mercredi 29 octobre 2025

 

ONU : la France à la table des grands avec de Gaulle

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  • Le Général Charles De Gaulle (1890-1970) au Mans en 1944
Le Général Charles De Gaulle (1890-1970) au Mans en 1944 Hulton Deutsch / Corbis via Getty Images

Guillaume Perrault et ses invités reviennent dans « Parlez-moi d’histoire » (Le Figaro TV) sur un succès obtenu in extremis par le général de Gaulle entre 1944 et 1945.

Fin août 1944. Des murmures féconds bruissent dans les coulisses de Dumbarton Oaks. Propriété de l’université de Harvard, cette belle villa de Washington accueille une conférence interalliée censée jeter les fondations de ce qui deviendra les Nations unies. Les discussions semblent devoir s’étirer de longues semaines entre les délégations des États-Unis, de l’Union soviétique, du Royaume-Uni et de la Chine de Tchang Kaï-chek. La France, cependant, est absente. En Europe encore en partie occupée, le général de Gaulle s’apprête à célébrer la libération de la capitale. À cette date, ni Roosevelt ni Churchill - et encore moins Staline - ne reconnaissent le gouvernement provisoire de la République française. Il faut agir vite pour sauver la place de la patrie des droits de l’homme dans le concert des nations et reléguer aux oubliettes de l’histoire l’étrange défaite de juin 1940 et l’infamie de la collaboration. Réalisé par Philippe Saada (Israël, merci Moscou), ONU, la bataille de De Gaulle  braque ses projecteurs sur l’âpre travail de reconstruction diplomatique entamé par les libérateurs de la France, entre 1944 et 1945. Et il y avait fort à faire - à commencer par la poursuite et l’achèvement de la guerre. Alors que les Alliés minimisent la part du sang français versé au cours du conflit, de Gaulle tient à ce que la France reçoive sa part de gloire.

L’enjeu est de taille. La mise en place d’un Conseil de sécurité restreint au sein de l’ONU doit permettre au futur organisme international d’éviter l’incurie qui a fatalement paralysé l’ancienne Société des nations. Le droit de veto accordé aux futurs membres du Conseil séduit aussitôt les puissances présentes à Washington. Pour espérer rejoindre le club, la France devait rallier les sceptiques et faire taire les railleries. La condescendance américaine, voire le mépris envers la France s’étaient enracinés au plus haut du gouvernement fédéral. Franklin D. Roosevelt ne tenait guère de Gaulle en grande estime. Dans ses lettres à Churchill, le président américain suggère à plusieurs reprises de rompre avec le chef de la France libre. Autant dire que la France partait de loin.

Passer la publici

La cinquième place au Conseil de sécurité et une zone d’occupation spécifique en Allemagne sont finalement obtenues de haute lutte, en partie grâce à l’esprit de solidarité du Royaume-Uni et à la réorganisation des forces armées françaises. La situation avait changé avec l’engagement plus prononcé des troupes qui font, à partir de l’automne 1944, leurs preuves en Alsace, dans les Vosges puis sur les frontières occidentales du Reich, jusqu’à Stuttgart, ville ravie in extremis aux Américains dans les derniers jours de la guerre en Europe. Mais le bilan est lourd. Plus de 15 000 soldats meurent pour la France entre août 1944 et avril 1945.

Dans la foulée de la diffusion du documentaire, Guillaume Perrault décrypte, dans la discussion de « Parlez-moi d’histoire », les ressorts de cette séquence de diplomatie compétitive. « Roosevelt se méfiait de Gaulle, qu’il voyait comme un putschiste. À la fin de leur première rencontre à Casablanca, il dira à son fils : “C’est sûr, il veut une dictature !” Et il n’en démordra pas », rappelle l’historienne Jenny Raflik (Nantes Université), invitée sur le plateau du Figaro TV. Son confrère Arnaud Teyssier abonde à ses côtés : « La présence de la France au Conseil de sécurité de l’ONU reste la réussite de De Gaulle, car, quand même, ce n’était pas gagné. » Une victoire diplomatique pavée du sacrifice des soldats de la France.

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