vendredi 13 janvier 2023

LES 3 MOUSQUETAIRES

 




Sur France.tv, une version théâtrale débridée des “Trois Mousquetaires”


par Augustin Pietron-Locatelli


Depuis dix ans, la troupe 49 701 donne des représentations « tout-terrain » des Trois Mousquetaires… Cet ovni théâtral est désormais adapté pour le petit écran, en dix volets de vingt minutes chacun.

Depuis dix ans, la troupe 49 701 donne des représentations « tout-terrain » des Trois Mousquetaires… Cet ovni théâtral est désormais adapté pour le petit écran, en dix volets de vingt minutes chacun.

Photo Bernard Rouffignac

Le Collectif 49 701 adapte pour le petit écran sa pièce hors scène tirée des “Trois Mousquetaires”, d’Alexandre Dumas. Une série libre et désopilante, volontairement anachronique… mais pas si éloignée de l’esprit de l’œuvre originale.

Depuis dix ans, les 49 701, une troupe formée au Studio-Théâtre d’Asnières-sur-Seine, donnent des représentations « tout-terrain » des Trois Mousquetaires. Occupant « des gradins, des halls, des bars, des cours, des parvis, des parkings… », ils jouent le feuilleton romanesque d’Alexandre Dumas hors scène, au milieu du public. Un ovni théâtral découpé en six saisons, d’une durée de près de seize heures… Son adaptation en série pour le petit écran s’est donc faite naturellement : dix volets de vingt minutes chacun ont été tournés au château de Hautefort, en Dordogne, investi jusque dans ses moindres recoins. Le parvis, les combles et quelques sites alentour figurent les lieux de l’intrigue, du Louvre à Londres.

Le « bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe » de d’Artagnan devient dans la série une Mobylette jaune mimosa .

Le « bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe » de d’Artagnan devient dans la série une Mobylette jaune mimosa .

Bernard Rouffignac

Comme dans l’incipit du roman, on suit d’Artagnan qui débarque à Paris pour rejoindre les mousquetaires de monsieur de Tréville, un vieil ami de son père. Dès le premier épisode, la série affiche le désopilant usage qu’elle fera des anachronismes. La monture « si remarquable, qu’elle fut remarquée » du jeune homme, encore décrite par Alexandre Dumas comme « un bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe, sans crins à la queue, mais non pas sans javarts aux jambes » devient ainsi… une Mobylette jaune mimosa. Qui sera vendue pour 3 écus, « soit 44 euros environ », précise le Gascon.

Les voitures d’aujourd’hui se frayent, elles aussi, un chemin dans le cadre, mais restent des canassons dans le texte – « Votre cheval est tout appareillé sur le parking, sire ! » La garde royale arbore les fringants uniformes de la police nationale du XIXᵉ siècle, à peine retouchés. Loubards vêtus de cuir plutôt que de casaques à col en dentelle, Athos, Porthos et Aramis pourraient, eux, passer pour des cow-boys contemporains. Tandis que les habitants du quartier, qui n’en peuvent plus des bisbilles entre mousquetaires, dénoncent, façon Gilets jaunes, les débordements des élites. Tous sont servis par des dialogues truffés de saillies modernes ou de références à notre époque. Une parodie d’Apostrophes, renommée « Circonflex », met même parfois l’intrigue sur pause, le temps de débattre de l’incapacité de Dumas à écrire des personnages féminins.

La série adaptée des représentations du collectif 49 701 a été tournée en Dordogne, au château de Hautefort.

La série adaptée des représentations du collectif 49 701 a été tournée en Dordogne, au château de Hautefort.

Bernard Rouffignac

Les acteurs impressionnent. Qu’ils déclament le texte de Dumas à la virgule près ou brisent le quatrième mur en s’adressant directement au spectateur, ils sont parfaits. Plusieurs d’entre eux, comme Guillaume Pottier (aperçu dans Les Survivants, de Guillaume Renusson) ou Éléonore Arnaud, endossent même plusieurs rôles. Et quand la troupe est réunie à l’écran au début de chaque épisode, c’est pour chanter le générique de la série, avant de passer le relais aux narrateurs qui vont et viennent dans le cadre… Tout ce petit monde s’agite en mode cartoon, court dans tous les sens, mais en conservant une maîtrise absolue du texte. On se prend au jeu, embarqués par ce joyeux bazar, admirable et finalement pas si iconoclaste que ça.

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