jeudi 6 juin 2024

80e D-Day 6 JUIN 44

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80e D-Day. Quelle est la vraie histoire de John Steele, resté bloqué sur l’église de Sainte-Mère ?

C’est une image particulièrement connue du Débarquement du 6 juin 1944, celle d’un parachutiste américain resté accroché au clocher de l’église de Sainte-Mère-Eglise, dans la Manche. Cette histoire, c’est celle du soldat John Steele, largement popularisée par le film « Le Jour le plus long ». Mais tout est-il vrai ? On vous raconte et on démêle le vrai du faux.



Un mannequin symbolisant John Steele figue encore sur l’église de Sainte-Mère-Eglise.
ARCHIVES : MICHEL COUPARD, OUEST-FRANCEVoir en plein écr


C’est sans doute l’un des soldats les plus connus de la Seconde Guerre mondiale, ou du moins son histoire. Celle de John Steele, parachutiste américain resté bloqué sur le toit de l’église de Sainte-Mère-Eglise, dans la Manche, lors du D-Day. Mais qui était-il ? Tout ce qu’on raconte sur cet épisode du Débarquement est-il vrai ? On rembobine, à maintenant quelques semaines du 80e anniversaire de ce jour historique.

Première blessure en Italie

John Steele est originaire de Métropolis, une ville de l’Illinois, un État du centre-est des États-Unis. Il est l’aîné d’une fratrie de sept enfants. Âgé de 29 ans quand les USA entrent en guerre en 1941, il s’engage dans les troupes aéroportées. Il intègre la 82e division et appartient au 505e régiment de parachutistes.

Avant la Normandie et Sainte-Mère en 1944, l’américain est envoyé sur le front d’Afrique du Nord, en mai 1943, et aussi en Italie. Dans la biographie qu’il lui consacre sur son site, l’office de tourisme de la baie du Cotentin explique : « Après quelques semaines, les unités de la 505e sautent en Sicile, dans la nuit du 9 juillet 1943. John s’y casse la jambe gauche et est rapatrié dans un hôpital d’Afrique du Nord. »

Après cette blessure, John Steele revient en Italie en septembre 1943 pour combattre. Il quitte le territoire en novembre pour rejoindre la Grande-Bretagne.

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Suspendu deux heures sur l’église

Et c’est à partir d’ici que sa légende a commencé à s’écrire. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, l’avion C-47 qui le transporte le largue avec ses compagnons, par erreur, au-dessus de Sainte-Mère-Eglise. Pendant sa descente, Steele est touché par un projectile à la jambe, vraisemblablement un éclat d’obus. Ne pouvant plus contrôler son parachute, il atterrit sur le clocher de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption, située sur la place centrale du village, vers 1 h du matin.

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Son attirail étant bloqué, il se balance pour essayer de se libérer, pendant que les combats font rage au sol. Il tente aussi de couper les cordages avec son couteau, mais celui-ci finit par tomber.

John Steele reste finalement suspendu deux heures au clocher avant d’être décroché par deux soldats allemands, qui décident de ne pas le tuer. Fait prisonnier, il s’évade (ou est remis en liberté) quelques jours après, avant d’être transféré dans un hôpital anglais.

Sa seconde blessure n’aura pas raison de son engagement, puisqu’il retournera encore au combat : en septembre 1944 aux Pays-Bas, en décembre de la même année en Belgique et en avril 1945 en Allemagne.

En 2023, un nouveau mannequin, fourni et entièrement rééquipé par l'Airborne museum, a été installé sur l'église de Sainet-Mère. Il a remplacé un ancien, fatigué par le temps. | ARCHIVES OUEST-FRANC

Une réalité travestie dans Le Jour le plus long

L’épisode de Sainte-Mère est resté plusieurs années méconnu. Jusqu’en 1957 précisément, et l’interview d’un journaliste irlandais qui fait témoigner John Steele sur son vécu. Il sortira un livre intitulé Le Jour le plus long, lequel sera adapté au cinéma, dans un film mythique de 1962 ayant un peu (beaucoup) travesti la réalité. Sur la pellicule, on y voit le soldat blessé par balle alors qu’il est déjà suspendu à l’église. Le film véhicule aussi l’idée que John Steele est devenu sourd à cause du bruit des cloches. Faux, là aussi.

Troisièmement, une autre réalité historique est par ailleurs largement oubliée en France : John Steele n’est pas le seul américain à avoir atterri sur l’église de Sainte-Mère au cours de la nuit du 5 au 6 juin 1944. Et c’est l’historien Jean Quellien, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, interrogé par Ouest-France en 2019, qui le raconte, en écornant au passage le film de 1962 et la façon dont il a créé « un mythe » autour de John Steele. « C’est la scène culte du film. Or, elle est largement exagérée et entachée d’erreurs. Déjà, il n’y avait pas un, mais deux parachutistes tombés sur ce clocher. Le second, Kenneth Russel, est totalement oublié en France, mais pas aux États-Unis, et John Steele n’a pas pu voir ses copains se faire massacrer sous ses yeux, il s’était évanoui après s’être assommé. »

On notera enfin que Steele s’est accroché de l’autre côté de l’église, et non pas face à la place, comme c’est le cas dans le film. Car à cet endroit, il aurait sûrement été tué.

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John Steele est revenu plusieurs fois à Sainte-Mère-Eglise après la guerre. Il est mort en 1969, des suites d’un cancer, et aurait voulu être enterré en Normandie. | ARCHIVES OUEST-FRANCEVoi en plen

Un soldat revenu plusieurs fois

Toujours est-il que le parachutiste américain reste indissociable de l’histoire de Sainte-Mère-Eglise. Par la suite, il y est revenu plusieurs fois jusqu’à sa mort, en 1969, des suites d’un cancer de la gorge. Il avait même formulé un ultime vœu, comme l’explique l’office de tourisme de la baie du Cotentin : « Il émit le souhait d’être enterré en Normandie… ce qui malheureusement ne fut pas réalisé. »


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