Barbara JOLIVET Barbara SVILARICH

dimanche 31 janvier 2021

 

Trégastel. On a trouvé la grotte des korrigans !

Au coeur de la vallée des Traouiero, entre Trégastel et Perros-Guirec, une grotte abrite le village de korrigans.

Au coeur de la vallée des Traouiero, à Trégastel, une grotte protège le village du petit peuple des korrigans.
Au coeur de la vallée des Traouiero, à Trégastel, une grotte protège le village du petit peuple des korrigans. (©Le Trégor)

Elle sépare Trégastel et Perros-Guirec. S’enfoncer par l’une de ses 7 entrées dans la vallée des Traouiero, c’est assurément pénétrer dans un univers magique.

Au sortir du bourg de Trégastel, drôle d’impression, déjà, en foulant la vieille pierre tombale qui permet de franchir le Kerougant, ce petit ruisseau qui file, entre arbres et rochers, vers la côte et le château de Costaérès.

Au secret de la végétation

Sous les rafales, les frondaisons vous saluent, comme le chant des oiseaux. Ici, la nature est reine, comme gorgée de légendes bretonnes. Pas pour rien qu’un dragon vous invite à le suivre sur le balisage du sentier. Et, aux beaux jours, le conteur Yann Quéré à la lueur des lampes-tempête…

https://youtu.be/vUiHJ0hXE1Y


  1. Contrebandiers, lépreux, du monde s’est abrité au secret de la végétation et des rochers. C’est maintenant le royaume des promeneurs, mais pas seulement. Pour qui sait les voir, les créatures du petit peuple – celui des lutins, gobelins, elfes et autres gnomes – y grouillent.

  • recher












- janvier 31, 2021
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lundi 25 janvier 2021

TRACEE, TESTER, TRAITER

 

MESURES EFFICACES CONTRE LE VIRUS

Covid-19 : les modèles d’efficacité sanitaire asiatiques, impossibles à reproduire en Europe ? 5 arguments pour démonter une imposture intellectuelle

Des pays comme Taïwan, la Corée du Sud ou le Japon sont parvenus à éviter un confinement général de leurs populations ou celui de villes entières face à la menace de la Covid-19. Quelles leçons pouvons-nous tirer des mesures prises par les pays d’Asie orientale ?

Sophie Boisseau du Rocher

Sophie Boisseau du Rocher

Sophie Boisseau du Rocher est docteur en sciences politiques, chercheure associée au Centre asie IFRI. Elle travaille sur les questions politiques et géostratégiques en Asie du Sud-Est.

Voir la bio »Charles Reviens

Charles Reviens

Charles Reviens est ancien haut fonctionnaire, spécialiste de la comparaison internationale des politiques publiques.

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Atlantico.fr : L’un des premiers arguments qu’on oppose à la reproduction du modèle d’efficacité sanitaire asiatique en Europe consiste à pointer le caractère autoritaire de leur modèle politique. Les pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est du continent sont-ils aussi anti-démocratiques qu’on le laisse à penser ? Des pays comme la Corée du Sud et Taiwan ne montrent-ils pas qu’être une démocratie n’est pas un frein dans la lutte contre le virus ? 

Sophie Boisseau du Rocher : Expliquer la réussite dans la gestion de la crise sanitaire (avec au demeurant de grandes disparités dans la région) par la nature autoritaire des régimes ou la docilité des populations relève de réflexions simplistes et erronées. Ce qui a d’abord rendu les pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est efficaces dans leur lutte contre la pandémie a été l’expérience. Ils ont tous connu une ou plusieurs grandes crises sanitaires dans les vingt dernières années (Sras, grippe H1N1…) et en ont retenu des leçons de bon sens : réagir vite avant que la situation ne soit hors de contrôle ; lancer des campagnes de sensibilisation pour avertir de la dangerosité du virus ; porter un masque pour se protéger et protéger les autres. La contrainte est acceptée parce qu’on sait que l’objectif est d’en sortir le plus vite. La Corée du Sud par exemple, a très tôt mis en place un système de dépistage avec comme plan de bataille les 3 T : tester, tracer et traiter. En dépit de la proximité avec la Chine, foyer initial, on n’y a pas observé de dérapage majeur. Au Japon, les acteurs locaux ont rapidement fait appel à la responsabilité individuelle et collective de chacun. En Thaïlande ou à Singapour, les malades ont été immédiatement isolés. Partout, les frontières ont été rapidement contrôlées et les voyages restreints. Je le répète, ce qui a permis de sauver des vies (partout dans la région, le nombre de morts est bien inférieur à celui d’autres régions – il s’élève à 38 000 morts pour les 660 millions de sud-est Asiatiques), c’est le bon sens ; le respect de la collectivité, l’auto-discipline ont également joué ainsi, probablement, qu’une forme de légalisme par rapport aux décisions prises par les gouvernements. Ces caractéristiques ont été plus déterminantes que la nature du régime politique. Et d’ailleurs, on observe que certaines démocraties ont été efficaces (Japon, Taiwan ou la Corée du Sud) quand d’autres ont été plus déficientes (Indonésie, Philippines…). 

Charles Reviens : L’épidémie virale respiratoire covid-19 constitue une situation fluide imposant aux pouvoirs publics partout dans le monde une gestion mélangeant en permanence réflexion et action, face à des situations changeantes et le plus souvent en information incomplète. L’analyse des performances et des plans d’action déployés dans des pays qui présentent des résultats probants fait clairement partie de la palette d’outils disponibles.

Les résultats obtenus en Asie n’ont pas manqué d’attirer le regard quasiment depuis un an. Ma première contribution Atlantico sur la pandémie qui s’intéressait au modèle sud-coréen date du 24 mars 2020 (il y a dix mois), tandis que l’Institut Montaigne présentait en avril 2020 son analyse transversale de la riposte des pays d’Asie orientale. Force est de constater le maintien d’un écart considérable entre les pays occidentaux et les pays d’Asie-Océanie. Il ne faut pas oublier en effet le fait qu’Australie et Nouvelle Zélande présentent des données de contamination et de mortalité extrêmement bas voire à zéro.

Les pouvoirs publics occidentaux, sous pression tant sanitaire que socio-économique, jouent en défense face à ces insolentes données. Il peut donc être tentant de mettre en avant le caractère non réplicable des solutions retenues en Asie, en arguant par exemple du caractère autoritaire des régimes institutionnels dans cette zone.

De fait l’Asie contient à la fois des régimes autoritaires notamment à partie unique (Chine, Vietnam, sans même évoquer la Corée de Nord) mais aussi des pays ayant des régimes politiques démocratiques ayant de multiples similarités avec les pays occidentaux. L’index de démocratie proposé par The Economist attribuait en 2019 ainsi les notes sur 10 suivantes : 8 pour la Corée du Sud, 7,99 pour le Japon, 7,73 pour Taiwan contre 8,68 pour l’Allemagne, 8,52 pour le Royaume-Uni, 8,12 pour la France, 7,96 pour les Etats-Unis. Les différences ne semblent donc pas si massives et l’explication de l’écart de performance ne se trouve dans doute pas principalement dans ce domaine.

Une analyse multifactorielle permet d’identifier en revanche d’autres éléments explicatifs. Il y clairement d’abord dans ces pays asiatiques une assimilation nettement plus forte des expériences récentes de crises sanitaires et d’épidémies virales (H1N1 en 2009, SRAS en 2015) conduisant à un niveau d’anticipation d’une nouvelle crise à venir avec préparation opérationnelle associée. La proximité géographique et culturelle avec le foyer initial chinois covid-19 a également joué un rôle majeur puisque ses voisins ont pu inférer très tôt la gravité d’une situation épidémique ayant initialement débordé une puissance globale comme la Chine. D’où une gestion du temps, particulièrement critique en matière d’épidémie infectieuse, sans comparaison avec ce qui s’est fait en Occident dont plusieurs pays sont restés trop longtemps dans l’ignorance voire le déni : la Corée du Sud disposait d’un test PCR covid-19 homologué dès le 4 février tandis que les pouvoirs publics japonais avaient arrêté dès le 25 février une stratégie d’identification et de limitation des clusters. S’ajoutent probablement des déterminants anthropologiques et culturels qui seront évoqués plus bas.

On entend aussi qu’en Asie, les libertés publiques ont été sacrifiées pour résoudre la crise. Si certains pays comme la Chine sont effectivement très autoritaires, la France est-elle réellement plus souple avec les libertés que certains pays asiatiques ? Les mesures contraignantes en termes de liberté publiques en Asie ont-elles été aussi importantes que cela au regard des confinements indifférenciés français ? 

Sophie Boisseau du Rocher : Non, les libertés publiques n’ont pas été sacrifiées pour résoudre la crise mais la crise a servi d’alibi pour servir les intérêts de certains dirigeants et régimes qui n’ont pas hésité à recourir à l’état d’urgence sanitaire pour mieux contrôler les oppositions. Cela est le cas en Thaïlande ou au Cambodge par exemple et ce n’est pas un hasard que les jeunes aient manifesté à Bangkok et dans les grandes villes du pays pour afficher leur mécontentement. Quand on est dans une situation d’urgence sanitaire, on s’organise pour gérer la crise le temps qu’elle dure. Cette gestion doit être encadrée par un appareil législatif transparent. Cela n’est pas toujours le cas en Asie (notamment du Sud-Est) où une certaine confusion règne. La priorité pour les gouvernements d’Asie est à la fois d’anticiper pour contrôler la propagation de crise et de gérer pour éviter les dégâts économiques ; il n’y a plus de confinement total pour ne pas trop pénaliser l’économie. A nouveau, un bon sens pragmatique. Ce qui explique qu’aujourd’hui, la priorité consiste à vacciner le plus largement possible, et partout dans la région. L’Indonésie a même décidé de vacciner en priorité les jeunes travailleurs pour qu’ils puissent maintenir la machine économique en état de marche. 

Charles Reviens : La justification de l’écart de performances covid-19 par les restrictions sur les libertés publiques est le corollaire de celle sur les limitations réelle ou supposées du caractère démocratique des institutions des pays asiatiques. Il faut regarder les limitations concrètes aux libertés initiées en Asie.

Il y a d’abord la question des contrôles au frontières. Le benchmark publié par le Lancet le 24 septembre dernier sur les modalités de sorties des mesures de restrictions dans plusieurs pays asiatique et européens note une bien plus grande rigueur en Asie dans les contrôles aux frontières liés à la pandémie : interdiction totale de territoire, mesures de quarantaine/dépistage pour les voyageurs provenant de l’étranger. 19 pays d’Asie ont ainsi complètement bouclé leurs frontières pour une période de 30 semaines, contre 2 pays en Europe. Si Emmanuel Macron déclarait le 12 mars 2020 que la pandémie ne devait pas favoriser le repli nationaliste et qu’à ce titre le virus n’avait pas de passeport, le point d’actualité de Jean Castex hier 14 janvier 2021 incluait un programme de durcissement des contrôles aux frontières avec test PCR obligatoires pour les personnes arrivant des pays hors Union européenne.

Vient ensuite la question de l’utilisation des outils numériques, évoquée dans la note de l’Institut Montaigne d’avril 2020 avec trois cas d’usage majeurs : traçage numérique (tracing) pour identifier les chaînes de transmission passées, suivi numérique (tracking) permettant la surveillance en temps réel des individus placés en quarantaine et le contrôle des autres formes d'isolement forcé, cartographie de la contamination. La Corée du Sud a croisé très tôt données de géolocalisation et données bancaires, Taiwan a fourni des smartphones aux individus en quarantaine, Hong Kong a imposé le port d’un bracelet électronique connecté à l’ensemble des voyageurs entrants placés en quarantaine, Singapour a imposé un scan QR code avant l’entrée et la sortie de nombreux lieux publics, etc. etc. etc. Il est ainsi reconnu en Asie que l'accès aux données de géolocalisation constitue une ressource essentielle pour les enquêtes épidémiologiques. Il y a donc clairement une acceptabilité beaucoup plus forte du tracing numérique dans les pays d’Asie orientale et les débats sur la protection de la vie privée et des données personnelles se sont cristallisés autour de la divulgation publique de ces informations personnelles beaucoup plus que sur leur collecte.

Il y a donc eu des restrictions effectives aux libertés en Asie que certains considèrent, à titre provisoire ou définitif, comme totalement inapplicables dans les pays occidentaux. L’ironie et le paradoxe tient au fait que ce respect de certaines libertés a conduit via le confinement généralisé et l’interdiction de certaines activités à des restrictions globales du droit d’aller et de venir et des libertés économiques massivement supérieur à ce qui s’est fait dans tous les pays asiatiques à régime démocratique.

On entend aussi souvent que si les pays asiatiques ont mieux su gérer la crise, c’est soi-disant grâce à la docilité de leurs citoyens. Pourtant, selon un sondage, 67,7% des Sud-Coréens disent qu’ils attendront de voir l’efficacité des vaccins contre la Covid-19 avant de se faire vacciner... Utiliser l'argument de la docilité pour expliquer le succès asiatique (et donc l’échec occidental) est-il honnête ? 

Sophie Boisseau du Rocher : Ce qu’on a constaté en Occident est une succession de décisions lentes, parfois contradictoires, mal appliquées, critiquées et contournées alors qu’en Asie, les expériences précédentes avaient permis aux citoyens de comprendre les enjeux très concrets d’une riposte rapide et ciblée. D’ailleurs, à la suite des crises précédentes, les autorités sanitaires étaient mieux formées et les procédures éprouvées ; partout des comités de pilotage ont diffusé des informations sans pour autant recourir à des termes ou procédés anxiogènes. A Taiwan par exemple, le Vice Premier ministre, Chen Chien Jen, épidémiologiste, avait été en charge de la gestion du Sras. Du fait de sa légitimité professionnel, les citoyens lui font confiance et ce serait les dénigrer que de les qualifier de « dociles ». Résultat : 842 contaminés et 7 morts pour 23 millions d’habitants. Quant aux Sud-Coréens, les sondages peuvent évoluer très vite. Il y a quelques jours, le président Moon a souhaité que l’ensemble de la population soit vacciné et a assuré que l’Etat prendrait en charge le coût de cette vaccination. La campagne devrait commencer début février. Sur ce cas-là aussi, on constatera que l’esprit civique collectif l’emportera.

Charles Reviens : Mes connaissances sur les cadres culturels et anthropologiques des pays d’Asie orientale sont limitées mais j’ai bien pris note des commentaires de Stéphane Gayet dans ma contribution commune avec lui d’octobre 2020 : « on est frappé, indépendamment d’une empreinte religieuse, par ce sentiment de la collectivité, du bien commun, de la solidarité et de la nation, qui existe dans ces pays asiatiques et qui nous fait défaut aujourd’hui. C’est pourtant essentiel pour parvenir à vaincre un fléau tel qu’une épidémie virale », « il y a chez ces peuples quelque chose qui nous fait défaut et qui contribue à leur cohésion, leur discipline et ainsi leur force ».  Branco Milanovic, dans une autre contribution à Atlantico, considère en regard que « l’impatience », caractéristique anthropologique des Occidentaux contemporains, constitue un facteur majeur de différentiation des performances entre Occident et Asie du Sud-Est.

Au-delà de ces considérations globales, il y a l’enjeu de la communication des pouvoirs public depuis le début de la pandémie. La communication publique des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne ou de la France a ainsi objectivement multiplié les changements de cap, les approximations et même souvent les dénis, et tout cela a probablement entamé la confiance du public sans même évoquer la question de l’exemplarité, avec un conseiller spécial du Premier ministre qui ne respecte par les règles de confinement, un Premier ministre français qui ne télécharge pas l’application StopCovid, tandis que le ministre de la santé néozélandais David Clark a dû démissionner en juillet pour n’avoir pas respecté à deux reprises les règles nationales covid-19.

Ces écarts n’empêchent pas en Asie orientale un débat public inéluctablement vif par exemple sur les programmes de vaccination. Le taux élevé de personnes réticentes à une vaccination rapide que l’on retrouve en Corée du Sud mais également au Japon s’explique toutefois par le fait que l’épidémie étant infiniment mieux contrôlée à date dans ces pays, ils ne sont pas dans la situation d’urgence qui caractérise de nombreux pays occidentaux où la vaccination est considérée comme beaucoup plus vitale pour permettre le retour à une vie normale.

La stratégie des trois C pour contrer les super contaminateurs ou l’étude des lieux de contamination comme ont pu le faire les Sud-coréens et les Japonais sont-ils la preuve que lorsque le pouvoir politique s’appuie sur de vraies connaissances scientifiques les résultats sont meilleurs ?

Charles Reviens : Les 3C « Crowded places/Close contact settings/Confined and enclosed spaces” mis en avant par l’ OMS constitue notamment la particularité de la stratégie japonaise.



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de nouvelles pandémies alors mieux vaut être renseignés sur les prochaines infections.

Serge Morand

Serge Morand

Serge Morand est chercheur au Cnrs et au Cirad. Il travaille également au Centre d’infectiologie Christophe Mérieux du Laos. Écologue évolutionniste et parasitologue de terrain, il conduit de nombreuses missions sur les relations entre biodiversité et maladies transmissibles. 

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Voilà d'où pourrait venir la prochaine pandémie

avec Serge Morand

- janvier 25, 2021
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mardi 19 janvier 2021

THÉÂTRES

 Les mots qui résonnent dans un théâtre vidé de ses spectateurs par l’épidémie que l’on sait ne peuvent que prendre une force singulière. Que dire alors des mots de Valère Novarina ? Au Théâtre national populaire (TNP) de Villeurbanne, qui n’en finit pas de remettre sur le métier, au gré des interdictions gouvernementales, Le Jeu des ombres dans la mise en scène de Jean Bellorini, des répliques donnent le vertige : « Souhaitons au lendemain d’avoir lieu. » Ou alors : « Et je continuerai à vivre, uniquement pour me venger d’exister. » Ou encore : « Que vas-tu faire là-bas ? — Fermer la paupière du monde. »

© Éd. POL© Éd. POL
La pièce, écrite à l’automne 2019 et publiée en octobre 2020 chez POL, se lit comme un bréviaire du confinement, avec sa polyphonie foutraque, sa métaphysique jubilante, sa noirceur lumineuse : « L'homme est un néant capable de tout. » C’est du Novarina – il est, avec Michel Vinaver, le plus grand dramaturge français vivant. Du Novarina pur jus : foultitude de personnages aux noms délirants (la Machine à charmer les séquelles, la Machine à dénuméroter l’alphabet…), quand ils n’empruntent pas l’identité des chers disparus de l’auteur (le comédien Daniel Znyk, l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, la grande Catherine Fersen de la Comédie-Française…).

Ce texte est une commande de Jean Bellorini, arrivé en janvier 2020 pour diriger le TNP. Il a gardé seulement 20 % du Jeu des ombres – qui explore le mythe d’Orphée descendu aux Enfers à la recherche d’Eurydice –, pour aboutir à un spectacle de 2 h 15, mêlant cabaret berlinois brechtien et des airs de L’Orfeo de Claudio Monteverdi : « Je resterai avec toi dans la mort », chante ainsi de sa voix suave Ulrich Verdoni, jeune homme noir au coffre imposant, venu de la troupe éphémère qu’avait lancée Jean Bellorini à Saint-Denis (93), dans ses fonctions précédentes de directeur d’un autre centre dramatique national (CDN) : le Théâtre Gérard Philipe.

Le metteur en scène, qui va sur ses 40 ans (il est né le 18 juin 1981), a littéralement blanchi sous le harnais du confinement. Coupé dans son élan à peine arrivé. Alors que les attentes étaient grandes de la part des équipes du TNP de Villeurbanne – ils sont une bonne soixantaine, personnels administratifs et techniques confondus –, qui avaient courbé le dos à la fin du trop long mandat de Christian Schiaretti (2002-2020). Or à peine le temps de faire connaissance : télétravail !

Lisa Alegria Ndikita et Clara Meyer dans « Le Jeu des ombres » (© TNP)Lisa Alegria Ndikita et Clara Meyer dans « Le Jeu des ombres » (© TNP)
Jean Bellorini a mis toute son énergie à ne pas se laisser congeler par les événements. Aucune « Scène du froid », comme dans King Arthur de Purcell, pour ce musicien amateur ivre d’opéras. Réagir. S’ébrouer. Collectivement. Coûte que coûte. Le festival d’Avignon est-il annulé, au cours duquel Le Jeu des ombres devait être créé dans la cour d’honneur ? Qu’à cela ne tienne, début juin 2020, les répétitions commencent tout de même.

L’homme de théâtre théorise et impose alors la sanctuarisation du plateau : « Pas question de porter un masque sur scène, à condition d’établir, en dehors de cet espace, un protocole sanitaire rigoureux respectant les gestes barrières. Nous avons été parmi les premiers à établir une telle règle, avant que le ministère ne l’avalise, dans un décret à la fin du mois d’août. Ainsi avons-nous pu mener à bien l’une de nos missions essentielles : la création artistique », affirment à Mediapart Florence Guinard, directrice adjointe, et Pauline Huillery, administratrice, toutes deux venues du TGP (Théâtre Gérard Philipe) au TNP, pour continuer d’épauler leur patron et ami.

Or voici que Le Jeu des ombres, qui doit permettre à une troupe en quête de public de se désincarcérer, c’est-à-dire de ne plus vivre sous la férule covidienne, nous y renvoie puissamment. Comme si le texte, que finissait d'écrire Valère Novarina juste avant que tout cela ne nous arrivât, subodorait la descente aux enfers de nos sociétés confinées. Voici (vidéo ci-dessous) ce que dit Jean Bellorini, interrogé dans son bureau du TNP, de tous ces échos étranges qui semblent innerver la pièce…

Jean Bellorini et «Le Jeu des ombres», de Valère Novarina, qu'il met en scène au TNP de Villeurbanne. © Mediapart Fr

Valère Novarina, joint au téléphone dans ses montagnes savoyardes, nous précise que le pangolin (lire sous l’onglet Prolonger) ne lui est pas apparu en rêve – comme c’est le cas de moult mots qu’il invente et qui lui viennent à l’esprit dans son sommeil –, mais qu’il est tombé sur cet animal, par lui inconnu, parmi les livres pour enfants du fils d’un ami, auquel il téléphona ensuite, en décembre 2019, pour retrouver ce nom devenu prophétique : pan-go-lin. « De toute façon, ajoute l’écrivain, ces temps sont bizarres. J’avais dit à ma femme, en terminant Le Jeu des ombres : “Ce serait bien que nous puissions vivre une année entière rien que tous les deux, en tête-à-tête”... »

Valère Novarina, 78 ans, ne crie pas famine. Mais les conséquences de la fermeture des théâtres, donc les annulations à répétition de sa pièce (Avignon, TNP, les tournées), lui font dire – et l’expression prend tout son sens dans sa bouche : « C’est dramatique. » En effet, explique-t-il, « les droits d’auteur sont calculés sur la vente d’un spectacle mais également sur celle de chaque place payée. Je suis en train d’essayer de me renseigner auprès du ministère de la culture et de la SACD. Y aura-t-il des compensations capables d’atténuer un tel manque à gagner – en particulier celui, assez conséquent, de la cour d'honneur du palais des Papes ? Je n’en sais rien. La menace d’une perte sèche est grande. J’ai voulu tout de suite réagir en me lançant dans un nouveau projet, mais chacun veut caser ses spectacles et l’embouteillage est déjà là… »

Embouteillage, le mot revient dans toutes les bouches au TNP, après cette année blanche. S’il n’y a guère d’amortisseurs pour les auteurs, les comédiens ont pu limiter les dégâts – beaucoup moins toutefois dans le spectacle privé, où le sauve-qui-peut s’impose en l’absence de subventions, que dans une institution de service public phare telle Villeurbanne, qui a refusé de faire jouer la clause de « force majeure ».

Le bâtiment, un rien nord-coréen, du TNP à Villeurbanne (© A.P.)Le bâtiment, un rien nord-coréen, du TNP à Villeurbanne (© A.P.)
Florence Guinard, la directrice ajointe, et Pauline Huillery, l’administratrice, détaillent comment a été mise en place une activité partielle pour que les équipes artistiques et techniques, constituées d’intermittents du spectacle, fussent indemnisées sans perdre trop d’heures pour l’année suivante : « Mais ce filet de sécurité peut s’avérer un boulet pour de jeunes comédiens et comédiennes dans leur trentaine, dont la carrière décolle. Il ne leur restait plus qu’une seule marche à monter. Nous avions 76 dates en 2020 et il y a eu 53 annulations. Tout est remis en question pour des artistes prometteurs. D’autant que plus le temps passe, moins il sera possible de reporter tous les spectacles annulés depuis bientôt un an. »

Tel un sergent de ville à un carrefour embouteillé, Julia Brunet fait son possible au TNP. Elle est la troisième personne venue du Théâtre Gérard Philipe. En tant que directrice de production : « Le poste n’existait pas. Christian Schiaretti tournait peu. » Elle raconte les problèmes de logistique insurmontables à régler dans l’incertitude toujours recommencée, au fur et à mesure que tombent les annulations. Avec cependant une bouée de sauvetage appréciable : la captation audiovisuelle par la Compagnie des Indes (diffusion sur France 5 le 23 juillet dernier) du Jeu des ombres, avec des mouvements de caméra évitant la seule prise de vue frontale et son effet « théâtre en conserve » garanti.

Autre chance saisie : la possibilité de jouer fin octobre lors de la Semaine d’art d’Avignon. Six représentations sur les sept prévues : « Nous avons été rattrapés par la reprise de la pandémie, le couvre-feu puis le second confinement. Il nous a fallu avancer la générale de 20 h 30 à 17 h 30. Nous n’avions même pas 24 heures pour prévenir les professionnels qui allaient se déplacer pour assister à un spectacle qu’ils pourraient ensuite acheter et faire tourner. Ensuite, les onze représentations prévues au théâtre des Gémeaux, à Sceaux, sont tombées à l’eau, avec la possibilité d’avoir une visibilité parisienne – c’est-à-dire la presse et les programmateurs. Voilà comment le second confinement a eu raison de nous. D’autant que nous ne pourrons pas continuer de payer indéfiniment le coût des annulations sans bénéficier de la moindre recette. »

Le redémarrage s’annonce chaotique, détaille Julia Brunet : « Pour Le Jeu des ombres, par exemple, tout se fait au goutte à goutte, en dépit des tournées cohérentes et réfléchies que nous mettons habituellement sur pied. Il a vite fallu se décider pour Aix, puis Angers, puis un retour à Marseille. En des temps ordinaires, les représentations dans la région PACA auraient été regroupées. Et comment, dans tout cela, me consacrer à la production suivante de Jean Bellorini, Le Suicidé, déjà repoussée de janvier 2022 à janvier 2023 ? Comment, dans notre marasme permanent des reprogrammations, me projeter sur de nouvelles créations ? »

- janvier 19, 2021
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dimanche 3 janvier 2021

LA PATRIE




 France, Nation, République, État, Peuple, Patrie... Les mots constellent les écrans, volent sur les lèvres des mille bouches médiatiques pétrissant un salmigondis dans lequel se dissolvent les significations et s'abîme la raison.

Ainsi de la Patrie avec cette majuscule qui la sacralise car, les pères de la République, imprégnés d'une religion de la France, assignèrent à l'enseignement de l'histoire un objectif patriotique : aux enfants du pays majoritairement issus de villages aux mille parlers, aux enfants d'immigrés déjà nombreux, aux quelques écoliers des colonies proches ou lointaines, serait inculqué l'amour de la Patrie une et indivisible et la foi en la supériorité de la France. (Suzanne Citron : Le Mythe national- éditions de l'Atelier, 2017, p. 19).

Il reviendra à l'historien Ernest Lavisse de raconter aux enfants ce « roman national » qui s'imposera comme « mémoire collective ». Il le fera avec son « Petit Lavisse » répandu dans toutes les écoles primaires et racontant des histoires qui, nous enfants, nous ravissaient mais qui, rappelle Suzanne Citron, célébrait la bravoure des croisés s'emparant de Jérusalem en 1099 et massacrant des milliers de Turcs au nom de Jésus-Christ (p. 13).

L' historienne a montré comment en Michelet s'allient intimement l'amour religieux de la Patrie et le culte de la Révolution. Et c'est bien cela que le « Petit Lavisse » veut inculquer aux enfants (inculquer, en effet, étymologiquement tasser en foulant avec le talon), le sens du sacrifice au service de la Patrie comme le croyant est prêt à se sacrifier au service de son Dieu. C'est ainsi commente encore Suzanne Citron que, corps visible de Dieu, la patrie vivante et charnelle porte en elle et résume l'histoire du monde (p. 27).

 On sait aujourd'hui mieux que jamais et sans doute le saura-t-on demain mieux qu'aujourd'hui, à quels extrêmes, à quels carnages conduisent l'amour de Dieu, de n'importe quel Dieu et « l'amour sacré de la Patrie », cette patrie déifiée qu'il n'est pas possible de ne pas aimer puisqu'elle est le Dieu tout puissant et nécessairement parfait pour lequel, pour laquelle il est doux de se sacrifier.

Cependant, comme le fait remarquer Patrick Boucheron dans son « Ouverture » à la monumentale « Histoire mondiale de la France », (Seuil, 2017), Si Michelet apparaissait déplacé dans son temps, il n'est pas de plain-pied dans le nôtre. Car nous ne pouvons plus admettre avec lui que la France est « cette glorieuse patrie [qui] est désormais le pilote du vaisseau de l'humanité ». Le patriotisme de Michelet nous apparaît aujourd'hui compromis par une histoire dont il n'était évidemment pas comptable mais qui, après lui, s'est autorisée de cette mission civilisatrice de la France, notamment pour justifier l'agression coloniale.

Pourtant, n'est-ce pas à cela, à la fétichisation des mots Patrie et Nation, le plus souvent confondus en une même célébration aux accents guerriers que l'on parvient par cet usage incantatoire du mot République ? Et n'est-ce pas à ce retour, à cette ré-action vers le passé tellement moins prestigieux que celui décrit par le « Petit Lavisse » que l'on parvient avec le projet signifié par l'injonction « faire des républicains » ?

Quand à l'occasion de l'assassinat d'un enseignant les plus hautes autorité de l'État font appel à Ferdinand Buisson, ne sombrent-elles pas dans un anachronisme d'une part et dans une contradiction d'autre part qui court tout au long de l'histoire de l'Institution éducative au moins depuis la Révolution ?

L'anachronisme réside en l'évocation par un même mot, « République » de deux moments historiques qui n'ont rien de commun. Car Ferdinand Buisson prend soin de donner un contenu sans équivoque à ce qu'il entend par République : Donner [à l'enfant] l'idée qu' il faut penser par lui-même, qu'il ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c'est à lui de chercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d'un maître, d'un directeur, d'un chef quel qu'il soit.

Plus d'un siècle plus tard la République n'a réalisé aucun des espoirs placés en elle par Buisson. Le mot République aujourd'hui n'est plus que l'étendard en lambeaux brandi par les conservateurs de toute nature arc-boutés au maintien d'un fonctionnement social qui précisément n'a cure de liberté, de justice et du « penser par soi-même » mais au contraire préserve les privilèges les plus scandaleux par l'incessante invocation de la compétition et du mérite, ce mérite qui après avoir contribué au combat contre les Ordres s'est institué en justification de l'inégalité sociale en imposant l'ineffable figure de « l'ascenseur social ».

Quant à la contradiction elle s'impose en une aporie à laquelle se trouve confronté Buisson lui-même dans son énoncé : comment, en effet, préserver le libre développement de la conscience d'un enfant, autrement dit son autonomie, son droit inaliénable à se construire lui-même si l'on pose sur son front un a priori quel qu'il soit, ici la République ? Prétendre « faire un républicain » (ou un communiste, ou un socialiste, ou un anarchiste, ou un catholique, ou un musulman) c'est contraindre cet enfant avant même qu'il soit né, c'est le priver de sa part de liberté, de son droit à s'épanouir librement.

Je ne sais pas si Samuel Paty voulait « faire des Républicains » de ses élèves comme le prétend « l'Autorité », mais je sais que nombre d'enseignants, beaucoup plus modestement, s'appliquent à accompagner leurs élèves comme c'est depuis les Grecs le rôle des pédagogues, les accompagner en veillant à ce qu'ils se saisissent eux-mêmes des connaissances et des savoirs mis à leur disposition, s'appliquent à être, par grand vent, le « tuteur » qui les soutient et les aide à se tenir droits. Tâche beaucoup moins aisée qu'il n'y paraît, beaucoup plus ardue et plus noble en tout cas que celle d'inculquer dans des esprits disponibles des préalables idéologiques quels qu'ils soient destinés à « fabriquer » des être prédestinés à l'obéissance.

L'acte pédagogique est exactement à l'inverse de l'inculcation, il est tout entier dans cette tentative de lever, autant que faire se peut, les déterminations qui entravent l'accès à la connaissance car, contrairement à la conception sartrienne de la liberté, tous les êtres humains n'ont pas le privilège de naître dans des conditions biologiques et sociales qui leur permettent « d'exister », d'être ce qu'il veulent être, ce qu'ils ont décidé d'être. La propre biographie du philosophe tracée dans « Les Mots » et dans ses « Carnets » le montrent à l'évidence : si plutôt que dans sa famille cultivée Sartre était né dans le Nord minier et avait dû descendre dans les galeries à douze ans, il n'aurait jamais été Sartre.

Ce sont ces déterminations de toutes sortes qui interdisent à la « multitude » de celles et ceux qui les subissent d'accéder à la Raison, à la capacité de décider de ce que l'on veut être et de construire cet être. Telle est la « mission » de toute pédagogie, de toute école soucieuses de contribuer à l'émancipation : s'efforcer de lever ces déterminations autant qu'il est possible.

La Patrie alors, la « glorieuse patrie de Michelet » et « l'amour sacré de la Patrie » colportée par le « Petit Lavisse », cette patrie déifiée, célébrée aussi bien dans les austères commémorations que dans les stades en délire retentissant d'hymnes avinés, cette patrie-religion, comment l'appréhender sinon, peut-être, comme Spinoza appréhende la religion à laquelle il reconnaît la vertu de donner au « vulgaire » (attention encore ici à l'anachronisme : vulgaire est celui qui n'a pas accès à la Raison) la capacité de se résigner à son sort et ainsi de préserver la paix civile ?

Comment alors ne pas appréhender la Patrie, puisqu'elle est religion, comme un dispositif de pouvoir apte à maintenir le « vulgaire » dans la résignation et peut-être même dans la satisfaction du sort que la « Providence » lui a accordé ? Car dit Spinoza : Tel fut donc le but des cérémonies du culte : faire que les hommes n'agissent jamais suivant leur propre décret, mais toujours sur le commandement d'autrui et reconnussent dans toutes leurs actions et dans toutes leurs méditations qu'ils ne s'appartenaient en rien mais étaient entièrement soumis à une règle posée par autrui. Ainsi en va-t-il de la religion, ainsi en va-t-il de la partie devenue religion.

Mais le virus, se demande-t-on, que vient-il faire ici ? Il vient nous rappeler que nous sommes parvenus dans un monde où les frontières ne séparent plus rien, ni nations ni patries, ce que, paraît-il, Socrate pressentait déjà voici deux mille cinq cents ans car quand on lui demandait d'où il était, il ne répondait pas d'Athènes mais du monde. Lui qui avait son imagination plus pleine et plus étendue embrassait l'univers comme sa ville, jetait des connaissances, sa société et ses affections à tout le genre humain ! Non pas comme nous qui ne regardons que sous nous. (Montaigne – Essais, liv. I, chap. XXVI).

L'absurde apparaît alors et d'autant plus que la raison, dégagée des passions déchaînées au cours des siècles par religions et patries, convoque le hasard pour condamner la notion même de patrie. Car si je suis né ici plutôt que là, dans ce coin de Quercy plutôt que sur les rives de l'Ebre : pur hasard ! Et donc, pas de quoi être fier car comme écrivait Paul: Qui te distingue en effet ? Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi t'enorgueillir comme si tu ne l'avais pas reçu ? (Corinthiens, 4, 7).

Ce qui ne signifie nullement que je ne puisse aimer cette terre où je suis né (mais bien d'autres aussi) que je reconnais les yeux fermés à l'odeur des noyers de l'automne jaunissant et au bruissement des peupliers au long de la Dordogne, ou que je ne puisse aimer les « lomas » et « barrancos » arides de l'Aragon, (où il s'en fallut de peu que je naquisse), parfumées aux senteurs de thyms et de lavandes sauvages, mais il n'en reste pas moins que c'est le hasard, rien d'autre que le hasard plus ou moins épicurien qui m'a donné de naître là plutôt qu'ailleurs. Car comme le dit Jacques Monod en conclusion de son livre « Le Hasard et la Nécessité » (Seuil, 1970) : L'homme sait enfin d'où il a émergé par hasard. Non plus que son destin son devoir n'est écrit nulle part. A lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres.

Choisir, bien sûr, mais encore faut-il être en situation de pouvoir choisir... Et l'on ne choisit pas « sa patrie » de sorte qu'il n'y a pas de quoi « être fier d'être français » ou autre chose, ou tout ce que l'on voudra. Il n'est qu'une seule certitude, nous sommes tous nécessairement du monde. Ce que le malicieux Montesquieu eut la bonne idée de dire ainsi : Je suis nécessairement homme, je ne suis français que par hasard.(Pensée 350).

Et puis enfin, de quel droit dans ce monde métissé depuis toujours, depuis Cro-Magnon comme le rappelle François Bon à l'issue de sa visite de la grotte Chauvet (Histoire mondiale de la France) plus métissé aujourd'hui que jamais dans ce monde sans frontières, de quel droit imposer à des enfants une « identité », un « être français » ou un « être républicain » ou tout ce que l'on voudra ? Quel est ce droit qui, ce faisant, se donne comme Vérité ? L'universel virus ne devrait-il pas inviter à plus de modestie, plus d'humilité, à moins de forfanterie ?

- janvier 03, 2021
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