En 1983, Caroline et Alain Bourbonnais ouvraient une maison-musée à Dicy, dans l’Yonne, pour y exposer leur collection d’œuvres d’art brut et d’art populaire. Une partie de ce trésor est présentée à la Halle Saint-Pierre, à Paris, jusqu’au 28 août.
EXPO Les 40 ans de la Fabuloserie, musée de l’art “hors les normes” |
À Dicy, un village de Bourgogne, se cache la Fabuloserie : une surprenante maison-musée et un jardin habité par des œuvres d’art dit « hors les normes », dont le fameux manège de Petit Pierre. Plus d’un millier de peintures, de dessins, de sculptures, d’installations d’art brut, d’art naïf et d’art populaire, réalisés par des artistes en marge de la scène officielle, ont trouvé refuge dans ce lieu, ouvert au public en 1983. Une partie de ce fabuleux trésor, constitué par Caroline et Alain Bourbonnais, est aujourd’hui présentée à la halle Saint-Pierre. Lui, architecte, dessinateur, sculpteur, s’intéressait non seulement à cet art, mais aux histoires personnelles de chacun des auteurs. Motivé par la curiosité, et sans doute par une certaine compassion, il a révélé ces artistes hors les normes et ce qu’ils cherchaient à garder secret. Le collectionneur commence à acheter des pièces au début des années 1970. Puis, en septembre 1972, il ouvre l’Atelier Jacob, au 45 de la rue du même nom, pour les exposer. On s’y précipite. Mais on n’achète pas, l’art brut effraie. Bourbonnais reste le seul acquéreur de ces objets étonnants, qui s’accumulent dans sa galerie. La situation devient intenable.
Des personnalités à la folie créatriceAlain Bourbonnais est sans cesse à l’affût de possibles rencontres avec des personnalités qui expriment leur folie créatrice. Lors d’un séjour dans le Lot, il découvre les assemblages de racines d’arbre de René Guivarch, un retraité de la marine marchande. Une autre fois, le couple part à la recherche d’Alain Genty dans le Sancerrois pour voir sa cohorte d’animaux fabuleux en terre cuite, que l’artiste offrira – car, dit-il, « je ne vends pas ma vie » – à la Fabuloserie en déclarant : « Ici, c’est ma maison. » Autre parcours atypique, celui de Francis Marshall, qui bénéficie d’une pièce pour lui tout seul afin d’y installer de grandes poupées aux grosses cuisses, les bras ballants. Ancien instituteur, il s’est inspiré d’une jeune fille, Mauricette, qu’il avait croisée dans un village de Normandie touché par la pauvreté et l’alcoolisme, et qu’il décrit en ces termes : « Regard trouble de l’adolescence en campagne, mal coiffée, mal maquillée, mal soignée, mal aimée… » Les œuvres réunies à la Halle Saint-Pierre, signées de cinquante artistes, sont inimitables, incopiables ; chacune est d’une fantastique qualité plastique, résultat d’une pulsion sincère et libre. La Fabuloserie en quelques dates 1925 Naissance d’Alain Bourbonnais. 1988 Décès d’Alain Bourbonnais. 1989 Inauguration du gigantesque manège de Petit Pierre dans le parc de la Fabuloserie. 2014 Décès de Caroline Bourbonnais et reprise de la Fabuloserie par ses filles, Agnès et Sophie.
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