La station biologique de Roscoff, un laboratoire les pieds dans l'eau
La station biologique fête ses 150 ans. Elle est devenue incontournable dans l'étude et la conservation des algues. Un véritable or bleu.
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La station biologique de Roscoff, située dans le Finistère, fête cette année ses 150 ans. Ce lieu d’observation de la faune, de la flore et de l’océan, fondé par le naturaliste Henri de Lacaze-Duthiers, est rapidement devenu une référence et une encyclopédie, à elle seule, des organismes vivants. Notre journaliste Bruno D. Cot s'est rendu sur place. 📖 Extrait de l'hebdo du 28 juillet : "Ce véritable laboratoire "les pieds dans l'eau" n'a cessé de s'étendre tout au long de son histoire. Avec un gigantesque vivier, un aquarium, des salles de travail, des hébergements pour accueillir chercheurs et étudiants, un jardin botanique et une bibliothèque remarquable." " Vous voulez qu'on pose une ligne de traîne ?" Devant notre mine déconfite, Noël, l'un des marins du Neomysis, la joue un peu taquin. Effectivement, ce n'est pas avec le filet de 30 centimètres de diamètre qu'il vient de mettre à l'eau que la journée s'annonce miraculeuse en matière de pêche au gros. Ce navire côtier appartient à la station biologique de Roscoff (CNRS/Sorbonne Université) et les prélèvements qu'il effectue aujourd'hui, entre le continent et l'île de Batz, ne risquent pas de bouleverser l'état des ressources halieutiques françaises. Ce qui intéresse les scientifiques montés à bord dès potron-minet se mesure à l'échelle de l'infiniment petit et se résume au phytoplancton (végétaux) et au zooplancton (animaux) : des cyanobactéries, des eucaryotes, des larves, des vers, des crustacés, des oeufs de poisson, etc. Une fois le filet relevé, suivent plusieurs manipulations avec des bouteilles d'échantillonnage à de plus grandes profondeurs pour récupérer des micro-algues, ou encore l'utilisation de sondes mesurant les différentes caractéristiques de l'eau - température, pression, salinité, courants, oxygène, chlorophylle, etc. "Nos relevés en mer, nous les faisons tous les quinze jours, au moment des marées de mortes eaux et avec un matériel standardisé", explique Eric Thiébaut, directeur adjoint de la station et enseignant-chercheur à Sorbonne Université. Une tradition vieille de 150 ansCes gestes augustes du préleveur ont été initiés ici en baie de Morlaix avant de gagner une quinzaine d'autres laboratoires du littoral dans le reste de l'Hexagone. Finalement, ils perpétuent une tradition vieille de 150 ans puisque c'est en 1872 que le naturaliste Henri de Lacaze-Duthiers créa la station biologique de Roscoff (SBR), la plus ancienne d'Europe, avec un seul leitmotiv : une science de terrain. "Il était visionnaire et convaincu que les organismes s'étudient non pas morts, formolés dans des bocaux comme à Paris, mais vivants, dans leur milieu naturel", souligne Catherine Boyen, la directrice du site finistérien. |