HOMMAGE


Avant l’éloge présidentiel, trois comédiens populaires – Fabrice Luchini, Muriel Robin, Pierre Arditi – ont salué la mémoire de ce compagnon de jeu et professeur. Tous ont rappelé le respect total que Michel Bouquet avait pour les auteurs et leurs textes.




 Lors d'un hommage national, les trois personnalités du monde de la culture ont lu une lettre adressée à Michel Bouquet, leur « père de théâtre ».




« Michel Bouquet est entré en théâtre comme on entre en religion. Il croyait en ses personnages comme on croit en des divinités », a poursuivi M. Macron dans une cour d’honneur où deux grands portraits offraient le sourire à la fois doux et espiègle du comédien. « Par chance, l’amour dévorant de Michel Bouquet pour le théâtre ne fut pas exclusif. Les plus grands cinéastes ont à jamais fixé son génie sur la pellicule. (…) Il fut, durant ces décennies, ce soleil noir du cinéma français. Scrutant nos failles, sondant nos fureurs, démasquant nos contradictions et débusquant nos bassesses, il fouillait au fond de nos âmes pour faire tout remonter. Conscience intraitable de la France, intraitable parce que toujours vrai », a insisté le président de la République.

« Il faut servir mais ne pas se servir »

Après Charles Aznavour, en octobre 2018, et Jean-Paul Belmondo, en septembre 2021, c’est la troisième fois qu’Emmanuel Macron rend un hommage national à un artiste. Si l’on était taquin, on serait tenté de dire qu’il faut un mort pour que la culture soit mise à l’honneur après une campagne électorale où il n’en fut jamais question.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Michel Bouquet, en 2006 : « C’est tout ce qui échappe à l’acteur qui fait le grand acteur »

Avant l’éloge présidentiel, trois comédiens populaires – Fabrice Luchini, Muriel Robin, Pierre Arditi – ont salué la mémoire de ce compagnon de jeu et professeur. Tous ont rappelé le respect total que Michel Bouquet avait pour les auteurs et leurs textes : « Il faut servir mais ne pas se servir », avait coutume de dire celui qui interpréta huit cents fois Le roi se meurt, de Ionesco. « Quand tu jouais, Michel, tu imposais, et ce qui est très rare, quelque chose qui est de l’ordre de l’incontestable (…), personne ne pouvait te remplacer », a souligné Fabrice Luchini. Le tutoyant aussi, Pierre Arditi, qui partagea plusieurs fois la scène avec lui, a terminé son discours en affirmant : « Michel, tu es le théâtre et le théâtre ne meurt jamais. »

Muriel Robin, qui fut élève de Michel Bouquet au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, a livré le discours le plus émouvant. Sous la forme d’une ultime lettre adressée à celui qui fut son « père de théâtre », la comédienne et humoriste a expliqué qu’elle lui devait tout. « J’avais 25 ans, je voulais tout arrêter. Vous m’avez rattrapée au vol avec quelques mots qui m’ont bouleversée. Monsieur Bouquet, je vous le dis sans emphase : vous m’avez sans doute empêchée de mourir et plus encore donné à vivre. » La voix étranglée, Muriel Robin a conclu : « Je souhaite à tous les comédiens du monde de croiser un jour la route d’un M. Bouquet. Votre tendresse teintée de pudeur ne me quittera jamais. Le roi se meurt. Pas vous, pas toi, surtout pas toi. »



Avant l’éloge présidentiel, trois comédiens populaires – Fabrice Luchini, Muriel Robin, Pierre Arditi – ont salué la mémoire de ce compagnon de jeu et professeur. Tous ont rappelé le respect total que Michel Bouquet avait pour les auteurs et leurs textes.


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