Au XIXe siècle, l'établissement est une attraction très fréquentée, où les badauds viennent frissonner devant les macchabées.
Le long d'une galerie qui ressemble à la devanture d'un magasin chic, les corps sont exposés à la foule. Vue intérieure de la morgue, présentée au Musée de la préfecture de police (Paris). | G.Garitan via Wikimedia Commons
Au XIXe siècle, il était possible, à Paris, de faire du tourisme à la morgue. Les badauds pouvaient s’y presser contre une grande baie vitrée pour voir les cadavres ramassés dans la rue ou repêchés dans la Seine et qui attendaient d’être identifiés. Slate.fr raconte avec malice comment le lieu a prospéré avant de se voir condamné.
«Visite insolite, mais personnel plutôt froid.» «Une attraction mortelle! Je recommande.» Voilà ce qu'auraient pu écrire les visiteurs de la morgue de Paris si TripAdvisor avait existé en 1820. Mais en ce début de XIXe siècle, les touristes se contentent d'un bouche-à-oreille nerveux et morbide, excités par la presse à sensations. La morgue vient de recevoir une nouvelle livrée de macchabées. Qui sont-ils? Vagabonds morts de froid, noyés au corps boursouflé, victimes d'accidents ou d'homicides, étranglés à la figure bleue, suicidés anonymes… Les candidats ne manquent pas.
Situé quai du Marché-Neuf, sur l'Île de la Cité, l'établissement accueille tous les cadavres parisiens orphelins d'identité. À deux pas de la cathédrale, ces dépouilles anonymes font l'objet d'un inventaire méticuleux –âge, taille, signes distinctifs, cause de la mort, possessions personnelles– avant d'être déshabillées puis étendues sur de larges dalles de marbre noir.
C'est alors que le spectacle commence.
Le long d'une galerie qui ressemble à la devanture d'un magasin chic –et qui matérialise en réalité la frontière entre les vivants et les morts–, les corps sont exposés à la foule. L'horreur de la mort s'y impose, nue et froide: seul un linge modeste couvre les parties génitales. Devant la glace, des centaines de visiteurs se pressent, jouant des coudes, fascinés par le spectacle morbide qui s'offre à leurs yeux. «La foule, qui s'écrase à certains jours devant les vitrines de la salle d'exposition, n'y vient chercher que des émotions violentes; ce n'est pour elle qu'un spectacle à sensation, permanent et gratuit, dont l'affiche change tous les jours»,décrit Ernest Cherbuliez dans la Revue des Deux Mondes en 1891.
À l'époque, la mort fait partie du paysage. Choléra, criminalité, misère sociale, violence et alcoolisme composent le cocktail létal des sociétés néo-industrielles. Accidents d'usine, règlements de compte, rixes alcoolisées, suicides: on ramasse les cadavres à la pelle et sans états d'âme. De l'autre côté de la Manche, en Angleterre victorienne, il est commun de prendre des photos de famille avec ses morts en maintenant l'illusion de la vie –preuve que la mort, loin d'être taboue, est véritablement ancrée dans le quotidien.
C'est aussi le cas à Paris. Tous les jours, on y repêche deux ou trois macchabées sans papiers découverts dans les canalisations souterraines ou sur les berges de la Seine. Des scènes d'horreur ordinaire. En ouvrant ses portes au grand public, la morgue municipale espère voir s'alléger la charge mortuaire qui pèse sur ses bras, les familles prenant à leur charge l'organisation des funérailles.
Tourisme macabre
Néanmoins, les foules qui se massent devant l'institut suffisent à prouver que l'on ne s'y rend pas uniquement pour identifier un parent. Vers la fin du siècle, la morgue reçoit environ un million de visiteurs par an (pour comparaison, le Musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg, en recevait autant en 2020). En outre, seul un cadavre sur cinq est authentifié. Pourquoi, alors, visiter ce musée de l'étrange?
La plupart des spectateurs y sont aiguillés par une curiosité morbide. Preuve en est que les cohues se font plus denses lors de l'exposition d'un cadavre «célèbre», lié à une affaire criminelle non résolue relayée par les gros titres. Il suffit d'observer la foule: ce n'est pas une communauté obséquieuse que l'on voit paraître à la porte de l'établissement, prête à dégainer un signe de croix de circonstance, mais le petit peuple croqueur de potins qui murmure, s'esclaffe et s'étrangle devant la contemplation de la mort abîmée.
La morgue municipale est même listée sur les guides touristiques de l'époque sous l'appellation racoleuse de «Musée de la mort». Les visiteurs s'y rendent comme on viendrait admirer la Tour Eiffel ou le Sacré-Cœur. Cette étape, immanquable, «fait partie du programme de tout provincial consciencieux qui parcourt la capitale pour la première fois»,synthétise le journal Le Temps en 1882.
Un avant-goût de l'après
Que cherchent-ils? Le frisson de l'au-delà, figé dans le regard vitreux des trépassés. C'est aussi une façon de contempler la mort en face et, ce faisant, de «se donner la petite mort dans le dos» pour reprendre l'expression du Cri du Peuple en date du 10 août 1886. Parmi les visiteurs les plus fréquents, des enfants et des adolescents qui regardent avec concupiscence les poitrines nues et grisâtres des noyées. «C'est à la morgue que les jeunes voyous ont leur première maîtresse»,fustige Zola, pour lequel l'établissement est le refuge des pulsions les plus abjectes. «La morgue est un spectacle à la portée de toutes les bourses, poursuit l'écrivain, que se payent gratuitement les passants pauvres ou riches. La porte est ouverte, entre qui veut. Il y a des amateurs qui font un détour pour ne pas manquer une de ces représentations de la mort.»
Mais la mort n'est pas immobile comme les dépouilles relativement intactes des jeunes noyées. Elle laisse des cicatrices, parfois liées à la durée d'exposition des corps. Au XIXe siècle, le corps médical n'a pas encore accès aux technologies de réfrigération qui permettent leur conservation: on fait simplement couler un filet d'eau sur les dépouilles afin de retarder la corruption des chairs… Ce qui n'empêche pas l'inéluctable, certains corps restant sur le billard six semaines avant qu'on les expédie à la fosse commune. Ce délai passé, les cadavres deviennent méconnaissables: «Et c'était dans cette salle qu'on conduisait les infortunés parents cherchant dans cette charogne humaine quelque trace reconnaissable d'un fils, d'une mère ou d'une femme!»,déplore un observateur en 1891.
Vers la fin du siècle, la fréquentation de la morgue ralentit. En 1868, elle est déménagée à la pointe de l'île, quai de l'Archevêché, dans un vaste bâtiment levé sur les gravats du chantier de la cathédrale. Grâce à la démocratisation du procédé photographique, on préfère photographier les cadavres et exposer leurs portraits devant l'établissement afin d'encourager les identifications. Au début du XXe siècle, le spectacle indigne de la morgue est de plus en plus décrié. «Qu'elle se cache et qu'on ne la voie plus!,exhorte L'Écho de Paris dans son édition du 3 mai 1905. Je n'y suis entré qu'une fois, non pour voir des cadavres, mais pour voir pire –pour voir les vivants qui les regardaient.»
Le 15 mars 1907, endeuillée par la critique, la morgue ferme ses portes au public. Il ne reste plus qu'un moyen d'y entrer: c'est de ne plus en sortir.
Alors qu’un nouvel épisode de la saga de films d’horreur « Halloween » vient de sortir au cinéma, France Culture s’intéresse au réalisateur du premier volet, John Carpenter, et plus particulièrement à la musique de ses longs-métrages, qu’il composait lui-même. Au tournant des années 1970-1980, il a connu le succès grâce à des films simples et diaboliquement efficaces, portés par une musique électronique minimaliste et flippante.
Vous voilà « briefés » sur l’actualité du jour et quelques autres considérations. On vous souhaite une bonne soirée à… Attention derrière vous !
— Mathilde Belin, Nicolas Filio et Laurent Mauriac
Correction. L’objectif européen de 100 % de véhicules électriques a été fixé à 2035 et non à 2003, comme nous l’avons écrit par erreur dans notre édition de
Disparue dans le crash d'hélicoptère en Argentine, la célèbre navigatrice a laissé trois livres qui allaient bientôt paraître, dont une poignante confession à paraître le 19 mars aux éditions Arthaud.
« La Petite Fiancée de l'Atlantique » a laissé des livres posthumes, dont sa poignante confession, Cette nuit, la mer est noire, qui doit paraître le 19 mars.
De son vivant, Florence Arthaud est l'auteur de trois titres dont le premier, La Fiancée de l'Atlantique, paru en 1982 a contribué à son célèbre qualificatif «la petite fiancée de l'Atlantique». Ensuite, elle publiait Océane en 1991 et Un vent de liberté, en 2009, préfacé par Olivier de Kersauson. Disparue dans le crash d'hélicoptère en Argentine, la célèbre navigatrice a laissé trois livres qui allaient bientôt paraître, dont une poignante confession à paraître le 19 mars aux éditions Arthaud, la maison familiale qui appartient désormais à Flammarion: Cette nuit, la mer est noire. Le Figaro Magazine publiera de larges extraits dès vendredi 13 mars. Ce livre était dédié à son père mort le 26 novembre dernier, rappelle le magazine Livres Hebdo. Son objectif? «Je veux donner. Je veux pouvoir aider celles qui, comme moi, rêvent d'aventures à faire de leur vie leur rêve. J'ai envie de me consacrer aux femmes qui souhaitent naviguer», écrit-elle. Et celle qui fut la première et seule femme à avoir gagné la Route du Rhum ajoute: «Merci Papa de m'avoir fait rencontrer ces gens formidables, tous ces géants des mers, ces belles âmes dont le destin faisait pâlir les modèles de vie ordinaire. (…) Merci de m'avoir donné la force de partir au loin et d'être libre» Le cœur à vif Le 2 avril est programmé un autre livre, Rencontres avec la mer édité par la maison Vents de sable, qui présente cet ouvrage avec une citation de Florence Arthaud: «Mon amer à moi n'a jamais été la terre, c'était la mer!» L'éditeur ajoute que ce livre est illustré de photos, de pensées, de citations aimées, de chansons, d'anecdotes glanées au fil des amitiés et des ports, de superstitions, de vieux dictons, de souvenirs inoubliables. Chez Vents de sable, on souligne que ce «livre de bord d'une vie», est celui «d'une femme qui bien souvent a été obligée, pour survivre face aux éléments, de retrouver ses instincts, de se fier à une sensibilité tout animale qui nous laisse, après le coup de vent de ce jour tragique, le cœur à vif!» Dans Rencontres avec la mer, Arthaud fait partager ses visions de l'océan, un univers qui émerveille tout autant qu'il apprend la vie mieux que quiconque. Elle racontait la démesure, le courage, l'humilité, mais aussi le souffle et l'immensité, la beauté et la liberté sans mesure. Au fil des vagues, des escales et des ports de l'existence, cette grande navigatrice avait à cœur de nous faire partager le rêve d'une vie où s'enchaînent des instants immortels et son amour immodéré de l'océan et de la liberté. Le magazine Livres Hebdo rappelle également que Florence Arthaud travaillait à un livre pour enfants Petit hérisson rêve de la mer (illustrations de Gwendal Blondelle, photographies de Caroline et Rémy Gauvin). Il est résumé ainsi: Fasciné par la mer et les animaux qui la peuplent, Petit hérisson est choqué lorsqu'il voit les déchets que les humains y déversent ou abandonnent sur la plage. Il entend bien lutter contre cette pollution et sauver l'espace maritime. A paraître le 11 juin aux éditions du Sablier.
Les trois testaments littéraires de Florence Arthaud
« La Petite Fiancée de l'Atlantique » a laissé des livres posthumes, dont sa poignante confession, Cette nuit, la mer est noire, qui doit paraître le 19 mars.
Il m'a bien sûr donné les réponses à ces questions que je me posais, à sa façon, qui n'est jamais très simple et qui préserve la part de mystère dont cet homme aime à s'entourer ou à se protéger. Mais l'histoire qu'il m'a raconté méritait en tout cas que je fasse preuve d'un peu de patience.
Alors, les fantômes, je peux tout de suite vous faire un aveu. Moi, je n'y crois pas. J'ai quand même éprouvé le besoin, après avoir enregistré cette étrange conversation avec Monsieur X, de me replonger dans la littérature spécialisée sur les fantômes et les maisons hantées. Une littérature abondante, où le meilleur côtoie le pire, où les hypothèses les plus sérieuses, côtoie les théories les plus échevelés. Où les savants côtoient les charlatans.
Bibliographie
Mystères de l'au-delà Franck Smyth et Roy Stemma Hachette (1984)
Les pouvoirs secrets de l'homme Robert Toquet Productions de Paris (1972)
Le grand bluff Gérard Majax Nathan (1978)
Discographie
Alain Chamfort : J'entends tout album : Tendres fièvres CBS (1986)
Frankie goes to Hollywood : Relax album : Welcome to the Pleasuredome Island (1984)
Nina Morato : Moi-même album : L'Allumeuse Polydor (1986)
Michel Berger : Si tu plonges album : Différences Wea (1986)
Classements de la Route du Rhum de 1978 à 2018 : tous les palmarès
Publié le 17 juin 2022 à 10h39
Francis Joyon, au centre, a remporté la onzième édition de la Route du Rhum, en 2018, devant François Gabart (à gauche) et Thomas Coville (à droite). Retrouvez tous les classements et le palmarès de la Route du Rhum. (Photo Alexis Courcoux)
Retrouvez les classements et le palmarès complet de la Route du Rhum dans chaque catégorie depuis 1978, édition par édition.
Depuis 1978, la course de la Route du Rhum a sacré pas moins de dix navigateurs, dont une femme : Florence Arthaud en 1990. Un seul a réussi à remporter à deux reprises l’une des épreuves les plus mythiques de la course au large : Laurent Bourgnon. Retrouvez ci-dessous tous les classements de toutes les éditions de la Route du Rhum, ainsi que le palmarès, dans les différentes catégories depuis leur apparition en 2002.
C’est l’âge du référendum approuvant l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Le 28 octobre 1962, il y a soixante ans, 62,25 % les Français répondaient «oui» à la question que leur soumettait alors le général de Gaulle. En dehors des gaullistes, aucun parti ne soutenait cette réforme sur laquelle presque personne, aujourd’hui, ne songerait revenir. La règle originelle prévoyait que le chef de l'État soit élu par un collège de parlementaires et d’élus locaux. En 1958, de Gaulle a ainsi été désigné par quelque 80 000 grands électeurs. En 1962, la quasi-totalité des constitutionnalistes, le Conseil d’État, les grandes consciences républicaines et démocratiques, et au premier chef Pierre Mendès France, s’opposaient au suffrage universel direct. «L’histoire de la Ve République a donné raison à Mendès», écrivait notre éditorialiste Thomas Legrand dans un billet, ajoutant : «Le débat général devient un vaste casting caricatural. Entre les élections, pendant sept et maintenant cinq ans, le Président, qui n’est responsable que devant ceux qui l’ont élu, n’a de comptes à rendre à personne. Il peut passer cinq ans à pratiquer un monologue sécurisé. [...] La personnalisation aboutit, aujourd’hui, à la caricature du système.» Et joyeux anniversaire 🥳🎂.
Le concours britannique de Photographe de paysage de l’année a annoncé ses lauréats. Qu’ils soient urbains, panoramiques ou encore en noir et blanc, ces paysages révèlent une beauté époustouflante. Le cliché ayant remporté le premier prix, qui montre une vallée montagneuse d’une région galloise transpercée par un rayon de soleil, nous a émerveillés par son dégradé de lumière.