C dans l’air du 29 mars 2024 : le sommaire
⬛ Dette : qui va payer ?
Les perspectives économiques se détériorent, avec des nouvelles alarmantes sur le front financier. Après l’annonce d’un déficit de 5,5% pour l’année 2023, l’agence de notation Moody’s doute fortement que la France puisse atteindre son objectif de réduction du déficit d’ici 2027. La question se pose alors de qui va supporter les conséquences de cette situation. Une option envisagée est de recourir à des réformes de l’assurance chômage pour colmater les brèches dans les finances de l’État. Gabriel Attal a ainsi confirmé lors du journal télévisé de TF1 son intention de mener une nouvelle réforme de l’assurance chômage d’ici à l’automne, face au déficit confirmé par l’Insee à hauteur de 5,5 % du PIB en 2023.
Trois options sont actuellement à l’étude : réduire la période d’indemnisation, qui est actuellement de dix-huit mois, revoir les critères d’éligibilité pour l’indemnisation et baisser le niveau des allocations. Cela marquerait ainsi la troisième réforme de ce type depuis 2019, le gouvernement s’accrochant à son engagement de ne pas augmenter les impôts des classes moyennes.
Cependant, les syndicats des travailleurs se montrent farouchement opposés à toute diminution supplémentaire des allocations chômage. Denis Gravouil, membre du bureau confédéral de la CGT, affirme dans Le Monde qu’ils refusent catégoriquement toute réduction des indemnités chômage.
Pendant ce temps, le débat sur les profits exceptionnels des grandes entreprises reste vif. Bien que Gabriel Attal ait déclaré n’avoir « jamais eu de dogme sur le sujet », les entreprises comme Total rejettent l’idée d’une taxation supplémentaire, arguant que leurs profits sont réinvestis à l’étranger.
L’assurance chômage s’annonce donc comme un sujet de débat brûlant jusqu’à l’automne. Le Premier ministre souligne l’importance d’augmenter le nombre de personnes travaillant pour générer des recettes supplémentaires pour l’État. Les seniors sont particulièrement concernés, ayant déjà vu leur période d’indemnisation réduite de 36 à 27 mois en février dernier. Avec 1,5 million de demandeurs d’emploi âgés de plus de 50 ans en 2022, soit un quart des inscrits à Pôle emploi, leur réintégration sur le marché du travail est entravée par des perceptions de coût élevé pour les employeurs et une moindre flexibilité par rapport aux jeunes.
En parallèle, les collectivités locales risquent également d’être sollicitées pour participer à l’effort de redressement budgétaire. Après un premier plan d’économies de 10 milliards d’euros sur les dépenses de l’État, elles pourraient être de nouveau sollicitées. Face à cette perspective, des voix s’élèvent pour remettre en question la nécessité d’une telle contribution, argumentant que la dette des collectivités ne représente qu’une fraction de la dette publique totale. Cependant, le gouvernement semble déterminé à impliquer les collectivités locales dans les discussions, prévoyant des rencontres avec les associations d’élus pour le 9 avril prochain.
Dans ce contexte, le gouvernement devra explorer des pistes d’économies alternatives, gérer les défis spécifiques posés par le chômage des seniors et trouver des moyens d’éviter les tensions avec les élus locaux tout en maintenant le cap sur la réduction du déficit.