jeudi 24 novembre 2022

COLETTE

 

Frédéric Beigbeder: «Quoi de neuf? Colette!»

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Frédéric Beigbeder. François BOUCHON

CHRONIQUE - Emmanuelle Lambert feuillette l’album des photos de Colette. Comme cadeau de Noël, c’est mieux qu’Ernaux.

Un été avec Colette d’Antoine Compagnon (2022), Colette et les siennes de Dominique Bona (2017), Amoureuse Colette de Geneviève Dormann (1984), sans compter les bios de Jean Chalon, Hortense Dufour, Gérard Bonal ou Frédéric Maget: si Colette inspire tant les écrivains, c’est qu’elle est une muse, en même temps qu’une fabrique à scandales. Elle se déshabille sur scène, embrasse des femmes en public, couche avec le fils de son mari encore mineur, lance sa marque de cosmétiques, et tout cela sans oublier d’écrire les meilleurs livres de son temps.

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Colette est coquette

Quelle femme peut aujourd’hui rivaliser? Emmanuelle Lambert commence par la comparer à Marguerite Duras, au risque de disqualifier tout son essai… car Duras a traité Colette d’«eau de bidet», ce qui est minable de la part de ce vieux rouleau de printemps. Tout de même, Sidonie Gabrielle Colette est un projet à la mode pour les fêtes: juger les images du passé avec les yeux du présent. Ce qui frappe en feuilletant cet album photo, c’est à quel point Colette mute sans cesse. Certes, la dame du Palais-Royal ne ressemble en rien à la strip-teaseuse du Moulin Rouge: cinquante années les séparent. Mais on peut en dire autant à chaque décennie. À 3 ans, Colette ressemble à Alice Liddell, le modèle d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. À 10 ans, c’est une adolescente sage en bottines lacées. Celle qui épouse Willy (1895) ne ressemble pas à la mime aux seins nus (1907), ni à l’auteur qui se déguise en Claudine (1904). Peu d’artistes ont été autant portraiturés (par Cecil Beaton, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Gisèle Freund, Irving Penn).

Colette gère son image comme Madonna, à une différence près: elle n’a jamais eu recours à la chirurgie esthétique. Se serait-elle faite botoxer si elle avait pu? C’est possible.Colette est coquette, et avide de nouveautés. Quand elle publie Chéri ou Le Blé en herbe, qui racontent des histoires d’amour entre une femme mûre et des beaux gosses, elle sait exhiber sa vie privée pour vendre. C’est le siècle qui veut cela, celui de la libération de la femme et de l’omniprésence de la communication.Colette a initié les deux, comme journaliste mais aussi experte en marketing. N’oublions pas qu’elle est l’auteur le plus cité dans Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir (1949). Alors tant pis si Emmanuelle Lambert se concentre sur les photos de Colette en négligeant son style. Si l’on cherche le style deColette, le mieux à faire, tout de même, reste de lire La Naissance du jour.

Sidonie Gabrielle Colette, d’Emmanuelle Lambert, Gallimard, 214 p., 29,90 €.

Sierra Torride

 Sierra Torride : retour sur le tournage tendu du film avec Shirley MacLaine et Clint Eastwood

Sierra Torride : retour sur le tournage tendu du film avec Shirley MacLaine et Clint Eastwood

Sierra Torride : retour sur le tournage tendu du film avec Shirley MacLaine et Clint Eastwood

Le tournage du western "Sierra Torride" n'a pas été simple pour Shirley MacLaine. La comédienne a notamment souffert de violents coups de soleil et d'une double pneumonie, et a par ailleurs eu des rapports assez houleux avec le réalisateur Don Siegel.

Sierra Torride : un western comique et plein d'action

Avant Les ProiesL'Inspecteur Harry et L'Évadé d'AlcatrazClint Eastwood et Don Siegel se retrouvent sur Sierra Torride. Sorti en 1970, ce western marque la deuxième collaboration entre le comédien et le réalisateur après Un shérif à New York.

Le film se déroule pendant l'intervention française au Mexique au XIXe siècle. Alors que trois bandits sont sur le point de la violer, une religieuse prénommée Sara (Shirley MacLaine) est sauvée par Hogan (Clint Eastwood), un mercenaire.

Sierra Torride
Sierra Torride ©Universal Pictures

La supposée sœur Sara décide ensuite d'aider Hogan dans sa mission : découvrir les faiblesses d'un fort tenu par les Français. Dynamite, coups de feu et romance sont au programme de ce western bourré d'humour, qui bénéficie de l'alchimie entre ses deux personnages principaux et de la partition d'Ennio Morricone. Si l'ambiance est assez légère dans le long-métrage, elle ne l'est vraiment pas pendant le tournage.

Une production mouvementée

Durant la production, Don Siegel et Clint Eastwood - également producteur exécutif par le biais de sa société Malpaso - doivent supporter Martin Rackin, qu'ils n'estiment pas beaucoup. Présenté comme "une version presque parodique du magnat hollywoodien - avec chaînes en or, bronzage de cabine et discours virulent" par le biographe Richard Schickel, ce producteur essaie de modifier l'histoire pensée par Budd Boetticher, spécialiste du western ayant travaillé à plusieurs reprises avec Randolph Scott.

Il souhaite par ailleurs minimiser les frais au maximum, ce qui finit par irriter le réalisateur et sa tête d'affiche. Avant d'imposer sa vision au montage final, Martin Rackin privilégie aussi les tournages en extérieur au Mexique, ce qui a des conséquences néfastes sur la santé de Shirley MacLaine.

À l'origine, le rôle de Sara est conçu pour Elizabeth Taylor, mais elle est finalement renvoyée du projet. Si la raison officielle derrière cette décision n'est pas connue, le biographe Patrick McGilligan affirme dans son ouvrage Clint Eastwood : Une légende qu'il se pourrait qu'elle vienne de Martin Rackin. Ce dernier aurait refusé que les prises de vues aient lieu en Espagne, ce qu'espérait la comédienne afin d'être aux côtés de son époux Richard Burton.

De grosses tensions entre Shirley MacLaine et Don Siegel

Shirley MacLaine hérite donc du personnage et lorsque le tournage débute en février 1969, Don Siegel n'arrive pas à s'entendre avec l'interprète de Sara, estimant qu'elle a trop de caractère. Cité par l'Express, il assure à son sujet :

C'est difficile d'éprouver de la gentillesse pour elle. Elle est trop peu féminine et a trop de couilles. Elle est très, très dure.

Sierra Torride
Sara (Shirley MacLaine) - Sierra Torride ©Universal Pictures

Le réalisateur reproche également à l'actrice d'être un "oiseau de nuit" et d'arriver régulièrement en retard sur le plateau. Après une énième dispute (auxquelles Clint Eastwood préfère ne pas se mêler), Shirley MacLaine quitte un jour la production furieuse. Don Siegel fait de même et se prépare à faire sa valise lorsqu'il entend frapper à sa chambre d'hôtel. La comédienne lui présente alors ses excuses et les choses s'arrangent entre eux, comme l'écrit le cinéaste dans ses mémoires :

À partir de ce moment-là, elle est devenue douce comme un agneau.

En plus de devoir accepter le tempérament de Don Siegel, Shirley MacLaine doit jouer dans des conditions compliquées, subissant la chaleur mexicaine harassante dans sa tenue de nonne. Pour l'aider à tenir le coup, un homme est embauché et a pour consigne de la suivre avec une ombrelle. Ce qui n'empêche pas l'actrice d'attraper des coups de soleil sévères ainsi qu'une double pneumonie. Des soucis qui renforcent l'atmosphère tendue du tournage, diamétralement opposée à l'ambiance décontractée du film.

 

Quand

Perec réécrivait Proust

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©FineArtImages/Leemage

En 1974, Perec publie un texte intitulé 35 Variations sur un thème de Marcel Proust: le célèbre incipit de Du côté de chez Swann est réécrit trente-cinq fois, selon des 



contraintes oulipiennes...

«Longtemps, je me suis couché de bonne heure.» C’est ainsi qu’en 1913 Marcel Proust fait débuter Du côté de chez Swann, premier tome de la Recherche du temps perdu. Grand bien lui en prit puisque cette phrase couchée sur le papier a fait le bonheur d’un certain Georges Perec, figure majeure de l’OuLiPo. En novembre 1974, Perec publie en effet dans le numéro 94 du Magazine littéraire un texte intitulé 35 Variations sur un thème de Marcel Proust: la célébrissime phrase mentionnée plus haut y est réécrite trente-cinq fois, grâce à des contraintes d’écriture dont les Oulipiens seuls ont le secret. Hommage haut en couleurs et cocasse. Prenons le temps de nous délecter de quelques-unes de ces petites recompositions.


Lipogramme en «E»

Il faut rendre à César ce qui est à César et ce n’est certainement pas Georges Perec, auteur de La Disparition - soit un roman de plus de 300 pages qui ne comporte pas une seule occurrence de la lettre E -, qui mettra sous silence les ressorts humoristiques du lipogramme ; cela donne donc «Durant un grand laps l’on m’alita tôt». Voilà une réécriture sans E qui passe crème pour les amateurs de phrases cacophoniques puisque les cinq dernières syllabes produisent une sonorité bien abracadabrantesque (lonmalitato).

Insistance

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises car, grâce à ce procédé stylistique, Perec fait basculer la première phrase de la Recherche dans le comique de répétition: «Pendant longtemps, pendant très longtemps, pendant très très très longtemps, oui, moi, je me suis couché, je suis allé au lit quoi, de très bonne heure, de très très très bonne heure, vraiment de très très très bonne heure…» On peut continuer très très très longtemps comme cela, d’autant plus que les phrases courtes n’étaient pas vraiment la tasse de thé de Proust.

Autre point de vue

Si Marcel Proust nous offre sa perspective de narrateur-personnage en disant que «Longtemps, je me suis couché de bonne heure.», Georges Perec préfère songer au point de vue de sa mère ; «Marcel, au lit!!!». Attention, on ne badine pas avec les horaires chez les Proust.

Variations minimales

Et si l’on change ne serait-ce qu’une toute petite lettre, qu’obtient-on? Voici quatre réponses possibles: «Longtemps, je me suis bouché de bonne heure.», «Longtemps, je me suis douché de bonne heure.», «Longtemps, je me suis mouché de bonne heure.», «Longtemps, je me suis touché de bonne heure.» Quelle subversion! Perec montre à quel point le moindre détail peut influencer le sens d’une proposition et, par là même, la désacraliser.

Amplification

«Éternellement, je me recouche de plus en plus tôt.» Heureusement que le jeune Marcel a la vie (et la journée) devant lui. La figure d’amplification consiste ici en une hyperbole qui crée un contraste entre les temporalités aux deux extrémités de la phrase.

Contamination croisée

Lorsque Du côté de chez Swann et La Chartreuse de Parme se croisent et se contaminent, on se retrouve face aux deux tournures suivantes:

a) «Le 15 mai 1796, je me suis couché de bonne heure.»

b) «Longtemps, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d’apprendre au monde qu’après tant de siècles, César et Alexandre avaient un successeur.»

Méfions-nous si l’on croise des livres de Stendhal ou de Proust, leur lecture paraît contagieuse.

Fine déduction

«Dès mon plus jeune âge, je me suis intéressé à des histoires de plume.» Qu’en déduit-on? Que, par conséquent, «Longtemps, je me suis couché de bonne heure.» Georges Perec a, ici, l’idée originale d’imaginer le propos qui précède et provoque la première phrase de la Recherche…et en profite, semble-t-il, pour adresser un clin d’œil taquin au pouvoir insoupçonnément apaisant de la littérature.

Le sommeil tôtif et régulier de Marcel Proust a permis à Georges Perec d’explorer les ressources créatrices du langage: remercions donc l’auteur de la Recherche du temps perdu de ne pas avoir fait la grasse matinée.

mardi 22 novembre 2022

Radio Tartu et le Dendrobate Doctor

 Aujourd'hui, c'est dimanche. Vous êtes donc bien sur Radio Tartu, je suis le Dendrobate Doctor et nous sommes ensemble pour faire l'état de la recherche sur l'épidémie de Covid-19 et le reste.

Si vous aimez la chronique, vous pouvez nous soutenir sur UTip (https://utip.io/thedendrobatedoctor).

  


Bienvenue à tous sur l'Echo des Labos.

  


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FAKE DE LA SEMAINE


Entre le Covid et les âneries d’Arte, je pense qu’il est temps que vous et moi on revoit les bases de la vaccination. Et ça tombe bien parce que le Fake de la semaine va nous en donner l’occasion. Car au vu de la tronche des nouvelles courbes depuis novembre, il a beaucoup circulé dans les sphères vaccinosceptiques que les contaminations étaient la preuve que le vaccin ne marchait pas. Alors, ça peut, si on sait pas comment marche un vaccin.


Car des vaccins, il en existe de plusieurs types, selon leur mécanisme mais aussi selon leur objectif. Tout d’abord, l’historique, le vaccin post-exposition. C’est un vaccin qui a la particularité de pouvoir permettre au système immunitaire de se défendre alors que l’attaque est déjà lancée. Il est rarement utilisé préventivement sauf quand le risque d’exposition (par exemple par la profession) est grand. C’est typiquement le cas du vaccin contre la rage. Il y a ensuite celui qui laisse passer le pathogène mais qui protège d’un composant qu’il produit. Si vous êtes vacciné contre la diphtérie et que vous chopez le bacille, vous aurez quand même une angine, juste, elle n’évoluera pas en diphtérie car vous serez protégé de la toxine que la bactérie produit. C’est le cas des vaccins qui ciblent des maladies à toxines, comme l’est aussi le tétanos. Il y a ensuite des vaccins conçus pour empêcher de contracter la maladie, sous quelque forme que ce soit, parce que l’idée est de tomber purement et simplement sur la tronche du virus avant qu’il puisse faire quoi que ce soit. C’est le cas des maladies très stables dans le temps, comme la rougeole ou les oreillons. Il y a ensuite des vaccins qui ne ciblent pas une maladie en particulier mais un pathogène qui peut compliquer d’autres maladies. Ils visent donc, non pas à avoir moins de malades d’une maladie, mais à avoir moins de complications de plusieurs maladies. C’est le cas du vaccin contre le pneumocoque, une bactérie responsable de surinfections dans les bronchites ou les grippes. Il y a enfin des vaccins qui préparent l’organisme face à des pathogènes très changeants, le but étant là, non pas d’empêcher les gens de tomber malades, mais de permettre une réaction rapide de l’immunité acquise pour éviter les formes graves. C’est le cas du vaccin contre la grippe, et, donc, de celui contre le Covid.


Du coup, comment qu’on va évaluer si que notre vaccin Covid y marche, dis-moi ? Et bien on va regarder trois chiffres : le nombre de malades, le nombre de malades préoccupants et le nombre de malades graves. Avec un vaccin de ce type, il faut que le ratio du nombre de malades préoccupants et graves soit très faible par rapport au nombre de malades tout court, et ce, peu importe ce nombre. A l’heure actuelle, la France tourne entre 20.000 et 25.000 cas par jour. Bien sûr, ça ne compte que ceux qui sont testés, mais on va partir du principe qu’on s’en fout, parce que ceux qui sont pas testés, par définition ils ne vont pas si mal, donc ça va nous donner l’efficacité minimum de notre vaccin, et on peut penser qu’en vrai, il marche encore mieux que ça. A l’heure actuelle, on a à peu près 7.500 hospitalisés, dont 1.500 aux soins intensifs. Si on compare aux chiffres de novembre 2020, où le nombre de cas était à peu près similaires mais où il n’y avait pas de vaccin, on trouve à l’époque à peu près 25.000 hospitalisés dont à peu près 5.000 aux soins intensifs (les chiffres sont disponibles dans les archives des bulletins épidémiologiques de Santé Publique France). Bon, c’est déjà pas mal. Mais on peut aller un peu plus loin en regardant les malades par statut vaccinal. Et là, on observe un truc intéressant. En ce moment, on estime que, pour chaque vacciné hospitalisé, on hospitalise plus de 6 non-vaccinés (en vrai on en hospitalise 6 et un tiers, mais si t’as juste un tiers de mec, peut-être que le Covid est pas son premier problème). Donc, si on se souvient de comment marche ce vaccin et de ce qu’est son but, à savoir réduire les formes graves, alors il n'y a pas de doute que ça marche. Mais ça marche pour ce qu’on lui demande quoi, c’est sûr que si vous attendez de votre cafetière qu’elle produise aussi des glaçons, y a pas grand-chose qui doit marcher dans votre vie.

  


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DECOUVERTE DE LA SEMAINE


Alors, j’ai pas de grande découverte cette semaine, donc je vais vous parler de celle qui m’a fait le plus marrer dans ma discipline : on sait pourquoi les lémuriens font des câlins aux arbres.


Déjà, rien que ça, c’est génial, parce que ça veut dire que 1- il y a une espèce de lémuriens (les sifakas de Verreaux, plus précisément) qui fait des câlins aux arbres 2- ils leur font tellement de câlins (alors que enserrer les troncs comme ça les expose à la prédation, c’est débile en apparence comme comportement) que ça a attiré l’attention des chercheurs (non mais on nous attire avec n’importe quoi aussi, en vrai on est la cible parfaite pour des pixies, tu nous montres n’importe quoi de chelou dans une forêt, on suit…) 3- y a des chercheurs qui ont réussi à obtenir des crédits pour savoir pourquoi les lémuriens font des câlins aux arbres. C’est beau.


Et en vrai, c’est pour réguler leur température. Comme ils vivent à Madagascar, dès qu’il fait plus de 30C°, c’est compliqué pour eux, mais les troncs des arbres sont toujours en moyenne 3 à 5 degrés plus frais que l’air, donc en collant leur ventre dessus ça leur fait du bien. Voilà c’est tout. Mais y a une vraie publi là-dessus !

Source : C. Chen-Kraus et al., International Journal of Primatology, 12 septembre 2022.

  


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PISTE DE LA SEMAINE


*Prééclampsie : un espoir de traitement se dessine pour cette complication de la grossesse, seconde cause de décès maternel en France et qui coûte chaque année 50.000 vies dans le monde. Une équipe de l’Inserm a pu montrer sur des souris qu’une enzyme pouvait rééquilibrer le monoxyde d’azote, dont la production est altérée en cas de prééclampsie, causant des problèmes d’irrigation du placenta. L’équipe espère pouvoir lancer des tests chez l’humain, afin de proposer enfin un traitement efficace.

Source : L. Chatre et al., Redox Biology, 2022.

  


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IMPASSE DE LA SEMAINE


*Pénurie : les pénuries de médicaments se font malheureusement de plus en plus régulières en Europe. Comme d’habitude les causes sont multiples (délocalisation des chaînes de production, capacité jamais revenue à son niveau avant-Covid, tension sur les matières premières, surconsommation de médicaments etc.) mais cette fois-ci la pénurie touche un produit particulièrement sensible, puisqu’il s’agit de l’amoxicilline, le premier antibiotique prescrit en France. Plus particulièrement, ce sont les formulations pour enfants qui sont touchées. Les pharmaciens ont reçu des consignes pour ne délivrer que ce qui est nécessaire (alors inutile d’aller faire des stocks en panique, je vous vois !) afin de ne pas tomber en rupture partout.

Source : ANSM

  


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MAUVAISE NOUVELLE DE LA SEMAINE


*Surpopulation : nous sommes officiellement 8 milliards d’Homo sapiens sur Terre depuis cette semaine. Pour des gars qui devaient tous être morts et/ou stérilisés par un vaccin dépeuplant, je trouve qu’on est quand même encore un peu pas mal vachement beaucoup trop…

  


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BONNE NOUVELLE DE LA SEMAINE


*Arnaque conspirationniste : mes biens chers abonnés, pardonnez-moi car j’ai péché. Oui j’ai péché car, en plus de piquer éhontément à Julien d’Entracte Science son intro de Débunkage et Pénitence (à aller voir ici, c’est hilarant et désespérant à la fois https://www.youtube.com/playlist?list=PL06SW8j_fgXGl5K11pwfNfrvBJrGUMrEF), j’ai encore ri du malheur d’autrui alors que je passe mon temps à dire qu’il faut pas le faire. Il faut pas le faire mais y en a qui méritent, écoutez. Vous souvenez vous de Simone Gold ? Sinon, vous pouvez fouiller dans les archives de la page. L’association America’s Frontline Doctors, dont je vous avais parlé au sujet du juteux business qu’ils se faisaient en prescrivant à tours de bras et n’importe comment hydroxychloroquine et ivermectine aux USA, est en train de se retourner contre sa fondatrice, le docteur Simone Gold. Alors, je vous rassure, ce n’est pas parce qu’elle a été condamnée pour participation à une tentative de coup d’état lors de l’assaut du Capitole. Non, ça, ça leur posait pas de problème. Non, ce qui pose problème c’est que, une fois sortie de prison, au lieu de se servir de tout l’argent accumulé par l’association pour aider les pauvres malades victimes de la censure des reptiliens de l’état profond, elle s’est tout simplement…barrée avec la caisse (ne pas faire la blague de en voiture Simone, ne pas faire la blague de…) ! Une caisse à 10 millions de dollars tout de même. Est-ce que quelqu’un est surpris ?

  


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« QU’EST-CE QUE PUTAIN DE QUOI ? »


Je sais que je vais me répéter à nouveau dans cette rubrique, mais est-ce qu’on peut laisser les morts être morts tranquilles, s’il vous plait merci ?

Il va être, à nouveau, question de la récupération sordide d’un décès par la sphère antivax. Cette fois les faits ont eu lieu au Brésil où Santino Blanco, qui avait posé pour une affiche de campagne vaccinale débutée le 1er octobre, est décédé dans la nuit du 3 au 4 novembre. Et sa famille attaque les médecins.

Il n’en fallait pas plus pour que la sphère des sans-dignité se mettent à crier que c’est bien la preuve que le vaccin contre le Covid tue, puisqu’on voit ce qui arrive à ceux qui l’acceptent, certains allant même jusqu’à dire que Santino n’a eu que ce qu’il méritait puisqu’il en faisait la promotion. Santino avait 4 ans. Santino n’était pas éligible au vaccin contre le Covid et participait à une campagne contre la rougeole, les oreillons, la rubéole et la polio. Les parents de Santino portent plainte contre les médecins car ils lui ont diagnostiqué, à tort, une laryngite et l’ont renvoyé chez lui alors que le petit garçon souffrait en fait d’une grave infection pulmonaire bilatérale. Il n’a été correctement diagnostiqué et pris en charge qu’à la troisième visite et il était alors trop tard.

Et, alors que la famille a demandé à faire retirer les affiches de la campagne parce que voir le visage de leur petit garçon partout est trop dur pour elle, ce serait bien d’arrêter de relayer partout ces mêmes affiches pour raconter n’importe quoi. Il y a des gens qui sont nés avant la honte.

  


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POINT METHODE DE LA SEMAINE : l’ère de la post-vérité


Comme vous le savez, nous travaillons actuellement sur le débunk de « Des vaccins et des hommes » et c’est un boulot colossal. Pour vous donner une idée, aux alentours de 25m15’, Geneviève Barbier-Farrachi (qui dit qu’elle a fait épidémio et santé publique, mais à part un diplôme d’ostéopathe, on trouve rien…) dit une grosse connerie qui prend 5 secondes. Vraiment ça doit pas durer plus que ça. Bon, ça m’a pris une heure, deux pages de rédaction et une dizaine de références pour démontrer pourquoi c’est une grosse connerie. Voilà, ça vous donne une idée.


Certains diront, comme l’a dit d’ailleurs la réalisatrice, que quand même, il faut pas verrouiller le débat et que dans la science, on doit pouvoir entendre les points de vue. Non. En science, on entend les preuves, et avec on forge un point de vue. Une opinion en science, c’est sans valeur et ça ne peut pas, et ne doit pas, faire partie d’un quelconque débat. On débat des faits, et c’est tout. Mais cette rengaine que nous sort la réalisatrice est devenue très fréquente ces temps-ci : l’avis de chacun a autant de valeur, il faudrait respecter toutes les opinions, qu’il n’y a pas qu’une seule vérité et autres idées du même tonneau.


Donc, comme aujourd’hui j’ai la flemme, parce que la semaine a été longue, je vais vous laisser avec quelqu’un de plus spécialiste que moi sur le sujet, pour vous brosser un portrait de l’ère actuelle de la post-vérité : https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/twitter/vrai-ou-fake-grand-entretien-comment-la-post-verite-a-t-elle-gagne-une-place-si-importante-dans-notre-quotidien_5469222.html


  

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En espérant avoir pu apporter un peu de lumière dans le chaos ambiant, je rends l'antenne, et on y retourne la semaine prochaine, car l'épidémie ne se termine pas avec les premières averses de neige (oui, ici, ça commence à sentir Noël). En attendant, prenez soin de vous et des chercheurs qui bossent dur, et, autant que possible, restez chez vous. Bisous.


Illustration : Chappate

Les faux frères de la langue française

 

Balade ou ballade ? À l'envie ou à l'envi ? Les faux frères de la langue française
Ces mots et expressions qui se ressemblent tant n’ont pourtant pas la même signification. Suivez le guide.



Allons, ne mentez pas. Ne me dites pas que jamais ne tressaille un seul instant au fond de votre cerveau le léger doute, la crainte de l'erreur, l'indicible flottement qui trahit l'indécision, l'indétermination, la perplexité. "Il y va" ou "il en va" ? "Conjecture" ou "conjoncture" ? "Mettre à jour" ou "mettre au jour" ? Pour ma part, je le confesse sans honte : il m'arrive régulièrement de devoir consulter le dictionnaire pour ne pas me fourvoyer. Eh quoi ! C'est qu'il existe en France d'innombrables termes et expressions qui se ressemblent tant qu'on les croirait inventés dans le seul dessein de nous induire en erreur. Aussi m'a-t-il semblé utile de procéder cette semaine avec vous à une petite révision.

- Mettre à jour ou mettre au jour ? Pour être proches, ces deux expressions n'ont pas du tout le même sens. "Mettre au jour" signifiait à l'origine "donner le jour". "J'ai dû cette vengeance à qui m'a mise au jour" (Corneille). Au figuré, il a pris le sens de "rendre visible", de "mettre à la lumière du jour". Lors de fouilles, un archéologue met ainsi au jour des trésors enfouis. "Mettre à jour", en revanche, a le sens d'actualiser. "Je mets à jour une application sur mon téléphone" (non, ce n'est pas du Corneille).


­ - Il en va ou il y va ? "Il y va" exprime un danger. "Fuyez ! Il y va de votre vie". Rien à voir, donc, avec "il en va", qui introduit une comparaison. "Ce restaurant est excellent. Il en va de même de celui d'en face." Un petit truc : contrairement à "il y va", "il en va" peut-être remplacé par "il en est" (dans un registre plus littéraire).

- Sabler ou sabrer le champagne ? En l'occurrence, l'un n'empêche pas l'autre. "Sabler le champagne" veut dire tout simplement "le boire en abondance" (par allusion au métal en fusion que l'on verse dans un moule) tandis que "sabrer le champagne" évoque le geste spectaculaire consistant à trancher le col de la bouteille avec un sabre. Reconnaissons que le premier cas est plus fréquent que le second...

- Aménager ou emménager ? "Aménager" signifie "disposer avec ordre" tandis qu'"emménager" a pour sens "s'installer dans un nouveau logement". Cela dit, rien n'empêche d'aménager après qu'on a emménagé...

- Décade ou décennie ? En français, une "décade" est une période de dix jours, tandis qu'une "décennie" correspond à une période de dix ans. Sous l'influence de l'anglais, où décade se dit ten days et décennie decade, le premier terme est parfois utilisé à la place du second. Mistake !

- Balade ou ballade ? Pas facile de distinguer ces deux termes qui ont exactement la même étymologie, en l'occurrence l'occitan ballar, "danser". La "ballade," avec deux l, désignait initialement une chanson à danser, avant de devenir une chanson tout court. Le substantif a débouché sur le verbe "balader" (avec un seul l) avec le sens de "chanter des ballades", puis de "marcher en chantant et en demandant l'aumône". Et c'est ainsi que l'on a abouti à son sens actuel : se promener.

LIRE AUSSI >> Et si on étudiait aussi les écrivains en langues régionales à l'école ?

- Inclinaison ou inclination ? Ces deux mots, eux aussi, partagent la même origine, "incliner", mais ils diffèrent par le sens. Le premier a une acception concrète qui renvoie à un objet penché : on parle de l'"inclinaison" d'un terrain ou de celle de la tour de Pise. Le second, lui, est un terme plus abstrait. Il désigne un penchant pour un objet ou une personne (ce vers quoi l'on incline). On peut ainsi évoquer l'"inclination" naturelle d'un individu pour les substances illicites (mais non, je ne pense à aucun collègue en particulier).

- Prêt à ou près de ? "Près de" renvoie à la proximité - "Je suis près de toi" - et peut être remplacé par "loin" (avec le sens inverse, évidemment) : "Je suis loin de toi". "Être prêt à", c'est être disposé à : "Je suis prêt à partir". Et là, on ne peut pas dire "Je suis loin à partir" (à moins d'avoir sérieusement abusé des substances ci-dessus mentionnées).

- À l'envie ou à l'envi ? C'est par le hasard de la phonétique historique que ces deux expressions ont fini par se ressembler. "À l'envie" correspond à l'évolution du latin invidia ("envie, jalousie") qui a gardé ce sens en français moderne. "Je n'ai pas pu résister à l'envie d'une glace au chocolat". "À l'envi" vient de son côté d'un autre mot latin, invitarer, "inviter", "provoquer". Celui-ci a débouché sur "envi" (sans e ), qui a eu le sens en ancien français de "défi au jeu" et signifie aujourd'hui "en rivalisant". "Les femmes, imitant toutes, à l'envi, l'impératrice Eugénie", a écrit par exemple Anatole France (merci aux dictionnaires de citations). Autre exemple en vogue depuis qu'Emmanuel Macron ne dispose plus de majorité absolue à l'Assemblée nationale : "Les oppositions se déchaînent à l'envi contre le gouvernement".

- Conjecture ou conjonctures ? Là encore deux mots très proches, mais la "conjecture" est une hypothèse ("on se perd en conjectures") tandis que la "conjoncture" correspond à une situation : on parle régulièrement de "conjoncture économique". Cela dit, les experts se trompant plus souvent qu'à leur tour, il n'est pas impossible de se perdre en conjectures à propos de la conjoncture...

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