnic», une version british et
Charles et Camilla entonnent «#MindtheGap» dans le tube. Même le métro est de la partie ! Le célèbre et ultra-british avertissement «Please mind the gap between the train and the platform» a changé pour le couronnement. Aujourd’hui, le Roi et la Reine et personne souhaitent la bienvenue aux visiteurs à travers les haut-parleurs du London Underground et leur rappellent de faire attention à ne pas se vautrer royalement en descendant. Par notre royale reporter à Londres Juliette Démas.
Or, mon très cher or ! Charles III a voulu une cérémonie sobre. ça veut dire pas de bijoux et d’hermine pour les nobles invités. Et pour le code couleur des vêtements ce sera le bleu roi, ça ne s’invente pas. En revanche Charles ne va pas échapper à une golden shower. Il portera notamment un «Imperial Mantle» conçu en 1821 fait de fils d’or, d’argent et de soie, de soie, de franges de lingots d’or et d’un fermoir en… or. Sans parler de sa couronne dorée de partout et très très lourde : Selon Private Eye, Charles s’est préparé en portant des sacs de farine sur la tête, enveloppés dans du velours et dissimulés à l’intérieur d’un chapeau melon. Avant la cérémonie fastueuse de ce samedi 6 mai, les spéculations sur les tenues du roi et de la famille royale vont bon train dans les médias britanniques.
Sur le Mall, on attend la parade sous le crachin, en s’agrippant à sa cup of tea. C’est l’heure du goûter : sandwichs aux œufs, baguette peu cuite au bacon brûlé, bière et pétillant dans des flûtes en plastique. Les plus acharnés campent depuis mercredi soir. Ici, pas de grandiose - les seules capes sont celles de pluie. Les haut-parleurs demandent au public «d’aider les chevaux à remplir leur mission» en arrêtant d’agiter les drapeaux pour ne pas leur faire peur. Par notre royale reporter Juliette Démas.
Dans l’abbaye de Westminter Charles Michel et Ursula Von der Leyen s’ignorent, Jill Biden a un drôle de chapeau. Charles Michel, président du Conseil européen, est là. Assis à côté d’Ursula Von der Leyen, avec laquelle il partage, comment dire, peu de goûts et d’affinités. D’ailleurs, c’est assez drôle, ils ne se parlent pas et chacun regarde ailleurs. Avec sa petite-fille, l’épouse du président américain Joe Biden a innové avec un drôle de chapeau. C’est un… nœud bleu. Pourquoi ? Mais pourquoi ? Et pendant ce temps, que fait Charles ? Est-ce qu’on lui dispense un dernier massage des pieds, histoire de le détendre avant le méga-spectacle à venir dont il est l’acteur principal ? Est-ce que Camilla lui dit d’arrêter de gigoter, même si l’hermine le chatouille ? Est-ce que Harry lui dit : «Dad, faut qu’on parle !»… Non, sans doute pas.
La marche sous la pluie pour rejoindre l’abbaye de Westminster. Il y a des hommes en collants noirs et jabots et gants blancs et cape dorée qui marchent sous la flotte vers l’abbaye. Oui, on le confirme, comme il se doit, il pleut des cordes, la présentatrice de la BBC parle «d’une légère
Tous les membres du Commonwealth ne sont pas sous royale ecstasy. Au Canada, la visite de Justin Trudeau à Londres est critiquée par ses adversaires politiques, notamment parce que lors des obsèques de la Reine, le Premier ministre canadien avait dormi dans un hôtel à 4 000 euros la nuit. Cette fois, il a dormi dans l’avion (en soute ?). «Dans la Constitution canadienne, on a cadenassé nos liens avec la monarchie et Justin Trudeau ne veut pas ouvrir la boîte de Pandore de la Monarchie constitutionnelle» affirme la correspondante canadienne de France 2. Pour le moment, donc, le Canada reste membre du Commonwealth. Ailleurs dans le monde, en Australie, «c’est un samedi comme un autre, l’intérêt des Australiens porté à Charles III est nettement moindre» s’excuse presque la correspondante. Sur le plateau, on rappelle que sous le règne d’Elisabeth, 17 pays ont quitté la monarchie.
Des militants du mouvement Republic, dont leur chef Graham Smith, arrêtés à Trafalgar Square. Avant même le départ de la procession reliant le palais de Buckingham à l’abbaye, la police a arrêté six militants anti-monarchie à Trafalgar Square où des centaines de personne se préparaient à manifester contre le couronnement, dont le leader du mouvement Republic, Graham Smith, selon les organisateurs. Des centaines des pancartes jaunes «Not my King» (Pas mon roi) ont également été saisies, a précisé l’organisation, photos à l’appui. La police a confirmé avoir procédé à plusieurs arrestations pour suspicion de trouble à l’ordre public en plusieurs endroits.
Dans l’abbaye de Westminster : Ça y est, les stars arrivent ! La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en petit chapeau noir assez seyant (comment ça, c’est pas une star ?). Ok, on a aussi repéré Nick Cave, plus brun ténébreux que jamais, et Katy Perry en tailleur rose. Mais voilà que s’avance le couple Macron ! Brigitte est en rose poudrée. Ça commence à chauffer dans les travées de l’abbaye de Westminster.
Rappelez-vous il y a 70 ans, le 2 juin 1953… Il pleuvait sur Londres aussi, mais, la journée du couronnement d’Elizabeth II avait débuté avec une sacrée nouvelle qui avait pourtant été éclipsée par la cérémonie : trois jours plus tôt, le 29 mai, l’expédition britannique qui s’était lancée à l’assaut de l’Everest était arrivée au sommet. Le temps que la nouvelle redescende de l’Himalaya (où il n’y a toujours pas de 4G d’ailleurs) et qu’elle parvienne en Europe, elle avait tout juste eu le temps de se frayer un chemin dans la presse britannique du jour J. C’est ainsi que quelques heures à peine avant de ceindre la couronne, Lilibeth apprenait qu’elle régnerait officiellement aussi sur le Toit du monde, puisque l’alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary, sujet de sa très gracieuse majesté, et son sherpa Tenzing Norgay avaient planté l’Union Jack à 8 848 mètres d’altitude… Par Michel Becquembois
A Trafalgar Square : «Not my king» Vs «toi-toi mon roi». En arrivant sur Trafalgar Square, c’est drapeaux et souvenirs d’un côté, manifestation anti- monarchie de l’autre. Pour Barry, 32 ans, «tout ça n’est qu’un conte de fées infantilisant». Claire, la quarantaine, ajoute qu’elle est «citoyenne, pas sujet». Leur slogan : «Not my king !» par notre royale reporter Juliette Démas.
The eye de Pascal, 57 ans, agent de voyage parisien abonné à Majesty Magazine. (4) Le moment que j’attends le plus, c’est celui du sacre, quelque part c’est voyager dans l’histoire.» Certes, ces personnes relèvent d’une caste extrêmement privilégiée, mais en contrepartie ils sont vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur le pont, ne peuvent jamais se relâcher, doivent faire extrêmement attention à tout ce qu’ils disent, portent… Ils sont scrutés à la loupe en permanence, notamment par les médias, au point d’ailleurs qu’on a l’impression de les connaître et qu’on s’attache à eux. Il y a un côté téléréalité. Le moment que j’attends le plus, c’est celui du sacre. C’est quelque chose d’établi depuis des siècles, ce sont des gestes immuables, très codifiés, comme l’élection d’un pape, donc quelque part c’est voyager dans l’histoire.»
The eye de Pascal, 57 ans, agent de voyage parisien abonné à Majesty Magazine. (3) «Harry subit avec Meghan la mauvaise influence d’une ambitieuse.» J’aime bien Harry, je trouve juste qu’il subît avec Meghan la mauvaise influence d’une ambitieuse. Du coup il crache dans la soupe, il veut le beurre et l’argent du beurre, il veut les titres, il veut la gloire, la fortune, sans assumer les tâches royales. Abonné à Majesty Magazine, le magazine officiel de Buckingham Palace qui existe depuis 1980, j’y suis toute l’actualité de la famille royale, et ils travaillent énormément ces gens-là. Elizabeth II n’a d’ailleurs jamais arrêté, jusqu’à 96 ans, c’était un vrai sacerdoce. Tout ce temps-là, elle a porté sur ses épaules tout ce faste et tout ce protocole extrêmement lourd. Je ne pense pas qu’à notre époque, beaucoup de gens aient l’envie de devoir être irréprochable en toutes circonstances, à toute heure, du lever au coucher. Quand elle est morte, je n’ai pas été bouleversé vu que c’était tout de même attendu, à cet âge, mais j’ai été touché, j’ai eu l’impression de perdre un membre de mon Panthéon personnel. Et puis c’était une icône mondiale !
Des quiches pour le pique-nique de dimanche. Sur la BBC, le célèbre chef Jamie Oliver est donc invité à commenter le couronnement. On le savait expert en cuisine, pourfendeur de la malbouffe, pas adepte des révérences, ronds de jambe et capes en hermine. Mais bon. Peut-être va-t-il commenter le bien-fondé de mettre de l’estragon avec des épinards dans la quiche royale ? Ce mets a
The eye de Pascal, 57 ans, agent de voyage parisien abonné à Majesty Magazine. (1) «On a tous à un moment donné envie d’être un prince ou une princesse, non ?» «Bien sûr que je vais regarder le couronnement ! Forcément. Parce que c’est historique et par pur plaisir personnel, pour ce faste unique au monde, qui fait rêver, parce qu’on a tous à un moment donné envie d’être un prince ou une princesse, non ? C’est un conte de fées, quelque part, et dans nos vies actuelles, il n’y a quand même pas beaucoup d’occasions d’échapper au réel… Depuis Elizabeth II, c’est d’ailleurs un spectacle retransmis dans le monde entier, qui a beaucoup contribué à l’aura britannique.
Clairement, cet événement est quelque chose de très anachronique, inimaginable chez nous mais pour moi indissociable de l’Angleterre, et cette singularité me fascine, comme me fascine cette famille. J’ai conscience qu’elle prolonge un système féodal, et je suis absolument républicain. Mais je trouve qu’avec la Révolution, totalement légitime compte tenu des souffrances endurées par le peuple, on a complètement détruit un système millénaire alors que l’Angleterre ou l’Espagne ont réussi avec leurs royautés à préserver, en parallèle de la nécessaire démocratie, une continuité dans l’histoire. Ces familles, de par leur statut, constituent un symbole, une nation et des valeurs communes, un socle qui perdure peu importe les changements politiques, les valses de présidents. Et à mes yeux c’est rassurant, ça donne un repère. Nous, on change de monarque tous les cinq ans… Notre histoire est plus morcelée.
The eye de Pascal, abonné à Majesty magazine. (2) : «Ce qui pique quand même, c’est que Camilla devienne reine». «C’est évident qu’à 74 ans, Charles III n’incarne pas la nouveauté… Mais il défend tout de même des valeurs bien plus modernes que sa mère, comme l’écologie, et j’estime qu’il s’inscrit dans notre époque, tout en restant évidemment conservateur. Ce qui pique quand même, c’est que Camilla devienne reine, même si c’est l’amour de sa vie… C’est encore un aspect fascinant : le fait que malgré la haine qu’elle a suscitée au moment de la mort de Diana, elle soit parvenue à se relever, et maintenant les gens la trouvent sympathique. Moi je garde quand même en travers de la gorge le fait que Diana a été sacrifiée sur l’autel du pouvoir… Je ne sais pas si, après lui, William et Kate reprendront le flambeau parce qu’avec les évolutions sociétales, tout ça pourrait tout à fait exploser en plein vol, mais il me semble que la majorité des Anglais aime encore ce faste, et je l’espère. D’autant plus que jusque-là, c’est un sans-faute, ils donnent vraiment l’image d’une famille parfaite, William et Kate s’aiment, en tout cas ils ont l’air, Kate est magnifique, chaleureuse, sympathique… Cette famille, c’est une saga qui ne peut que plaire au passionné d’histoire et de généalogie que je suis.
Harry le traitre is back. Avec, au-delà de la querelle familiale, l’envie d’en finir avec un système pourri. Aucun doute, tout à l’heure dans l’abbaye de Westminster, les regards seront aussi rivés sur lui, Harry, le prince exilé, le «traître», comme l’ont qualifié certains commentateurs royaux. Traître à sa famille déjà, pour avoir choisi comme compagne de vie une femme différente de toutes les princesses passées, une Américaine, divorcée, métisse et actrice, avec une voix et un cerveau, l’enfer quoi. Traître à son pays pour avoir décidé d’aller vivre ailleurs, de s’échapper de l’autre côté de l’Atlantique pour se poser en Californie, dans une région où le soleil brille aussi souvent qu’il pleut en Angleterre. Traître enfin à la monarchie pour oser s’attaquer en justice aux tabloïds et, à travers eux, à un système bien rodé, une forme de connivence, d’accord non écrit entre presse populaire et famille royale. Si encore il avait eu la décence d’attendre la fin des célébrations du couronnement pour lancer sa procédure. Mais non ! Par Sonia Delesalle-Stolper
La couronne et les bâtons. Arrivés tôt samedi à Londres par la gare de Waterloo, les militaires qui raccompagneront le couple royal au palais de Buckingham après la cérémonie, ont commencé leur longue marche à travers la capitale pour rejoindre l’abbaye de Westminster. Ils seront près de 4 000 en tenue d’apparat pour cette procession. L’évènement est un défi sécuritaire pour les autorités qui ont mobilisé 29 000 policiers, dont plus de 11 000 pour la seule journée de samedi, pour cette opération baptisée «Golden Orb».
Le déroulé de la cérémonie, la liste des invités (les têtes couronnées, les présidents Emmanuel Macron, Ferdinand Marcos Jr Justin Trudeau et quelques quidams exemplaires piochés dans la so lively société civile british par le roi dans son infinie bonté) la play list du roi… Bref pour tout savoir sur cet évènement total et mondial avant même de le regarder à la télé c’est ici.
