mardi 17 janvier 2023

Ciao Bella!

 

Ciao Bella!

Gina Lollobrigida (1927-2023)


Ciao Bella!
L'actrice italienne Gina Lollobrigida en 1950 © Shutterstock/SIPA

L’actrice italienne Gina Lollobrigida, icône des années 50 et d’une certaine insouciance, vient de disparaître à l’âge de 95 ans


Gina Lollobrigida fut ce corps et ce nom qui allaient si bien ensemble. Les deux corps explosifs de la reine de Saba du septième art, selon la théorie approximative d’Ernst Hartwig Kantorowicz ! Donnez du pain, de l’amour et Lollobrigida aux peuples européens et vous aurez la paix sociale. Au temps du machisme scolaire et du sexisme ambiant, les garçons épelaient sa silhouette dans les cours de récréation avec beaucoup d’agitation. À la parole, ils y ajoutaient le geste qui, aujourd’hui, serait puni par la loi. Nous n’étions pas des goujats, mesdames, seulement des admirateurs d’un cinéma en carton-pâte, produit pour les masses laborieuses dans l’illusion de l’expansion économique et des poitrines généreuses. Car, Gina était la forme la plus avancée du miracle italien de l’Après-guerre, la mascotte des années 1950, la Vénus impériale des Prisunic, les courbes de la Vespa et l’esprit d’une Rome caligulesque fictionnée par Cinecittà, l’écho du roman-photo allié à une imagerie en provenance directe d’Hollywood, trop clinquante pour être honnête. Fellini n’avait pas encore posé sa caméra sur la Via Veneto que déjà Gina affolait les foules et les rotatives. Elle fit vendre plus de papier luisant que n’importe quel philosophe au torse glabre et dépoitraillé. Elle était charbonneuse et sentimentale, piquante et aimante, avec ce tour de force inouï de ne jamais nous révéler sa véritable identité. Là, réside l’inassouvie tentation qui taraude le public. Le mystère se niche dans le silence. Elle fut une pionnière du genre girond et tempétueux, bien avant Ornella Muti ou Monica Bellucci. Nous n’étions pas dupes de tous ces trucages et de cette publicité outrancière autour d’une si charmante personne. Cherchez la star et vous trouverez une victime en puissance du système. Derrière tous ces décors factices et de si nombreuses histoires à l’eau de rose, Gina incarnait malgré tout une féminité que l’on pourrait qualifier de conquérante, quelque chose dans le ton et l’attitude qui ne plie pas, quelque chose de ferme qui bataille, coûte que coûte, sans rancœur, l’époque était moins amère et victimaire. Sa consœur Sophia Loren est faite du même marbre de carrare, cette blancheur étincelante veinée d’incertitudes qui ne se dévoile presque jamais. Gina arrêta relativement tôt sa carrière, comme notre Brigitte nationale, pour se consacrer à la photographie et à la sculpture. Sur le plateau de Thierry Ardisson, elle prévenait Béatrice Dalle des ravages de ce métier: « Il faut être dure…Il faut se défendre ». Elle en connaissait un rayon, entre les producteurs véreux, les projets foireux, les imprésarios garde-chiourmes, une télé à paillettes et des amours bancales. Elle fut l’une des premières actrices de rang international à divorcer. Et dieu que c’était long dans une Italie calotine et peu encline à la paix des ménages. François Chalais parlait à son sujet de révolution. Un jour, à Naples, voulant acheter un cadeau pour sa mère, elle déclencha un bouchon monstre, bloquant une artère entière. Pourquoi Gina, au-delà d’un physique avantageux et d’un accent chantant, nous touche autant alors que sa filmographie tend à disparaître de notre mémoire ? Nous nous souvenons d’elle dans « Fanfan la Tulipe », dans une superproduction voltigeuse aux côtés de Tony Curtis et Burt Lancaster en trapézistes cabossés, et puis évidemment, comment l’oublier, dans une romance à l’italienne, aussi drôle que subtile, tentant de contrer les avances d’un carabinier trop entreprenant (Vittorio de Sica) sous la direction de Luigi Comencini. Ensuite, sa carrière semble s’effacer dans la brume vénitienne. Pourquoi cette Gina en Esmeralda au décolleté rougeoyant sur le parvis de Notre-Dame ou en vieille comtesse bijoutée à la fin de sa vie n’est-elle pas sortie de notre imaginaire ? Certainement que cette grand-mère romaine du fond des âges nous rappelle le bonheur du Cinémascope et des chocolats glacés à l’entracte. Gina, en bohémienne ou en caissière, en princesse de sang ou en roturière, dans les pas de Mario Soldati ou de Roger Vailland, dans la jungle birmane ou à Portofino, était notre Italienne de carte postale aussi capitale qu’un amour de vacances.

LE COIN DES CURIOSITÉS

 

L'archive du jour

Le 17 janvier 1654, Paulus Potter mourait à Amsterdam. Durant sa courte carrière (il meurt de la tuberculose, âgé de seulement 28 ans), le peintre néerlandais eut l'excellente idée de se spécialiser dans les sujets bovins. Il passera ainsi à la postérité pour ses représentations quasi parfaites de ce si bel animal, dont on vous fait profiter aujourd'hui.

 
Le Taureau - Paul Potter - 1647 Photo Photo Josse / Bridgeman Images

samedi 14 janvier 2023

 

 

14 janvier 1858 : L’attentat contre Napoléon III qui changea le sort de l’Italie

« L’attentat de Felice Orsini contre Napoléon III devant la façade de l’Opéra », tableau de H. Vittori, 1862 - source : Musée Carnavalet-WikiCommons
 

Le 14 janvier 1858, trois bombes sont lancées à proximité du carrosse de l'empereur Napoléon III. L’attentat est signé Felice Orsini, patriote transalpin luttant pour l’unification de l’Italie morcelée, et aura des conséquences géopolitiques inattendues.


Le 14 janvier 1858, trois bombes éclatent au passage du carrosse de Napoléon III et sa femme se rendant à l’Opéra de Paris, faisant douze morts et cent cinquante-six blessés.

« Hier, à huit heures et demie, au moment où Leurs Majestés arrivaient à l’Opéra, trois détonations produites par un projectile […] se sont fait entendre.

Un grand nombre de personnes et des soldats ont été blessés, deux mortellement. L'empereur et l’impératrice n’ont pas été atteints ; un projectile a percé le chapeau de l’empereur

« L’attentat de Felice Orsini contre Napoléon III devant la façade de l’Opéra », tableau de H. Vittori, 1862 - source : Musée Carnavalet-WikiCommons
« L’attentat de Felice Orsini contre Napoléon III devant la façade de l’Opéra », tableau de H. Vittori, 1862 - source : Musée Carnavalet-WikiCommons

vendredi 13 janvier 2023

LES 3 MOUSQUETAIRES

 




Sur France.tv, une version théâtrale débridée des “Trois Mousquetaires”


par Augustin Pietron-Locatelli


Depuis dix ans, la troupe 49 701 donne des représentations « tout-terrain » des Trois Mousquetaires… Cet ovni théâtral est désormais adapté pour le petit écran, en dix volets de vingt minutes chacun.

Depuis dix ans, la troupe 49 701 donne des représentations « tout-terrain » des Trois Mousquetaires… Cet ovni théâtral est désormais adapté pour le petit écran, en dix volets de vingt minutes chacun.

Photo Bernard Rouffignac

Le Collectif 49 701 adapte pour le petit écran sa pièce hors scène tirée des “Trois Mousquetaires”, d’Alexandre Dumas. Une série libre et désopilante, volontairement anachronique… mais pas si éloignée de l’esprit de l’œuvre originale.

Depuis dix ans, les 49 701, une troupe formée au Studio-Théâtre d’Asnières-sur-Seine, donnent des représentations « tout-terrain » des Trois Mousquetaires. Occupant « des gradins, des halls, des bars, des cours, des parvis, des parkings… », ils jouent le feuilleton romanesque d’Alexandre Dumas hors scène, au milieu du public. Un ovni théâtral découpé en six saisons, d’une durée de près de seize heures… Son adaptation en série pour le petit écran s’est donc faite naturellement : dix volets de vingt minutes chacun ont été tournés au château de Hautefort, en Dordogne, investi jusque dans ses moindres recoins. Le parvis, les combles et quelques sites alentour figurent les lieux de l’intrigue, du Louvre à Londres.

Le « bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe » de d’Artagnan devient dans la série une Mobylette jaune mimosa .

Le « bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe » de d’Artagnan devient dans la série une Mobylette jaune mimosa .

Bernard Rouffignac

Comme dans l’incipit du roman, on suit d’Artagnan qui débarque à Paris pour rejoindre les mousquetaires de monsieur de Tréville, un vieil ami de son père. Dès le premier épisode, la série affiche le désopilant usage qu’elle fera des anachronismes. La monture « si remarquable, qu’elle fut remarquée » du jeune homme, encore décrite par Alexandre Dumas comme « un bidet du Béarn, âgé de douze ou quatorze ans, jaune de robe, sans crins à la queue, mais non pas sans javarts aux jambes » devient ainsi… une Mobylette jaune mimosa. Qui sera vendue pour 3 écus, « soit 44 euros environ », précise le Gascon.

Les voitures d’aujourd’hui se frayent, elles aussi, un chemin dans le cadre, mais restent des canassons dans le texte – « Votre cheval est tout appareillé sur le parking, sire ! » La garde royale arbore les fringants uniformes de la police nationale du XIXᵉ siècle, à peine retouchés. Loubards vêtus de cuir plutôt que de casaques à col en dentelle, Athos, Porthos et Aramis pourraient, eux, passer pour des cow-boys contemporains. Tandis que les habitants du quartier, qui n’en peuvent plus des bisbilles entre mousquetaires, dénoncent, façon Gilets jaunes, les débordements des élites. Tous sont servis par des dialogues truffés de saillies modernes ou de références à notre époque. Une parodie d’Apostrophes, renommée « Circonflex », met même parfois l’intrigue sur pause, le temps de débattre de l’incapacité de Dumas à écrire des personnages féminins.

La série adaptée des représentations du collectif 49 701 a été tournée en Dordogne, au château de Hautefort.

La série adaptée des représentations du collectif 49 701 a été tournée en Dordogne, au château de Hautefort.

Bernard Rouffignac

Les acteurs impressionnent. Qu’ils déclament le texte de Dumas à la virgule près ou brisent le quatrième mur en s’adressant directement au spectateur, ils sont parfaits. Plusieurs d’entre eux, comme Guillaume Pottier (aperçu dans Les Survivants, de Guillaume Renusson) ou Éléonore Arnaud, endossent même plusieurs rôles. Et quand la troupe est réunie à l’écran au début de chaque épisode, c’est pour chanter le générique de la série, avant de passer le relais aux narrateurs qui vont et viennent dans le cadre… Tout ce petit monde s’agite en mode cartoon, court dans tous les sens, mais en conservant une maîtrise absolue du texte. On se prend au jeu, embarqués par ce joyeux bazar, admirable et finalement pas si iconoclaste que ça.

Maurice Gourdault-Montagne

 

La diplomatie est un sport de combat


Frédéric Magellan

Cette année voit la vingtième anniversaire du discours historique de Dominique de Villepin au Conseil de sécurité de l’ONU. C’est l’occasion de lire le livre récent de Maurice Gourdault-Montagne, à cette époque Conseiller diplomatique du président Chirac. Celui qui a eu une carrière diplomatique des plus distingués rend hommage aux architectes de la politique étrangère de la France d’alors et passe en revue plusieurs décennies passées dans les coulisses du pouvoir et les ambassades... Lire l'article

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