ROBERT BADINTER

 

Le dessin de Chaunu : la mort de Robert Badinter

Le dessinateur et caricaturiste Chaunu croque au quotidien l’actualité française et internationale pour « Ouest-France ». Aujourd’hui, le décès de Robert Badinter, qui laisse en héritage son combat en faveur de l’abolition de la peine de mort. L’ancien ministre de la Justice s’est éteint à l’âge de 95 ans. Sa disparition a suscité une pluie d’hommages. Le président de la République Emmanuel Macron a salué « une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français ».

La mort de Robert Badinter inspire Chaunu.
CHAUNUVoir e plein écran

C’est dans cette petite maison du Finistère que Robert Badinter a mis fin à la peine de mort

De Léo Ferré à François Mitterrand, la maison de la journaliste et romancière Benoîte Groult, au port de Doëlan, à Clohars-Carnoët (Finistère), a hébergé du beau monde. Le séjour de Robert Badinter, en août 1981, la fit entrer dans l’Histoire. L’ancien ministre de la Justice, combattant acharné contre la peine de mort, est décédé ce vendredi 9 février 2024.


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La maison de Doëlan, où Robert Badinter rédigea sa plaidoirie historique contre la peine de mort, en août 1981.
ARCHIVES OUEST-FRANCE

C’est une adorable maison de pierre, accrochée à la falaise, au-dessus du port de Doëlan, à Clohars-Carnoët (Finistère). Située sur la rive droite de la ria, on y accède par un chemin de douanier. Des roses et des glycines s’accrochent à la façade.

La journaliste et romancière Benoîte Groult, qui connaissait bien la région pour avoir, enfant, passé ses vacances à Concarneau, et Paul Guimard, son mari, grand amoureux de la mer, avaient craqué pour cette maison de douanier.

Chaque été, pendant cinquante ans, le couple d’écrivains y passe ses vacances, soignant les fleurs, posant des filets de pêche, recevant des amis, restant rêver sur la terrasse, devant le spectacle du petit port de pêche. « Cette maison, c’est elle qui nous a mis le grappin dessus, témoignait Benoîte Groult. Chaque fois que j’arrive, je sais que je peux jeter l’ancre. Je suis « à poste », comme disent les marins. »

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À l’abri des menaces pour rédiger son discours

C’est dans cette maison que Robert Badinter, garde des Sceaux du premier gouvernement Mitterrand en 1981, rédige le discours qu’il va prononcer devant les députés, le 17 septembre 1981, pour leur demander d’abolir la peine de mort. C’est le combat de sa vie.

Depuis qu’il a échoué à sauver la tête de Roger Bontems, en 1972 (complice de Claude Buffet, meurtrier d’un gardien et d’une infirmière à la prison de Clairvaux en 1971), il travaille sans relâche à défendre les condamnés risquant la mort. Il en a sauvé plusieurs de la guillotine, dont Patrick Henry, assassin d’un garçon de 7 ans, en 1976. Cela vaut au ministre de la Justice la haine de nombre de Français, en 1981, majoritairement favorables à la peine de mort.

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« Nous étions seuls, Élisabeth et moi »

« Robert cherchait un endroit paisible où passer ses vacances, racontait Benoîte Groult. À Paris, son souhait d’abolir la peine de mort avait déclenché une haine incroyable et il avait reçu des lettres de menaces. Avec Paul, nous avions l’habitude de partir en Irlande en août. On lui a donc proposé de venir en Bretagne. Je suis ravie de cette histoire. Paul et moi on s’est sentis parrain et marraine de ce tournant historique. »


Tout le monde ignore, durant ce mois d’août 1981, la présence de Robert et Élisabeth Badinter à Doëlan. Le couple garde la plus grande discrétion. « Nous étions seuls, Élisabeth et moi, dans cette petite maison de douanier, écrit Robert Badinter dans L’AbolitionC’est là, sur la terrasse, que j’écrivis mon discours, ou du moins la première version que je devais retoucher jusqu’au moment de le prononcer. Tout respirait la douceur de la Bretagne en été… Le temps de l’abolition était venu. »

Le 17 septembre 1981, Robert Badinter prononce à l’Assemblée nationale un discours enflammé, mobilisant les plus grands esprits abolitionnistes, Hugo, Jaurès, Clemenceau ou Camus. Le lendemain, 18 septembre, les députés abolissent la peine de mort, par 363 voix contre 117. La petite maison de Doëlan a servi d’écrin à l’une des plus grandes lois duÊtes-vous pour ou contre le projet de cinéma et de parc en centre-ville de Carhaix ?

Débattez ! XXe siècle.

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