« Le jour de gloire est arrivé »
L'annonce de la capitulation allemande est célébrée dans le monde entier. Soulagement, joie mais aussi prudence et amertume marquent ce jour.
8 mai 1945. L’Allemagne nazie a signé à Reims, dans la nuit du 6 au 7 mai, sa capitulation sans condition ; la cessation des combats a pris effet le 8 mai, à 23h01.
Le soulagement est immense.
En France, peu de journaux paraissent au lendemain de la victoire ; le quotidien communiste Ce Soir, et le journal catholique démocrate L’Aube paraissent, mais d'autres titres ont été interdits ou se sont sabordés.
« Le monde clame sa délivrance », écrit Ce soir. « Pour la dernière fois, le chant des sirènes », pour la première fois depuis longtemps, « le rire des soldats ».
C’est l’écrivain et poète Jean-Richard Bloch qui dirige le quotidien depuis janvier 1945, après avoir passé la guerre en URSS où il a été la voix de la France sur Radio-Moscou.
Il signe l'éditorial grave et solennel qui paraît le 9 mai 1945, au lendemain de l'annonce de la capitulation allemande :
« Morts de mon pays, morts de Sedan et de Dunkerque, morts de l'exode et de la lutte clandestine, morts des prisons, des bagnes et des chambres de tortures, morts de Bir-Hakeim, morts de cette Normandie céleste qui se basait en Russie et de cette Normandie de France, d'où la grande bataille a pris son vol, morts de la défaite et morts de la victoire, morts de l'amertume et morts du triomphe, dormez en paix !
Vous êtes rendus à l'insensibilité des minéraux, mais votre sensibilité a passé en nous. Nous héritons vos douleurs. Puissions-nous aussi hériter vos volontés.
L'Allemagne est sur les genoux. »
Le quotidien rapporte aussi la « joie délirante dans le monde ».
À New York, le correspondant de Ce soir décrit cette « explosion de joie inoubliable » :
« Ce fut une explosion de joie inoubliable et la victoire a été célébrée d'une façon dont seule New York est capable. Des fenêtres des gratte-ciel, des papiers, des journaux et même des annuaires téléphoniques commencèrent à tomber. Les automobilistes firent marcher sans arrêt leurs klaxons. En l'espace de quelques minutes, des rues entières se couvrirent de drapeaux. »
À Paris, « la joie a été un très grand spectacle » :
« Sérieuse, grave même par endroits, quelquefois bruyante et spontanée, partout mesurée dans son expression. Le peuple parisien avait compris qu'après tant de souffrances, tant de deuils, à côté de tant de ruines, il fallait que le bonheur soit sans ivresse. »
Et le journal de tirer, en lettres capitales, le désastreux bilan de la guerre :
L’Aube célèbre avec le même enthousiasme, avec un cri à la Une : « Victoire ! »
« Le régime hitlérien, qui devait selon Hitler, durer mille ans, a duré 12 ans et 97 jours. La guerre, qui devait être une guerre éclair, a duré 5 ans, 8 mois et 7 jours. Elle a coûté la vie à plus de 20 millions de soldats.
ÉCHO DE PRESSE
L'annonce de la capitulation allemande est célébrée dans le monde entier. Soulagement, joie mais aussi prudence et amertume marquent ce jour.
8 mai 1945. L’Allemagne nazie a signé à Reims, dans la nuit du 6 au 7 mai, sa capitulation sans condition ; la cessation des combats a pris effet le 8 mai, à 23h01.
Le soulagement est immense.
En France, peu de journaux paraissent au lendemain de la victoire ; le quotidien communiste Ce Soir, et le journal catholique démocrate L’Aube paraissent, mais d'autres titres ont été interdits ou se sont sabordés.
« Le monde clame sa délivrance », écrit Ce soir. « Pour la dernière fois, le chant des sirènes », pour la première fois depuis longtemps, « le rire des soldats ».
C’est l’écrivain et poète Jean-Richard Bloch qui dirige le quotidien depuis janvier 1945, après avoir passé la guerre en URSS où il a été la voix de la France sur Radio-Moscou.
Il signe l'éditorial grave et solennel qui paraît le 9 mai 1945, au lendemain de l'annonce de la capitulation allemande :
« Morts de mon pays, morts de Sedan et de Dunkerque, morts de l'exode et de la lutte clandestine, morts des prisons, des bagnes et des chambres de tortures, morts de Bir-Hakeim, morts de cette Normandie céleste qui se basait en Russie et de cette Normandie de France, d'où la grande bataille a pris son vol, morts de la défaite et morts de la victoire, morts de l'amertume et morts du triomphe, dormez en paix !
Vous êtes rendus à l'insensibilité des minéraux, mais votre sensibilité a passé en nous. Nous héritons vos douleurs. Puissions-nous aussi hériter vos volontés.
L'Allemagne est sur les genoux. »
Le quotidien rapporte aussi la « joie délirante dans le monde ».
À New York, le correspondant de Ce soir décrit cette « explosion de joie inoubliable » :
« Ce fut une explosion de joie inoubliable et la victoire a été célébrée d'une façon dont seule New York est capable. Des fenêtres des gratte-ciel, des papiers, des journaux et même des annuaires téléphoniques commencèrent à tomber. Les automobilistes firent marcher sans arrêt leurs klaxons. En l'espace de quelques minutes, des rues entières se couvrirent de drapeaux. »
À Paris, « la joie a été un très grand spectacle » :
« Sérieuse, grave même par endroits, quelquefois bruyante et spontanée, partout mesurée dans son expression. Le peuple parisien avait compris qu'après tant de souffrances, tant de deuils, à côté de tant de ruines, il fallait que le bonheur soit sans ivresse. »
Et le journal de tirer, en lettres capitales, le désastreux bilan de la guerre :
« Le régime hitlérien, qui devait selon Hitler, durer mille ans, a duré 12 ans et 97 jours. La guerre, qui devait être une guerre éclair, a duré 5 ans, 8 mois et 7 jours. Elle a coûté la vie à plus de 20 millions de soldats.
8 mai 1945 : « Le jour de gloire est arrivé »
le 06/05/2022 par Marina Bellot L'annonce de la capitulation allemande est célébrée dans le monde entier. Soulagement, joie mais aussi prudence et amertume marquent ce jour.
8 mai 1945. L’Allemagne nazie a signé à Reims, dans la nuit du 6 au 7 mai, sa capitulation sans condition ; la cessation des combats a pris effet le 8 mai, à 23h01.
Le soulagement est immense.
En France, peu de journaux paraissent au lendemain de la victoire ; le quotidien communiste Ce Soir, et le journal catholique démocrate L’Aube paraissent, mais d'autres titres ont été interdits ou se sont sabordés.
« Le monde clame sa délivrance », écrit Ce soir. « Pour la dernière fois, le chant des sirènes », pour la première fois depuis longtemps, « le rire des soldats ».
NOUVEAU
RetroNews | la Revue n°3
Au sommaire : un autre regard sur les explorations, l'âge d'or du cinéma populaire, et un retour sur la construction du roman national.
COMMANDERC’est l’écrivain et poète Jean-Richard Bloch qui dirige le quotidien depuis janvier 1945, après avoir passé la guerre en URSS où il a été la voix de la France sur Radio-Moscou.
Il signe l'éditorial grave et solennel qui paraît le 9 mai 1945, au lendemain de l'annonce de la capitulation allemande :
« Morts de mon pays, morts de Sedan et de Dunkerque, morts de l'exode et de la lutte clandestine, morts des prisons, des bagnes et des chambres de tortures, morts de Bir-Hakeim, morts de cette Normandie céleste qui se basait en Russie et de cette Normandie de France, d'où la grande bataille a pris son vol, morts de la défaite et morts de la victoire, morts de l'amertume et morts du triomphe, dormez en paix !
Vous êtes rendus à l'insensibilité des minéraux, mais votre sensibilité a passé en nous. Nous héritons vos douleurs. Puissions-nous aussi hériter vos volontés.
L'Allemagne est sur les genoux. »
Le quotidien rapporte aussi la « joie délirante dans le monde ».
À New York, le correspondant de Ce soir décrit cette « explosion de joie inoubliable » :
« Ce fut une explosion de joie inoubliable et la victoire a été célébrée d'une façon dont seule New York est capable. Des fenêtres des gratte-ciel, des papiers, des journaux et même des annuaires téléphoniques commencèrent à tomber. Les automobilistes firent marcher sans arrêt leurs klaxons. En l'espace de quelques minutes, des rues entières se couvrirent de drapeaux. »
À Paris, « la joie a été un très grand spectacle » :
« Sérieuse, grave même par endroits, quelquefois bruyante et spontanée, partout mesurée dans son expression. Le peuple parisien avait compris qu'après tant de souffrances, tant de deuils, à côté de tant de ruines, il fallait que le bonheur soit sans ivresse. »
Et le journal de tirer, en lettres capitales, le désastreux bilan de la guerre :
« Le régime hitlérien, qui devait selon Hitler, durer mille ans, a duré 12 ans et 97 jours. La guerre, qui devait être une guerre éclair, a duré 5 ans, 8 mois et 7 jours. Elle a coûté la vie à plus de 20 millions de soldats. »
L’Aube célèbre avec le même enthousiasme, avec un cri à la Une : « Victoire ! »
Et le journal de transcrire l’allocution historique du général de Gaulle :
« La guerre est gagnée ! Voici la Victoire ! C'est la victoire des Nations Unies et c’est la victoire de la France ! [...]
Honneur ! Honneur pour toujours à nos armées et à leurs chefs !
Honneur à notre peuple que des épreuves terribles n’ont pu réduire ni fléchir !
Honneur aux Nations Unies qui ont mêlé leur sang à notre sang, leurs peines à nos peines, leur espérance à notre espérance et qui, aujourd’hui, triomphent avec nous. »
L’annonce de la victoire se teinte néanmoins de prudence, tant l’effort de reconstruction s’annonce immense.
L'annonce de la capitulation allemande est célébrée dans le monde entier. Soulagement, joie mais aussi prudence et amertume marquent ce jour.
8 mai 1945. L’Allemagne nazie a signé à Reims, dans la nuit du 6 au 7 mai, sa capitulation sans condition ; la cessation des combats a pris effet le 8 mai, à 23h01.
Le soulagement est immense.
En France, peu de journaux paraissent au lendemain de la victoire ; le quotidien communiste Ce Soir, et le journal catholique démocrate L’Aube paraissent, mais d'autres titres ont été interdits ou se sont sabordés.
« Le monde clame sa délivrance », écrit Ce soir. « Pour la dernière fois, le chant des sirènes », pour la première fois depuis longtemps, « le rire des soldats ».
NOUVEAU
RetroNews | la Revue n°3
Au sommaire : un autre regard sur les explorations, l'âge d'or du cinéma populaire, et un retour sur la construction du roman national.
C’est l’écrivain et poète Jean-Richard Bloch qui dirige le quotidien depuis janvier 1945, après avoir passé la guerre en URSS où il a été la voix de la France sur Radio-Moscou.
Il signe l'éditorial grave et solennel qui paraît le 9 mai 1945, au lendemain de l'annonce de la capitulation allemande :
« Morts de mon pays, morts de Sedan et de Dunkerque, morts de l'exode et de la lutte clandestine, morts des prisons, des bagnes et des chambres de tortures, morts de Bir-Hakeim, morts de cette Normandie céleste qui se basait en Russie et de cette Normandie de France, d'où la grande bataille a pris son vol, morts de la défaite et morts de la victoire, morts de l'amertume et morts du triomphe, dormez en paix !
Vous êtes rendus à l'insensibilité des minéraux, mais votre sensibilité a passé en nous. Nous héritons vos douleurs. Puissions-nous aussi hériter vos volontés.
L'Allemagne est sur les genoux. »
Le quotidien rapporte aussi la « joie délirante dans le monde ».
À New York, le correspondant de Ce soir décrit cette « explosion de joie inoubliable » :
« Ce fut une explosion de joie inoubliable et la victoire a été célébrée d'une façon dont seule New York est capable. Des fenêtres des gratte-ciel, des papiers, des journaux et même des annuaires téléphoniques commencèrent à tomber. Les automobilistes firent marcher sans arrêt leurs klaxons. En l'espace de quelques minutes, des rues entières se couvrirent de drapeaux. »
À Paris, « la joie a été un très grand spectacle » :
« Sérieuse, grave même par endroits, quelquefois bruyante et spontanée, partout mesurée dans son expression. Le peuple parisien avait compris qu'après tant de souffrances, tant de deuils, à côté de tant de ruines, il fallait que le bonheur soit sans ivresse. »
Et le journal de tirer, en lettres capitales, le désastreux bilan de la guerre :
« Le régime hitlérien, qui devait selon Hitler, durer mille ans, a duré 12 ans et 97 jours. La guerre, qui devait être une guerre éclair, a duré 5 ans, 8 mois et 7 jours. Elle a coûté la vie à plus de 20 millions de soldats. »
L’Aube célèbre avec le même enthousiasme, avec un cri à la Une : « Victoire ! »
Et le journal de transcrire l’allocution historique du général de Gaulle :
« La guerre est gagnée ! Voici la Victoire ! C'est la victoire des Nations Unies et c’est la victoire de la France ! [...]
Honneur ! Honneur pour toujours à nos armées et à leurs chefs !
Honneur à notre peuple que des épreuves terribles n’ont pu réduire ni fléchir !
Honneur aux Nations Unies qui ont mêlé leur sang à notre sang, leurs peines à nos peines, leur espérance à notre espérance et qui, aujourd’hui, triomphent avec nous. »
L’annonce de la victoire se teinte néanmoins de prudence, tant l’effort de reconstruction s’annonce immense.
1945 : De Gaulle rend hommage à la France et aux résistants
Marc Sangnier, l’un des plus influents promoteurs du catholicisme progressiste, militant pacifiste de la première heure, signe un éditorial mesuré, au titre explicite : « Il faut maintenant gagner la paix ».
« C'est qu'en effet, il ne suffit pas d'avoir gagné la guerre. Il faut maintenant être assez clairvoyants, assez forts pour gagner la paix.
Sur les champs de dévastation et de mort que la barbarie hitlérienne a immensément multipliés sur le monde, il s'agit de Reconstruire.
Si les soldats de la liberté et de la justice font vraiment triomphe, c'est dans la justice et dans la liberté qu'il faut aujourd'hui bâtir les cités fraternelles. Alors, alors seulement, nos héros, nos martyrs n'auront pas souffert, ne seront pas morts en vain. »
Malgré la capitulation de l'Allemagne nazie, son allié le Japon poursuivra un combat désespéré contre les Américains dans l'océan Pacifique.
Il faudra le choc des deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour l’acculer à capituler, près de quatre mois après l'Allemagne.
Marc Sangnier, l’un des plus influents promoteurs du catholicisme progressiste, militant pacifiste de la première heure, signe un éditorial mesuré, au titre explicite : « Il faut maintenant gagner la paix ».
« C'est qu'en effet, il ne suffit pas d'avoir gagné la guerre. Il faut maintenant être assez clairvoyants, assez forts pour gagner la paix.
Sur les champs de dévastation et de mort que la barbarie hitlérienne a immensément multipliés sur le monde, il s'agit de Reconstruire.
Si les soldats de la liberté et de la justice font vraiment triomphe, c'est dans la justice et dans la liberté qu'il faut aujourd'hui bâtir les cités fraternelles. Alors, alors seulement, nos héros, nos martyrs n'auront pas souffert, ne seront pas morts en vain. »
Malgré la capitulation de l'Allemagne nazie, son allié le Japon poursuivra un combat désespéré contre les Américains dans l'océan Pacifique.
Il faudra le choc des deux explosions atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, pour l’acculer à capituler, près de quatre mois après l'Allemagne.
Cet article fait partie de l’époque : Seconde Guerre mondiale (1939-1945)