La liturgie du Jeudi Saint
Le Jeudi Saint en fin d’après-midi a lieu la Messe « in cœna Domini ». Ce jour-là, il n’est permis de dire qu’une seule Messe par église ou chapelle et les prêtres qui n’auraient pas à la célébrer assisteraient et communieraient à cette unique, messe. C’est une manière pour l’Église de nous rappeler l’unicité du sacerdoce et l’unicité du sacrifice du Christ.
Ce rappel de l’institution du sacrement de l’Ordre et du sacrement de l’Eucharistie (deux sacrements intimement liés) se fait avec un certain apparat : la croix de l’autel est voilée de blanc, l’autel est orné de fleurs, on chante le Gloria qu’on n’avait pas entendu durant le Carême, l’orgue se fait entendre jusqu’au Gloria.
Le choix des lectures et la cérémonie du lavement des pieds nous rappellent l’héritage que Notre Seigneur nous a laissé. Dans l’Epître, 8. Paul, instruit par la Tradition, nous rappelle l’institution du sacerdoce (« Faites ceci en mémoire de moi ») et l’institution du sacrifice de l’Autel (« Ceci est mon corps, ceci est mon sang qui a été livré pour vous »).
Appelés à nous unir au Christ et à son sacrifice par la communion, nous sommes invités à le faire dans de bonnes dispositions. Aussi l’Église supprime-t-elle en ces jours le Confiteor avant la communion, estimant que l’avertissement de S. Paul contenu dans l’épître est suffisant.
L’Évangile et la cérémonie du lavement de pieds insistent sur le précepte de la charité, qui est le signe distinctif du chrétien, et sur la nécessité de l’humilité pour vivre de la charité. Seul celui qui reconnaît son néant peut espérer être rempli de grâce et de charité.
La cérémonie du Jeudi Saint se termine avec la procession solennelle au reposoir où les chrétiens fidèles accompagneront par la prière le Christ au jardin des oliviers, tandis que les autels (qui représentent le Christ) sont dépouillés comme notre Sauveur l’a été le Vendredi Saint.
La liturgie du Vendredi Saint
La liturgie du Vendredi Saint a conservé une forme très ancienne. Elle compte aujourd’hui quatre parties principales : les lectures, les grandes oraisons, l’adoration de la croix et la Communion.
L’Église fait débuter l’office du Vendredi Saint avec trois lectures :
- La première tirée du prophète Osée nous fait remarquer l’inutilité d’un retour à Dieu qui serait superficiel et sans lendemain. Nos efforts de Carême ne produiront de fruits salutaires que s’ils perdurent.
- La deuxième lecture, tirée de l’Exode, remet devant nos yeux la signification originelle de la Pâques. C’est au moment d’être libérés d’Égypte que les juifs immolèrent l’agneau pascal, qu’il consommèrent avant de se mettre en route, et dont ils badigeonnèrent le linteau des portes pour être protégés de l’ange exterminateur. L’application au chrétien, sur le point d’être libéré des chaînes du péché par le sacrifice du Christ et préservé de la mort éternelle, est facile.
- La troisième lecture est la Passion selon S. Jean.
Ceci étant fait, l’Église se met en prière. Les grandes oraisons du Vendredi Saint nous manifestent l’universalité du salut et les grandes intentions de l’Église. Qu’il s’agisse de sa hiérarchie ou du peuple chrétien, des catéchumènes ou des autorités politiques, des hérétiques ou des schismatiques, des juifs ou des païens, rien n’échappe à sa prière fervente en ce jour.
Le dévoilement de la croix et son adoration par le clergé et les fidèles mettent devant les yeux de tous la source de toute grâce et de tout salut : la croix du Sauveur. Malgré les infidélités des hommes (rappelées dans les Improprères), le Sauveur ne cesse de nous présenter sa croix comme l’instrument de notre salut.
Pour finir, l’Église nous offre la possibilité de communier, en ce jour où aucune Messe n’est célébrée. Le Jeudi Saint, Notre Seigneur avait offert par avance le sacrifice du Calvaire. La communion de Ce jour souligne ce lien entre la Messe, la communion et la mort du Christ.
La liturgie du Samedi Saint
La Vigile pascale commence par placer au milieu de l’église enténébrée le Christ ressuscité, symbolisé par le Cierge pascal. Béni en-dehors de l’église, le Cierge pascal est amené en grande solennité au milieu du chœur où il sera l’objet de nombreuses marques de vénérations (encensement, louanges dans l’Exsultet).
Afin de nous amener à entrevoir les rapports entre le Christ ressuscité et le baptisé, la liturgie remet devant nos yeux le dessein salvifique de Dieu, commencé avec Israël et continué aujourd’hui avec l’Église.
Voilà pourquoi les quatre lectures rappellent successivement :
- la création,
- la libération d’Égypte,
- l’appel à la sainteté
- les graves devoirs de celui qui est appelé à rentrer dans la Terre Promise.
L’application au baptisé est aisée : lui aussi a été recréé par la grâce sanctifiante, libéré de l’esclavage du péché, appelé à la sainteté et à l’accomplissement de ses devoirs comme enfants adoptifs de Dieu.
Suivent ensuite les rites de bénédiction de l’eau baptismale et de renouvellement des promesses de baptême, encadrés par le chant de la Litanie des saints. C’est par la fidélité à leur grâce baptismale que les saints sont entrés au Ciel.
La Vigile pascale se termine avec la Messe qui continue à mettre le Christ ressuscité, symbolisé par le Cierge pascal, à la première place. Nul besoin de luminaire pour accompagner le chant de l’Évangile : le Cierge pascal y pourvoit. Nul besoin de chanter l’Agnus Dei : l’Agneau de Dieu est parmi nous avec le Cierge pascal. Nul besoin de baiser de paix : le Christ ressuscité nous la donne par sa présence symbolique.
La Messe de la Vigile se termine avec le chant des Laudes qui remplacent l’antienne de Communion. En célébrant la Vigile pascale, le prêtre aura ainsi satisfait à la récitation des Matines et des Laudes. La Messe peut alors se conclure avec l’Ite missa est, alléluia, alléluia qui nous accompagnera durant toute l’Octave de Pâques.