mercredi 19 juillet 2023

ETAPE 17

Tour de France 2023 : Tadej Pogacar craque dans le col de la Loze, la 17e étape remportée par Felix Gall

L'Autrichien a remporté, mercredi, sa première victoire sur le Tour de France, quand Jonas Vingegaard a profité de la défaillance de son rival pour consolider son maillot jaune entre Saint-Gervais Mont-Blanc et Courchevel.
Article rédigé parLuc Sares
Publié Mis à jour 
 Temps de lecture : 2 min.
Tadej Pogacar en difficulté dans le col de la Loze sur la 17e étape du Tour de France, le 19 juillet 2023. (DAVID PINTENS / AFP)

Il aura résisté jusqu'au bout, même au retour tonitruant du maillot jaune. En s'envolant seul dans le col de la Loze, l'Autrichien Felix Gall (AG2R-Citroën) a remporté en solitaire, mercredi 19 juillet, sa première victoire sur le Tour de France devant Simon Yates (Jayco Alula) et Pello Bilbao (Bahrain Victorious). Un succès mémorable sur l'étape reine de cette édition, entre Saint-Gervais Mont-Blanc et Courchevel. Derrière lui, Jonas Vingegaard a lui pris le large au classement général du Tour de France après la défaillance de Tadej Pogacar, qui a chuté en début d'étape, le premier des favoris à lâcher à quinze kilomètres de l'arrivée.

Felix Gall, meilleur d'une grosse échappée de leaders

Pointés à plusieurs minutes du maillot jaune, les membres du top 10 avaient de la suite dans les idées au départ de la 17e étape qui comptait plus de 5 000 mètres de dénivelé. Parti dans l'échappée avec notamment Pello Bilbao (Bahrain Victorious), Simon Yates (Jayco Alula) et David Gaudu (Groupama-FDJ), Felix Gall avait choisi son étape. Passé pas loin de la victoire à Laruns, lors de la 5e étape, l'Autrichien a fait rouler son équipe AG2R-Citroën pour conserver la faible avance accordée par les Jumbo-Visma au pied de la dernière ascension (2'45").

L'Autrichien Felix Gall (AG2R Citroën Team) s'est imposé à Courchevel après être parti seul dans le col de la Loze. Il devance Simon Yates (Team Jayco AlUla) et Pello Bilbao (Bahrain Victorious). Le maillot jaune Jonas Vingegaard (Team Jumbo Visma) termine quatrième et accroit son avance sur Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) qui finit à 7'37'' du vainqueur du jour.

Alors que devant, Julian Alaphilippe, encore une fois à l'attaque, puis Thibaut Pinot et Guillaume Martin ont été lâchés dans le col de la Loze, Felix Gall a décidé, lui, de s'envoler en solitaire, soutenu par la foule des grands jours. Avec cette première victoire sur le Tour, le coureur d'AG2R-Citroën grimpe désormais au 8e rang du classement général, derrière Simon Yates qui intègre le top 5 avec sa deuxième place à Courchevel. Rescapé de l'échappée, le Français David Gaudu termine, lui, à la cinquième place et reste dans le top 10 au général.

La voie royale pour Vingegaard

Derrière, les dernières miettes de suspense se sont envolées. Alors que Jonas Vingegaard ne comptait que dix secondes d'avance sur Tadej Pogacar mardi matin, le duel a pris fin pour de bon mercredi.  Après un premier coup de massue dans le contre-la-montre entre Passy et Combloux, le Slovène est redevenu humain mercredi sur les pentes du col de la Loze.

Premier favori à lâcher dans le plus haut sommet de cette édition, ce dernier, qui a chuté en début d'étape, en a bavé pour terminer l'étape, tracté par son coéquipier Marc Soler. Son coéquipier, Adam Yates, n'a pas été sommé de se relever et s'est battu à l'avant de la course pour conserver et même consolider sa 3e place. A l'altiport de Courchevel, Pogacar est arrivé avec un débours de près de six minutes sur le maillot jaune. Le double vainqueur du Tour (2020 et 2021) est désormais relégué à 7'35" au classement général et abandonne tout espoir de maillot jaune à Paris.

Devant, le maillot jaune ne s'est pas posé de questions, récupérant tour à tour les échappés pour finir 4e à 1'52" du vainqueur du jour, même s'il a été ralenti par la chute d'une moto au milieu de la foule, l'obligeant à mettre pied à terre. À quatre jours de l'arrivée aux Champs-Elysées, il n'y a désormais plus de suspense. Sauf accident, Jonas Vingegaard devrait être en haut du podium à Paris pour la deuxième année consécutive.

Il aura résisté jusqu'au bout, même au retour tonitruant du maillot jaune. En s'envolant seul dans le col de la Loze, l'Autrichien Felix Gall (AG2R-Citroën) a remporté en solitaire, mercredi 19 juillet, sa première victoire sur le Tour de France devant Simon Yates (Jayco Alula) et Pello Bilbao (Bahrain Victorious). Un succès mémorable sur l'étape reine de cette édition, entre Saint-Gervais Mont-Blanc et Courchevel. Derrière lui, Jonas Vingegaard a lui pris le large au classement général du Tour de France après la défaillance de Tadej Pogacar, qui a chuté en début d'étape, le premier des favoris à lâcher à quinze kilomètres de l'arrivée.

Il aura résisté jusqu'au bout, même au retour tonitruant du maillot jaune. En s'envolant seul dans le col de la Loze, l'Autrichien Felix Gall (AG2R-Citroën) a remporté en solitaire, mercredi 19 juillet, sa première victoire sur le Tour de France devant Simon Yates (Jayco Alula) et Pello Bilbao (Bahrain Victorious). Un succès mémorable sur l'étape reine de cette édition, entre Saint-Gervais Mont-Blanc et Courchevel. Derrière lui, Jonas Vingegaard a lui pris le large au classement général du Tour de France après la défaillance de Tadej Pogacar, qui a chuté en début d'étape, le premier des favoris à lâcher à quinze kilomètres de l'arrivée.

Felix Gall, meilleur d'une grosse échappée de leaders

Pointés à plusieurs minutes du maillot jaune, les membres du top 10 avaient de la suite dans les idées au départ de la 17e étape qui comptait plus de 5 000 mètres de dénivelé. Parti dans l'échappée avec notamment Pello Bilbao (Bahrain Victorious), Simon Yates (Jayco Alula) et David Gaudu (Groupama-FDJ), Felix Gall avait choisi son étape. Passé pas loin de la victoire à Laruns, lors de la 5e étape, l'Autrichien a fait rouler son équipe AG2R-Citroën pour conserver la faible avance accordée par les Jumbo-Visma au pied de la dernière ascension (2'45").




 Le profil de la 17e étape du Tour de France

Demain, c’est l’étape reine du Tour de France qui attend les coureurs avec 165,7km de haute montagne entre Saint Gervais Mont Blanc et Courchevel.

Tour de France 2023 : des matelas pour sécuriser la descente dans le col de la Loze


Un système de sécurité habituellement utilisé pour le ski va être testé lors de l'étape de mercredi sur la Grande Boucle.

C'est l'une des inquiétudes entourant ce Tour de France 2023. Un mois après le décès tragique de Gino Mäder sur le Tour de Suisse, et alors que de nombreuses chutes ont émaillé le dernier week-end de course, la sécurité des coureurs sur les descentes est une réelle interrogation. Mercredi 19 juillet, pour le compte de la 17e étape, des matelas de protection utilisé lors d'épreuves de ski vont être installés dans la descente du col de la Loze.

Une expérimentation durable ?

"L'objectif est de monter au maximum le niveau de sécurité, tout en gardant à l'esprit qu'on ne peut pas sécuriser deux fois 3 500 kilomètres, à gauche et à droite de la route", explique André Bancala, coordinateur de l'assemblée des départements de France. "On s'interdit certaines montées car la descente est trop dangereuse", poursuit Thierry Gouvenou, en charge du tracé des étapes. Reste à voir si cette expérimentation peut devenir une solution pérenne.

mardi 18 juillet 2023


 

ÉTAPE 16

 

Vingegaard remporte son duel sur Pogacar, Cavagna premier Français... Le résumé du contre-la-montre de la 16e étape


Le Danois a conforté son avance sur Tadej Pogacar, mardi, en remportant l'unique contre-la-montre de ce Tour de France 2023 entre Passy et Combloux (Haute-Savoie).

Il avait annoncé que le Tour ne se jouerait pas à une poignée de secondes. Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) s'est donné raison mardi 18 juillet, lors de sa victoire écrasante sur le contre-la-montre entre Passy et Combloux (Haute-Savoie). En reléguant son dauphin Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), deuxième de l'étape à 1'38", à près de deux minutes au classement général, le Danois a assommé le Tour en 22,4 kilomètres. Il faudra désormais un exploit au Slovène pour renverser le Tour, alors qu'il ne reste plus que deux étapes de montagne et que son rival a pris l'ascendant aussi bien comptable que psychologique dans le duel qui les oppose.

Derrière les deux extraterrestres, Wout van Aert (Jumbo-Visma) termine troisième à près de trois minutes. Il devance notamment Adam Yates (UAE Team Emirates) qui s'empare lui de la troisième place au général au profit de Carlos Rodriguez (Ineos-Grenadiers). Un temps premier du classement provisoire, le champion de France de la discipline Rémi Cavagna (Soudal-Quick-Step) prend la 6e place de cette 16e étape.



16e étape entre Passy et Combloux

Le seul contre-la-montre de ce Tour de France se joue ce mardi 18 juillet 2023. 22 km pour une épreuve 100 % haute savoyarde.

Jonas Vingegaard lors du contre-la-montre pendant le Tour de France 2022.
Jonas Vingegaard lors du contre-la-montre pendant le Tour de France 2022. (© A.S.O./Pauline Ballet)
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Aujourd’hui, pas de peloton, mais des coureurs défilant entre Passy et Combloux les uns après les autres. Ce mardi 18 juillet 2023 : c’est contre-la-montre. Le seul de cette Grande Boucle.

Et, il pourrait s’avérer décisif entre les deux leaders, Tadej Pogacar, deuxième du classement général à seulement 10 secondes du premier, Jonas Vingegaard. 

Les coureurs vont donc défiler pendant 22 km pour cette 16ᵉ étape du Tour de France 2023. Le premier départ sera donné à 13 h 05 et la dernière arrivée est estimée à 17 h 36.

La carte de la 16e étape du Tour de France 2023
La carte de la 16ᵉ étape du Tour de France 2023

    Tout est possible

    Quand on regarde le profil de l’étape du jour, on voit bien qu’elle correspond davantage à un grimpeur avec cette grosse montée, en fin d’étape : la côte de Domancy (2,5 km à 9,4 %). 

    « L’unique contre-la-montre de l’édition 2023 se caractérise à la fois par sa courte distance et par son profil avantageux pour les grimpeurs se sentant à l’aise dans l’exercice solitaire », explique Christian Prudhomme, directeur du Tour.

    Le profil de la 16e étape du Tour de France 2023
    Le profil de la 16ᵉ étape du Tour de France 2023 (© A.S.O)

    Une occasion pour Tadej Pogacar de reprendre du temps à Jonas Vingegaard, l’actuel maillot jaune ? Cette étape pourrait bien rebattre les cartes du fantastique duel livré par les deux coureurs.

    L’an passé, c’est Wout Van Aert (pas un spécialiste de la discipline) qui avait levé les bras lors du dernier chrono. Dans ce court, mais dur, contre-la-montre, tout est possible.






     Tour de France: nouveau round du duel Pogacar-Vingegaard à Domancy. Un endroit de légende pour un duel épique: Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar, les deux inséparables du Tour de France, débutent l’ultime semaine de leur confrontation mardi lors d’un contre-la-montre alpin qui emprunte la mythique côte de Domancy. 

    Tour de France 2023 : Vingegaard écrase Pogacar et frappe un grand coup, le résumé de la 16e étape

      

    Dans l’unique contre-la-montre du Tour de France 2023, l’explication entre Vingegaard et Pogacar a tourné en faveur du maillot jaune



    Ce mardi, Jonas Vingegaard a assommé le Tour. Il s'est, selon les statistiques de NTT Data, imposé avec la plus grande marge dans un contre-la-montre du Tour de France depuis le succès de Tony Martin à Périgueux en 2014. L'Allemand avait alors distancé Tom Dumoulin de 1'39'', sur un parcours de 55 kilomètres.

    « Je ne me souviens pas d'un contre-la-montre dans lequel le vainqueur met 4,5 secondes par kilomètre au deuxième. Pas Indurain, ni Armstrong. Personne ? », s'est étonné sur Twitter Michael Rasmussen à l'arrivée de la 16e étape du Tour de France, le contre-la-montre Passy-Combloux, avalé à 41,363 km/h par son compatriote Jonas Vingegaard qui a écrasé le Tour en devançant Tadej Pogacar de 1'38''.

    Jane Birkin

     


    Jane Birkin, chanteuse et comédienne, est morte à l’âge de 76 ans

    Avec son mélange de séduction et d’intelligence, sa facilité à étaler ses sentiments sous des dehors pudiques, l’artiste, qui occupait une place à part dans la cartographie des stars françaises, est morte à Paris, dimanche.

    Par 


    Jane Birkin, chanteuse et comédienne, est morte à l’âge de 76 ans

    Avec son mélange de séduction et d’intelligence, sa facilité à étaler ses sentiments sous des dehors pudiques, l’artiste, qui occupait une place à part dans la cartographie des stars françaises, est morte à Paris, dimanche.





    Tennis délacées, tee-shirt blanc et jean bleu, Jane Birkin vivait dans un naturel chic, par elle inventé. Anglaise, enracinée en France par la grâce d’un auteur-compositeur d’origine russe, Serge Gainsbourg, elle s’étonnait d’avoir été ainsi fascinée par « les Français, que je trouvais si beaux et par l’univers de Serge, sa religion juive, tellement attractive », au détriment de son pays d’origine. Première conséquence : à tout jamais, on devra à Jane Birkin l’invention d’un « créole » particulier, ce que son ami écrivain Olivier Rolin appelait un français « qui sort de ses gonds ».


    Un jour, en 2008, et parce qu’elle était artiste musicienne, elle avait même décidé d’exorciser ses démons linguistiques en écrivant de A à Z Enfants d’hiver (ou divers) – exercice renouvelé douze ans plus tard, en 2020, avec l’album Oh ! Pardon tu dormais, réalisé avec son ami Etienne Daho. « Là, il fallait que je sois précise, que je ne me trompe pas en français, mais je voulais rester moi. J’ai mis du temps à comprendre “l’on s’éreinte”. Je pensais que cela signifiait jeter ses bras autour du cou. Alors, par exemple, je dis : “A la grâce de toi.” Gainsbourg avait bien écrit “l’amour de moi” », disait-elle alors, en riant. Et quand elle souriait, ses yeux se plissaient, c’était Birkin.



    Jane Birkin est morte, dimanche 16 juillet, à Paris, selon les informations du Monde. Née le 14 décembre 1946, à Londres, Jane Birkin est la fille de David Birkin, commandant dans la Royal Navy, et de l’actrice Judy Campbell, qui fut la muse de Noël Coward, le célèbre dramaturge britannique. Pierre, ciment, cailloux, ciseaux, feuilles, choux, genoux : les mots chez Birkin changeaient parfois de genre, d’orthographe ou de destination, mais elle n’était jamais bâillonnée.


    Après avoir soutenu ses causes et ses héroïnes, volant au secours des offensées, d’Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix en 1991, avant qu’elle ne tombe en disgrâce pour cause de collaboration avec la junte birmane, à Christiane Taubira, ancienne garde des sceaux de 2012 à 2016, que des opposants au mariage pour tous voulaient renvoyer « manger des bananes » en Afrique.


    Icône pop

    Tout chez Birkin était militant. Le look d’abord, de la robe archi-transparente portée le soir de la première du film Slogan, en 1969, au tailleur-pantalon Saint Laurent des concerts « Gainsbourg symphonique », en 2017. A la ville, au fil du temps, Birkin avait ajouté aux débardeurs échancrés des sweats confortables, des vestes en treillis qui tombaient pile-poil, le chignon et les lunettes demi-lune. Mais elle ne vieillissait pas, elle apprenait la vie en permanence, créature de la nuit et les nerfs à vif.


    En 2008, Jane était déjà grand-mère et portait des pulls tricotés, quand la marque de chaussure Converse en fait une de ses égéries (aux côtés d’Asia Argento en Italie, Nina Hagen en Allemagne, ou feu Ian Curtis en Angleterre…). Des gens, précisait Converse, « choisis pour leur vision optimiste de la rébellion ». En 2021, à 75 ans, la voici au lit avec Etienne Daho pour un clip élégant sur les déboires conjugaux, illustrant la chanson Oh ! Pardon tu dormais, où elle se remémore les déchirures du couple qu’elle a formé avec le compositeur anglais John Barry, elle 17 ans, lui treize ans de plus.


    Le chanteur et compositeur du groupe Mickey 3D, Mickaël Furnon, avait écrit en 2004 une chanson, Je m’appelle Jane, sous la forme d’un dialogue avec cette agaçante icône pop qui a réponse à tout. Il y posait les questions qui fondaient la relation quasi hypnotique de Birkin avec ses amis artistes et son public, qui s’achevait sur un définitif : « Je m’appelle Jane et je t’emmerde. »


    « Dis, Birkin, pourquoi t’as pas grossi en vieillissant ? T’es toujours aussi belle qu’avant

    – C’est que je suis maligne »


    Écouter aussi Jane Birkin : « Comme Virginia Woolf, je rêvais d’avoir ma chambre à moi »

    Maligne sûrement, fine toujours, son cache-col noué avec élégance. Elle était aérienne et, pourtant, tout en profondeur. « Jane marchant sur la plage, chemise de lin au vent, un crayon piqué dans les cheveux, la simplicité, le dépouillement. Jane chez elle à Paris, sous les sombres tissus imprimés, les tentures, les fanfreluches, les guirlandes, les lustres, les bestioles empaillées, les photos, les bibelots de la mémoire : une Anglaise excentrique », écrit Olivier Rolin, rencontré à Sarajevo en 1995 et qui fut son compagnon, dans une lumineuse préface au livre de photographies publié par Jane Birkin et Gabrielle Crawford, son amie d’enfance, sa « sœur », chez Flammarion (2004).


    La vie de Jane, hors « Serge », est une aventure sans rupture – disques, films, théâtre, coups de foudre et coups durs. Sur l’album Enfants d’hiver, la photo de couverture, prise « peut-être par [sa] grand-mère », montre Jane à 12 ans, enfant filiforme, garçonne en ballerines, le regard droit, plantée sur une plage de l’île de Wight – elle y était pensionnaire et, comme elle le raconte dans Jane B. par Agnès V. (1988), on l’appelait par son numéro de chambre : « Ninety-Nine » (99).


    Dans le livret, elle avait placé des portraits de famille – sa mère, son frère Andrew, sa sœur cadette Linda. « Andrew est magnifique, il a la tête du metteur en scène qu’il sera, moi de l’actrice, et Linda, qui déjà ne veut s’impliquer dans rien de tout cela ! » En 2004, sa mère glissait lentement vers la mort dans un hôpital britannique, qui, libéralisme oblige, utilisait des cash nurses, des infirmières indépendantes payées à l’heure. Et Birkin s’indignait. Son père s’est éteint quelques jours après Serge Gainsbourg, en 1991.


    Dans l’appartement qu’elle occupait, près de la rue de Verneuil, où vivait Serge Gainsbourg, puis dans sa maison proche du Jardin des plantes, elle avait épinglé des pêle-mêle, conservé des œuvres photographiques, un tirage noir et blanc magnifiquement flou de son frère Andrew, dont le fils, Anno Birkin, s’est tué en 2001, à l’âge de 20 ans, dans un accident de voiture. Chez elle, il y avait des tentures rouges, des tissus moirés, des canapés, une profusion de plantes vertes et de loupiotes en terrasse, des objets, des dessins, un capharnaüm cultivé, chic, sincère. Des casseroles en cuivre, de larges fourneaux, parce que Birkin aimait la famille, ses trois filles – Kate (Barry), Charlotte (Gainsbourg), Lou (Doillon). C’était Birkin.


    Femmes à suivre

    Linda, la sœur, sculptrice, est si discrète qu’elle refusait de montrer ses œuvres. « Elle les garde pour elle, par exemple ce pique-nique en béton, tout est en béton, les bouteilles de Coca, les verres, tout en béton, c’est formidable ! Tous les détails ! », s’étonnait Jane Birkin, en 2013, alors qu’elle présentait avec Gabrielle Crawford, le recueil de photographies que cette dernière lui avait consacré. Le livre était dédié à Kate Barry, fille de Jane et de John Barry. Kate, photographe, s’était défenestrée le 11 décembre 2013, « le jour même où ce livre partait à l’impression », était-il expliqué sur la page de garde.


    Jane Birkin et Gabrielle Lewis (nom de jeune fille de Gabrielle Crawford) figuraient ensemble, sans se connaître, dans le Daily Mail pour une photo de la « classe 64 » : une cinquantaine de femmes « à suivre », parmi lesquelles Nico et Marianne Faithfull… « Six mois après la photo du Daily Mail, j’ai passé une audition pour la comédie musicale Passion Flower Hotel, mise en musique par John Barry, Gabrielle aussi », racontait Jane. Ecartée, Gabrielle devient alors DJ au Pickwick Club, à Londres, dans le West End, une boîte où le Swinging London est en train de s’inventer.


    A l’époque de la minijupe, l’« attachement » des deux filles se noue grâce à leurs maris : le compositeur John Barry pour Jane Birkin, l’acteur et chanteur Michael Crawford pour Gabrielle Lewis. Les deux hommes et Jane figurent au générique de Passion Flower Hotel et du film Le Knack… et comment l’avoir, de Richard Lester, Palme d’or à Cannes en 1965.


    Il y a une autre photographie, prise le jour du baptême d’une des filles de Gabrielle, Lucy : « J’étais la marraine. Kate hurlait, elle m’avait vomi dessus, John Barry ne me parlait plus, voilà bien une petite affaire anglaise, bien cosy… » John Barry compose les bandes originales des films de James Bond (et plus tard d’autres, comme Danse avec les loups, de Kevin Costner) ; elle tourne Blow Up, d’Antonioni, Palme d’or à Cannes en 1967. Elle a 19 ans, Jeanloup Sieff la photographie pour Harper’s Bazaar. Elle est magnifique.


    « Chanson salace »

    En 1967 toujours, Serge Gainsbourg traverse le Channel pour enregistrer Comic Strip, chanson inspirée par la BD Barbarella, de Jean-Claude Forest, avec une choriste anglaise. Il entreprend une épopée britannique qui trouvera son apothéose en 1971 avec Histoire de Melody Nelson. Entre-temps, il happe Jane Birkin, en plein Mai 68, sur le tournage de Slogan, de Pierre Grimblat. Elle lui apporte, dit-elle, « le féminin ». Elle, fille aux seins plats et à la silhouette androgyne, offre à un Gainsbourg qui se trouvait laid l’occasion d’être beau en portant des cheveux longs, des mocassins Repetto et des « bijoux de marquise ».



    Un an plus tard, l’Angleterre est scandalisée, comme la France et le Vatican, par Je t’aime… moi non plus, soupirante mélopée, duo amoureux inégalé, initialement enregistré par Brigitte Bardot, dont Gainsbourg était tombé amoureux au préalable. « J’ai dû faire de la peine aux Anglais, à mes parents aussi », expliquait Jane, experte en sentimentalité fébrile. La chanson l’a rendue célèbre dans le monde entier, et lui a sans cesse collé aux basques, notamment outre-Manche, où les journalistes les plus sérieux (ceux de la BBC) ne pouvaient, disait-elle, s’empêcher de lui poser des questions « énervantes » : « Quand allez-vous refaire another dirty song, une autre chanson salace ? Je sais que, quand je partirai les pieds devant, ils joueront Je t’aime… moi non plus. »


    Lire la rencontre avec Jane Birkin (en décembre 2019) : Article réservé à nos abonnés « J’étais cet objet qui voulait bien l’être »


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    Birkin chantait, Birkin vivait, elle était aussi comédienne et adorait le cinéma. En 1969, elle est à l’affiche de La Piscine, de Jacques Deray, un huis clos avec Romy Schneider, Alain Delon et Maurice Ronet. Et deviendra une vedette populaire en France, en jouant notamment une « ravissante idiote » aux côtés de Pierre Richard dans La moutarde me monte au nez (1974). Entre-temps, elle fait une pause dans sa carrière en 1971, après la naissance de Charlotte. En 1973, elle est l’amante fascinée et filiforme d’une Brigitte Bardot toute en chair dans Don Juan ou si Don Juan était une femme, de Roger Vadim. En 1975, elle tient un des rôles principaux dans le premier film de Serge en tant que réalisateur, Je t’aime moi non plus – ambiguïté sexuelle et sodomie violente au programme.


    Avec Serge, elle hante le Palace, haut lieu du noctambulisme parisien des années 1980. Elle aime Gainsbourg « parce qu’il pouvait écouter Grieg l’après-midi et parler avec Patrick Sébastien à 20 h 30 ». Elle voit en lui un Petit Prince effarouché, dandy détaché, personnage de comédie musicale à la Sondheim ou à la Gershwin, initiateurs d’un cafard bleuté qu’elle adore. Puis vient l’époque « Gainsbarre », déglinguée, et ce n’est pas la sienne. Il boit, il délire, il est destroy, elle non. Elle le quitte en 1980 pour vivre avec le metteur en scène Jacques Doillon, avec qui elle fait un enfant, Lou, née en 1982, avant de tourner avec lui La Pirate, en 1984. Entre-temps, Gainsbourg, qui prépare le Pull Marine d’Adjani, lui offre un album, Baby Alone in Babylone – « Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve »…


    L’héritage Gainsbourg

    Petite soldate de la mémoire, Jane Birkin a le sens du sacré. Elle a toujours été, artistiquement, la « légataire universelle » de Serge Gainsbourg, décédé le 2 mars 1991. Jane Birkin a enregistré sept albums « made in Serge Gainsbourg », des chansons écrites pour elle ou des reprises de son répertoire à lui, de Jane Birkin & Serge Gainsbourg (1969) à l’ultime et inoubliable Amours des feintes (1990). Elle passe de la Lolita gaie de La Gadoue à la mélancolique Jane B, en passant par l’aimable Di Doo Dah, l’Ex-fan des sixties ou le personnage plus épais des Dessous chics. Gainsbourg avait toujours envers elle le souci d’un certain « désabusé », disait-elle. En 1987, elle donne même un récital en solitaire au Bataclan. « Serge était là, avec son briquet, et Bambou [sa nouvelle épouse]. J’apprenais qu’on pouvait se faire plaisir. »


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    Veuve de la guerre ambiguë que Gainsbourg se livrait à lui-même, à la femme ou à la société, Jane Birkin n’envisage pas pendant longtemps l’infidélité artistique. Si des compositeurs la sollicitent, pour sa voix si wispy (de wisp, « mèche de cheveux », « filet de fumée »), elle refuse. En 1994, après une tournée française, elle jure qu’elle va cesser de chanter. Mais alors qui chanterait Gainsbourg ? Seule Zizi Jeanmaire, pour laquelle il avait écrit des chansons, vient de s’y risquer au Zénith, à Paris. Birkin est légaliste.


    Quand elle pense s’engager « dans Serge » une fois encore, elle veut reprendre « ses » chansons, celles de Baby Alone in Babylone, de Lost Song ou d’Amours des feintes, avec orchestre symphonique. Mais Philippe Lerichomme, le directeur artistique de Jane et Serge depuis les années 1970, l’avertit du danger de se répéter ou de racler les fonds de tiroirs.


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    Il faut attendre six ans avant qu’elle n’ose. Elle publie, en 1996, Versions Jane, quinze reprises de chansons que Serge Gainsbourg avait écrites pour d’autres qu’elle, orchestrées par des musiciens aussi différents que Les Négresses vertes, Jean-Claude Vannier, Eddy Louiss, Doudou N’diaye Rose, Catherine Michel ou Joachim Kühn. Elle gagne du terrain sur les autres femmes : Catherine Deneuve, à qui elle chaparde Dépression au-dessus d’un jardin ; Françoise Hardy, dépossédée de Comment te dire adieu, avec la complicité d’une fanfare menée par Goran Bregovic ; Isabelle Adjani, frustrée en douceur du Mal intérieur.



    Jane Birkin sur scène du Carnegie Hall, à New York, le 1er février 2018. DON EMMERT / AFP

    Et puisqu’il n’était pas dit qu’elle serait toute sa vie veuve de guerre, elle trahit frontalement, en 1999, avec l’album A la légère, écrit par Miossec, Françoise Hardy, Alain Souchon, MC Solaar… Dans la même veine, ce sera ensuite Rendez-vous (des duos, en 2004), Fictions (2006, avec Beth Gibbons, la voix de Portishead, Neil Hannon de Divine Comedy, etc.), Enfants d’hiver (2008), Oh ! Pardon tu dormais… (2020), qu’elle écrit.


    Actrice « crédible »

    Elle avait du vague à l’âme, sûrement. Quelques regrets. Celui d’avoir été une actrice tardive, « en 1984 », dit-elle, dans La Pirate, le film de Jacques Doillon, puis dans La Fausse Suivante, mis en scène en 1985 par Patrice Chéreau. Révélée comme actrice « crédible », disait-elle, dans La Fille prodigue, de Doillon, en 1981. « C’était la première fois qu’une personne tournant des films dits “intellectuels” pensait à moi. Jacques Doillon était un réalisateur de films qui n’était pas intéressé à me voir sans mes vêtements. Il m’a dit : “Je vous veux boutonnée jusqu’au cou, je veux savoir ce qui se passe dans votre tête et je veux que vous fassiez une crise de nerfs.” » Elle tourne ensuite avec Jacques Rivette, James Ivory, Alain Resnais ou Jean-Luc Godard. Agnès Varda lui consacre un long-métrage, Jane B. par Agnès V. Birkin a tourné son premier long-métrage de cinéma en tant que réalisatrice en 2007, Boxes, qui réunit Geraldine Chaplin, Natacha Régnier et sa fille Lou Doillon.


    Avec son mélange de séduction et d’intelligence, sa facilité à étaler ses sentiments sous des dehors pudiques, elle occupait une place à part dans la cartographie des stars françaises. Chanteuse, elle bénéficiait d’un capital sympathie que le cinéma, mais aussi le théâtre ont fait fructifier.


    En 1994, Jane part pour Londres. Le prétexte : honorer la mémoire de Serge Gainsbourg, pour un soir, au Savoy Theatre. Mené avec succès, ce Tribute to Serge rénove l’image, à l’époque très floue, de Gainsbourg outre-Manche. Surtout, il ramène Jane B. vers ses racines. Présent au Tribute to Serge, un agent artistique lui propose alors le rôle d’Andromaque dans The Women of Troy (Les Troyennes, d’Euripide), mis en scène par Annie Castledine au National Theatre.


    Birkin est une « femme à la beauté folâtre », écrit quelques mois plus tard le critique Richard Williams, dans The Independent : l’article était intitulé « Return of the Native » (« le retour de la fille du pays »). « Elle a gardé sa beauté (…), ajoute-t-il, personne peut-être ne la reconnaîtra dans les rues de Londres, comme elle l’a souvent remarqué après tant d’années d’exil. Mais en aucun cas elle ne peut passer inaperçue. » En 1999, elle joue Oh ! Pardon tu dormais, mis en scène par Xavier Durringer, sur un texte qu’elle avait écrit en 1992 – dont elle reprend le titre pour son album coécrit avec Etienne Daho en 2020. En 2005 et 2006, elle joue également Sophocle et Shakespeare en France et en Grande-Bretagne.


    Birkin, la combattante

    Jane Birkin a souvent habillé, déshabillé les œuvres de Serge, « poète majeur », qu’elle interprète depuis 1969. La séparation, la mort, la collaboration avec d’autres n’y ont rien fait : Jane a continué de porter les chansons de son compagnon de vie et d’art, qu’elles aient été créées lorsqu’ils vivaient ensemble ou lorsque la force de leur lien perdurait au-delà des conflits.


    « C’est un privilège que l’un des plus grands auteurs français ait écrit pour moi de mes 20 ans jusqu’à mes 45 ans. Voilà, ça n’a jamais cessé. C’est une situation étrange. Qu’est-ce que je peux faire pour lui maintenant, alors que tout est trop tard ? Au moins, je peux le porter, l’emmener. Dire ses mots ! », expliquait-elle en 2017, alors qu’elle préparait la sortie d’un Gainsbourg symphonique.


    En 1999, elle avait créé en scène Arabesque : elle y passait à la moulinette orientale les chansons de Gainsbourg avec la complicité du violoniste algérien Djamel Benyelles, leader du groupe Djam & Fam. Le spectacle tourne alors dans le monde entier, plus de deux cents dates, trente pays, avant la sortie d’un album en 2002. Birkin en fait un manifeste pour le croisement des cultures et diffuse l’idée d’un Gainsbourg heureusement cosmopolite. C’était Birkin la combattante.


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    Son site Web a longtemps affiché ses préférences, celle de la lutte d’abord, avec un onglet dédié, intitulé « Mes engagements » : sauver Aung San Suu Kyi, ou la Tchétchénie. Elle était aussi partie à Sarajevo, en 1994, pour offrir des livres, en signe de protestation contre le « nettoyage ethnique opéré par les Serbes ultranationalistes ». Elle y a retrouvé « la fierté, la hauteur, la même que celle dont me parlait Jacqueline, la sœur de Serge : en pleines persécutions nazies, les parents Ginzburg exigeaient qu’elle aille prendre ses leçons de piano, quitte à faire 10 kilomètres à pied ».

    lundi 17 juillet 2023

    Jane Birkin, les chiens et les chats : une love story

     


    Jane Birkin, les chiens et les chats : une love story

    Jane Birkin, les chiens et les chats : une love story



    Jane Birkin a un net penchant pour les chiens… d’origine anglaise, bien évidemment ! Elle a été parmi les toutes premières en France à avoir un bull-terrier à l’époque où elle formait avec Serge Gainsbourg un couple resté mythique. Aujourd’hui, elle a jeté son dévolu sur le bulldog. Entre elle et les chiens, mais aussi les chats, c’est vraiment Je t’aime… moi aussi ! 

    Qui dit Jane Birkin pense inévitablement à Serge Gainsbourg dont elle fut la compagne durant de nombreuses années. Le couple sulfureux des années 70-80 s’est entre autres affiché avec un bull-terrier. Le leur répondait au nom de Nana. 

    Très peu connu à l’époque, on ne dénombrait qu’une quinzaine de chiens de cette race en France. Serge Gainsbourg a un jour croisé un maître avec ce chien. C’était vingt ans avant l’arrivée de Nana.

    « Quand j’aurai un jardin, j’aurai un chien de cette race », a-t-il alors décidé. Peu de temps après leur installation dans le petit hôtel particulier de la rue de Verneuil, dans le septième arrondissement de Paris, Jane a alors offert à Serge ce chien, pour son anniversaire, concrétisant ainsi son vœux. 

    A l’époque on ne parlait pas du tout de chiens dits dangereux, mais déjà, la « bouille » du bull-terrier attirait tous les regards. Il est vrai que sa tête ovoïde en forme de ballon de rugby ne passait pas inaperçue ! 

    « Elle est stupide, c’est ça qui fait sa charme ! », confiait avec le délicieux accent anglais et le ‘’mauvais français’’, dans la presse de l’époque, Jane Birkin. « Ce n’est pas le genre de chien qui ramène le journal en tout cas.  D’ailleurs ça, c’est peut-être pas de l’intelligence », expliquait-elle encore. 

    Serge était très épris de Nana. On la retrouvera ainsi sur de nombreuses photos, lors d’interviews, mais aussi à l’écran comme dans le film que Serge Gainsbourg réalise en 1976 : Je t’aime moi non plus, film au parfum de scandale lors de sa sortie. 

    Serge Gainsbourg : « Les hommes sont racistes aussi envers les chiens. »

    Décidément, ces deux-là ne faisaient rien comme tout le monde. « Parfois, à propos de Nana, les gens la compare à un cochon ou un mouton », faisait remarquer l’actrice. « Les hommes non seulement sont racistes envers leurs semblables, mais ils sont aussi racistes envers les chiens. Les femmes ont souvent un mouvement de recul face à Nana, parce que ce n’est pas le chien qu’elles ont l’habitude de voir », expliquait pour sa part Serge. 

    Pour Nana, Serge Gainsbourg se laissait aller à la confidence, brisant par ailleurs la carapace de laquelle il s’entourait habituellement. Le personnage provoquant, voire cynique, laissait alors place à l’homme sensible qu’il était vraiment.

    « Lors d’un déplacement en Espagne, Nana s’est enfuie de l’hôtel. Je ne voulais pas l’enfermer dans la salle de bain et je l’ai donc laissée sur le lit, dans la chambre. »

    Cette fugue rendra l’auteur compositeur complètement malade : « Je n’ai jamais été aussi malheureux que depuis la disparition de mon père », avouera-t-il.

    C’est finalement grâce à une émission de télévision espagnole qu’on lui permet de faire que Serge retrouvera Nana. « Le réalisateur m’a dit : on va vous aider, on ne parlera ni de toi ni de Jane, mais que du chien. »

    Cette sensibilité, Serge Gainsbourg ne la dévoilait pratiquement jamais, surtout lorsqu’il était question d’animaux. Pourtant, la disparition de Nana en juillet 1978 va le plonger dans une profonde tristesse. Son biographe raconte que Serge Gainsbourg pleure comme un enfant « toutes les larmes de son corps et s’endort sur le coussin de son animal ». 

    « C'est moi qui buvais et c'est elle qui, d'avoir bu mes paroles, est morte d'une cirrhose », écrira Serge Gainsbourg en évoquant Nana dans une chanson, Des laids des laids (1980). Yves Salgues dans Gainsbourg (éditions J.C. Lattès) rapportera aussi que Serge a écrit ceci après la mort de Nana : « Appelez-moi un menuisier. Qu'on lui fasse un cercueil dans le meilleur bois blanc et qu'on y grave le nom de Nana Gainsbourg sur une plaque de cuivre. »

    Quelque temps après, alors qu’il tourne pour la télévision dans un refuge de la SPA, il aperçoit un chat de gouttière très mal en point. Placé dans le quartier des « condamnés à mort », comme le raconte alors Serge Gainsbourg, le vieux matou tigré est « miteux, avec une oreille cassée et ravagé par le coryza ». Personne ne veut de ce chat, mais touché et séduit par cet animal, il décida aussitôt de l’adopter. 

    Le début des années 80 est marqué par la rupture du couple mythique. Chacun refait sa vie et Jane va alors se passionner pour le bulldog anglais. Ils se succèdent les uns après les autres - elle en est à son troisième - et elle « contamine » même sa fille Lou Doillon, qui ne s’en sépare désormais jamais. 

    Jane enterre ses chiens et conserve sa mère dans un pot de confiture ! 

    « Ils ont toujours eu la vedette dans nos films de famille », confit-elle à Pellerin.info au sujet des chiens. « J’aimais que mes filles grandissent avec un chien, comme mes petits-enfants aujourd’hui. On sait leur chaleur rassurante, y compris auprès des tout-petits qui écoutent les battements de leur cœur. Quel remède à l’angoisse et à la solitude que la compagnie d’un chien, et quel bon moyen d’attirer le regard et de se faire des amis ! »

    Cette passion pour les chiens décide même Jane Birkin a accepter de devenir marraine des Cœurs d’Or de Pèlerin en faveur de l’association Handi’Chiens. Cette dernière éduque et remet chaque année gratuitement des chiens auxiliaires de vie à des personnes handicapées moteur. 

    La vie amène pour Jane aussi son lot de tristesse. Aussi, à la perte d’un de ses bulldogs, elle les enterre « religieusement » dans sa maison de campagne. La Normandie puis désormais la Bretagne, elle avoue que les « petits cercueils » sont déplacés à chaque déménagements.

    Avec l’humour british qu’on lui connaît, Jane n’hésite pas à faire la comparaison avec les humains que l’on incinère et dont on garde les cendres : « Je conserve ma mère dans la cuisine, à côté des boîtes de thé. Ses cendres sont dans un pot de confiture à la fraise. Dessus, il y a marqué "maman" », explique-t-elle dans une interview à L’Express.fr ! 

    Elle avoue encore que souvent, dans son lit à baldaquin, elle dort « avec mes quatre petits-enfants et Dora, mon bulldog ». Cette race évoque pour elle le « croisement entre les lamantins et les hippopotames et [fait] rire les enfants ».

    Comme Jane Birkin sait nous émouvoir, mais toujours et encore nous faire sourire aussi. 

    Les chats de Jane

    JANE B.

     Inventaire à la Jane B.


    " yeux bleus

    Cheveux châtains

    Teint pâle,  le nez aquilin 

    Portée disparue ce matin

    À cinq heures moins vingt "


    Ces paroles, extraites de Jane B., tout premier classique que lui écrivit Serge Gainsbourg  en 1969, sonnent dune étrange façon auj, tant elles pourraient presque figurer sur le rapport de police qui constata sa disparition. 







     La plus anglaise des chanteuses françaises est morte à l'âge de 76 ans. Actrice à ses débuts, elle restera à jamais liée au nom de son premier mentor, Serge Gainsbourg et à leur chanson culte  Je t'aime, moi non plus .

    Jane Birkin est morte à l'âge de 76 ans, retrouvée sans vie dimanche à Paris, après avoir marqué de son empreinte la chanson et le cinéma. «Parce qu'elle incarnait la liberté, qu'elle chantait les plus beaux mots de notre langue, Jane Birkin était une icône française», a écrit le président Emmanuel Macron.Même éloge de la part de la première ministre Elisabeth Borne qui a salué «une icône inoubliable qui a transcendé les générations».

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    Jane Birkin demeurera longtemps l'Anglaise préférée des Français. À Paris, la jeune fille de bonne famille, figure discrète du Swingin' London, se réinventera en chanteuse et en égérie de Serge Gainsbourg sans jamais perdre ce petit accent reconnaissable entre mille. Elle n'a que 21 ans lorsqu'elle entre dans la vie du musicien, avec son bébé, Kate, née de son mariage avec le compositeur de musique de film John Barry, sous le bras. Ensemble, ils formeront le couple le plus emblématique du Paris des années 1970. Sous une apparence de muse malléable, Jane Birkin influencera profondément Gainsbourg à son tour, lui permettant de mettre au point le personnage très photogénique vêtu de jean, chaussons de danse Repetto, veste et barbe de trois jours.

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