vendredi 13 janvier 2023

FORT-DE-FRANCE

 

La fièvre du carnaval s'empare de Foyal

K.S.-L.-A.
De nombreux temps forts, sur plusieurs semaines, vont rythmer cette édition 2023 du carnaval.
De nombreux temps forts, sur plusieurs semaines, vont rythmer cette édition 2023 du carnaval. • JMM

Le coup d'envoi des festivités carnavalesques à Fort-de-France sera donné, ce dimanche, à 15 heures avec la Foyal parade. Les organisateurs ont choisi de placer cette édition 2023 du carnaval sous le signe des « quatre éléments » : l'eau, la terre, l'air, le feu.

La 118e édition du carnaval de Fort-de-France s'annonce éclatante. Pour ces retrouvailles avec Vaval, les éléments indispensables à la vie seront à l'honneur. L'air, l'eau, la terre et le feu vont inspirer les manifestations programmées dans le cadre de ce nouvel opus. « Ces quatre éléments qui constituent la matière de toutes les créatures dans l'univers, aussi bien dans le monde visible qu'invisible, sont autant d'arguments qui peuvent nous aider à développer notre créativité et notre imaginaire pour le carnaval 2023 », soulignent les organisateurs. « D'imagination en réalisation, d'inspiration en création », l'eau, la terre, l'air, le feu « matérialisent notre existence et façonnent notre carnaval », ajoutent-ils.

Pour cette nouvelle édition, une riche programmation a été établie avec de très nombreux temps forts : parades, show des orchestres de rue, rencontres thématiques, élection de la reine, carnaval des quartiers, Bwadjak show et, bien sûr, les vidés des jours gras. Ce carnaval 2023  sera aussi marqué par les 50 ans du groupe Tanbou Bò Kannal.

mercredi 11 janvier 2023

NAPOLÉON III

 RAMENER LES CENDRES À LA MAISON • Dernier monarque français, homme du coup d'État de 1951 et premier président de la République, Napoléon III est mort il y a tout juste 150 ans. À cette occasion, le député RN Jean-Philippe Tanguy a déposé hier une proposition de résolution pour obtenir le rapatriement en France des cendres de ce «personnage vulgaire, puéril, théâtral et vain», comme le dépeignait Victor Hugo. «Responsable de la ruine, de l'invasion et du démembrement de la France», selon l'Assemblée nationale qui l'avait déchu à l'issue de la débâcle de 1870, Napoléon III est mort en Angleterre et c'est là-bas, dans la perfide Albion, qu'il repose. Cette demande formulée par Tanguy «se justifie par plus d’un demi-siècle d’historiographie pour dépasser la "légende noire" du Second Empire pour établir un bilan objectif de cette période, sans diabolisation ni idéalisation. Son seul objectif est de ramener les cendres d’un homme, d’une femme et de leur enfant qui ont servi la France et les Français», peut-on lire dans un communiqué publié hier. Le député mariniste a également écrit à Macron en ce sens.

L'empereur Napoléon III, mort en exil en Angleterre en 1873, est inhumé, aux côtés de son épouse, l'impératrice Eugénie et de leur fils unique, le prince impérial Louis-Napoléon dans la chapelle de l'abbaye Saint-Michel à Farnborough dans le nord-est du Hampshire en Angleterre. Honnie sous la IIIe République, l'image de l'Empereur a évolué en France et depuis la fin du xxe siècle différentes personnalités politiques ont demandé le rapatriement de sa dépouille en France, demandes dont les médias se sont parfois fait l'écho mais sans que celles-ci n'aient jamais eu l'approbation des descendants de la famille impériale, ni aient été portées ou soutenues par l'État français.

Sarcophage de Napoléon III dans la crypte de la chapelle de l'abbaye Saint-Michel à Farnborough




mardi 10 janvier 2023

Louis XVI et Marie-Antoinette

 

A Versailles, les potagers dans les choux, l’Elysée dans le coup ?

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Utilisés depuis des années par les employés du château, les jardins mis à leur disposition devraient être déplacés. En colère, de nombreux salariés mettent en cause des pressions du couple Macron, qui séjourne régulièrement à proximité.
par Thierry Gadault
publié le 20 décembre 2022 à 7h18

Le site s’appelle la Sablière. Un coin discret au sud du Grand Canal, dans l’immense parc du château de Versailles. Cette parcelle longe le mur d’enceinte qui borde la rue de la division Leclerc, loin des allées empruntées par les touristes. Une haie bien entretenue, deux barrières en bois et, derrière, un petit paradis réservé aux agents qui travaillent au château et qui, pour certains, habitent dans des dépendances. Depuis des décennies, la Sablière est dévolue aux jardins familiaux mis à la disposition des salariés. Des dizaines de terrains ont ainsi été transformés en potagers, des cabanes, parfois faites de bric et de broc, y ont été installées. Dès les premiers jours du printemps, les employés viennent y cultiver leurs légumes, tomates, plantes aromatiques… Et profiter des beaux jours pour organiser des barbecues avec famille et amis.

Ces jours heureux sont terminés. Fin novembre, les salariés ont appris, par des indiscrétions d’agents du domaine, que leurs jardins allaient être détruits. Sans raison officielle. «On a contacté la direction des ressources humaines qui a affirmé n’être pas au courant», dit l’un d’eux, selon qui deux explications officieuses circulent au sein du personnel : «Certains disent que c’est à cause des épreuves équestres des JO de Paris qui doivent être organisées dans le parc du château.» Mais ces compétitions auront lieu tout au bout du Grand Canal, loin des potagers.

Pour d’autres, la véritable explication serait à aller chercher du côté de l’Elysée. «Les allées et venues du personnel dérangeraient la tranquillité du couple présidentiel quand il vient à la Lanterne», indique notre source. La Lanterne est un ancien pavillon de chasse au sein du domaine devenu une résidence de la République mise à disposition du Premier ministre puis du Président depuis Nicolas Sarkozy. Il côtoie en effet les potagers, et sa porte d’accès direct sur le parc du château donne sur une voie utilisée par les agents pour se rendre sur leurs parcelles.

Interrogée par Libération, la direction du château se contente d’indiquer qu’«à l’initiative du service des jardins de Trianon, les potagers individuels, situés sur la parcelle de la Sablière, vont faire l’objet d’une requalification paysagère». De son côté, la présidence de la République n’a pas répondu à nos questions. Contacté, Alain Baraton, le jardinier en chef du domaine, dément tout lien entre le déménagement des jardins familiaux et la Lanterne. Selon lui, l’espace occupé actuellement par les potagers est difficile d’accès, obligeant les agents à ­traverser le parc en voiture pour s’y rendre. Certains jardins seraient aussi selon lui en déshérence. Il assure que le nouvel espace dévolu aux jardins des agents du château, proche du Trianon Palace et de la porte de la reine, sera plus facilement accessible, mieux adapté et plus sécurisé. Les demandes auraient déjà ­afflué.

Nul ne croit à cette explication : «Alain Baraton a subi des pressions de l’Elysée», affirme un employé. «Nous sommes tous mécontents, ajoute un agent qui dispose d’un potager. D’ailleurs, nous ne sommes pas autorisés à traverser le parc en voiture depuis plusieurs années et nous disposons d’une entrée proche des potagers qui donne directement sur la rue de la division Leclerc. Mais cette entrée est à quelques mètres de la Lanterne…» De plus, selon nos informations, rien n’est pour le moment prévu pour déménager les installations que les personnels ont construites sur leurs terrains : cabanes de jardin, poulailler, serres… Tout serait promis à la destruction.

Surnommés Louis XVI et Marie-Antoinette

Pour les agents que nous avons interrogés, il ne fait guère de doute que sur ce dossier comme sur d’autres, Catherine Pégard, l’actuelle présidente de l’établissement public du château de Versailles, se montrerait très accommodante avec le couple présidentiel. «Les Macron ont beaucoup fréquenté le château durant le premier confinement entre mars et mai 2020 et ils ont manifestement pris goût à la vie de château», s’amuse un employé. Au point d’avoir passé à Versailles la nuit de la victoire à la présidentielle de 2022. Cette source ajoute que certains de ses collègues les ont surnommés Louis XVI et Marie-Antoinette…. «C’est surtout vrai depuis qu’ils ont pris l’habitude de faire des soirées dans le Hameau de la reine dès que les beaux jours arrivent», précise cet agent. Le Hameau de la reine a été bâti au début des années 1780 à la demande de Marie-Antoinette qui y passait beaucoup de temps pour jouer à la bergère… Interrogée pour savoir dans quel cadre ces soirées étaient organisées, la direction du château affirme que «jamais le président de la République n’a organisé d’événements privés au château de Versailles».

Mais les services rendus par Catherine Pégard au couple présidentiel expliqueraient pourquoi cette ancienne journaliste politique et conseillère de Nicolas Sarkozy lorsqu’il était président serait toujours en poste, alors qu’elle a dépassé l’âge limite en mars 2021 et que son troisième et dernier mandat s’est officiellement terminé le 1er octobre 2022. «Lors de la réunion d’un comité mixte au ministère de la Culture, un conseiller de la ministre a indiqué que la décision de la maintenir en poste dépendait de l’Elysée, raconte un syndicaliste. Lors d’une réunion suivante au château, Catherine Pégard nous a dit qu’elle resterait en poste tant qu’on aurait besoin d’elle.»

Ce «on» fait-il référence à l’Elysée et donc à Emmanuel Macron ? Pas de réponse de la part de l’établissement public qui se contente d’indiquer que «Catherine Pégard poursuit sa mission au château de Versailles et assume son propre intérim». Problème, un décret aurait dû être pris pour «légaliser» cet intérim qui dure (Catherine Pégard n’est pas fonctionnaire mais contractuelle), ce qui n’a pas été le cas. En son absence, la présidente de l’établissement public, qui serait donc toujours rémunérée hors de tout cadre légal, pourrait être inquiétée par la justice, estime Elise Van Beneden, la présidente de l’association Anticor. Au château, une autre rumeur circule : Catherine Pégard aurait eu l’assurance de rester en poste jusqu’à la tenue des Jeux olympiques de 2024. De quoi refroidir l’ardeur des nombreux candidats qui ont rêvé de sa succession.

Finances fragilisées

En attendant, l’incertitude sur le remplacement de la présidente plombe l’atmosphère alors que les relations sociales se tendent. Depuis des mois, les agents, notamment ceux affectés à l’accueil et à la surveillance des salles, se plaignent de leurs conditions de travail. Au point de laisser planer une menace de grève entre le 24 décembre et le 1er janvier.

Pour le moment, les deux parties tentent de déminer les discussions en cours. «Nous sommes pour l’instant dans une période de dialogue sur les conditions de travail», explique Damien Bodereau, le responsable du syndicat Schadov CGT (section du château et du domaine de Versailles). «Le dialogue social est permanent, avec des discussions fréquentes tout au long de l’année sur les différentes revendications. Nous essayons d’y répondre point par point», répond l’établissement public qui affirme ne pas être au courant d’un possible mouvement de grève durant les derniers jours de l’année.

Les deux parties savent que les agents sont excédés. «Pour éviter une grève, l’administrateur général a déjà accordé à tous les agents titulaires qui le demandaient des jours de congé pour les deux week-ends de fête, ce qui est inhabituel», raconte un agent. Une décision lourde, en raison des nécessaires embauches supplémentaires de personnels vacataires pour compenser les absences, pour un établissement dont les finances, durement fragilisées par la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19, demeurent toujours précaires. En 2019, avant donc l’explosion de la pandémie, le château de Versailles flirtait avec l’équilibre financier, malgré plus de 8 millions de visiteurs payants. L’année suivante, le nombre de visiteurs s’est effondré à 2 millions. Guère mieux en 2021 avec seulement 2,5 millions de touristes.

Conséquence logique, les pertes de l’établissement public ont explosé : un déficit budgétaire de 31 millions d’euros en 2020, puis un trou de plus de 100 millions d’euros l’année suivante. Le tout compensé par le versement d’une aide publique d’urgence de 116 millions d’euros en 2021. L’année 2022 semble, elle, enregistrer une nette reprise de la fréquentation du château : selon les propos tenus par Catherine Pégard dans une interview au Monde en avril, le nombre de touristes pourrait atteindre les 4 millions en fin d’année. Si Versailles devait fermer ses portes entre le 24 et le 31 décembre, le coup serait donc rude et remettrait en cause ce début de redressement financier.

Management autoritaire

Non seulement les agents dénoncent l’organisation du service d’accueil et de surveillance des salles, mais ils se plaignent aussi de l’absence quasi-totale d’évolution professionnelle au sein de l’institution et d’un management trop souvent autoritaire et maltraitant. Des agents affirment ainsi que de nombreux collègues sont en souffrance. Nombre d’entre eux pointent du doigt la responsabilité de Laurent Brunner, le directeur de la filiale Château de Versailles spectacles qui organise notamment les spectacles musicaux ou les grandes eaux, vu comme le véritable patron de l’établissement public. «Non seulement il décide des heures d’ouverture et de fermeture des salles en fonction de ses propres besoins, mais c’est un homme grossier qui parle mal à tout le monde», dénonce un agent. Selon cette source, plus personne au sein du château ne souhaite travailler avec lui. «Il insulte en public les hôtesses d’accueil et le personnel du château», ajoute un autre salarié. Contacté, Laurent Brunner ne nous a pas répondu.

Si aucun préavis de grève n’a pour le moment été déposé, les réunions de négociations entre la CGT et la direction n’ont, pour le moment, débouché sur aucune décision. L’affaire de la destruction des jardins alimentant la colère sociale, le château entre dans une période de turbulences qui pourrait gâcher la tranquillité du couple présidentiel. Peut-être le plus gros risque que doit maintenant affronter Catherine Pégard.

LE COIN DES CURIOSITÉS

 

David Bowie

 


Le 10 janvier 2016, le chanteur s'éteignait après s'être battu pendant dix-huit mois contre un cancer. Pour lui rendre hommage, le Dublin Bowie Festival se tient jusqu'au 15 janvier et l'album Aladdin Sane sera proposé en édition limitée vinyle le 13 avril.
 

lundi 9 janvier 2023

9 JANVIER 1873

 

L'exil et la mort de Napoléon III, empereur déchu

Napoléon III sur son lit de mort, photographie de William et Daniel Downey, 1873 - source : WikiCommons
 

Suite à la défaite de 1870 et à la proclamation de la République, le souverain déchu s'exile à Chislehurst, en Angleterre. Tenu pour responsable de l'échec de Sedan, il espère pourtant un retour au pouvoir. Mais la maladie l'emportera le 9 janvier 1873.

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mardi 3 janvier 2023

«2023, une espérance pour la France »

 «2023, une espérance pour la France »

 
Alexis Brézet. Le Figaro
 

Si l'on ajoute à cela le grand ébranlement des repères anthropologiques qui depuis des siècles structuraient notre existence - la famille, la filiation, la complémentarité des sexes… - et qui semblent désormais vaciller sous les assauts de cette offensive wokiste venue d'outre-Atlantique qui prétend changer nos façons d'écrire et de parler, mais aussi de vivre et d'aimer, on aura le tableau presque complet de ce que Jacques Julliard, trouvant une fois de plus le mot juste, nommait récemment dans les colonnes du Figaro, sans crainte d'encourir les foudres des Pangloss du progressisme, le « déclin français ».

De ce déclin, il serait aussi absurde qu'injuste de faire d'Emmanuel Macron l'unique – ou même le principal – responsable. Le grand déclassement dont nous voyons aujourd'hui les stigmates n'a pas attendu l'avènement du président pour commencer : le plus souvent, les maux qui nous accablent plongent leurs racines dans un lointain passé. On ne saurait comprendre la débâcle de la SNCF sans remonter à l'après-guerre et à la mainmise des communistes et de la CGT sur la société publique. La dégringolade de l'Éducation nationale se joue dans la foulée de Mai 68, quand une poignée de syndicalistes drapés dans leur idéologie égalitaire imposent leur loi à une droite déjà prête à courber l'échine. Le naufrage des retraites est programmé en 1982 quand François Mitterrand passe de 65 à 60 ans : quarante ans après, nous n'avons toujours pas remonté la pente, et il est douteux que cela soit le cas cette année. Le drame de l'hôpital et de la médecine de ville se noue au tournant des années 1990, quand, plutôt que de présenter aux usagers la facture d'un système évidemment coûteux, on a préféré le passer sous la toise d'une culture dite « managériale », en fait essentiellement bureaucratique…

Etc., etc. On pourrait continuer longtemps : il faut lire, d'ailleurs, le deuxième tome de la remarquable Histoire intime de la Ve République, de Franz-Olivier Giesbert (Gallimard), pour mesurer combien durant cette « Belle époque », qui ne l'était finalement pas tant que cela, « tous les germes étaient à l'œuvre, à bas bruit, d'un délitement qu'on voyait venir sans oser l'avouer ».

Mais voilà, aujourd'hui, c'est Emmanuel Macron qui est « en responsabilité » (comme on dit maintenant, pour ne pas dire « au pouvoir » - peut-être parce qu'on n'ose plus l'exercer), et c'est à lui que revient le fardeau. Comme tous les autres depuis 1974, il a creusé avec les meilleures raisons du monde le gouffre de la dette (allégrement, il est vrai), mais, parce qu'elle atteint les 3 000 milliards au moment où les taux d'intérêt commencent à monter, c'est aujourd'hui qu'elle n'est plus supportable. Comme tous les autres depuis à peu près la même époque, il a alimenté la machine folle de l'immigration sans contrôle, mais, parce que même le ministre de l'Intérieur doit faire le lien avec l'augmentation de la délinquance, c'est aujourd'hui qu'elle n'est plus (ou très mal) supportée.

Ironie de l'Histoire : voyageur sans bagages, venu de nulle part, héritier de personne, Emmanuel Macron imaginait être à lui seul sa propre cause ; le voici condamné à être l'homme des conséquences. On conçoit qu'il en éprouve parfois un peu de découragement.

Depuis sa drôle de victoire, depuis cette étrange soirée du Champ-de-Mars sans joie ni élan, le chef de l'État, dont un inoxydable optimisme était jusqu'ici la marque de fabrique, semble en effet traverser une phase d'incertitude et d'hésitation. Le brillant communicant, le tacticien habile, cherche refuge dans la diplomatie et paraît moins à son affaire sur la scène intérieure. Comme si une étrange malédiction l'avait frappé au soir de sa réélection, comme si un ressort, en se brisant, avait soudain bridé son naturel, émoussé ses réflexes et son imagination…

Et s'il n'y avait que lui ! Par un curieux effet miroir, les Français donnent le sentiment de partager ce moment de déprime. Plus résignés que révoltés, loin des emportements qui furent les leurs au temps des « gilets jaunes », ils subissent sans mot dire les grèves, les coupures et les ratages en tous genres ; ils encaissent sans barguigner les chèques qui leurs sont distribués au nom du « quoi qu'il en coûte » ; et, pour le reste, se désintéressent chaque jour davantage d'un jeu politique dont ils ne semblent plus rien attendre, ni pour eux-mêmes ni pour le pays. La fracture civique qui se creuse est pour l'heure comme un trou noir où disparaît jusqu'à la colère, mais il y a dans ce vide qui gagne, dans ce découragement qui s'installe, dans cet « à quoi bon » généralisé, quelque chose, pour l'avenir, de profondément inquiétant.

Bien sûr, la situation économique est difficile. Bien sûr, il y a l'inflation. Bien sûr, la tenaille budgétaire se referme. Bien sûr, la France n'a jamais été facile à réformer. Bien sûr, l'absence de majorité absolue à l'Assemblée ne facilite pas les choses. Mais rien ne serait pire qu'un pays qui baisse les bras, qu'une nation qui abandonne, qu'un peuple qui cède au démon de l'acédie.

Non, tout n'est pas une question de moyens financiers ! L'école, par exemple. Depuis 2013 la Cour des comptes le martèle : « L'Éducation nationale ne souffre pas d'un manque de moyens, mais d'une utilisation défaillante des moyens existants. » Même en matière migratoire, où Dieu sait pourtant que les règles européennes sont contraignantes, la France n'est pas davantage réduite à l'impuissance ! « La Constitution se révise, un traité se renégocie », rappelait dans les colonnes du Figaro l'ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel Jean-Éric Schoettl, partisan d'inscrire dans notre Loi fondamentale une possibilité parlementaire de « passer outre » les jurisprudences paralysantes du droit européen. Dans ces domaines-là, comme dans bien d'autres, il est encore possible de remettre les choses à l'endroit.

Cela suppose tout d'abord de ne pas donner dans tous les panneaux : ce n'est pas en luttant contre les « inégalités de genre » à l'école maternelle que l'on relèvera l'école, ni en camouflant un nouveau train de régularisations derrière un titre de séjour pour les métiers en tension que l'on reprendra le contrôle de l'immigration. Ce n'est pas non plus en inventant une énième réforme institutionnelle, ni en découvrant qu'il serait urgent de légaliser l'euthanasie, que l'on fera reculer si peu que ce soit les problèmes du pays. Ces manœuvres de diversion ont trop servi.

Cela suppose évidemment d'avoir le courage d'aller au bout des réformes nécessaires, sans biaiser ni finasser. Il y a un génie français pour édifier des cathédrales législatives et ensuite consentir à des exceptions, distribuer des compensations, prodiguer des consolations, tant et si bien qu'à la fin il ne reste quasiment plus rien de l'ambition initiale ni des économies envisagées ! Nous verrons si la réforme des retraites, évidemment indispensable, saura y échapper.

Cela suppose surtout de s'appuyer sur les forces vives, de galvaniser les énergies – elles existent, en dehors des forces politiques (de ce point de vue, l'intuition d'Emmanuel Macron n'était pas fausse ; il a simplement échoué à la concrétiser) - qui font passer le destin de la France avant les querelles de boutique et les intérêts particuliers.

Car, oui, il y a en France une élite invisible : des enseignants dévoués corps et âme à l'instruction des enfants ; des soignants qui s'épuisent jour et nuit au chevet de leurs patients ; des chefs d'entreprise et des salariés qui sacrifient tout pour produire, exporter, conquérir des parts de marché ; des policiers qui se mettent en danger pour protéger leurs concitoyens ; des militaires qui risquent leur vie pour leur pays. Il y a des hommes et des femmes - gageons qu'ils sont une majorité ! - qui récusent la folie déconstructrice, qui considèrent que la France n'a pas vocation à se dissoudre dans un magma sans âme, que notre civilisation mérite d'être défendue, notre territoire protégé. Si l'on veut que ceux-là se mobilisent, peut-être faudrait-il commencer par leur parler !

Cette exigence patriotique, au sens le plus noble du terme, c'est celle que Serge Dassault a inlassablement martelée dans ces colonnes. C'est celle qu'Olivier Dassault a proclamée ici même après lui. Contre les vents du doute et du découragement, Le Figaro continuera de la revendiquer. Plus que jamais nous avons foi en la France. Plus que jamais nous nourrissons pour notre pays de hautes espérances.

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