VENDREDI SAINT

La Passion du Christ

Dans la foulée, Jésus est emmené devant des autorités juives. «Le grand prêtre et son entourage pensent que Jésus risque d'amener les juifs à se révolter contre les Romains, ce qui provoquerait un véritable bain de sang», détaille le professeur à la Sorbonne. Au matin, le Nazaréen est finalement amené à Ponce Pilate, dans son «prétoire». Contrairement à l’image populaire, «la foule n’était probablement pas immense» ce jour-là, analyse l’historien. «Jésus a été arrêté pendant la nuit. Comme il était populaire, les autorités n’avaient pas d’intérêt à ce qu’il y ait une foule nombreuse».

Ponce Pilate donne à la foule de Jérusalem le choix d'exécuter Jésus ou Barabbas. Ecce Homo, par Antonio Ciseri, 1862, Palais Pitti, Galleria d'Arte Moderna, Florence Stock Adobe

L’échange commence, Jésus semble inébranlable. Durant le procès, Pilate est d’ailleurs «très vraisemblablement impressionné par celui qu’on décrivait comme un simple agitateur», affirme Jean-Marie Salamito. «Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation» (Jean, 18-38), déclare le gouverneur romain aux autorités juives de Jérusalem. Avant d’ajouter : «Mais, chez vous, c'est la coutume que je vous relâche quelqu'un pour la Pâque : voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ?». En vain, la foule peu nombreuse soutient plutôt Barabbas, un meurtrier également retenu par Pilate.

Jésus est alors condamné à la crucifixion, un supplice régulièrement utilisé par les Romains. Il est d’abord flagellé avant de subir d’autres pratiques humiliantes (partage des habits, couronne d’épines) qui «correspondent aux droits des soldats romains de se moquer d’un condamné à mort», détaille le professeur. Qui insiste : «Il faut se souvenir que nous sommes dans une réalité d’une très grande violence».

Après avoir porté sa croix jusqu’au sommet du Golgotha«Jésus de Nazareth Roi des Juifs» (inscription moqueuse sur sa croix, NDLR) est ainsi cloué sur la croix. Ce supplice, c'est «l'idée de donner la mort lentement et dans une position intenable», insiste le chercheur. Pour ne pas mourir étouffé par le poids de son corps, le condamné doit se redresser sur ses pieds cloués, ce qui lui procure une douleur insoutenable. «Il alterne entre l'étouffement et la souffrance extrême». Jésus meurt ainsi en quelques heures, «probablement très affaibli par les jours précédents et la flagellation». Car lorsque les Romains viennent pour lui casser les jambes afin de mettre fin à ses supplices, celui qu’on appellera le Christ a déjà rendu son dernier souffle.

Pour commémorer cet événement, les chrétiens suivent un chemin de Croix, véritable acte dévotionnel, en quatorze stations lors du Vendredi saint chaque année. Il s’agit du seul jour de l’année où il n’y a pas de consécration [moment où les hosties deviennent le corps du Christ par les paroles du prêtre, NLDR].

Le corps de Jésus est finalement mis au tombeau dans l’après-midi du vendredi, soit la veille du Sabbat. Les récits s’interrompent jusqu’à la découverte de la sépulture vide par des femmes qui préviennent immédiatement les disciples, au lendemain du Sabbat. Ensemble, ils retrouvent le suaire posé sur une pierre, racontent les Évangiles. C’est à ce moment-là que naît le christianisme. «Si l’on en croit les récits, il se passe donc quelque chose dans la nuit du samedi à ce qui va devenir notre dimanche : la Résurrection. C’est ce qui est fêté par les chrétiens lors de la Vigile pascale, avec des cierges», détaille Jean-Marie Salamito, qui résume : «C’est la lumière dans les ténèbres, la vie qui triomphe sur la mort».

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