lundi 12 février 2024

C DANS L'AIR

 


17:45 "C dans l'air"

Alex de Tarlé décryptera en direct l'actualité en compagnie de quatre experts. En fin d'émission, ils répondent aux questions des téléspectateurs.


Le thème de l'émission :

En déplacement à Mayotte dimanche, le ministre de l'Intérieur a annoncé une révision constitutionnelle pour supprimer le droit du sol sur l'île. La mesure est "radicale", a concédé Gérald Darmanin qui tenait un tout autre discours il y a six ans, mais elle "coupera littéralement l'attractivité" de l’archipel mahorais. Le petit territoire de l’océan Indien est confronté à une forte pression migratoire, venue essentiellement des Comores, mais aussi de la région des Grands Lacs, qui accentue les difficultés économiques et sociales du plus pauvre des départements français, rendant la situation explosive.

Le 101e département français est paralysé depuis le 22 janvier par des blocages et des barrages routiers installés par des "collectifs citoyens" qui protestent contre l'insécurité et l'immigration incontrôlée. Ce matin ces derniers se sont dit prêts à lever les blocages mais ils réclament avant des garanties écrites, échaudés par les promesses non tenues. Le ministre de l’Intérieur s’est depuis engagé d’ici quarante-huit heures à envoyer un courrier depuis Paris après sa rencontre ce lundi avec Emmanuel Macron où il doit évoquer l’agenda de la future loi mettant fin au droit du sol à Mayotte et aux titres de séjour territorialisés.

Des annonces demandées par des collectifs de Mahorais qui ont été saluées à droite et à l'extrême-droite, tandis que la gauche a exprimé son inquiétude. "Monsieur Darmanin vient d’annoncer la fin du droit du sol à Mayotte. Enfin !" a réagi Éric Ciotti, le patron du parti Les Républicain. La mesure était dans le programme de Valérie Pécresse lors de la dernière campagne présidentielle, en 2022. "C'est un bon début puisque ça fait vingt ans que nous réclamons la suppression du droit du sol pour l'intégralité du pays", a rappelé, de son côté, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella qui demande au gouvernement d’aller plus loin, par la suppression pure et simple du droit du sol en France, revendication historique de Jean-Marie Le Pen.

L’annonce du ministre de l’Intérieur témoigne d’une "nouvelle victoire idéologique" de l’extrême droite, a déploré, de son côté, Manon Aubry, députée européenne de la France insoumise. "Après avoir brisé le tabou de la préférence nationale, la Macronie attaque la conception même de la nationalité, fondement de la République". "Ne doutons pas que si cette mesure va au bout et si Marine Le Pen arrive au pouvoir ensuite, c’est la fin du droit du sol en France", a estimé le député écologiste Aurélien Taché, "je suis inquiet de la boîte de pandore que ça peut ouvrir".

Deux semaines après la promulgation de la loi "immigration", qui avait notamment consacré, avant une large censure du Conseil constitutionnel, la remise en cause du droit de la nationalité ou encore la préférence nationale, l’exécutif choisit de relancer le débat autour du droit du sol. Mais que signifie cette annonce ? La réforme constitutionnelle évoquée par l’exécutif peut-elle aboutir ? Quelles en seraient les conséquences concrètes ? Outre-Manche la question de l’immigration agite également les débats.

Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak défend depuis des mois un projet de loi visant à expulser au Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. Il en a fait le socle de sa politique de lutte contre l'immigration clandestine et espère pouvoir le mettre en application avant les élections législatives prévues cette année. Mi-janvier, il l'a même qualifié de "priorité nationale urgente". Mais ce texte très controversé, débattu à la Chambre des Lords - la chambre haute du Parlement - cette semaine, est vivement critiqué aussi bien par le chef de l'Église anglicane que par les Nations unies. Un premier accord entre les deux pays avait été jugé illégal, le 15 novembre dernier, par la Cour suprême britannique.



Les experts invités :

Christophe Barbier, éditorialiste politique, conseiller de la rédaction de Franc-Tireur.

Nathalie Mauret, journaliste politique pour le groupe de presse régionale Ebra.

Rachel Binhas, journaliste au service société de Marianne.

Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l'Institut de sondages IFOP.



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