« LE PALMADE -SHOW » OU « LA FUREUR DE JOUIR ».
En boucle depuis une semaine maintenant, les médias font leur miel sur un fait tragique qui touche un Géant du rire , depuis trente ans à l’Ouest …d’un Eden qui s’apparente davantage à un Paradis Artificiel. Né en 1968 où les slogans allaient bon train (« il est interdit d’interdire », « jouir sans entrave », « faites l’amour pas la guerre »…) il a aujourd’hui deux fois l’âge de James Dean à sa mort, lui qui, en trois films a marqué à jamais le cinéma quand l’autre , en trente ans, a bâti une carrière qui ,si elle lui a donné une garantie de célébrité le précipite en un tournemain ou plutôt en une embardée dans la liste des faits divers tragiques. Car dans 10 ou 20 ans… Que retiendra-t-on de lui ? Le colonel, le Scrabble, l’addition, Ils s’aiment, le fils du comique… ou la déchéance et la fin d’une idole, comme Bertrand Cantat ?
Pour empathique que l’on puisse être pour cet artiste brillant mais fragile , on ne saurait oublier qu’aujourd’hui une jeune maman a perdu son bébé, qu’un homme de 38 ans est toujours entre la vie et la mort , perclus de fractures et qu’un gamin de six ans , dont le pronostic vital n’est plus engagé, a sa mâchoire fracturée, est défiguré et va mettre très longtemps à se reconstruire physiquement et psychologiquement.
Tout cela parce qu’un homme malade depuis trois décennies, en proie à ses démons , a voulu conjurer le sort - il est toujours passé au travers des mailles du filet, n’a eu que qq petites condamnations - et a délibérément pris le volant après avoir absorbé cocaïne et autres substances dangereuses.
Nous sommes dans une mauvaise pièce où se joue l’avenir - y en aura -t-il un ? - de plusieurs victimes : Pierre , malade de ses addictions ( sexe, drogue et même pas rock’n roll, plutôt paillettes) et une famille de gens humbles et travailleurs, réfugiés politiques kurdes de surcroît qui ont vu leur vie basculer dans l’horreur en quelques secondes.
On ne saurait faire de gradation dans la victimisation. Pour autant , la première d’entre elles est inculpée d’homicide involontaire.
En dépit d’une manière de clémence fort intelligente du juge qui l’envoie en soins intensifs en hôpital avec la contrainte du bracelet électronique - le Parquet a fait appel de la décision - Pierre, même soigné, même guéri, ne se remettra pas de ce coup de volant . Parce qu’il est hyper-sensible et qu’il devra vivre avec cet « œil de Caïn ».
Lui, si percutant d’ordinaire dans sa vision de nos petits travers, si habile à la manœuvre, l’a joué frontal. Échec et mat.
Alors, on saluera le courage , l’honneur et l’honnêteté - comme toujours - d’un François Rollin qui, à l’instar du juge, reconnaît le chef d’inculpation autant que la maladie et ne renie pas ses amitiés quand d’autres, plus couards ou seulement sidérés, préfèrent se tenir à distance et ne pas céder au lynchage médiatique.
Mais le pompon revient quand même à la Presse , aux médias qui découvrent d’une, l’addiction de Palmade , de deux le chemsex alors que tout cela n’était que secret de Polichinelle.
Personnellement, je connais Pierre depuis mes débuts - quelques mois avant les siens - à
« La Classe » , émission mythique sur France 3.
Nous étions très liés, - moins depuis que je suis moins dans la lumière - j’étais « l’imitateur des voix féminines » , ce qui le fascinait et le déroutait puisqu’a l’époque j’étais en couple… avec une femme , je précise. De très bons souvenirs émaillent ces quatre années comme ce « Apportez-moi l’addition et le livre d’or » lancé à la fin d’un repas à l’Amazonial.
Pierre avait l’élégance et l’arrogance en lui, cette intelligence vive qui scanne à la seconde son interlocuteur mais il se voulait déjà le centre du monde. Alors il lui fallait
la lumière , l’euphorie et donc … l’excès !
Jouir sans entrave… il me narrait par le menu ses embardées dans les boîtes gays, essayant de me convertir, ses prises d’alcool, de coke. Étant fils d’alcoolique, ayant vécu la déchéance d’un père comme la maltraitance enfant, je regardais ce théâtre d’ombres avec distance et amusement.
Mais, sans vouloir dénoncer quiconque - ça n’est et ne sera jamais ma religion - il n’était qu’un singleton dans le Grand Ensemble du show-business de l’époque, avec son lot de camés, alcoolisés, partouzeurs en diable.
Le menu fretin …
Quand j’entends et vois certains feindre la surprise aujourd’hui, autant dire que je me gausse. D’autant que je sortais alors de l’Enseignement - huit ans à professer l’allemand à des futurs bacheliers - et que je ne me suis jamais parfaitement intégré à cette coterie , ce qui explique d’ailleurs ma carrière en dents de scie qui, pour autant, m’a toujours permis de vivre correctement mais jamais dans l’opulence, sauf peut-être à mes débuts (soit 10 ans sur les 30 et qq).
Alors, d’aucuns argueront de mes penchants Macroniens puisque, tout en ne reniant pas mon amitié, voire mon affection pour Pierre - pour qui j’ai plus de compassion face à cette descente aux enfers - j’ai aussi une forte colère face aux comportements inconséquents d‘un puéril « deus ex machina » qui se crut un temps invincible, au-dessus des lois et aujourd’hui engendre le drame.
L’affaire fait grand bruit. On dit que le procès pourrait durer deux ans. Laissons la Justice agir. La famille dévastée proteste, on peut la comprendre. Peut-être a-t-il manqué cet électrochoc de l’incarcération il y a quelques années pour éviter ce drame…
On ne refera pas l’histoire.
Toujours est-il qu’il y aura une jurisprudence puisque le Ministre de l’Interieur propose déjà de retirer le permis en cas d’absorption de drogue au volant ( sage décision, je vais encore me faire des amis ) .
Notre monde de paillettes, arrêtez de fantasmer, est un monde de faux-semblants, de solitude, d’abnégation. Moi qui ai connu un métier normal, du temps où j’étais prof, donc parti pour être sécurisé financièrement je puis vous dire qu’en tentant l’aventure de l’inconnu qu’est ce monde du show-business, je ne savais pas à quel point c’est un monde de travail et d’efforts, on est dans une remise en cause de tous les instants, on vit comme un équilibriste qui, s’il n’est pas aguerri , peut vite tomber.
Par chance, j’avais le cuir tanné. A méditer.
Ps : a la différence d’anciens amants de Pierre qui, comme par magie, dès lors que des micros et des caméras se tendent, cherchent à prendre la lumière, je n’ai rien à vendre, personne à défendre. Je fais juste écho aux journalistes qui disent qu’à part Francois Rollin, personne ne dit mot. Pour moi, c’est fait. N’en attendez pas davantage. Je ne suis ni magistrat, ni avocat.