REMBOBINE

 


Magnéto Serge

À chaque débat présidentiel, une petite phrase ou deux accèdent à la postérité. Pourtant, les candidats font parler la poudre à de nombreuses reprises. Pour le plaisir, on ressort des archives quelques punchlines qui valent le détour.

  • 1974 : private joke

Le coup bas était passé inaperçu. Évoquant les résultats du premier tour, Valéry Giscard d’Estaing prend l’exemple de Clermont-Ferrand, où il est arrivé devant François Mitterrand. Or, Anne Pingeot, maîtresse de ce dernier, vit dans cette commune. Et VGE, contrairement à l’opinion publique à cette époque, le sait parfaitement. Il en profite et glisse malicieusement à son adversaire : «C’est une ville qui vous connaît bien.» Oh le coquin.

  • 1981 : à fond à fond à fond

On prend les mêmes et on ne recommence pas. Honneur cette fois à Mitterrand. Après avoir pointé les faiblesses du bilan du Président sortant tout au long du débat, le candidat socialiste cherche à décrédibiliser une dernière fois son challenger. Ça donne : «La situation de Monsieur Giscard d’Estaing, c’est […] celle d’un conducteur qui vient de verser sa voiture dans le fossé et qui viendrait me demander, pour me surveiller, de passer mon permis de conduire.»

  • 1988 : Tonton flingueur

Troisième joute d’entre-deux-tours d’affilée pour «Tonton». Le journaliste fait remarquer aux deux impétrants qu’«on ne les a probablement jamais vu aussi proches que sur le sujet de l’Europe». Mitterrand souligne alors que Jacques Chirac a, «jusqu’à une époque récente, toujours été contre ce qui concernait le développement de l’Europe». Surjouant le constat d’un rapprochement de leurs positions, le Président sortant assure cyniquement qu’il «ne négliger[a] pas le concours de monsieur le Premier ministre lorsqu’il sera redevenu un homme politique actif», faisant ainsi de sa victoire une certitude. En face, Chirac rit jaune. «Ne soyez pas si sûr de vous, monsieur Mitterrand.»

  • 1995 : putain 2 ans

Pour ce duel, les deux candidats évoluent dans leur couloir, évitant soigneusement de se puncherLe seul coup d’éclat notable est le fait de Lionel Jospin. Tandis qu’il milite pour le passage du septennat au quinquennat, il lance au futur vainqueur : «En somme, je voudrais dire, en badinant bien sûr, mais avec un fond de sérieux, qu’il vaut mieux 5 ans avec Jospin que 7 ans avec Jacques Chirac.»

  • 2007 : de pire en pire

La langue a un peu fourché. Alerté par Ségolène Royal sur le cas d’une «riche héritière qui a reçu un chèque de 7 millions» - une situation «injuste», selon la candidate - Nicolas Sarkozy répond dans un lapsus : «Ce que je propose, c’est pire.» Oups… Son interlocutrice saisit la balle au bond. «Avec vous, tout est possible, même le pire.»

  • 2012 : les amis, la famille

Oui enfin faut pas pousser le bouchon trop loin hein, sinon Sarkozy dégoupille. Pas vrai François Hollande ? Alors que les échanges sont tendus depuis le début du débat, l’ex-Premier secrétaire du PS accuse son rival d’avoir «nommé [ses] proches partout, dans tous les ministères, dans toutes les préfectures, dans toutes les ambassades, y compris dans les établissements bancaires qui dépendent de [lui] ou plus ou moins». «Vous êtes un petit calomniateur en disant ça», lui répond le chef de l’État. Pas content.

  • 2017 : ça va bien se passer

Le Pen se vend déjà comme «la candidate du pouvoir d’achat». Pour la contrer, Emmanuel Macron lui demande comment elle financera ses mesures, mais l’ex-avocate préfère l’attaque à la justification. «Il y a la fraude sociale contre laquelle vous n’avez pas lutté», invective-t-elle. «Mais bien sûr, ça va s’arrêter du jour au lendemain, vous serez Présidente […], tout va bien se passer»s’amuse l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande«On essaye ?», sourit Le Pen. «Non, je ne préfère pas essayer», termine Macron. Rideau.

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