mardi 20 décembre 2022

Poème sur la 7ᵉ

"Poème sur la 7ème" de Johnny Hallyday, une des premières chansons qui parle d'écologie...


" Qui a couru sur cette plage ? 
Elle a dû être belle. 
Est-ce que son sable était blanc ? 
Est-ce qu’il y avait des fleurs jaunes. 
Dans le creux de chaque dune ? 
J’aurais bien aimé toucher du sable. 
Une seule fois entre mes doigts. 

Qui a nagé dans cette rivière ? 
Vous prétendez qu’elle était fraîche. 
Et descendait de la montagne ? 
J’aurais bien aimé plonger mon corps. 
Une seule fois dans la rivière. "

 " Qui a marché dans ce chemin ? 
Vous dites qu’il menait à une maison. 
Et qu’il y avait des enfants 
qui jouaient autour. " 

  " Dites, ne me racontez pas d’histoires. Montrez-moides photos pour voir
Si tout cela a existé. 
Vous m’affirmez qu’il y avait du sable. 
Et de l’herbe, et des fleurs, et de l’eau. 
Et des pierres, et des arbres, et des oiseaux ? Vous êtes sûrs que la photo n’est pas truquée ? 
Vous pouvez m’assurer que cela a vraiment existé ? "  



Poème sur la 7ème " parce que Johnny récite son texte sur le 2ème mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven :


" Poème sur la 7ème " de Johnny Hallyday, une curiosité carrément oubliée du répertoire de Johnny Hallyday. Une chose étrange qui date de 1970 et qui n’est pas vraiment une chanson puisque c’est un poème déclamé par Johnny. Et pourquoi sur la 7ème ? On pourrait croire qu’il récite sur la 7ème Avenue à New York… Mais non ! Cette chanson s’intitule " Poème sur la 7ème " parce que Johnny récite son texte sur le 2ème mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven :

Beethoven - 7th Symphony - 2nd movement

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On n’est pas loin de la marche funèbre. Et pour cause : c’est dans l’ambiance du texte… Le texte de " Poème sur la 7ème " est signé par le journaliste et romancier Philippe Labro qui, en 1970, place Johnny à l’avant-garde pop – avant le rap, avant le slam, avant Fauve… Certains diront à l’avant-plan du rire involontaire, puisque l’interprétation, c’est quelque chose – et même s’il est débile de continuer de rire de quelqu’un dont le simple fait d’attirer autant de rire finit par provoquer de l’affection…

 

Que nous dit ce fameux poème ? Il nous dit l’effroi d’un jeune homme qui s’étonne du paysage :

 

" Qui a couru sur cette plage ? Elle a dû être belle. Est-ce que son sable était blanc ? Est-ce qu’il y avait des fleurs jaunes. Dans le creux de chaque dune ? J’aurais bien aimé toucher du sable. Une seule fois entre mes doigts. Qui a nagé dans cette rivière ? Vous prétendez qu’elle était fraîche. Et descendait de la montagne ? J’aurais bien aimé plonger mon corps. Une seule fois dans la rivière. "

 

Avec ce texte, Johnny accepte de prendre un gros risque, qu’il continue de payer aujourd’hui. Mine de rien, il invente la chanson française de science-fiction… La scène montre un jeune homme qui, entre colère et stupéfaction, pose des questions : qui a couru ? qui a nagé ? et qui décrit un monde qui n’existe plus… Plus loin : " Qui a marché dans ce chemin ? Vous dites qu’il menait à une maison. Et qu’il y avait des enfants qui jouaient autour. " Visiblement, le jeune garçon découvre le décor et ne peut pas croire qu’il a pu être dessiné autrement… Pour s’en assurer, il dit : " Dites, ne me racontez pas d’histoires. Montrez-moi des photos pour voir. Si tout cela a existé. Vous m’affirmez qu’il y avait du sable. Et de l’herbe, et des fleurs, et de l’eau. Et des pierres, et des arbres, et des oiseaux ? Vous êtes sûrs que la photo n’est pas truquée ? Vous pouvez m’assurer que cela a vraiment existé ? "  

 

Ce qui est intéressant dans ce texte c’est la question " Qui ? " Plus il demande " qui a fait quoi ?", plus on comprend " qui a fait ça ? "

Le texte décrit un passé récent – et c’est la destruction d’Hiroshima par la bombe atomique lancée par un bombardier qui a été chantée par Orchestral Manœuvres In The Dark en 1980 :

Orchestral Manoeuvres In The Dark - Enola Gay

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Enola Gay, c’était le nom du bombardier américain qui a lâché la bombe sur Hiroshima le 6 août 1945. Et entre 1945 et 1970, il n’y a que 25 ans !  

 

" Poème sur la 7ème " parle donc du passé, mais aussi du futur… C’est une chanson qui a eu un flair du diable puisque c’est une des premières chansons qui parle d’écologie et de la possibilité d’une destruction de l’écosystème par la main de l’homme. Avec une langue et un vocabulaire un peu naïfs… Le texte a été écrit en 1969 et il dit des choses que nous pensons encore aujourd’hui : la peur de la défiguration de la nature, la peur de la disparition des choses, la peur d’une guerre nucléaire, la peur d’un monde post-apocalyptique…  Le tout sur cette musique de Beethoven un peu craignos…

TINTIN ET L'OPÉRA

 

Saviez-vous que le plus grand succès de Hergé regorge de références à l’opéra ?

Aïe aïe aïe… Si je vous dis Tintin et musique, il y a de fortes chances que vous pensiez à elle. Bianca Castafiore, la cantatrice loufoque et amoureuse du Capitaine Haddock dans l’album Les Bijoux de la Castafiore sorti en 1961. Une histoire qui naît d’un souvenir d’enfance de Hergé qui était terrorisé par les vocalises de la fille d’amis de ses parents. C’est aussi dans cet album adapté en dessin animé en 1991 que la Castafiore massacre "L’air des bijoux" extrait du Faust de Charles Gounod !

Dans cet album, Hergé ne fait pas seulement référence au Faust de Gounod. Il donne au pianiste accompagnateur le nom d’Igor Wagner en référence probablement à Igor Stravinsky et Richard Wagner. Hergé fait dire au Capitaine Haddock que les inspecteurs Dupond et Dupont sont les carabiniers d’Offenbach. Une évocation de l’opéra bouffe Les brigands de Jacques Offenbach où l’on peut entendre ceci : "Nous sommes les carabiniers, la sécurité des foyers mais par un malheureux hasard nous arrivons toujours trop tard !"

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Comme les carabiniers de l’opéra bouffe d’Offenbach, les Dupont et Dupond ont la fâcheuse tendance à être inutile et à arriver toujours après la bataille ! Le capitaine Haddock utilise parfois des expressions fleuries où il est question d’instrument : « Tout ça ce sont des histoires à la graisse de trombone à coulisse » déclare t-il dans Tintin et les Picaros, "le yéti, boire du whisky, pourquoi pas jouer du cornet à piston" se demande t-il dans Tintin au Tibet. Et puis il y a ma préférée, que l’on peut lire dans Tintin Objectif lune : "Autant jouer du cornet à pistons devant la tour Eiffel en s’imaginant qu’elle va danser la samba ! " Le plus souvent, dans les bandes dessinées ou leurs adaptations télévisuelles, les allusions au classique dans les aventures de Tintin ne sont qu’anecdotiques. Il en est ainsi de "L’air du toréador" de Carmen siffloté par le gardien d’un musée bruxellois dans L’oreille cassée.

Mais parfois, Hergé va jusqu’à s’inspirer d’arguments d’opéras pour écrire les aventures de son héros. Les bijoux de la Castafiore sont inspirés de La Pie Voleuse de Rossini puisque dans les deux cas on apprend que le vol des bijoux est le larcin d’une pie ! D’ailleurs, devinez pourquoi la Castafiore quitte Moulinsart à la fin de l’épisode ? Pour interpréter la Gazza Ladra, la pie voleuse de Rossini bien sûr !

Cinq albums de Tintin sont à écouter en musique sur le site de France Culture. Les Cigares du PharaonLe Lotus bleuLes 7 Boules de cristal, Temple du soleil et Les bijoux de la Castafiore sont le fruit de la coopération entre France Culture, la Comédie Française, l'Orchestre national de France et Hergé-Moulinsart. Des aventures à se mettre sous l'oreille, pour enchanter petits et grands !

MAXXI Classique
4 min

lundi 19 décembre 2022

CHANSONS D'AMOUR


Du Calm Down de Rema au chant grave de Fontaines D.C. dans I Love You en passant par la Carmen de Gaëlle Arquez… Le top 10.



 “I Love You”, par Fontaines D.C.

Ce n’est pas une banale chanson d’amour de plus. Sur un tempo modéré, le chant grave de Grian Chatten, envoûtant et caressant pour commencer, se fait désespéré pour se muer en un torrent verbal aussi enragé que dépité, adressé à son Irlande qu’il ne reconnaît plus. Une flamme littéraire et romantique déclamée sur un éloquent rock binaire. Un modèle de tension, entre passion et désillusion. – Hugo Cassavetti



“Suffisamment”, par Zaho de Sagazan



Il suffit parfois de deux mots pour faire une belle chanson. Dans celle de la toute jeune Zaho de Sagazan, dont l’avenir suscite beaucoup d’espoir« passionnément » et « suffisamment » s’opposent avec la cruauté dont sont capables les sentiments. « Je t’aime, passionnément, tu m’aimes, suffisamment… pour que je reste », chante-t-elle de sa voix grave, sans afféterie, sur un orgue qui verse des larmes. On attend impatiemment la suite – Odile de Plas


“Picadors”, par Telefís



Sans qu’on l’ait su, et lui non plus peut-être, c’était l’adieu aux armes d’une grande voix irlandaise trop méconnue. Cathal Coughlan a voyagé depuis les années 80 avec Microdisney, Fatima Mansions puis en solo, avant de s’associer récemment avec le producteur et multi-instrumentiste Jacknife Lee. Leur duo, Telefís, a eu le temps d’enregistrer quelques merveilles, dont ce Picadors à vous briser le cœur, toutes les fureurs passées du grand Cathal contenues dans ce chant faussement serein, ce lyrisme épuré. – François Gorin

“Cold Front”, par Evgueni Galperine

Compositeur reconnu de bandes originales (Faute d’amour, d’Andreï Zviaguintsev, Grâce à Dieu, de François Ozon…), Evgueni Galperine n’avait pas encore publié d’album sous son seul nom. Si Theory of Becoming échappe à toutes les catégories, il n’en demeure pas moins un des gestes artistiques les plus impressionnants de 2022. Réalisé avec le concours du trompettiste prodige Sergueï Nakariakov, Cold Front s’apparente à une fresque pointilliste dont l’unité s’élabore lentement et où passe l’écho d’une spiritualité sans âge. – Louis-Julien Nicolaou

“Calm Down”, par Rema

Une chanson qui témoigne du triomphe planétaire des afrobeats, accordant le rap et la pop aux tempos africains. Sur Calm Down, l’accent anglais du jeune Rema n’est pas toujours facile à suivre. D’autant qu’il truffe ses textes de mots doux en edo, langue parlée principalement au Nigeria. Mais on comprend l’essentiel et cela ajoute à son charme entêtant : « Bébé, ton corps a mis mon cœur sous confinement / Bébé t’es délicieuse comme du Fanta. » Sucré et dansant. – Erwan Perron

“Halfway Out the Door”, par Romero

Des guitares tranchantes, entre power pop rétro et Strokes des débuts, une crooneuse aux mélodies brûlantes, mélange de Beyoncé et Debbie Harry… Les Australiens de Romero (à suivre) signent la chanson sentimentale la plus banalement obsédante de l’année. – Jean-Baptiste Roch

“Soul Plan”, par Naâman

Combien de fois a-t-on écouté cette ode à la coolitude, bijou de sensibilité rythmé par des claquements de doigts ? Naâman, prodige de la scène reggae française, qui se savait souffrant lors de l’enregistrement, y partage sa quiétude d’une voix apaisée sur le refrain et s’affirme volontaire sur le couplet avant que le Néo-calédonien Marcus Gad lui donne une tonique réplique. Quel plaisir de se laisser porter par cette basse ronde, ces cocottes de guitare et cette chaude mélodie qui nous rend zen ! – Frédéric Péguillan

“Mugogo !”, par Flexfab & Ziller

Mugogo !, en swahili, c’est le « roi », campé ici par Ziller Bas, jeune MC kenyan au flow accrocheur qui rappe dans une langue hybridée d’anglais, de swahili et de dialecte bantou local. C’est aussi le morceau-titre de l’album qu’il a enregistré chez lui, à Kilifi, avec le beatmaker suisse FlexFab pendant la pandémie. Porté par une vibe tueuse, il enjaille dans les rues de ce village côtier natal un bal poussière 2.0 aussi majestueux que fracassant, qui n’a pas fini de nous faire danser. – Anne Berthod

“Près des remparts de Séville” (séguedille), de Georges Bizet, par Gaëlle Arquez

Difficile d’imaginer une Carmen plus séduisante, plus impériale, plus stylée (et l’on ne parle ici que de son chant), que celle de Gaëlle Arquez. La soprano française vient de faire d’éblouissants débuts parisiens sur la scène de l’Opéra Bastille, dans la production de Calixto Bieito, qu’elle connaissait déjà pour l’avoir expérimentée au Teatro Real de Madrid. Air de conquête, sa séguedille est à tomber de beauté – le superbe Don José de Michael Spyres n’y résistera d’ailleurs pas longtemps. – Sophie Bourdais

“Selfish Soul”, par Sudan Archives

«  Si je me coupe les cheveux, repousseront-ils longs, si je me les lisse, m’aimera-t-on autant, comme les filles en Une des magazines ? ». À 28 ans, Brittney Sparks, alias Sudan Archives, mène une quête de reconnaissance viscérale. En témoigne ce tube vrombissant et manifeste d’affirmation capillaire. Sur son album, elle passe du chant au rap avec la grâce, naguère, d’une Erykah Badu. – Jean-Baptiste Roch



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