80 ans du Débarquement : les générations passent, comment faire vivre la mémoire du 6 juin 1944 ?
Le Mémorial britannique de Normandie, à Ver-sur-Mer, rend hommage cet été aux combattants, avec le projet « Standing with Giants » : une installation artistique de 1 475 silhouettes en extérieur.
Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin - Abonnez-vous
C'est une friche industrielle aux allures bucoliques, à 50 km d'Omaha Beach où se déroule cette année la commémoration internationale du 6 juin 1944. À Colombelles (Calvados), au nord-est de Caen, le site cristallise le débat sur l'avenir de la mémoire du Débarquement en Normandie. À l'heure où la région célèbre les 80 ans de sa libération, la bataille continue de faire rage en arrière-plan, autour d'un projet de grand spectacle immersif, le « Normandy Memory », qui devrait s'installer sur ce terrain d'ici à 2026.
À chaque séance, mille spectateurs verront défiler vingt-cinq scènes mêlant comédiens et projection d'images d'archives. Histoire de raconter le Débarquement « en commençant par le contexte, sur le lieu même qui abritait alors l'usine de la Société métallurgique de Normandie (SMN) et où travaillaient la majorité des habitants, jusqu'à la libération de Paris, le 25 août 1944 », explique Marc Pottier, maire de Colombelles, lui-même historien de la période. L'élu ne cache pas son souhait que ce « documentaire historique théâtralisé » soit un levier pour dépolluer et redévelopper 9 hectares de la friche, avec à la clé des emplois.
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Business mémoriel
La création du « Normandy Memory », d'abord prévu en 2020 à Carentan (Manche) avait soulevé de nombreuses oppositions dénonçant un « Disneyland » ou un « Puy du Fou » inapproprié. Les promoteurs furent contraints de changer de lieu et de faire évoluer le scénario. Entériné en décembre dernier par l'agglomération caennaise, il entre dans sa phase de réalisation. Mais, le 28 avril encore, une tribune publiée sur le site du journal Le Monde par une trentaine de descendants des 177 soldats français du « commando Kieffer », débarqués le 6 juin 1944 avec les Alliés, prend position contre. La société privée Normandy Memory y est accusée de « faire du business mémoriel pour tour-opérateurs » et de causer « un véritable outrage à la mémoire et au sacrifice de [leurs] pères et de tous les combattants qui ont permis sa réussite.