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Topkapi, le lundi 25 juillet, à 22h45, sur Arte.
Écrans “Topkapi”, le film de casse qui inspira la saga “Mission impossible” Considéré comme mineur dans la carrière de Jules Dassin, ce long métrage sorti en 1964, à voir ce soir sur Arte, peut être fier de sa descendance illustre. Attention, ce texte révèle certains éléments de l’intrigue. Considéré comme mineur dans la carrière de Jules Dassin, le film sorti en 1964, à voir ce lundi 25 juillet sur Arte, peut être fier de sa descendance illustre, de “Mission impossible” à “Ocean’s Eleven”. Attention, ce texte révèle certains éléments de l’intrigue. 1955. Jules Dassin signe Du rififi chez les hommes : il filme, pendant plus d’une demi-heure, avec une minutie d’horloger, le cambriolage d’une bijouterie parisienne. Le sens du détail, quasi obsessionnel, de ce classique du film de casse allait inspirer Jean-Pierre Melville jusqu’à ses dernières œuvres, au début des années 1970, Le Cercle rouge et Un flic. 1964. Dassin récidive avec Topkapi. Un groupe de voleurs spécialisés (le cerveau, l’inventeur, le costaud) projette de s’emparer d’une dague sertie d’émeraudes, exposée au palais-musée éponyme, à Istanbul. Le film se termine par une séquence d’anthologie, presque une autoparodie de celle de Du rififi chez les hommes : un acrobate accroché à une corde (joué par Gilles Ségal), tête en bas, défie la pesanteur dans un silence presque total, où le moindre bruit entretient le suspense. Hommage expliciteProduction américaine au casting international, Topkapi ne bénéficie pas de la notoriété de son prédécesseur, tourné en France. Il est aussi, à juste titre, considéré comme mineur face aux chefs-d’œuvre noirs de Dassin réalisés à Hollywood entre 1947 et 1950 (Les Démons de la liberté, Les Forbans de la nuit). Pour autant, il ne faudrait pas minimiser son empreinte sur le genre. En dépit de ses digressions comiques ou documentaires, le scénario reste tendu vers l’exécution du casse. Cet accomplissement d’un travail d’équipe constitue l’essence de la série Mission impossible (1966-1973), créée, deux ans plus tard, par Bruce Geller. L’épisode pilote, Complot à Santa Costa, voit une équipe d’agents secrets dérober deux têtes nucléaires dans la chambre forte d’un hôtel, au cœur d’une dictature militaire des Caraïbes. Le créateur a toujours revendiqué le long métrage de Jules Dassin comme une influence majeure, jusqu’à y glisser un hommage explicite. Dans Topkapi comme dans Complot à Santa Costa, l’un des personnages-piliers de la mission se brise les mains dans une porte, ce qui implique son remplacement au pied levé par un autre protagoniste. Goutte de transpirationEn 1996, Brian De Palma transpose pour la première fois la série sur grand écran. Il reprend le concept de la scène de cambriolage acrobatique de Topkapi pour une séquence passée, elle aussi, à la postérité. Ethan Hunt-Tom Cruise, suspendu à des câbles, subtilise une liste d’agents infiltrés sur un ordinateur dans une pièce sécurisée au siège de la CIA, à Langley, en Virginie. De Palma élabore un suspense augmenté, où le détecteur de pression – impossible de toucher le sol sans déclencher l’alarme –, déjà présent chez Dassin, est complété par un thermomètre et un capteur de son. L’absence de musique permet, là aussi, d’intensifier la moindre péripétie, comme la goutte de transpiration coulant sur les lunettes du héros, ou le rat dans le conduit d’aération, qui vient perturber le complice assurant l’équilibre (Jean Reno). Si Topkapi rayonne de manière plus diffuse par la suite, il reste dans l’ADN d’une trilogie à succès des années 2000, signée Steven Soderbergh. Ocean’s Eleven (2001), le premier volet, est un remake assumé de L’Inconnu de Las Vegas (Lewis Milestone, 1960), qui mettait en scène le Rat Pack de Frank Sinatra. Pourtant, le recrutement d’un artiste de cirque parmi la troupe de cambrioleurs, ici emmenée par George Clooney, renvoie directement à l’acrobate de Topkapi, qui s’exprimait, lui aussi, avec les mouvements du corps. Une étincelle, enfin, en 2011. Avec Protocole fantôme, le quatrième Mission : impossible au cinéma, Brad Bird signe l’un des meilleurs épisodes de la franchise. Quelques gadgets et une touche d’humour servent à revenir à la dynamique originelle de la série – seule la mission compte –, notamment lors d’une remarquable scène d’infiltration à Moscou. Clin d’œil de l’histoire : c’est précisément dans la capitale russe que les héros de Topkapi se rendaient durant le générique de fin. |