Et là, c'est le drame | |
Tout le joli storytelling du RN sur sa «normalisation» et son «institutionnalisation», rabâché depuis des semaines, a pris un sacré coup en une poignée de secondes hier. Et il a suffi de laisser l'un de ses plus médiatiques représentants dire le fond de sa pensée pour que cela se produise. Le si respectable Jean-Philippe Tanguy (transfuge dupont-aignantiste donc présenté comme moins infréquentable), candidat du parti d'extrême droite à la présidence de la commission des Finances, s'est adressé à la presse à l'Assemblée pour dire ceci, à propos du passé de banquier d'affaires d'Emmanuel Macron : «Monsieur Rothschild a dit lui-même dans plusieurs témoignages qu'il a pris Macron parce qu’il était sympa et qu’il savait solliciter les aspirations homo-érotiques d’un certain nombre de cadres qui pensaient que monsieur Macron allait leur apporter de l’intérêt à leur carrière, en fin de carrière. Vous avez un témoignage très intéressant de monsieur Rothschild sur pourquoi il a recruté Macron, il dit : "Bah il a une capacité de séduction de certaines personnes, de les envoûter, sur les hommes en particulier, de les mener exactement là où il veut aller."» Ah. On ne va pas accorder plus d'importance que cela au fond de ce propos, mais plutôt à sa forme, qui n'a fait qu'empirer à partir de là (et pourtant la barre était placée tout là-haut). Interrogé par LCI sur la source de ces prétendus «témoignages» de «monsieur Rothschild», Tanguy s'est peu à peu embourbé en tentant de se justifier, expliquant d'abord : «Je fais référence à ce que moi je comprends des méthodes qu'a monsieur Macron pour essayer d'avancer depuis des années.» Puis : «J'ai absolument pas dit que c'était une citation, j'ai jamais dit que c'était une citation.» D'où l'emploi, à deux reprises, des termes «il a dit». Logique. «Le portrait qu'ont fait un certain nombre de gens de Macron est le portrait d'un séducteur», a ensuite amendé le député de la Somme. Accusant les journalistes de «vouloir absolument le faire déraper» (alors qu’il se débrouillait très bien tout seul), Tanguy a ajouté : «Moi je suis de culture littéraire, si vous relisez Illusions perdues [de Balzac], vous comprendrez ce que j'ai voulu dire.» Une bonne référence culture gé, voilà qui relève le niveau. Avant que celui-ci ne rechute brutalement illico : «Ne pas le comprendre, c'est pas comprendre du tout qui est le personnage de manipulateur de Macron et c'est ne pas comprendre tous les dossiers qui tournent autour de lui et c'est aussi ne pas comprendre comment fonctionne le petit milieu parisien et la politique en général.» Ah (bis). Le fameux «petit milieu parisien» aux «aspirations homo-érotiques»... |