Le 14 juin 1944 : le jour où de Gaulle enfuma Montgomery
Le petit château de Creullet, datant du XIVe siècle, se situe en contrebas de la forteresse médiévale de Creully (Calvados). Rien ne prédestinait cette demeure à entrer dans l’Histoire, jusqu’au 8 juin 1944, jour où le général Montgomery y installa ses trois caravanes qui lui servaient de Quartier général. La famille de Canchy hérite de ce château d’Henri et Mélite de Druval.
Au pied de la forteresse médiévale de Creully-sur-Seulles (Calvados), se niche un château doté d’une pièce d’eau et d’un bois. Il a appartenu à Henri Labbey de Druval et son épouse Mélite de Kergariou, qui l’ont transmis à la famille de Canchy.
Augustin de Canchy a passé son enfance en ces lieux. Passionné d’Histoire, il s’est penché sur l’extraordinaire secret historique et familial, qui s’est déroulé du 8 au 22 juin 1944. « Le général Montgomery (ou Monty), commandant les forces terrestres alliées, installe son Quartier général (QG), le 8 juin 1944, à Creullet. Ses besoins personnels sont austères. Deux caravanes, l’une prise en 1941 et l’autre en 1943 aux Italiens, sont accompagnées d’une troisième, neuve : la salle des cartes. C’est là qu’il fait ses conférences sur l’évolution du front : les spéciales Monty. »
La journée historique du 14 juin 1944
Le 14 juin 1944, le Premier ministre britannique Winston Churchill demande à Monty de recevoir le général de Gaulle, avec consigne d’en faire le moins possible : 13 h, déjeuner en commun, pas de prise de parole, et retour au bateau à 16 h. Ce jour-là, Charles de Gaulle ne déjeune pas avec Bernard Montgomery.
Lire aussi : 80 ans du Débarquement. Le 14 juin 1944 à Bayeux, le petit rencontre le grand, le général de Gaulle
Le Général arbore, sur la Jeep le conduisant à Creullet, le fanion de la France, au mépris des consignes. La poignée de main entre les deux hommes est plutôt fraîche. Le Britannique le convie à une « spéciale Monty ». C’est alors que le Français allume une cigarette. « Jetez ça ! » intime l’aide de camp Sanderson. Montgomery déteste l’odeur de tabac et nul Britannique ne commettrait le sacrilège de fumer. « De Gaulle s’engouffre dans la remorque dans un grand nuage de fumée. La « spéciale Monty » est très courte : cinq minutes. Les hommes sortent du véhicule envahi de fumée », poursuit l’historien.
À 15 h 30, le général de Gaulle est à Bayeux, l’aide de camp pense être à Courseulles-sur-Mer à 16 h. Le général arpente les rues, prononce son discours. Il installe François Coulet et Raymond Triboulet dans leurs nouvelles fonctions : Bayeux devient la capitale administrative de la France.
« Un coup d’État intelligent »
Il laisse une malle de 250 millions de francs, destinés à contrecarrer le billet de l’Allied military government of occupied territories (AMGOT) (Gouvernement militaire allié des territoires occupés, en français). Puis il file vers Isigny-sur-Mer, prononce un deuxième discours, et un troisième à Grandcamp-Maisy.
Montgomery, informé de chaque incartade du Français, est furieux. « Le retour de de Gaulle est ponctué d’arrêts pour saluer les populations normandes, jusqu’au curé Roger Paris d’Arromanches-les-Bains. » Les Français ne rentreront à Courseulles qu’à 19 h.
Le 16 juin 1944, un officier de l’AMGOT écrit : « De Gaulle a organisé un coup d’État intelligent. Nous n’avons pas à nous mêler de politique en France ! »
Tout comprendre sur le D-Day
- Programme du D-Day
- Vidéos
- Carte des sites historiques
- Série documentaire "Été 1944"
- Débarquement : 90 jours qui ont changé le monde
- C'est quoi le D-Day ?
- Comment a commencé la Seconde Guerre mondiale ?
- Qu'est-ce que l'opération Overlord ?
- Débarquement en Normandie : 10 chiffres clefs
- Carte des plages du Débarquement en Normandie