Macron en Afrique : le retour d’OSS 117

Le chef de l’État a conclu sa tournée dans quatre pays africains par une conférence de presse avec le président de la République démocratique du Congo, à qui il a fait la leçon, sur un ton fort peu diplomatique. Sur la scène internationale, son attitude faussement « disruptive » continu...

Cette semaine, OSS Macron est en Afrique. Hier, au Gabon, notre Président est parti explorer, en pantalon à pinces, chemise blanche et chaussures en cuir, un bout de forêt primaire préservée. Il en a profité pour goûter aux douceurs locales, comme le cola, qui a visiblement plusieurs vertus, comme on l'a gentiment expliqué au chef de l'État.

Macron dans trois pays d’Afrique centrale vendredi. Emmanuel Macron met le turbo vendredi dans sa tournée africaine destinée à montrer le nouveau visage de la diplomatie française sur le continent. Vendredi, il rencontrera ses homologue angolais Joao Lourenço à Luanda puis congolais Denis Sassou Nguesso à Brazzaville, avant de rejoindre dans la soirée Kinshasa, dernière étape de sa tournée.

Tournée en Afrique : Macron en opération rafistolage

Emmanuel Macron termine demain soir à Kinshasa, en République démocratique du Congo, sa tournée africaine. Hier, le chef de l'Etat a promis la fin de l'ère de la "Françafrique", écartant tout risque d'ingérence et affirmant que la France était désormais un "interlocuteur neutre".

Le contexte. Cette prise de parole intervient alors que l'armée française a définitivement quitté samedi dernier le Burkina Faso, quelques mois seulement après avoir déjà été éjectée du Mali. Dans plusieurs pays africains, le refrain "France dégage" a été repris par les populations.

💡 Pourquoi ça compte. Le président de la République joue gros. "Emmanuel Macron veut à tout prix endiguer la contagion. Quitte à faire les yeux doux aux autocrates hier boudés, du moins leur montrer 'un signal de considération et du prix qu’on attache à la relation', précise l’entourage du président", relatent nos journalistes Valentin Ehkirch et Charlotte Lalanne.

• Le Creusot, depuis 9h On vient peut-être enfin de trouver une utilité à cette gare TGV située entre Lyon et Paris puisque la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher est en Saône-et-Loire ce matin pour visiter le site nucléaire de Framatome.

• Nouméa, toute la journée Gageons que son collègue Gérald Darmanin aura un peu plus chaud puisque le ministre de l'Intérieur est en Nouvelle-Calédonie jusqu'à dimanche.

• Afrique, toute la journée Macron, quant à lui, poursuit sa tournée sur le continent africain avec pas moins de trois pays foulés aujourd'hui : l'Angola ce matin, le Congo dans la journée et la République démocratique du Congo ce soir.

• Et aussi ce week-end Pas de repos pour les sénateurs puisque la chambre haute va bosser sur la réforme des retraites. Pendant ce temps, le président du RN Jordan Bardella est samedi au salon de l'agriculture.

TOUT S’EXPLIQUE

Macron déclare l’ère de la « Françafrique » révolue

• Le président a entamé une tournée en Afrique pour bâtir un « partenariat équilibré ».

• La France est le troisième investisseur en Afrique, devant la Chine.

Qu’a déclaré Emmanuel Macron ?

L’ère de la « Françafrique est révolue », a déclaré aujourd’hui Emmanuel Macron depuis Libreville, la capitale du Gabon, où il est arrivé hier soir. Sa tournée africaine de quatre jours doit le mener aussi en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo. « Au Gabon comme ailleurs, la France est un interlocuteur neutre qui parle à tout le monde », a affirmé Emmanuel Macron. Il a précisé qu’il souhaitait bâtir un « partenariat équilibré » avec les pays d’Afrique. Le président a assuré que la réorganisation du dispositif militaire français sur le continent ne constituait « ni un retrait, ni un désengagement », mais une adaptation en fonction des besoins des pays partenaires. Emmanuel Macron avait annoncé lundi une prochaine « diminution visible » des effectifs militaires français en Afrique. La France a retiré ces derniers mois ses troupes du Mali et du Burkina Faso, à la demande de ces pays, dans un contexte de tension des relations.

Que recouvre le terme « Françafrique » ?

La « Françafrique », une expression existant depuis la décolonisation, a pris un sens péjoratif dans un livre publié en 1998 par l’économiste français François-Xavier Verschave. Le terme désigne alors les liens opaques entretenus entre les classes dirigeantes françaises et africaines après les proclamations d’indépendance des anciennes colonies. La présence française est à ce jour contestée par endroits sur le continent africain. Ces dernières années, face à l’influence croissante de la Chine en Afrique, qui se traduit par la multiplication de partenariats commerciaux, le concept de « Chinafrique » a émergé. Il désigne un système qui « ressemble à la Françafrique » puisqu’il « s’appuie sur des relations politiques privilégiées avec les élites africaines pour faire avancer des contrats commerciaux », explique Serge Michel, coauteur d’un ouvrage sur la « Chinafrique ». Il précise toutefois que le parallèle avec la Françafrique s’arrête à ce constat puisque la Chine n’a pas de « passé colonial en Afrique ».

Comment a évolué la présence économique française en Afrique ?

La part de la France dans les échanges extérieurs de l’Afrique a été divisée par quatre depuis les années 1950-1960, période des indépendances des anciennes colonies. Entre 2001 et 2017, la part de marché des entreprises françaises en Afrique est passée de 12 % à 6 %, soulignait dans un rapport de 2018 la Coface, une société d’assurance-crédit qui analyse les risques économiques dans différents pays. Ce recul est toutefois à relativiser, selon un rapport rendu au gouvernement en 2019. « Nos parts de marché ont été divisées par deux » sur un marché africain qui « a été multiplié par quatre », soulignait-il, ajoutant qu’en « valeur absolue, la présence économique française sur le continent africain est donc en nette augmentation ». Les investissements directs étrangers [voir la définition] français en Afrique ont aussi été multipliés par huit en 20 ans. En 2019, la France était le troisième investisseur en Afrique, derrière les Pays-Bas et les États-Unis et devant la Chine, d’après la Cnuced, une agence de l’ONU.