mercredi 8 mars 2017

Témoignages de guerre et de captivité




Témoignages de guerre et de captivité

( Stalags et Oflags, 1940-1945)

Par jean-pierre duhard

Lettres des stalags XIII

ll y avait en fait quatre Stalag XIII : le Stalag XIII-A (Hohenfels/oberplatz), le Stalag XIII-B (Weiden/oberplats : dans le Haut-Palatinat (Bavière), entre Nurnberg et Sulzbach et dépendait du Wehrkreis XIII, de Nurnberg ), le Stalag XIII-C (Hammelburg/Mainfr.) et le Stalag XIII-D, dont les effectifs étaient de 1.750 prisonniers au A, 1.785 au B, 4.620 au C, 1.175 au D, 9.330 au total ( voir site, "ceux du XIII-B" : http://www.clham.org/Compilations/Stalag%20XIIIB.pdf ).
STALAG XIII-A
Devaleriola Pierre, stalag XIII-A et XIII-D,
matricule 86.275, arbeits-kommando 2898
lettre du 26 mai 1942 du stalag XXX-Aà sa marraine "Mademoiselle Yvonne Dangre, Malicorne par Commentry (Allier) France" - écrite au crayon-encre presque illisible (traitée numériquement en contraste)
"Bien Chère Marraine, J'ai bien reçu le 9 Mai ta carte du 10 Avril qui m'a fait grand plaisir. La veille j'ai également reçu avec plaisir ton colis posté vers le ..., il est arrivé en très bon état, voici ce qu'il contenait (énumération du contenu : voir ci-après..). Reste illisible/
lettre du 18 avril 1943à sa marraine "Mademoiselle Yvonne Dangre, Malicorne par Commentry (Allier) France" - écrite au crayon
"Bien Chère Marraine, C'est avec plaisir que j'ai reçu vendredi ta carte du 23 Mars ainsi qu'une carte de mon oncle Emile du 21 Mars, ils sont tous en bonne santé à Montmorency. Sur ma carte de dimanche dernier je te disais que j'avais bien reçu le 7 Avril ton colis parti vers le 15 Mars ; voici ce qu'il contenait : 1 paquet de haricots, 1 paquet pois, 1 paquet riz, 2 pâtes, 1 boite boeuf, 1 boite poulet, 1 pain d'épices, 1 biscuits, 1 galettes, pain, 1 chocolat, 1 sucre, ails et oignons, 1 fromage, nougats, 1 tabac, 2 cigarettes ; il m'a fait grand plaisir et je t'en remercie beaucoup. Je suis content de te savoir en bonne santé ; quant à moi elle est toujours excellente et tout continue à bien aller ici. Si mon Parrain te répondait à la suite de ta réponse à sa demande, tu voudras bien me dire ce qu'il te dit. Le travail continue toujours à être le même mais aujourd'hui nous avons travaillé toute la journée c'est pourquoi je t'écris sur une tard car il est 8 heures du soir. Le temps s'est remis au beau toute cette semaine et principalement aujourd'hui il a fait un temps magnifique ; je pense que de ton côté il fait également beau et que tu as déjà pû commencer un petit jardin et probablement que tu as aussi des lapins car c'est le meilleur moment pour en avoir. Remets mon bonjour aux parents et amis à qui tu écriras. Je termine ma lettre en t'envoyant mes meilleurs baisers. Pierre."
lettre du 30 mai 1943à sa marraine "Mademoiselle Yvonne Dangre, Malicorne par Commentry (Allier) France" - écrite au crayon
"Bien Chère Marraine, C'est avec plaisir que j'ai reçu le 27 ta lettre du 6 Mai et j'ai été bien content de savoir que tu étais toujours en bonne santé et que tout allait bien par là ; il en est également de même pour moi. Comme je te le disais dans ma lettre de dimanche dernier, j'ai bien reçu lundi matin ta lettre du 30 Avril ; tranquilise-toi, je ne manque pas de linge ni de chaussettes ici, d'ailleurs il n'en faut pas beaucoup, ainsi des chaussettes par exemple, je n'en mets que pendant 4 mois environ de l'année, à l'hiver, en autre temps je me suis habitué à ne plus en mettre et je m'en trouve très bien, c'est une question d'habitude. Non parmi mes amis que j'ai ici au Kommando, il n'y en a aucun qui ne soit de nos parages et même parmi ceux que je vois des autres Kommandos c'est bien rare que j'en vois d'un village de notre région, les plus près ce sont souvent des belges.
"Tu me demandes comment je passe mes dimanches ; le samedi après-midi je commence par laver ma chemise et ensuite je me lace, pour cela nous avons des lavabos et de l'eau chaude, je ne manque pas non plus de savon avec celui que je reçois dans mes colis ; ensuite si j'ai quelque chose à raccommoder j'en profite aussi pour le faire le samedi et ensuite on lit, ou on joue aux cartes ou bien encore le plus souvent on s'ennuit car presque toutes les semaines nous sommes renfermés du samedi midi au lundi matin.
"Non, il n'y avait pas de boite de poulet dans mon colis du 5 Mars mais j'en ai reçue une dans celui du 15 Mars et une autre dans celui du 2 Avril. Meilleurs baisers. Pierre."
lettre du 6 juin 1943à sa marraine "Mademoiselle Yvonne Dangre, Malicorne par Commentry (Allier) France" - écrite au crayon
" Bien Chère Marraine, C'est avec plaisir que j'ai reçu vendredi ta carte du 1er Mai ainsi qu'une carte de mon oncle Emile ; ils vont tous bien et louis et André sont toujours parmi eux. Vendredi soir j'ai également reçu ton colis du 15 Mai qui m'a fait grand plaisir et pour lequel je te remercie beaucoup ; il était en bon état et voici ce qu'il contenait : 1 paquet haricots, 2 pâtes, 1 biscuit, 2 bonbons, 1 boite confis d'oie; 1 boite pâté d'abats, pain, galettes; 1 sucre, 250 gr chocolat, 1 pain d'épices, pois secs, 1 confiture, 1 amandes, 1 pâte de dattes, 1 farine à potages, 1 fromage, 1 tabac, 2 cigarettes. Je t'ai écrit hier une lettre supplémentaire, j'espère que tu l'as maintenant reçue et qu'elle t'a fait plaisir mais ne te réjouis pas trop car jusque maintenant il n'y a rien de changé, nous sommes toujours prisonniers et je crois que nous allons encore passer toute notre journée renfermés au kommando bien qu'il fasse un temps magnifique. D'après ce que tu me dis sur ta lettre du 6 Mai, tu as payé mes contributions pour les 3 ans, tu as bien fait mais il me semble que le Percepteur est bien pressé pour réclamer mes contributions il aurait tout de même pû attendre que je sois rentré d'autant plus que, d'après les journaux que nous avons ici, les prisonniers étaient exonérés d'impôts pour les années 1940 et 1941 ; à l'avenir ne paie plus rien pour moi. J'espère que cette lettre te trouvera en bonne santé comme je le suis. Meilleurs baisers. Pierre".
Les dispositions spéciales en faveur des prisonniers de guerre prévoient que toutes les sommes versées pendant la période de captivité à titre de délégation seront exonérées de tous impôts et n'entreront pas en compte pour le calcul de l'impôt, en raison du décret du 12 août 1940 (version consolidée au 13 mai 1945).
Sur les listes de prisonniers, il y a un Devaleriola Ernest, né le 28/10/1896, originaire de St-Amand, 2e classe au 17e R.T., et retenu au stalag VI-A ; parent ?
STALAG XIII-B
Le Stalag XIII-B était situé à Weiden/oberpfalz, dans le Haut-Palatinat (Bavière), entre Nurnberg (à 85 km) et Sulzbach et dépendait du Wehrkreis XIII, de Nurnberg. Chaque stalag est constitué d'un camp central (à Weiden pour le XIII B ) et d'une multitude de commandos de travail. Neuf prisonniers sur dix sont en fait affectés dans ces détachements de travail éparpillés dans le ressort du stalag. Le XIII B possédaient 127 Arbeitskommandos, dont 53 étaient des commandos de culture dans les villages. Le stalag XIII B s'étendait sur l'Allemagne actuelle mais aussi sur la Tchéquie (territoire des Sudètes - Sudetenland). Le camp était à l'extrémité de la ville de Weiden, à environ 2 kms de la gare. Le commandement et les services administratifs du stalag y sont rassemblés. L'effectif total permanent des KG est d'environ 500 hommes, dont 250 Français et 60 Belges, le restant étant constitué par des Serbes et des Polonais. Il y a également des prisonniers russes et depuis un an des italiens dont nous ignorons le nombre. Le camp est presque contigu à une caserne dont il n'est séparé que par la largeur d'une rue (source : http://stalag13b.over-blog.com/pages/Implantation_du_stalag_XIIIB_a_Weiden-4858817.html )
Adjudant Louis LENEL, stalag XIII-B, prisonnier belge
matricule 44.552, arbeits-kommando 974
Pas de Lenel dans les listes officielles 1, 2 et 3, publiées en août 1940 par le centre national d'information des prisonniers de guerre français ; en avril 41 figure un Lenel Dominique né le 13/09/1905, originaire de l'Aude, 2e classe au 156e RFI, détenu au stalag VII-A. Ce n'est pas celui en cause (voir http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5744130h/f20.image.langFR). Plusieurs témoignages rapportés sur le Web, dont celui d'Edmond Mougin, 1er canonnier au 155e RAP (Régiment d'Artillerie de Position), matricule 70.023, originaire de Saulxure dans les Vosges (voir : http://stalag13b.over-blog.com/ )
Stalag XIII-B : plan détaillé du camp et de la caserne ( source : archives de Caen)
Cette correspondance est très incomplète, comme le montre la numérotation sur les lettres apposée par la destinataire ; elle comporte 30 correspondances, allant de 83bis à 169bis, soit du 30 novembre 1941 au 20 mars 1945. L'orthographe et les abréviations sont respectées ; peu de mots illisibles. Il apparaît que son épouse s'est réfugiée à Dijon chez Mme Amédée Martin, désignée sous le nom de Amère..
postkarte du 30-XI-42écrite au crayon, numérotée 83bis, à "Madame Amédée Martin, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"Ma bonne Amère. Comme je voudrais les glisser doucement à votre oreille avec tte mon affection mes vœux de courage, de santé, de longue vie encore. Cette nouvelle et terrible épreuve, n'en aviez-vous pas encore assez! avec vous si intimement uni, je l'ai vécue, souffert et chaque jour mes pensées joignent les vôtres ds notre tristesse et notre deuil. Mais Maman et Marraine là-haut vous aident et prient pour nous. Courage mon Amère avec notre Nonotte, votre grand garçon vous aime et vous embrasse si filialement. Lou."
postkarte du 31-XII-42écrite au crayon, numérotée 86, à "Madame Louis Lenel-Berger, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"Si uni à toi, à vs mon petit, le phono essaye de nous donner 1 peu de joie mais bien difficile. Si content annoncer arrivé soir Noël ton coli avec ce bon cake. Excellent ainsi fourré à la confiture. Si tu en as emploie davantage cette excellente confiture et les gateries que tu me fais. Vraiment exquis, passe recette parents Fernand, il se lèche d'avance les doigts. Grand merci mon petit; t'écrirai plus longuement prochaine lettre. 1 carte Tours dont excellent coli, 1 Germaine, pr Amère bons baisers, toi tendres caresses et baisers fous. Ton Lou."
postkarte du 31-XII-42écrite au crayon, numérotée 86bis, à "Madame Louis Lenel-Berger, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"Mon aimée. Sacrifie Tours et Germaine cette fois. Ecris gentiment pr remercier Georges, Odette et tante - donnerai mois prochain 1 carte ainsi que Germaine. Pense à toi mon petit, te souviens-tu minuit 39-40 à Martelange. Comme heureux alors t'avoir dans mes bras. Quand à nouveau ensemble, dis? C'était si bon - Suis triste ce soir! D'habitude plus courageux mais si pénible aujourd'hui? Endin, Dieu nous vienne en aide et nous réunisse peut-être en 43. Tendres pensées et fous baisers. Ton Lou."
Martelange est une commune francophone de Belgique, située en région wallonne, dans la province de Luxembourg ; elle fait partie du pays d'Arlon. Elle était à l'époque réputée pour l'industrie de l'ardoise, qui a aujourd'hui totalement disparu.
postkarte du 1/2/43écrite au crayon, numérotée 89bis, à "Madame Louis Lenel-Berger, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"II- Me fais réparer dents. 5 dents métal, 1 porcelaine. 148 RM. Je devrais emprunter argent à tous mes camarades, mais cela est déjà arrangé, pendant longs mois ne pourrai plus t'envoyer d'argent. Voudrais photo de toi, mais sans doute bien difficile. T'inquiètes pas ce que t'avais dit, commencement hémorroïdes, ce n'était pas cela d'ailleurs complètement fini. Bon souvenir de Fernand. Embrasse très affectueusement notre bonne Amère, tante Marcelle et donne mes bons souvenirs Mlle .... Pour mon tout petit mes plus tendres baisers. Lou".
lettre du 10/4/43écrite au crayon, numérotée 98bis, à "Madame Louis Lenel-Berger, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"II- Ma poupée. Reprends ta bonne lettre du 4/3. Qu'elle m'a fait plaisir. T'ai dit joie des photos. Serais curieux savoir combien tu paies un film. Aime beaucoup ta jaquette, ta robe, le noir semble bien t'aller. Retrouve tjrs ton parfait bon goût et t'en félicite. Si tu voyais parfois ton Lou, quelles félicitations! Je suis parfois affublé comme un épouvantail pour travailler et puis ici tu sais cela a tellement peu d'importance. Lundi vais chez dentiste pour un dernier plombage. N'en suis pas fâché. 10 km à pied pour la ville voisine aller et retour et svt pour aller 1 sérieux vent d'Est en pleine figure. Le vent ici c'est le fléau, parfois terrible violence. Avant hier pendant la nuit, il a flanqué par terre deux immenses hangars très solides et plus de 300 tuiles sont dégringolées de toits. Des rafales d'une fureur incroyable. Ma famille s'est accrue d'une magnifique lapine blanche aux yeux rouges qui attend des petits. Fernand et moi achevons de lui faire une luxueuse cage. Ai vu un bon médecin, légère dilatation cardiaque et quelques troubles de circulation du sang. Mais je t'affirme sans gravité. Il m'a donné un stimulant pour la circulation. D'ailleurs n'éprouve aucune douleur. Deux lettres bien peu gentilles, pourtant comme je voudrais ce soir être avec toi dans notre petit chez nous. Comme nous oublierons vite dans nos caresses et nos baisers beaucoup de vilains souvenirs. Baisers Amère, Tte Marcelle. Pour toi si, si tendres. Ton mari."
lettre du 20/4/43écrite au crayon, numérotée 99, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"Mon tout petit. Reçu jeudi dernier lettres 19 et 21/3. Me parles frais succession, à quel taux maintenant! M'étonne que ne m'en dises pas davantage. Pour livre je ne transmets aucun titre, demande Germaine m'envoyer qqs bons romans pas trop durs, sommes tous incapables après longue journée boulot, lire qqch 1 peu sérieux. Qu'elle tâche, aillent vite traînent généralement lgtps à la croix rouge. Pourvu lettre arrive à temps t'empêcher fre .. short avec étoffe à housse valise, serait usé en 2 jours. Vais probablement t'envoyer cette semaine 10 cartons colis. Paquet est ft, j'attend qu'on veuille bien s'en occuper. T'espère tout à ft bien remise de ton malaise et Amère tjrs mal son dos. Dis lui avec mes bons baisers combien pensé à elle et lui souhaite bonne santé. Et cette pauvre cousine Mielle fais ton possible pour l'aider un peu et surtout qu'elle accepte. Doit être vs situation bien pénible. Comprends mon pauvre poulet ton moral parfois à le mien parfois. Dur, long, sans voir la fin! Et puis pour toi le départ notre petite maman a été choc si, si dur! Y songeais hier encore, ne puis me fre à l'idée qu'elle n'est plus là à m'attendre avec toi et triste aussi ne plus revoir mes bonnes vieilles grands mères à Arlon mais tellement différent. Maman était tellement pour toi et déjà pour moi ! Mais ta phrase m'a fait un peu mal "Je pensais qu'on avait tout perdu en perdant sa mère". Il y a ton Lou qui ne vit que pour toi, qu'en toi, tellement que tu dois constamment sentir mon âme, mon coeur, mon esprit, près de toi. Santé excellente, beaucoup, beaucoup travail, attend naissance lapinots! A Montmuzard pas de cartons, Religieuses généralemt si conservatrices! Baisers Amère, Tante Marcelle, lettre peu tendre mais dois couper court. T'embrasse si tendrement. Ton Lou."
Arlon est une ville belge, située dans la province de Luxembourg et la région wallonne. Montmuzard est actuellement un quartier de Dijon ; une maison de retraite des petites soeurs des pauvres s'y trouvait.
postkarte du 1er mai 43écrite au crayon, numérotée 100, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"I- Mon bien cher tt petit. Reçu carte 1/4. Enfin colis emballages parti. Espère maintenant t'arrivera. Souris ton projet Pâques Touraine. Une seule objection, pas trop fatiguant pour Amère qui n'était pas bien ces temps derniers. Pour nous Pâques si calme, comme un dimanche ordinaire. Pas de messe, rien - Ce dimanche auront la messe. Un prêtres français circule ds les Kdos. Baille et m'endors. Bien fatigué, bêcher toute la journée et semer. Tte la semaine avons planté pommes de terre. Que je sens mauvais, lapin, boue, fumier ! Heureux que je le sente! Aurais voulu écrire Mielle mais je" (inachevé)
postkarte du 1/5/43écrite au crayon, numérotée 100bis, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"II- Dois bien une carte à Arlon. Ecris Georges, Odette et ML pour moi. Dis leur mon si affectueux souvenir, vifs remerciements pour colis et promets leur une carte de moi, mois prochain. Vous espère santé excellente, moi vais bien. Un souvenir particulièrement affectueux Mlle Mielle et mes souhaits prompte guérison. Embrasse bien ma bonne Amère, tante Marcelle. Pour toi mon tout petit avec mes plus tendres baisers, mon amour et toutes mes pensées. Souvenir Mlle Serveau, Michel, Pierre. Encore beaucoup tendres baisers à ma petite femme. Ton mari, Lou".
lettre du 10/5/43écrite au crayon, numérotée 101, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"I - Mon tout petit. Ai eu tes lettres 2/4 et ton bon colis. Si content de toutes tes gâteries, du short, mais surtout du cake. Tout cela si gentil m'apporte une telle joie aussi de doux baisers pour beaucp te remercier. Si heureux aussi ta bonne photo. Quelle surprise annonce Odette, mes félicitations et mes voeux. J'attends impatiemment notre petite filleule. Ai devt moi ta bonne lettre 7/4. Le prix de tout m'effare, nous vivons tellmt hors de tout, en sommes restés aux prix at guerre. Attends impatiemment photo pr juger belle ch. de nuit. Quel souci en moins pr moi chaque fois me parle votre ravitaillement si facilité par parents Mich et Pierre, dis-leur avec mon bien cordial souv. toute ma gratitude à leurs parents. Tu m'avais effecmt nombreux mois déjà annoncé mariage Marthe Vielsalm. Santé excellente. Envoie prochainement reçus dentistes et une procuration pr mon oncle touche en Belgique pour 130 RM, le reste plus tard. Préviens-le. Beaucoup travail pr le moment, m'occupe jardinage et petit élevage, ai 4 agneaux en plus. Ces jours-ci gros travail, relever gd hangar abattu par le vent, souffle depuis 2 mois, c'est à devenir fou. Ne connais rien plus désagréable que ce vent! Les sentiments dont tu me parles, les éprouve moi aussi, depuis cafard jusqu'à hargne, et exaspération. Il vaut mieux que je n'insiste pas, je regarde simplement mes mains, toutes abimées, crevassées, mon alliance si usée mais que je ne quitte pas! Mais vois-tu au fond tte nuit il y a une étoile qui brille pour celui qui sait la voir. Tu es mon étoile et l'espoir de te retrouver un jour, mon étoile adorée, c'est tte ma vie. Le reste c'est la croix. Jamais je ne m'insurge contre les plans divins." (suite sur lettre suivante)
lettre du 10/5/43écrite au crayon, numérotée 101bis, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"II - Plus on est malheureux, plus on se sent près de Dieu ! Regrette tellmt que Fernand pas religion. Tes excellentes lectures m'inquiètent un peu, je redoute que ma petite femme connaisse trop bien les devoirs d'1 bon mari! Dis donc toutes les réflexions que tu suggère à ma méditation ont "monsieur" pour objet, ne parle-t-on pas un peu de "madame" dans ce Maurois. N'oserais-tu t'engager à lire de Montherlant "Les Lépreux", affreux livre! Pauvre "Femme". J'aime la comparaison de la mer-femme et du mari-marin et je pose une question à Maurois : qu'arriverait-il si dans la tempête, le marin ferme au gouvernail ne matait pas la mer, le bateau se perdrait corps et bien! Quel taquin ton Lou mon tout petit. Ma petite aimée, qu'il me tarde de retrouver ma mer, pauvre marin exilé dans les montagnes! Te retrouver mon pauvret, moi aussi je te cherche parfois par des caresses ineptes. Que veux-tu nous restons de pauvres êtres de chair. Mais c'est si vain, si peu ce qu'on désire! Enfin il vaut mieux pas. Mon tout petit je suis un monstre je m'aperçois que j'ai oublié dans ma dernière lettre de te souhaiter un bon anniversaire. Je te demande bien pardon, il ne se passera pas sans que j'y songe et combien vivement. Le meilleur de moi-même, de mon coeur, de mon âme, de tout moi, je te l'offre encore à cette occasion avec mes voeux les plus ardents de bonheur, mes voeux puisses-tu par télépathie les recevoir à temps. Le temps vois-tu n'est plus marqué par rien et ainsi on oublie! Pardonnes-moi! Mes plus tendres, plus amoureux baisers, petite chérie, baisers Amère, etc. Ecris parfois Dinant. Ton mari Lou".
lettre non datée, cachet postal du 7-6-43écrite au crayon, numérotée 104, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"Mon Pt chéri. Je voudrais ainsi à chaque heure t'écrire. A chaque heure te dire tout mon amour. Vois-tu ici je n'ai plus que toi de loin. Il m'est si doux dans cette solitude morale de penser à toi, de savoir là-bas ton amour, ton attente, toutes tes pensées mon tout petit.Quand m'enverras-tu un bon cake. Ils me font tellement plaisir. A propos de nouvelles, je me demande souvent comment ce sont arrangées tes affaires de succession, comment a été évalué le montant? As-tu eu des difficultés? Mon tout petit je voudrais un peu d'intéressantes lectures pas nécessairement nouveaux. Envoie si possible un paquet au "Hauptvertrauensmann belge du stalag XIII B Adjudant Armand Delmarche n° 44632 pour le prisonnier de guerre belge Louis Lenel 44553 Kdo 974 Stal. XIII B" et cette adresse est à mettre aussi sur une feuille garde de chaque bouquin. Tu me feras tellement plaisir mon tt petit. Je voudrais aussi st.pl que tu donnes quelques fois de mes nouvelles à Dinant. J'embrasse bien affectueusement notre Amère. Pour toi, mon tout petit, ton mari t'envoie avec tout son coeur, le meilleur de lui-même. Nous avons la force de notre amour, que cela soutienne. Je voudrais embrasser tes lèvres encore et encore et tant que nous aurions mal. Ton mari, Lou".
l'Hauptvertrauensmann Delmarche est l'homme de confiance belge du camp, à la fois l'interlocuteur pour les autorités allemandes et le médiateur des prisonniers. Le matricule indiqué par Lenel (44553) n'est pas celui figurant dans la rubrique expéditeur de toutes les correspondances, qui est bien 44552.
lettre du 10/6/43écrite au crayon, numérotée 106, à "Madame Louis Lenel,Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"I- Mon tt petit, Reçu carte 20/3. Aimerais bcp que tu ailles au mariage Gil. Regrette pas date exacte pour penser à vous tous ce jour-là. T'envoie 1000 fr pour aider 1 peu dans frais. Voudrais si possible photos. T'écris de mon lit 2 j un peu patraque suite extraction pénible 1 dent mais mieux déjà. D'après journaux crains Michel parte en septembre. Tâche tt ton possible rester Dijon, vie tellement plus gaie, plus remplie, plus facile, garder Pierre et éventuelmt 1 second. Mon oncle touche-t-il mes mensualités régulièrement? Combien par moi appartement Arlon. Colis emballages Fernand pari avec mien, arrivé Jodoigne 27/5. Mien, tjrs rien. T'ai-je dit avoir reçu tes bonnes photos et la grande joie que j'en ai eu, mais si déçu cake petit coli moins bon que d'habitude. Reprends tes lettres 9 et 12/5. T'inquiéte pas, ma santé pas grave, moteur toujours bon. Me réjouis que tu me dis avoir grossi. Quant à notre évolution, réjouis-toi, elle s'accentue. Avec ma procuration générale, ne peux-tu garder compte à ton nom à la banque France étant donné ta nationalité. Gentil vouloir m'éviter soucis mais préfère que tu me dises tout tes ennuis. Me parles si peu toutes ces choses matérielles. Te dis encore regrets excuses avoir oublié à temps souhaiter anniversaire. Y avais pensé puis en suivant, plus. Tjrs oublie qqch. Lettres si courtes puis tohu-bohu dans la chambre. Huit. Tu penses. Mais devance pour ne pas oublier fête. Tous mes voeux avec de doux baisers. Prochain juillet ensemble? Te joins pauvre petite pensée mon jardin car je suis le jardinier, elle ne vaut pas oeillets, arums mais cependant espère que venant de ton mari aura plus de prix. Ne connais pas personnes dont parle Mme Mielle, me réjouis qu'elle aille mieux, présente-lui mon respectueux souvenir, ainsi Mlle Serreau. Pour Amère de biens tendres baisers, espère ses douleurs bien passées. Bonne carte d'Arlon, écris leur que leur donnerai nouvelles carte juillet. Non, car peut-être pas. De très bonnes pensées à Mme et Mr Guy Masson, aurais été si heureux être près d'eux. De bons baisers à petite maman Germaine qui va trouver 1 grand vide, dis-lui mes pensées très très affectueuses. Reçu 1 petit coli de Suzanne, combien gentil geste, écris-lui veux-tu pour moi, remercie-la et dis lui combien cette attention me fait plaisir. N'oublierai jamais cela." (cette lettre devait avoir une suite en II- qui ne fait pas partie du lot)
Jodoigne est une ville francophone de Belgique, située en région wallonne dans la province de Brabant wallon. Les spécialités de la ville sont le porc piétrain, le boudin vert et la tarte au fromage.
lettre du 10/7/43écrite au crayon, numérotée 109, adressée à "Madame Louis Lenel-Berger à Dijon et réexpédiée 30 rue Singer Paris, puis 29 rue de Seymerich, Arlon, Belgique"
"Mon tout petit. reçu cette semaine ton bon coli, grd merci mon aimée, que tu m'as gâté, bonbons déliciuex, particulièrement ceux dans papier argenté, mais de ceux-là trop peu. Lunegarde m'a plu bcp, bcp et à mes camarades également, encore bien merci. Fernand reçoit aujourd'hui Bethsabée de P. Benoit, très bon aussi paraît-il. Merci encore Mr Rabiet pr pain épices. Enfin merci voeux fêtes mais arrivent bientôt ma fête 25 août, suis baptisé Ludovicus et non Aloysius, ma fête 25 août, mon patron St Louis roi de France. Mon petit il ne faut plus - ou moins - m'envoyer colis, cela t'est si difficile et crains ne te prive pour me gâter davantage. Ai reçu cette semaine carte fil, bien gentille. Mais ni elle ni toi ne me dites la fameuse date, décidément! Ai pensé cette semaine à la jolie nappe brodée de maman. Voudrais que tu la gardes si maman ne l'avait pas vendue car elle en avant l'intention. En voyant exemples coût de la vie, me demande comment tu en sors chaque mois, dis-moi un peu cela chiffres en main, cela m'intéresse vivement et tt ce qui touche mon petit. Ai vu à tes dernières lettres que tu as meilleur moral et veux être courageuse, m'en réjouis, mon petit il le faut et qd tout claque et que paraît le noir cafard, prie simplement, sans formules, avec de pauvres paroles lasses, et des soupirs, comme un petit bout de gosse qui a un gros chagrin. Qaund le soir, fatigué, triste sur ma paillasse, je pense à toi, alors tout sombre et je ne retrouve la paix qu'en balbutiant une pauvre prière qui n'est qu'un sanglot! cela me soulage, me console et vite je reprends courage et puis j'ai Fernand, quel réconfort. Un si chic garçon, si beaux sentiments, malheureusement pas chrétien. Ecris-tu parfois ses parents, si gentils pour moi à chauqe lettre, un affectueux souvenir pour moi. Je m'endors en t'écrivant, suis fatigué"
Les deux livres cités sont de Pierre Benoit : Lunegarde, publié en 1942 et Bethsabée, publié en 1938. Le premier raconte la rencontre de l'ingénieur Costes avec le commandant de Lunegarde et comment il tombe amoureux de sa fille Elisabeth, et part à la recherche de sa mère, la comtesse Armance, devenue depuis vingt ans chanteuse dans une boite mal famée d'Alexandrie ; il sera adapté au cinéma en 1946 par Marc Alégret, avec Gaby Morlay en vedette principale. Le second déroule sa trame en Inde, à la lisière de l'Himalaya, et raconte la rivalité entre le commandant Herbert et le lieutenant Baxter, amoureux de l'épouse du premier. Des lectures bien adaptées à la nostalgie morose des prisonniers..
lettre du 20/7/43écrite au crayon, numérotée 110, adressée à "Madame Louis Lenel, ... Dijon"
"Mon tt petit. En 1 fois 4 lettres, 1 carte 23, 28/7. Quelle joie mais devrais maintenant attendre longtps. Surtout si tu es à Arlon. Très surpris, tu m'avais dit d'abord y renoncer et brusquement m'annonce votre tout prochain départ. Aurais voulu que tu puisses m'envoyer un pyjama. Ne crains-tu pas que tous ces voyages successifs ne fatiguent trop Amère. Dijon-Paris-Arlon-Dijon-Tours. Envois livres sont suspendus, envoi papa Fernand réexpédié Jodoigne. Mais fais comme on t'avait dit à Dijon. Suis content ton chauffage pour hiver assuré, c'est un tel souci! Comprend que mort Mr Mormant t'ai frappée, mais rassures-toi, suis bien prudent. Le reste, affaire de la Providence, tu dois lui demander de te garder ton Lou. Cela m'a touché de voir les scrupules que te faisais aller seule au mariage Gil. C'est gentil en tout ainsi tant penser à ton Lou. Ai hâte en avoir nouvelles. Viens d'écrire à germaine. J'oubliais te remercier tes photos. Comme celle toi + Dominique me plaît beaucoup et l'a fait peine. Serais si heureux si c'était notre Bernard. Domi a une bonne petite frimousse. Avons beaucoup travail toutes les moissons mûries, il faut faucher au plus vite et tout ensemble. Avons aujourd'hui Fernand et moi mis plus de 3 hectares seigle en ... Mangeons bien et reposons bien nuit 8 h - midi 2h. Santé excellente, moral aussi. Quelques jours très forte chaleur, vivons presque nus, travaille aux champs rien qu'avec un petit short noir, sommes bronzés et mulâtres. Voici lettre peu tendre et pourtant suis très amoureux. Comme voudrais t'avoir cette nuit dans mes bras, contre ma poitrine musclée et noire mais sentant peut-être un peu trop.. la ferme. Comme je te dirai mon amour avec de tendres caresse. Baisers Amère, tte Marcelle, pour toi si tendres. Ton Lou."
Jodoigne est une autre ville francophone belge située en région wallonne, dans la province du Brabant Wallon, à une vingtaine de km au sud de Louvain.
postkarte du 1/8/43, écrite au crayon-encre, numérotée 111, adressée à "Madame Louis Lenel, ... Dijon"
"I - Mon tt petit. Depuis 3 semaines, plus courrier. Si heureux ton bon colis et livres. Grand merci. Mais tes livres m'amusent! Par exemple mes camarades trouvent tes goûts en lecture légèrement pimentés! Je connaissais le "Dernier Dieu" de réputation. Je te remercie bcp mon tt petit. Je sais très bien que tu prends ce que tu peux trouver! Mais à l'occasion laisse tomber Reboux. Voudrais tant tes nouvelles, où es-tu maintenant. Arlon? Dijon? Ici, chaleur extrême, 32, 33° ombre. Avons moissonneuse et battu à la machine. Ouf!"
Le "Dernier Dieu" est sans doute le roman de Claude Farrère paru en 1926, plutôt qu'un poème tragique de Leconte de l'Isle : "J’errais, seul, sur la Terre. Et la Terre était nue. / L’ancien gémissement de ce qui fut vivant, / Le sanglot de la mer et le râle du vent / S’étaient tus à jamais sous l’immobile nue".
lettre du 20/8/43écrite au crayon, numérotée 113, à "Madame Louis Lenel, chez Monsieur Georges Berger, Neuillé-Pont-Pierre, Indre et Loire, France"
"Mon tout petit. Quand cette lettre t'arrivera tu seras penchée sur ta petite filleule ou petit filleul dont vous serez tous si fiers et si heureux, j'anticipe et mes félicitations et mes vœux de bonheur. Je voudrais être une de ces puissances fées du temps jadis pour me pencher sur le petit berceau avec une profusion de dons qu'elle soit belle comme la maman, intelligente comme son papa, etc.. Mais surtout lui souhaiter du bonheur, beaucoup de bonheur. Ma petite chérie, tu auras de la peine aussi, hein? A la joie d'Odette, tu penseras et moi, quand? Quand, courage, confiance, tout n'a qu'un temps il faut espérer que bientôt nous serons réunis. J'attends très impatiemment de tes nouvelles, rien depuis 3 semaines de toi. J'ai reçu deux livres de Germaine, 1 "L'oublié" de Benoit a été arrêté par la censure. Dis, tache de dénicher dans les vieilleries de Georges quelque chose de lisible dont il voudrait bien se débarasser pour moi, d'avance je le remercie infiniment. Tante Marie Louise doit être bien impatiente de sa petite-fille, je la vois d'ici. Embrasse là bien affectueusement pour moi, ainsi de Geo, Od et Jackie, ainsi que la douce toute toute petite menotte rose. Fait-il là-bas aussi chaud qu'ici. Ici on cuit au point de ne plus savoir manger, boire, boire et l'eau donne des coliques. Alors nous faisons d'immenses casseroles de thé. Je songe avec une envie folle à de belles grappes de raisin !!! J'aurais tant voulu que d'Arlon tu m'envoyes un pyjama et impossible de t'avertir à Arlon, mais nous en reparlerons peut-être pourront-ils t'en envoyer eux. Ma santé tjrs pareille, très bonne, mais le moral un peu plat, que veux-tu l'impatience, l'attente. Enfin confiance tjrs. J'embrasse bien fort mon Amère. Mais toi mon petit, un train entier archi tassé de baisers fous et de douces, douces caresses. Écris-moi vite bien longuement. Ton mari. Lou."
postkarte du 1/9/43, écrite au crayon-encre, numérotée 114, adressée à "Mme Louis Lenel chez Mr G. Berger Instituteur Neuillé-Pont-Pierre, Indre et Loire"
"I - Mon tt petit. Presque 1 mois sans tes nouvelles, si long! pas encore réponse carte 1/9. Parfois suis triste et le fais sombres idées. Attends aussi impatiemment coli. Moi, rien de neuf, achevons aujourd'hui cueillette houblon. Santé toujours bonne, mais que j'en ai marre! Comme jamais! Dieu que c'est long! Enfin espère tjrs, pense bcp à toi mon aimée, suis si privé de nouvelles. Je compte bien que tu es à Neuillé. Si impatient nouvelles grand évènement, à cette joie m'associe tant. 1 carte à Arlon. reçois à l'instant colis 30/7. Grand merci."
lettre du 20/09/-II - écrite au crayon, numérotée 116bis, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"Mon tt petit. T'enverrai le 1/10- 70 ou 75 RM pour votre Noël, 1500 f, je sais c'est très peu par le tps qui court, mais je ne suis pas riche et ce sont ttes mes économies. Je suis heureux de te les offrir pour que tu t'achètes un petit Noël de Lou ainsi qu'à Amère. As-tu bonnes nouvelles Michel? pas question d'interrompre études? Ta gentille petite lettre du 14/8 m'a fait bien plaisir. Tu m'y donnes des nouvelles et je t'y vois remplie d'un tel optimisme sur la fin proche que je ne peux que m'en réjouir. J'attends impatiemment photos. Les nouvelles de moi? Bien peu, toujours pareil, santé bonne, moral bon ou pr le moins résigné. Aujourd'hui il pleut, cela vaut la peine de te l'annoncer c'est tellement rare ici le matin - je me suis fabriqué un tablier en sac pour le prochain arrachage de betteraves. Dernier grand travail de l'année! C'est heureux de pouvoir travailler, cela fait que malgré tout le temps passe bien vite et cependant 1000 fois trop lentement encore. Hier j'ai tué lapin, 2k1/2 de viande, pas mal hein? il m'en reste 2 gros et 3 petits. Ma santé toujours bonne mais avec l'été j'ai un peu maigri, 69 kilos. Je récupérerai l'hiver. Voilà tes vacances bientôt finies mon petit! As-tu grossi? Je pensais ces jours ci aux renard, as-tu de leurs nouvelles? Nous payons notre 1er écot au temps d'automne, sommes tous enrhumés mais moi c'est presque fini. Voilà mon tout petit quelques nouvelles si pauvres de notre plus que monotone vie. Travailler, dormir, songer. Songer et espérer tout est là. Enfin courage, tout passe comme dit une chanson allemande. Tout passe, seuls deux êtres qui s'aiment. Pour nous aussi petit il n'y a que cela, s'aimer tendrement, je t'embrasse, ainsi que bonne Amère, tante Marcelle, souvenir Mlle Serveau. Comment va Cne Mielle, bon souvenir. Ton mari, Lou".
lettre du 20/10/43écrite au crayon, numérotée 119bis, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"II- Oui, ce soir j'ai "Heimweh", mot allemand qui dit si justement la chose, j'ai "mal de chez moi". Je pense à notre petit chez nous, à toi. Quand vous retrouverai-je l'un et l'autre? Quand? Quand? Quand ? Dieu comme ce serait déjà plus facile à supporter si on savait exactement l'heure de la libération. Comme cela use d'attendre ainsi. Fernand lui ne comprend pas ce souci chez moi. Evidemment il a ce désir lui aussi mais moins lancinant, avenir certain, situation définitive, fortune. Moi, j'ai tant à faire et je traîne ici. Inutile de m'étendre là-dessus, je deviendrais enragé. Parlons de toi, de votre vie, mon petit? Comment va? Vie à Dijon tjrs aussi difficile? Notre Amère se porte tjrs bien, embrasse très gentiment pour moi. Mon petit, mon tout petit et toi, le moral, courage va! C'est dur hein? nous souffrons du même mal cette séparation. Heureusement tout a une fin et nous devons pour cette fin rester solides, bien portants, confiants dans l'avenir. Vois-tu en t'encourageant, je m'encourage moi-même , jamais encore la captivité ne m'a été aussi lourde. Mais ne t'inquiètes pas, cela passe et ce n'est ni la 1ère ni la dernière fois. Mais je voudrais te savoir forte, courageuse, bien portante, le reste vois-tu m'importe si peu. Ma santé est suffisamment bonne. Je dis suffisamment parce que de temps en tps de petits accrocs, bien insignifiants d'ailleurs. Surtout crois bien, aucune raison t'inquiéter, te dis cela parce que je t'ai promis tte la vérité sur ma santé. Ma chérie embrasse bien fort Amère et tante Marcelle pour moi, maintenant viens te serrer dans mes bras pour un long, long baiser d'amour, de grand amour. Le mien pr toi est immense. Ton mari. Lou".
"Heimweh", c'est littéralement "nostalgie", un sentiment très largement éprouvé par tous les prisonniers de guerre, d'autant plus fort que le temps passe...
postkarte du 1-XI-43écrite au crayon, numérotée 120bis, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"Ai pu fre dire messe anniversaire mort maman par notre aumonier. Si content ma chérie. Si uni en pensée à toi à cette date. Ne t'en avais rien dit ma dernière lettre car n'étais pas fixé encore. Au écrit 1 carte tante Marcelle et 1 Germaine. T'ai dit désormais 4 cartes et 4 lettres par moi. Santé toujours bonne, excellent temps, betteraves avancent comme jamais, aurons fini le 15 nov. avant grands froids, en sommes particulièrement heureux. T'embrasse mon aimée si, si tendrement. Gros baisers aussi notre chère Amère. Ton Lou."
lettre du 20/11/43écrite au crayon à encre, numérotée 122, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"I - Mon tt petit aimé. Très peu courrier depuis mes cartes 1/II. 2 cartes 19/10- Pas encore réponse mes lettres 20/9. mais bien gâté colis cette semaine 3. Tien du 18/10 dimanche et aussi 1 Germaine - 2 jours avt 1 de Géo. Ma chérie, tes moufles jolies, jolies, me vont parfaitement mais trop belles vraint pour travailler, ton tannage parfait, devrais recommencer si bonne réussite - le coli m'a encore 1 fois ft si plaisir, puisse ma joie t'en récompenser 1 tout petit peu ma chérie. Aussi grand merci. Voudrais-tu remercier Germaine, viens de lui écrire 1 carte le 1er en décembre ne le pourrai - 1 excellent cake, des conserves, du pudding, du chocolat, de la crème de châtaignes, dis-lui grand merci et gronde-la, suis déjà bien content ses colis + rouge, ce qui vient de chez elle, ai peur ne prive les petits.. Tout si difficile à trouver. Attend impatiemment nouvelles départ possible de Michel. Voudrais maintenant te demander qqch, ne ris pas, voudrais-tu tasse et sous-tasse petit déjeuner, dois boire dans gobelet émaillé parce que manquons de tasse, émail donne mauvais goût, me réjouis tant 1 jolie tasse mais pas neuve, veux de toi, de chez maman, si osais te demanderai la tienne! qqch de toi, où je chercherai tes lèvres. Un peu de confort, si souvent rêve d'une belle table bien mise, d'un beau lit, de draps blancs. Cela existe-t-il encore dis, où est-ce du conte de fée, nous ne savons plus bien depuis plus de 3 ans! Dimanche avons eu messe, 2e pour maman ; samedi prochain pour marraine et tante Julienne ; si heureux pouvoir cela, notre aumonier soldat breton prisonnier. Maintenant 1 bonne nouvelle, avons terminé déjà récolte betteraves grâce à l'arrachage à la machine rarement possible, gagnons un moi, pas de pluie, pas de boue, ce fut aussi parfait que possible et surtout ss froid"
lettre du 20/11/43écrite au crayon, numérotée 122bis, à "Madame Louis Lenel, Dijon, 19 rue de Tivoli, Côte d'Or, France"
"II- Aujourd'hui j'ai aidé à gde lessive, mes fonctions où Fernand, tourner à la machine, charrier les seaux, fre du feu et voilà ma journée, les autres eurent 1 étang. Mon tout petit que te dire, du neuf, rien, rien, samedi soir suis allé voir au Kdo voisin où se trouve notre sentinelle, passer la soirée avec des français, 1 dizaine de bien braves types qui m'ont offert un bon dîner. Tu veux savoir quoi. Bouillon tapioca, boeuf mode, p de terre, carottes, salade céleris et betteraves, dessert pudding, biscuits et café. Tu vois que parfois mê par le manger nous évoquons la patrie! Dimanche, ils sont venus chez ns à la messe, avons fait phono tte la matinée puis nos colis st arrivés ensuite déjeuner, après-midi agréable passe-temps ravaudé 1 chemise, reprisé 2 paires de chaussettes. Bien attristé nouvelles santé Odette, prendrais fin cette lettre qqs lignes pr eux car ne compte pas leur écrire 1er/12 mes cartes déjà destinées. Comment va notre Amère, l'espère tjrs bien alerte et toi, mon petit, ta santé tjrs
trèsbonne? Mon tout petit ce soir encore comme tjrs d'ailleurs pense si tendrement, si amoureusement à toi, il est tard, tu es couchée, si ton rêve pouvait se matérialiser, si ton Lou pouvait venir te retrouver mais chut devines tout le reste, reçois tous mes gros baisers, bien affectueux pour Amère aussi. Ton Lou". (Bas de la lettre coupé)
L'étang, c'est la réserve d'eau du camp.
lettre du 20/12(43), écrite au crayon, numérotée 126bis, à "Madame Louis Lenel,.. Dijon"
"II - Ai reçu aussi cartes tte Marcelle et Germaine. Pauvre tante Marcelle, j'espère bien remise de cette chute. Quelle idée faire télescoper par auto quand si peu de voitures roulent.
Il fait enEmbrasse la bien pour moi et mes souhaits complet rétablissement, ce sera fait j'espère quand ma lettre arrivera. Il fait aujourd'hui une ravissante journée printanière et pas encore la moindre trace de neige. Dans 5 jours Noël. Comme vais penser à vous. Mercredi prochain 22/12 allons tous au théâtre. Troupe de music-hall française. Nous nous réjouissons bien et avons un peu peur aussi. Sommes si peu 43! Content m'aies donné nouvelles Mlle Petit, me souviens très bien cette aimable dame et te prie lui présenter mes hommages. Mon tout petit je pense à l'instant encore à cette soirée du 31/12/39. Comme nous étions heureux, dis, ce soir-là. Quand mon Dieu! quand serons-nous réunis. Dis ma poupée chérie quand te retrouverai-je toi, mon amour, ta tendresse, tes caresses. Tu sais je serai insatiable de tout cela, quelle fringale j'aurai de récupérer avant de devenir un vieux rassis, pense demain c'est la trentaine! Ce matin avec Fernand en sciant du bois nous faisions des projets d'avenir. Je lui parlai de son filleul car il ne veut pas d'une fille, du moins moins volontiers. Chaque fois que le coeur s'évade un peu c'est pour rêver, penser à l'avenir. Certainement il sera moins qu'on ne le rêve car ce serait le paradis, mais il sera beau quand même va! Si tu ne l'avais pas encore fait - j'en doute- achète ta robe, je compte prochainement, début janvier, t'envoyer 80 RM. Tu m'annonces un chapelet ds mon coli Noël. Ne l'ai pas trouvé, sans doute l'as-tu oublié. Embrasse bien mon Amère avec mes biens affectueuses pensées. Hommage Mlle Mielle, Serreau, souvenir aux Robert. Toi mon aimée, aujourd'hui encore je te désire d'un désir fou, exaspérant. Je t'aimerais à te fre peur, mal. Ma chérie aspire ici tout mon désir, il mord ce papier en un fou baiser comme il mordrait tes lèvres, tout ton corps. Ton Lou!"
postkarte du 2/1/1944écrite au crayon-encre, numérotée 127bis, adressée à "Madame Lenel... Dijon"
"Mon tt petit. Ne pourrais-tu m'envoyer dès que possible du produit pour tanner, j'ai une superbe peau de lapin et d'autres en perspective. Mon aimée j'ai commencé l'année en pensant tant à vous, à toi si particulièrement. Ma santé très bonne. Temps bien long, courriers moins réguliers. Ai écrit plusieurs fois à Paul mais n'ai encore reçu qu'une lettre et rien d'Henry. Ecris 1 carte Arlon et 1 Gil et Guy. Au revoir mon petit, avons eu messe ce matin si instamment prié pour retour cette année. Je t'embrasse encore si fort, aussi Amère, tte Marcelle. Ton Lou."
lettre du 10/1 (44)écrite au crayon, numérotée 128, adressée à "Madame Lenel... Dijon"
"I - Mon tout petit. Ai temps si long, reçu encore aucune réponse mes 4 lettres novembre. Heureusemt différents camarades français sont même cas, cela me tranquillise. Ms quelle impatience! T'ai envoyé début ce mois 80 RM, as-tu reçu mes 2 envois précédents 30/9 et 1/11. Comblera trou creusé dans ton budget par achat jolie robe ou chapeau. Mon petit chéri comme sens tu es tout pour moi qd suis longtemps sans nouvelles. Imagine les pires choses avec cette incessante idée "pas de lettre, pourquoi!" Et qd courrier arrive pour les autres et rien pour moi, quelle douche glacée! T'avais demandé culotte équitation, suis parvenu moi même en tailler 1 dans 1 autre culotte. Oeuvre titan dont je suis parvenu, parait-il, à merveilleusement m'en tirer. Aurais peut-être photo te permettant juger. Devenu bon à tout, pour Noël ai offert Fernand délicieuses brioches selon usage pays, faites moi-même. Tous les 15 jours m'enfile lessive tous prisonniers et tout ménage la ferme, 14 personnes, heureusement nous avons 1 machine mais chaque fois doigts blessés! Donc te décarcasse pas trouver culotte. Ai culotte et très bonnes bottes noires. Avons bien gentiment passé fêtes Noël et Nouvel An avec esprit, coeur bien loin bien sûr. Noël excellent réveillon, bon repas, menus cadeaux dont 1 oreiller marqué nos initiales avec taie rechange, 1 bel arbre illuminé. Jour Noël sommes allés dîner chez camarades prisonniers français qui ont réussi tour de force nous offrir un dîner Noël comme avant-guerre. Avons prolongé soirée jusqu'à 3 h et logés là. Au Nouvel An avons remis cela. Te garde les menus - incroyable mais vrai. Mais tt cela tjrs un fort goût captivité et absence âtres chers qui en diminue tout charme. Ms tu vois avons été moins malheureux tu ne le pensais sans doute. Et vous, les jours de fête? pas trop tristes?"
postkarte du 1/1/44écrite au crayon-encre, numérotée 136bis, adressée à "Madame Louis Lenel... Dijon"
" II - Le 10 te mettrai 1 autre petite photo. Suis si heureux pouvoir t'envoyer ma bonne bouille en réalité 1 peu moins noire maintenant. Répondrai tes lettres le 10 prochain. Fernand qui lui aussi connait le Lou critique et le Lou affectueux te donne raison. Enfin que veux-tu à 30 ans on change difficilement son caractère mais j'essaierai que le Lou tendre soit si tendre et si souvent qu'il amortisse l'effet du Lou critique. Espère ma poupée chérie, ne souffrez pas trop des restrictions (..), grâce Miel et Pierre, voudrais-tu me dire ton poids"
postkarte du 1/1/44écrite au crayon-encre, numérotée 136ter, adressée à "Madame Louis Lenel... Dijon"
" III - Avons cette semaine recommencé aux champs, avons semé hier et aujourd'hui. Il fait bon et à l'horizon les montagnes restent chargées de neige. Demain avons notre aumônier, messe dimanche 1 fois (14 dimanche) chaque mois, cela ft plaisir. Bientôt Pâques, mon aimée, comme mes pensées seront avec toi encore et plus que jamais ces jours de si belles fêtes. Ma chérie, soit bien brave, reste vaillante, va nous avons passé le plus long et nous arriverons au bout, même si ce qui reste est le plus dur. Courage pour moi et tant de bons baisers. Embrasse bien fort Amère. Lou."
lettre du 10/4(44) écrite au crayon, numérotée 137, adressée à "Madame Louis Lenel... Dijon"
" I - Mon tout petit chéri. J'espérais tes lettres du 20/2 la semaine dernière et n'ai rien reçu. Rien de Paul non plus, le courrier va bien, bien lentement. Je n'ai pas de grande nouvelle mon tout chéri, j'ai passé un gentil jour de Pâques, autant que possible, l'apm les camarades français sont venus jouer aux cartes et le soir Fd et moi sommes allés dîner chez eux mais cela ne m'empêchait pas de longuement songer à toi, mon amour, aux belles fêtes de Pâques que nous aurions déjà vécues sans cette horrible guerre, je pensais à nos petits Bernard, Chantal et j'étais un peu morose comme tous d'ailleurs car chacun a un souvenir et un rêve de Pâques, heureux d'ailleurs car le présent... Mon petit poulet, comment toi as-tu passé les fêtes? J'ai si hâte d'avoir de tes nouvelles. Je suis rêveur, si rêveur devant mon papier que je ne sais même pas fixer ma pensée, je voudrais des feuilles, des feuilles blanches à te noircir de mots tendres, de mots doux. Je pense notre fête de Pâques comment nous la vivions heure par heure, peut-être as-tu pensé cela aussi mon tout petit. Mais il me faut me dépêcher, les camarades vont en ville au théâtre pour prisonniers (Fd et moi n'y allons pas, souhaitons rester tranquilles comme de bons vieux, 1 lettre, mes photos, cela me plaît davantage) et notre courrier doit partir. Nous avons enfin un peu de printemps, et le travail sérieux commence, avons semé orge, avoine, fourrage, cette semaine un très dur travail, piocher les sillons dans les champs de houblon, mais par bonheur nous n'en avons pas trop. Auguste ne m'a donné aucune nouvelle non plus. J'attends bien impatiemment les agrandissements des photos pour bientôt sans doute et aussi ma culotte. T'ai envoyé début ce mois 80 RM. Mon aimée, il me reste deux lignes, que de tendres baisers je t'envoie mon tout petit, que de tendres caresses sans fin et si amoureuses. Reste bien courageuse mon aimée, bien vaillante, encore des baisers sans fin. Tou Lou".
postkarte du 1/5/44écrite au crayon, numérotée 145bis, adressée à "Madame Louis Lenel... Dijon"
" II - Mon aimée. Ai reçu beaucoup courrier 3 cartes 2lettres dt celle 6/6 mais pas temps revoir dates ni répondre. M'en excuse mais courrier doit partir, manque, manque temps. Santé bonne, beaucoup, beaucoup travail, m'occupe à peu près seul de 30 ares de jardin mais très bien portant. En plus jardin personnel, bestioles, chèvre, lapine etc.. Bref n'ai guère le temps à abandonner au cafard et c'est heureux, pourvu que j'ai le temps songer encore à mon chérie. Comptais écrire"
postkarte du 1/5/44écrite au crayon, numérotée 145ter, adressée à "Madame Louis Lenel... Dijon"
" III - 1 carte Germaine mais trop restreint ce mois, 3 cartes, 2 lettres seulement. Mon aimée, suivons soucieux pour vous les évènements et un peu inquiets. Mon petit, courage, courage encore. En tout cas protège-toi, au prix de n'importe quel sacrifice si tu le peux, soigne toi, si heureux ce que tu me dis pour Pouilly, cela me rassure bien, dis-leur toute ma gratutude. T'embrasse particulièrement tendrement, aussi Amère, tte Marcelle, demande Germaine si reçu carte Auguste. Ton Lou."
lettre du 20/3/1945écrite au crayon, adresse à l'encre, numérotée 169bis, à "Madame Louis Lenel, Dijon, via Grande Bretagne, % General Post Office" ; elle comporte le feuillet réponse, non utilisé. L'adjudant Lenel est passé au kommando 3785.
"I - Mon tout petit chéri. Recevais avant hier tes lettres 16/1. Bien pénible surprise, l'état d'Amère. Ta carte précédente ne m'était pas parvenue. Me fais bien du souci pour notre pauvre Amère, à cet âge congestion pulmonaire et pleurésie, c'est bien sérieux. Voilà 2 mois passés depuis, comment va-t-elle maintenant? Et toi mon pauvre tout petit, quelle secousse pour toi aussi, je te sens dans ta lettre si fatiguée, si moralement lasse. Tout ce travail à assumer seule et le cafard par dessus s'amène parfois. Je le connais aussi, va ma chérie. Comme toi, il ne m'épargne pas. Cependant maintenant je crois qu'il faut espérer un revoir assez prochain. Tu m'écris tes regrets de te laisser aller à te plaindre à moi, mais non mon petit c'est si rassurant déjà cette conviction que tu m'écris tout, le bon et le mauvais. Moi aussi j'en ai plein la cabane, mais courage aux mauvaises heures il en succédera d'autres qui nous paierons largement. Je regrette tant de ne pouvoir t'écrire une lettre bien réconfortante mais ces quelques pauvres lignes doivent rester banales si je veux qu'elle te parviennent. Mais moi aussi, je veux tout te dire, sais-tu que j'ai parfois un peu peur de te rendre malheureuse qd nous serons réunis. Mon caractère, comme celui d'un peu tous les prisonniers s'est tellement aigri, tellement! Toutes mes pensées et baisers pour toi et Amère, mais à toi tout mon coeur. Ton mari, Lou".
La libération tant espérée était proche. On trouvera des renseignements sur le stalag XIII-B et le récit des derniers jours du camp sur http://www.clham.org/Compilations/Stalag%20XIIIB.pdf - Extrait : "DIMANCHE 22 AVRIL 1945 - Temps couvert - Pluie et le jour se lève sur la Libération. Il fait froid, très froid même. Cela contraste avec la température des jours précédents au cours desquels nous avions vraiment été gâtés, Il tombe même une neige fondante. Vers 5 heures, le tir des canons ralentit un peu. Vers 7 heures on vient me prévenir que l'Aumônier du camp va dire la messe à la chapelle. Malgré le danger qu'il peut y avoir en s'exposant, je m'y rends. N'est-ce pas aujourd'hui dimanche et puis en ces minutes ultimes je me dois plus que jamais de demander la protection Divine. A la messe assistent également le Feldwebel Schöner et un autre Feldwebel assez âgé. Au cours de l'Office, un soldat vient rappeler le Feldwebel Schöner en lui signalant que les tanks américains sont en vue. La situation est donc sérieuse. Sur la ville de Weiden le feu de l'artillerie fait toujours rage. Ce sont les deux gros bâtiments des usines Wit qui brûlent. Une canonnade accompagnée de mitraillades reprend des plus belle. Je regagne mon abri. Un peu avant 10 heures, un roulement sourd se fait entendre, Certains crient "Les voilà". Je sors ma tête de l'abri. Je me précipite vers l'avant-camp. Peu après, apparaît le premier char américain dans la "Kasernestrasse", rue qui sépare notre camp de la caserne qui la voisine. Une joie profonde me monte au coeur. Je suis vraiment ému. Je me sens comme coupé à la gorge. Je regarde plus hardiment ce char libérateur. Il s'arrête à l'angle du bâtiment situé vis-à-vis de la baraque 11 et où était situé un atelier de menuiserie. Le pilote observe le champ situé entre le bois et la caserne. A ce moment, des Allemands qui se trouvaient dans le jardin de la caserne sautent la clôture et tentent de s'enfuir en traversant le champ en vitesse. Ils sont vus. Le "FM" et la "Mi" tirent dans leur direction. Ils se plaquent au sol, se relèvent s'enfuient à nouveau. Les Américains tirent. Deux ou trois Allemands sautent dans une excavation proche d'eux. Un autre se laisse choir au sol. D'autres parviennent à gagner le bois de sapins voisin. Un nouveau groupe de fantassins américains arrive. Les hommes s'abritent derrière un tank. A ce moment les balles allemandes sifflent à nos oreilles et partent dans leur direction. Les Américains redoublent leur feu. Le canon du tank tire même un obus à balles en direction du bois. Un autre tank arrive à l'autre extrémité du champ. Le feu redouble sur le bois, puis les Américains s'avancent prudemment, visitant chaque déclivité du terrain. De celles-ci sortent des soldats allemands qui lèvent les bras. Ils sont fouillés immédiatement et dirigés vers un tank et puis à l'avant-camp où a lieu la concentration des prisonniers de guerre allemands".
STALAG XIII-C
Taverne Frédéric, stalag XIII-C,
matricule 38.757, arbeits-kommando 4269
lettre du 11 avril 1941à "Mademoiselle Marthe Taverne, Péruwelz, rue Bertoulle - Hainaut, Belgique" (écrite au crayon)
"Chères Maman et Sœur, Le dernier espoir que je conservai s'est envolé à la lecture de la lettre de Marthe du 16 mars. Je suis littéralement sidéré de savoir que papa a eu une fin si rapide. A ma douleur de n'avoir pu assister à ses derniers moments et de recueillir ses dernières paroles s'ajoute la peine de n'avoir pu me trouver parmi vous pour adoucir votre deuil. Donne moi Marthe des détails sur les derniers moments de papa, cela adoucira peut être un peu ma peine. Je voudrais savoir qu'il ne vous manque rien dans cette période mouvementée. Mieux que moi vous devez savoir que vous serez mieux en étant unis dans le malheur. Arrangez-vous avec Rachel au mieux de tout pour ce qui pourrait vous manquer. De loin ce serait la plus grande joie que vous pourrez m'apporter de savoir que vous êtes en commun pour partager tout ce dont vous auriez besoin. J'ai oublié de demander à Rachel de me faire parvenir un cours élémentaire (assez complet) de langue allemande? Voudras-tu Marthe avoir l'obligeance de voir M. Henri Six professeur à l'école moyenne et de lui demander de te conseiller. Tu en réclameras le coût à Rachel. D'avance merci. Icic, tout continue normalement. Je travaille à la route. Ça va. Pas trop dur. Nourriture suffisante. La température est douce ds la journée mais les nuits sont toujours froides. Espérons que bientôt nous aurons tout à fait le bon temps et qu'avec lui peut être la libération. J'attends de tes nouvelles avec impatience, Marthe et, dans cette attente, recevez pour vous deux les meilleurs baisers de votre Frédéric. Rentre-t-il des Péruwelziens de captivité. Dans l'affirmative donne moi quelques noms."
Postkarte
du 1 Août 1941à "Madame H. Taverne Nisol, Péruwelz, Hameau de Cerfontaine - Hainaut, Belgique" (écrite au crayon)
"Chères Maman et Sœur,, Bonne santé. Moral idem. Beau temps. Rien de spécial. Ai été heureux recevoir photo. Tu me parais bien portante chère sœur. Serais content recevoir photo groupe maman et enfants. serge me semble si grand sur la photo. Le Jay lui semble avoir la figure d'un rude espiègle. Je crois que j'ai là deux bons diables à gouverne. Serge assimile-t-il bien ? Ne pas trop les gater surtout durant mon absence. Mes meilleurs baisers à vous partager."
Péruwelz est une petite commune du Hainaut occidental, située à un jet de pierre de la frontière franco-belge, à proximité de la ville française de Condé-sur-l'Escaut. C'est une ville de sources et des personnes y viennent de tout le secteur, aussi bien du côté belge que du côté français, pour se réapprovisionner gratuitement en eau à grand renfort de bouteilles et de jerrycans.
Taverne Frédéric, stalag XIII-C,
matricule 38.757, arbeits-kommando 4269
lettre du 11 avril 1941à "Mademoiselle Marthe Taverne, Péruwelz, rue Bertoulle - Hainaut, Belgique" (écrite au crayon)
"Chères Maman et Sœur, Le dernier espoir que je conservai s'est envolé à la lecture de la lettre de Marthe du 16 mars. Je suis littéralement sidéré de savoir que papa a eu une fin si rapide. A ma douleur de n'avoir pu assister à ses derniers moments et de recueillir ses dernières paroles s'ajoute la peine de n'avoir pu me trouver parmi vous pour adoucir votre deuil. Donne moi Marthe des détails sur les derniers moments de papa, cela adoucira peut être un peu ma peine. Je voudrais savoir qu'il ne vous manque rien dans cette période mouvementée. Mieux que moi vous devez savoir que vous serez mieux en étant unis dans le malheur. Arrangez-vous avec Rachel au mieux de tout pour ce qui pourrait vous manquer. De loin ce serait la plus grande joie que vous pourrez m'apporter de savoir que vous êtes en commun pour partager tout ce dont vous auriez besoin. J'ai oublié de demander à Rachel de me faire parvenir un cours élémentaire (assez complet) de langue allemande? Voudras-tu Marthe avoir l'obligeance de voir M. Henri Six professeur à l'école moyenne et de lui demander de te conseiller. Tu en réclameras le coût à Rachel. D'avance merci. Icic, tout continue normalement. Je travaille à la route. Ça va. Pas trop dur. Nourriture suffisante. La température est douce ds la journée mais les nuits sont toujours froides. Espérons que bientôt nous aurons tout à fait le bon temps et qu'avec lui peut être la libération. J'attends de tes nouvelles avec impatience, Marthe et, dans cette attente, recevez pour vous deux les meilleurs baisers de votre Frédéric. Rentre-t-il des Péruwelziens de captivité. Dans l'affirmative donne moi quelques noms."
Postkarte
du 1 Août 1941à "Madame H. Taverne Nisol, Péruwelz, Hameau de Cerfontaine - Hainaut, Belgique" (écrite au crayon)
"Chères Maman et Sœur,, Bonne santé. Moral idem. Beau temps. Rien de spécial. Ai été heureux recevoir photo. Tu me parais bien portante chère sœur. Serais content recevoir photo groupe maman et enfants. serge me semble si grand sur la photo. Le Jay lui semble avoir la figure d'un rude espiègle. Je crois que j'ai là deux bons diables à gouverne. Serge assimile-t-il bien ? Ne pas trop les gater surtout durant mon absence. Mes meilleurs baisers à vous partager."
Péruwelz est une petite commune du Hainaut occidental, située à un jet de pierre de la frontière franco-belge, à proximité de la ville française de Condé-sur-l'Escaut. C'est une ville de sources et des personnes y viennent de tout le secteur, aussi bien du côté belge que du côté français, pour se réapprovisionner gratuitement en eau à grand renfort de bouteilles et de jerrycans.
STALAG XIII-D
Bodin Emile, stalag XIII-D,
matricule 131
Postkarte
du 10 décembre 1942, adressée à Fernand Solbreux, 50, rue de Condé à Hainin (Hainaut, Belgique) - écrite au crayon encre
"Mon vieux Fernand, j'ai de temps à autre de tes nouvelles par Armand. J'ai su qu'après un voyage un peu pénible tu as eu la grande joie de retrouver enfin le pays qui nous manque tant ici. Dois-je te dire que tous nous gardons de toi le meilleur souvenir et que nous pensons souvent à toi, excellent ami? Ladoux et Nerpo nous ont quittés avec la relève. Pour moi, il n'en est pas question. J'espère que ta santé va s'améliorant et que l'an neuf te verra complètement rétabli. Ce sont ces voeux de santé et de bonheur que je t'envoie, mon cher Fernand, avec mes meilleures amitiés".
Hainin (Hinnin en wallon), était une commune belge du sud de la Belgique, située en région wallonne et de langue romane (française). On a chiffré à 43% les prisonniers du Stalag XIII-B originaires du Hainaut. Il y eut environ 220.000 prisonniers de guerre belges, près du tiers de l'effectif mobilisé, répartis en 80.000 Wallons et 145.000 Flamands ; ces derniers, de langue germanique, furent presque tous renvoyés en Belgique, souvent sans avoir été immatriculés.
Après l'échec du volontariat puis du STO (service du travail obligatoire) pour faire venir des travailleurs des deux sexes en Allemagne, de façon à participer à l’effort de guerre et à remplacer les hommes mobilisés, en juin 1942, l'Allemagne devient exigeante : Fritz Sauckel, gauleiter (c’est à dire chef d'une branche régionale du NSDAP, le parti Nazi), réclama encore plus de travailleurs (350 000 pour la France). Fut alors créée la "Relève", dont le principe était tentant : pour 3 travailleurs volontaires envoyés, 1 prisonnier de guerre serait libéré. Mais c’était un marché de dupes, car seuls les ouvriers spécialisés étaient pris en compte et seuls furent relâchés des paysans, ou des hommes âgés et malades, c’est-à-dire des improductifs au plan industriel, qui n’auraient pu être utilisés comme main d’œuvre et auraient probablement bénéficié d’un rapatriement de toute façon, à titre sanitaire en particulier. De plus, la Relève n'étant pas nominative, tel ne pouvant partir pour libérer tel prisonnier (frère, mari, etc.) ; le peu de succès de cette mesure (17 000 volontaires fin août en France) sonna le glas du volontariat. Un grand nombre de KG (prisonniers de guerre) furent employés sur place dans des arbeitzkommando.
Brulmans Alphonse, stalag XIII-D,
matricule 47.900, arbeits- ommando 1343
Postkarte
du 1-2-44adressée à ses parents "Mme et Mr Brulmans Auguste, Milmort, Chaussée-Brunehaut, 42 (Liège-Belgique)" (écrite au crayon) :
"Chers parents, de vous autres je n'ai cette semaine rien reçu. Georges trouve drôle qu'il ne reçoit rien non plus. Cette semaine, j'ai encore été obligé de faire tirer une dent ; j'ai été très bien soigné ; cela fait donc la troisième que je laisse en Allemagne. Suite à la désertion que j'avais eu à l'usine, l'officier est venu avec l'homme de confiance du stalag ; personne ne sait ce qui c'est passé car ce dernier n'a pas assisté à l'entretien. Je n'ai pas été puni, c'est donc que je n'avais pas tous les torts. Je vais quitter le Komd. ainsi que trois autres camarades ; vous comprenez question de travail. On m'a dit que j'allais aller chez "Ameg-Hilpert". Mille baisers."
Milmort était une petite commune située en région wallonne, à 6 km au nord de la ville de Liège ; depuis 1977, elle fait partie de la commune de Herstal. Elle tient son nom de la présence de marécages, ou "mers mortes" (matermortua en latin)
Les articles 43 et 44 de la Convention de Genève du 27 juillet 1929 relative au traitement des prisonniers de guerre (PdG ou KG) avaient introduit la notion "d'hommes de confiance", chargés de représenter les prisonniers de guerre auprès des autorités militaires.
Art. 43. : Dans toute localité où se trouveront des prisonniers de guerre, ceux-ci seront autorisés à désigner des hommes de confiance chargés de les représenter vis-à-vis des autorités militaires et des Puissances protectrices.
Cette désignation sera soumise à l'approbation de l'autorité militaire.
Les hommes de confiance seront chargés de la réception et de la répartition des envois collectifs. De même, au cas où les prisonniers décideraient d'organiser entre eux un système d'assistance mutuelle, cette organisation serait de la compétence des hommes de confiance. D'autre part, ceux-ci pourront prêter leurs offices aux prisonniers pour faciliter leurs relations avec les sociétés de secours mentionnées à l'article 78.
Dans les camps d'officiers et assimilés, l'officier prisonnier de guerre le plus ancien dans le grade le plus élevé sera reconnu comme intermédiaire entre les autorités du camp et les officiers et assimilés prisonniers. A cet effet, il aura la faculté de désigner un officier prisonnier pour l'assister en qualité d'interprète au cours des conférences avec les autorités du camp.
Art. 44 : Lorsque les hommes de confiance seront employés comme travailleurs, leur activité comme représentants des prisonniers de guerre devra être comptée dans la durée obligatoire du travail.
Toutes facilités seront accordées aux hommes de confiance pour leur correspondance avec les autorités militaires et avec la Puissance protectrice. Cette correspondance ne sera pas limitée.
Aucun représentant des prisonniers ne pourra être transféré sans que le temps nécessaire lui ait été laissé pour mettre ses successeurs au courant des affaires en cours.
Dans bien des endroits, la désignation de « l’homme de confiance » se fit par vote et ensuite par approbation de l’autorité militaire de la « puissance détentrice ». C’est ainsi qu’un simple soldat pouvait avoir autorité sur un adjudant. L'adjudant Delmarche était l'homme de confiance des Belges (et homme de confiance principal du camp) et F. Balland celui des PdG français. La veille de la libération du camp, le 17 avril 1945 par les Anglais, c'est aux hommes de confiance que le colonel et les officiers remirent les services administratifs du camp
Clément Antoine, stalag XIII-D,
matricule 1.793, arbeits-kommando 1369
Postkarte
du 1er Février 1943adressée à "Mr et Madame Galabrun Raymond Clérmont Ferrand 13 rue Strasbourg Puy de Dôme France non occupée" (écrite au crayon)
"Bien cher Mr et Madame Galabrun et ses enfants et Mr et Madame Villaumêt deuts mots pour vous donné de més nouvèlles qui sont toujour bonne pour l'instant. Et jéspére que ma carte trouvera aussi tous en bonne santé j'ai toujour bon moral jéspére que sa sera la dernière année que sa se finira le ten commene à être long je vous quitte Recevé avèc mon mèilleur souvenir més mèilleurs salutattions. Clément Antoine."
Mesny Victor, stalag XIII-D,
matricule 92.148, arbeits-kommando 1252-A
Antwort-Postkarte
du 13 novembre 1944de "Mesny Blanche Amiens 2 rue des Crignons (Somme) France" à "Mesny Victor Gefangenennumer 92.148 M.-Stammlager XIII C Kdo 1252-A Deutschland "reçue le 18 mars 1945" (carte réponse écrite partie au crayon, partie à l'encre)
"Mon bien courageux petit, grand frère, combien ta carte a été la bienvenue ; oui, je vois Noële donc elle aura tes affections. Restons unis dans la famille, car la Providence n. garde tous pour le revoir très heureux. Ton petit Pierre est intelligent, Lucienne fidèlement sage et moi ta grande soeur toujours priant pr toi en t'embrassant fraternellement. B Mesny".
Roland Yvon, stalag XIII-D,
matricule 83.177, arbeits-kommando 3.297
Lettre du 10-8-41 à"Madame Roland Paris (2e) 170 Rue Pilleport (Seine) France" - écrite au crayon
Texte de 4 lignes imprimé en rouge au tampon sur le rabat : "Pour gagner du temps dans / le contrôle et la distribution / écrivez des lettres courtes et lisibles ! / Ne pas oublier la matricule !"
"Ma chère petite Renée - Hier, grande joie, j'ai reçu ta carte du 30 juillet, date que je n'ai oubliée non plus, crois-moi - mon petit chou. Bien sûr que l'année prochaine nous passerons cet heureux anniversaire ensemble. Ah! quelles images passent devant mes yeux! J'ai aussi reçu ta lettre du 22/7 avec ta photo. Mais sais-tu que tu es magnifique, ma petite Renée? Tu m'apparais toute neuve pour moi. Joli chapeau, joli robe mais toujours ce sourire primesautier et les mêmes yeux rieurs qui m'ont tant plu dès le premier jour de notre rencontre. Ce sont ce sourire et ces yeux là que je voulais avoir depuis si longtemps, maintenant je les tiens. Bénis soit le photographe qui a su les fixer sur le papier. Non, je n'ai pas besoin d'argent - mais, à propos ta broche est-elle en or ou en argent, vrai ou fausse? Je voudrais bien aussi que tu me dises sur cette lettre réponse à combien se montent tes ressources mensuelles, si tu touches toujours pour moi etc.. si tu arrives juste à joindre ou faire qq économies. Pourquoi ne parles-tu jamais de ces questions là? N'oublies pas - as-tu passé de bonnes vacances. Je n'ai pas reçu la lettre dont tu parles. J'attends ta petite photo. J'en voudrais une de toi où tu sois debout avec une belle robe - pour me rendre bien compte de la ligne de ma chère petite femme de 63 kg. Tu dois être parfaite. Combien pesais tu à ma dernière permission? Je te joins une photo dernier souvenir de ma défunte moustache - J'avais parié de la garder 1 an, elle n'a duré que 7 mois - La moisson a commencé - Je suis depuis hier mon patron - J'allais oublié de te dire que j'ai reçu ton colis. Ma petite gueugueule s'est bien régalée - Je t'embrasse amoureusement en regardant bien ton sourire et tes yeux. Mille tendres baisers."
Lettre du 10-9-41 à"Madame Roland Paris (2e) 170 Rue Pilleport (Seine) France" - écrite au crayon
Texte de 4 lignes imprimé en rouge au tampon sur le rabat : "Pour gagner du temps dans / le contrôle et la distribution / écrivez des lettres courtes et lisibles ! / Ne pas oublier la matricule !"
"Ma chère petite Renée - Le temps me semble bien long, mon petit chou. Je ne reçois pas beaucoup de cartes ou lettres de toi. AInsi, rien depuis ma carte du 1er. On est deux ou trois semaines sans rien avoir et en un jour on aurait 2 ou 3 correspondances d'un coup. Ce n'est pas si bien que de recevoir chaque 10 jours des nouvelles.
"Avant-hier j'ai reçu un paquet de toi par l'intermédiaire de la mairie du 20e, mais en très mauvais état, le chocolat en poudre s'est renversé sur tout, et tout cela parce que l'adresse n'était pas lisible et que mon colis a été au lager 3.277. C'est le colis du 6 août. Tout est bon cependant et je t'en remercie beaucoup. J'attends avec impatience des nouvelles de toi,de lire ta chère écriture. Le jour de la réception des lettres est un jour heureux. Déjà un an et demi sans nous avoir vu. Le mois de septembre est déjà là. Commencement de l'hiver que nous passerons encore ici sans doute. C'est long et quand je prends nos photos je désespère de revoir bientôt notre belle petite salle à manger, notre gentille chambre et nos biens, chère petite femme. Qu'ils ont de la chance ceux qui n'ont pas eu à souffrir de l'exil. Voilà un an et plus que c'est fini pour eux et deux ans que ça dure pour nous. Par cette photo tu vois que je suis fan de belles voitures des récoltes. Elle est en partie portée mais c'est quand même moi qui va vers toi pour te serrer bien tendrement dans mes bras et t'embrasser amoureusement."
Rossignol Raymond, stalag XIII-D,
matricule 44990, arbeits-kommando 952
Postkarte
du 1er juin 1942à "Messieurs Louis et Robert Rossignol, Jemappes Avenue Foch 800, Hainaut Belgique"
"(suite n°2) Pense toujours beaucoup à maman et prie bcp pour elle. Elle ns protège du haut du ciel. Attends tjs de tes nouvelles mon cher Robert. Comment vas-tu? Et Louise? Remettez mes bonnes amitiés chez Mr Blandé et remerciez le pr accord atelier. Amitiés aussi à toute la famille, chez Himmel, Mr L..., Toussaint-Laruelle, Adolphe, Fray, etc. Prochain colis mettez lacets et fil à coudre. Espère que la délivrance approche pr vous retrouver tous deux en bonne santé. Affectueusement et bon courage".
Il fait partie des 43% les prisonniers du Stalag XIII-B originaires du Hainaut (sud de la Belgique), comme Bodin Émile et Taverne Frédéric.
cliché de prisonniers trouvé sur le web
Couverture
Couverture de "Témoignages de guerre et de captivité ( Stalags et Oflags, 1940-1945)"

samedi 4 mars 2017

UN POLAR DANS UN CAMP...




MEURTRE DANS UN OFLAG 

 

Un roman policier écrit en captivité... Autres textes de son auteur... Et... Intense travail de mémoire

 

Espace Nord. 172 pages. Prix : 9 euros.

Première édition : 1946

(Editions Charles Dessart).

Raymond TROYE (1908-2003)

Né à Gouy-Lez-Piéton (Charleroi) d'un père Belge et d'une mère Française. Chasseur ardennais avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Répétiteur de français à l'Ecole Royale Militaire (1949-1959).

Un roman policier écrit en captivité... Autres textes de son auteur... Et... Intense travail de mémoire


Le pitch : le narrateur est-il l'assassin ?

Dans un camp de Bavière , un prisonnier de guerre vient d'être assassiné ! Quelle misère de mourir derrière les barbelés... Le meurtrier ne peut être... qu'un autre officier ! Terrifiant ? Oui... Mais le pire c'est que le narrateur, à cause de cette maudite blessure à la tête, a perdu la mémoire ! Où était-il le soir du crime ? Que faisait-il ? Impossible de se souvenir. Seule certitude : sa haine de la victime.

Qui se souvient des oflags ?

Oflag est une abréviation de l'allemand : "Offizierlager" (camp pour officiers). Durant la 2ème Guerre Mondiale, des milliers d'officiers prisonniers (de toutes nationalités) ont transité-séjourné dans ces camps situés dans le "grand Reich"...

Début journal

R. Troye a été prisonnier dans les oflags suivants :

Eichstätt (VIIB) - Fischbeck (XD) - Prenzlau (IIA)

La rédaction

Ce roman a pour cadre l'oflag VII B d'Eichstätt où R.Troye fut prisonnier entre 1940 et 1942. Sa rédaction date de cette époque. Il fut corrigé et (terminé) à Prenzlau (oflag II A) le 18 septembre 1943.

L'ACTIVITE LITTERAIRE DE RAYMOND TROYE

Durant les 5 années passées derrière les barbelés, R.Troye écrira 5 romans. 2 seront publiés : "Meurtre dans un oflag" et "Le Pharmacien de Chantenelle", Les Editions Atalante, Bruxelles, 1947.

Liens coups de coeur (art et littérature)

samedi 25 février 2017

PROMOTION SAINT-CYR AMITIé FRANCO-BRITANNIQUE




 AMITIE FRANCO-BRITANNIQUE
(1939 - 1940)
Amitie Franco-Britannique





Promotion Amitié Franco-Britannique

1939-1940

« Ils s'intruisent pour vaincre »
Les Promotions de l’ÉCOLE SPÉCIALE MILITAIRE de SAINT-CYR
Créée par Napoléon BONAPARTE 1er consul, - loi du 11 floréal AN X (ou 1er mai 1802) -,
l’École Spéciale Impériale Militaire avait été installée au Château de Fontainebleau de juin
1803 à juin 1808. Le 1er juillet 1808, les 655 élèves quittent Fontainebleau à pied, et par
étapes entrent à SAINT-CYR le 3 juillet, tambour battant. A Saint-Cyr, elle relève le
Prytanée qui fait mouvement sur LA FLÈCHE. Elle y demeurera jusqu’aux jours sombres
de juin 1940 ; attachant désormais à son nom, celui de la petite ville où elle a tenu garnison
pendant 132 ans. Le 23 juillet 1944, les bâtiments de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr
sont détruits par les bombardements alliés. Le retour de la Spéciale à Saint-Cyr n’est plus
envisageable.

126
1939 - 1940
AMITIÉ FRANCO-BRITANNIQUE
Devant l’invasion allemande de juin 1940, l’École quitte la maison mère pour ne plus
s’y réinstaller. De novembre 1940 à novembre 1942, l’École Spéciale Militaire est
reformée à AIX EN PROVENCE aux côtés de l’École Militaire d’Infanterie. 1905 officiers
y ont été formés ; respectivement 1405 Saint-Cyriens et 500 Saint-Maixentais.
Deux promotions en sont issues :
127
1940 - 1942
Maréchal PETAIN
128
1941 - 1942
CHARLES de FOUCAULD
De nouveau dissoute à l’invasion de la zone libre par la Wermacht en novembre 1942,
l’E.S.M. va renaître en Algérie le 15 décembre 1942, dans le cadre de l’École
d’Élèves Aspirants de CHERCHELL (130 km à l’ouest d’Alger). Cette école prendra
le titre d’ECOLE MILITAIRE INTERARMES le 13 décembre 1944. Les Saint-Cyriens de ces
 trois promotions en feront partie.
129
1942
CROIX DE PROVENCE
130
1943
VEILLE AU DRAPEAU
131
1944
ROME ET STRASBOURG
1942 - 1943 : Promotions spéciales des "CADETS de LA FRANCE LIBRE" L’École militaire
des Cadets de la France Libre est créée à l’automne 1940 par le Général de GAULLE,
en Angleterre.
D’abord réunis à RAKE MANOR, près de MILFORD (SURREY), les cadets s’installent à
MALVERN au sud de WORCESTER, puis à CASTEL de BIBBESFORD, où l’École est
dissoute le 15 juin 1944.
   LES TROIS CENTS ANS DE SAINT-CYR 
par Alain-René GENNARI
Au lendemain de la fondation de la Maison Royale de Saint-Louis à Saint-Cyr en 1686, Madame de Maintenon déclarait: "Puisse cet établissement durer autant que la France et la France autant que le monde!". Ce voeu se réalise toujours, et, bien plus, l'histoire de Saint-Cyr apparaît comme un reflet de notre histoire nationale. La plupart des grands événements qui ont marqué la France ont eu leur écho à Saint-Cyr. De l'Ancien Régime à nos jours, Saint-Cyr a survécu, car "les institutions utiles et bien conçues subsistent d'elles-mêmes et les gouvernements qui se succèdent ne peuvent guère songer à les bouleverser". Cette phrase, extraite du Livre d'or de Saint-Cyr, s'applique bien sur à l'École Spéciale Militaire, mais elle vaut également pour les bâtiments qui ont, selon la formule du général Desmazes, "su infiltrer dans les veines, non pas d'une élite, mais de la masse (des) élèves, un tel sens du dévouement et du patriotisme". Alain-René Gennari, professeur d'histoire au Lycée Militaire de Saint-Cyr, présente cet établissement prestigieux qui a fêté en juin dernier son tricentenaire.
1681/1685
Madame de Maintenon est à l'origine de cet "esprit" de Saint-Cyr. Dès 1681,elle s'intéresse à l'initiative de l'une de ses anciennes amies, Madame de Brinon, qui avait ouvert à Rueil une maison d'éducation pour jeunes filles; elle décide Louis XIV à donner à l'oeuvre le château de Noisy, et à payer sur le fonds de ses aumônes la pension de cent filles de pauvres gentilshommes.
Le cadre de cette fondation s'avérant rapidement trop étroit, Madame de Maintenon amène le roi à décider en Grand Conseil, le 15 août 1684, la fondation "d'une maison et communauté où un nombre considérable de jeunes filles, issues de familles nobles et particulièrement des pères morts dans le service (...) soient entretenues gratuitement (...) et reçoivent toutes les instructions qui peuvent convenir à leur naissance et à leur sexe".
Chargés de choisir un endroit adéquat, Louvois et Mansart désignèrent le village de Saint-Cyr, dans le val de Gally, en précisant que 'l'établissement serait ainsi placé à l'ombre du trône". Pour sa part, Madame de Maintenon ne cessera de regretter le choix de ce site par trop humide: "J'aurais voulu donner à mes filles une complexion forte et une santé vigoureuse, et le mauvais choix de Mansart m'est un obstacle insurmontable. Je ne puis voir la méchante mine de ces pauvres enfants sans maudire cet homme." Cependant, dès le 1er mai 1685, près de trois mille ouvriers militaires se mettent au travail sur la terre achetée au seigneur du lieu, et élèvent en un peu plus d'un an douze corps de bâtiments formant cinq cours.
1686/1689
L'établissement est placé sous l'invocation de Saint-Louis et doté de 150.000 livres de rente. Le nombre des élèves est fixé à 250, l'admission pouvant s'effectuer de neuf à douze ans, et le séjour dans l'établissement se prolonger jusqu'à l'âge de vingt ans. Sont admises des demoiselles nobles, sans fortune, dont la ligne paternelle compte au moins cent quarante ans de noblesse prouvée. La communauté qui s'installe à Saint-Cyr du 26 août au 2 septembre 1686 est originale: l'encadrement de ce nouvel établissement d'éducation pour jeunes filles est confié non point à des religieuses, mais à des laïques.
Trente-six "dames" sont chargées de l'instruction et de l'éducation des élèves, vingt-quatre "converses" préposées au service intérieur de la maison; elles reçoivent un costume grave et modeste, mais qui n'a rien de monacal. Ce type d'établissement est alors unique en Europe.
Les demoiselles sont partagées en quatre classes, ayant chacune son dortoir, sa salle d'étude et son réfectoire, et distinguées par quatre couleurs différentes. Les plus jeunes, jusqu'à dix ans, portent le ruban rouge; de onze à quatorze ans, le ruban vert; de quinze à dix-sept ans, le ruban jaune; de dix-huit à vingt ans, le ruban bleu. Madame de Brinon, nommée supérieure, dirige l'institution, mais Madame de Maintenon, qui a le titre de fondatrice, s'intéresse de très près à "ses filles". C'est elle qui sollicite Racine - dont la dernière pièce, Phèdre, remonte à 1677-, pour la rédaction d'une tragédie que puissent interpréter les demoiselles.
Ainsi, le 20 janvier 1689, le roi assiste à la première d'Esther. Le succès est grand.

1692/1786
Cependant, envoyant la foule des courtisans envahir sa maison, Madame de Maintenon constate que ses "chères filles" commencent à se montrer "fières, dédaigneuses, hautaines, présomptueuses, peu dociles", et cherche en conséquence à donner à l'institution une orientation religieuse plus marquée. Comme, dans le même temps, la papauté hésite à avaliser la décision de Louis XIV d'unir la très riche mense abbatiale de Saint-Denis à la Maison de Saint-Louis, Saint-Cyr est érigé en monastère régulier en 1692. Deux ans plus tard, le roi fait modifier les Constitutions, rendues plus sévères pour les dames, maintenant religieuses.
Pendant la guerre de Succession d'Espagne, les séjours à Saint-Cyr de Madame de Maintenon se font plus fréquents. A la mort du roi en 1715, elle s'y retire définitivement, sa retraite n'étant troublée que par quelques visites, celles du Régent et de la princesse Palatine, et celle plus inattendue, du tsar Pierre le Grand. A sa mort en 1719, l'établissement cesse d'être à la mode et semble s'endormir, dans le respect de ses constitutions figées. Louis XV ne s'intéresse que de loin à Saint-Cyr, mais continue de veiller à la bonne marche de l'établissement fondé par son aïeul : c'est à lui que l'on doit l'édification du "Pavillon des Archives", dont les plans sont vraisemblablement dessinés par Gabriel. En 1786, le centenaire est célébré avec faste, grâce à l'intérêt que porte Madame Élisabeth à la maison, mais Louis XVI se contente d'observer le feu d'artifices depuis les terrasses de Versailles.
Madame de Maintenon en visite à Saint Cyr.
Quatre vers célèvrent sa gloire:
"Sage de Maintenon dont le plus grand des Roys
Pour son secret conseil a fait un digne chois
C'estoit vous qui deviez par des façons nouvelles
Eslever pour le Ciel ces nobles Demoiselles".

1790/1808
Pourtant, le roi essaye de sauver Saint-Cyr de la tourmente révolutionnaire en ouvrant l'établissement par décret du 26 mai 1790 à toutes les filles d'officiers, sans distinction de naissance. En vain: comme tous les établissements religieux, la Maison royale de Saint-Louis est supprimée par l'Assemblée législative le 16 août 1792. L'établissement, qui a, depuis sa fondation, instruit plus de trois mille demoiselles nobles est complètement évacué, le 1er octobre 1792. La guerre entraîne sa transformation en hôpital militaire, appelé, ainsi que la commune, Val-Libre. La chapelle est partagée en deux étages, pour servir aux malades et aux blessés; au total, sont aménagées vingt salles d'hôpital, abritant neuf cent cinq lits.
Transformé en succursale des Invalides sous le Directoire, l'hôpital est évacué en 1800, car le Premier Consul redonne à Saint-Cyr sa vocation d'origine, venant de fonder l'institution du Prytanée français, il en établit une division à Saint-Cyr, pour instruire et élever gratuitement les fils de militaires morts sur le champ de bataille. En 1803, l'institution est remaniée, les autres divisions supprimées, et Saint-Cyr prend seul le nom de Prytanée Français, puis en 1805, de Prytanée Militaire Français, préparant à l'École Spéciale Impériale Militaire alors installée à Fontainebleau. L'établissement compte six cents élèves, tous fils de militaires et se destinant à l'état militaire. Le Prytanée Militaire ne reste établi à Saint-Cyr que jusqu'au 1er juin 1808. A cette date, l'Empereur ayant voulu faire restaurer pour son usage l'ensemble du château de Fontainebleau, le Prytanée est transféré au collège de La Flèche, et l'École Spéciale Militaire le remplace à Saint-Cyr. Le 3 juillet 1808, le dernier détachement du Prytanée quitte Saint-Cyr, dont les bâtiments sont remis le lendemain au général Bellavene. Un mois plus tard, les cinq cents élèves du bataillon de l'École Spéciale Impériale Militaire entrent, tambour battant, dans l'antique demeure des demoiselles de Saint-Louis.
1812/1818
Saint-Cyr offre alors un cadre sévère aux aspirants à l'épaulette. L'un d'eux raconte son arrivée à l'École: "J'avais déjà vu des hôpitaux, j'avais déjà vu des prisons; mais hélas ! je n'avais pas vu Saint-Cyr. Une haute et longue muraille, noircie par le temps, arrêtait tout d'abord les regards. C'était l'enceinte extérieure de l'ancien couvent. Quelques peupliers montraient au-dessus leurs têtes mouvantes, et laissaient apercevoir une longue suite de fenêtres grillées, donnant le jour aux étages les plus élevés d'un vaste et sombre bâtiment." Le nombre de jeunes gens qui passent par l'École est alors considérable, même si l'effectif présent n'atteint jamais le millier d'élèves, car l'Empereur a de plus en plus besoin d'officiers.
En juin 1812, une promotion de trois cents officiers est constituée à partir des élèves les plus âgés, qui sont immédiatement dirigés sur Spandau, pour entrer en campagne avec la Grande Armée. Parmi les sept cent cinquante et un officiers que fournit l'École en 1813, beaucoup n'y ont séjourné que quelques mois.
Le 22 avril 1814, les cocardes blanches remplacent les cocardes tricolores sur les coiffes. Louis XVIII, après avoir un instant songé à dissoudre Saint-Cyr, pour rétablir l'École Militaire de Paris, y adjoint l'École de Cavalerie, jusqu'alors établie à Saint-Germain. Les cavaliers, pour la plupart d'origine noble - et d'une noblesse d'Ancien Régime - modifient rapidement l'esprit de Saint-Cyr. A l'annonce du débarquement de Napoléon en 1815, les élèves de l'École Royale Militaire de Saint-Cyr font part au roi de leur indignation contre "l'ennemi public"
qui a conduit la "patrie sur le bord du précipice (et) vient encore y porter le fer et la flamme". L'École Royale Militaire est bien sûr licenciée par "l'ennemi public" parvenu aux Tuileries, et remplacée par une nouvelle École Spéciale Impériale Militaire... qui ne survit pas à Waterloo. Le 6 septembre 1815, une Ordonnance Royale décide la dissolution de l'École.
Après les demoiselles "royales", Saint-Cyr accueille les jeunes gens "impériaux",
qui formeront les cadres de la Grande Armée de Napoléon: grenadiers, fusiliers ou chasseurs
Les bâtiments de Saint-Cyr ne restent pas longtemps inoccupés. En attendant le vote de la loi sur le recrutement que prépare le maréchal de Gouvion Saint-Cyr, le gouvernement de la seconde Restauration décide d'adjoindre à l'École Militaire préparatoire de La Flèche un second établissement à Saint-Cyr. L'École préparatoire de Saint-Cyr, parfois dénommée "Petite École", ouvre officiellement ses portes le 17 mars 1816. En moins de deux ans, cet établissement, qui reçoit les fils de la plus haute noblesse, forme cinq cent soixante-trois élèves, qui fourniront à l'Armée quinze généraux de division et dix-huit généraux de brigade. Cette école préparatoire ne subsiste que deux ans. En 1817, puis en 1818, deux Ordonnances Royales instituent l'École Royale Spéciale Militaire, non pas à Paris, comme l'avait prévu le gouvernement de la première Restauration, mais à Saint-Cyr.
Elèves de la "Petite Ecole",
ou Ecole Préparatoire de Saint-Cyr,
qui ne restera ouverte que deux ans (1816-1818).
1825/1834
A la "Petite École" succède la "Grande École", destinée à former des officiers d'infanterie, de Cavalerie et d'État-Major. Mais la grande épopée militaire est terminée, Saint-Cyr attire peu de candidats. Composée en majeure partie de jeunes gens appartenant à la noblesse ou à la haute bourgeoisie, l'École manifesta alors fréquemment ses sentiments royalistes, ainsi
lors de la souscription ouverte en 1825 en faveur des victimes de Quiberon. L'annonce du débarquement à Sidi-Ferruch du 14 juin 1830 y est suivie d'une explosion de joie. En juillet 1830, ce sont les élèves de Saint-Cyr qui assurent la garde du château de Saint-Cloud et du pont de Sèvres puis, dans la nuit du 30 au 31, escortent le roi dans sa retraite sur Versailles, d'où la famille royale part pour l'exil.
Le nouveau ministère - le premier de la Monarchie de juillet - décide la dissolution de l'École, fort suspecte à ses yeux depuis les événements de Saint-Cloud, mais se ravise bientôt. L'École est maintenue, bien qu'elle reste peu favorable au nouveau Roi des Français. La visite des ducs d'Orléans et de Nemours, en 1832, reçoit un accueil glacial. L'année suivante, des élèves sont renvoyés pour avoir crié "Vive l'Empereur!" En avril 1834, lors du massacre de la rue Transnonain à Paris, Armand Carrel - un ancien de l'École essaye d'entraîner les saint-cyriens. Par ailleurs, le régime offre peu de perspectives à ceux qui entrent dans la carrière des armes: l'un des premiers gestes de Louis-Philippe ayant été de rappeler au service des officiers de l'Empire que la branche aînée des Bourbons avait écartés, les cadres d'officiers sont presque partout au complet. En 1834, la promotion des sous-lieutenants n'a pas lieu, les vacances faisant défaut.
1848/1919
Aussi la révolution de février 1848 est-elle accueillie avec enthousiasme à Saint-Cyr: l'École entière, avec armes et bagages, se rend à Paris place de l'Hôtel-de-Ville, pour se mettre à la disposition du gouvernement provisoire. Mais l'enthousiasme révolutionnaire des élèves ne déborde pas du cadre établi par le Gouvernement: au moment des journées de juin, les élèves demandent à aller au feu, promettant d'enlever les barricades. Le général Cavaignac doit les en dissuader : "Calmez votre jeune courage. Vous le réserverez pour d'autres ennemis..." En 1852, l'aigle impériale remplace la pique placée à la hampe du drapeau tricolore reçu quatre ans auparavant. Le nouvel empereur s intéresse à Saint-Cyr, y fait construire un quartier de Cavalerie, deux amphithéâtres, un château d'eau pour desservir les étages supérieurs, et installer l'éclairage au gaz. Surtout, Napoléon III offre aux élèves de l'École de nouveaux horizons, dont témoignent les noms des promotions Kabylie (1850-1852), Crimée (1854-1856), Solférino (1858-1860), Mexique (1861-1863)... Si bien qu'en 1870, tous les saint-cyriens croient partir pour la victoire; c'est alors Sedan, puis Metz, et pour les plus heureux cinq mois de lutte encore, mais c'est la défaite pour tous. Pendant le siège de Paris, l'École est envahie par les Prussiens.
En septembre 1871, le général de Cissey, en inspection à Saint-Cyr, lève son verre à "la promotion de la Revanche". Cette obsession cimente l'unité des générations qui se succèdent alors à l'École et qui ne se laissent plus troubler par les bruits politiques. L'énergique général Hanrion s'efforce de donner à l'instruction des élèves un caractère essentiellement pratique, qui, malgré le prestige auréolant alors l'Armée allemande, attire à Saint-Cyr de nombreux élèves servant "à titre étranger", plus simplement surnommés "crocos" par leurs camarades, car les premiers d'entre eux étaient originaires d'Égypte. C'est aussi l'époque où les saint-cyriens vont planter le drapeau tricolore en Asie et en Afrique. Les noms des promotions sont évocateurs: Madagascar, Annam, Dahomey, Soudan, Maroc... Mais beaucoup de saint-cyriens rêvent en fait à des terres moins lointaines, et au début du mois d'août 1914, ils partent faire leur devoir et le font: la promotion "Montmirail" laisse deux cent neuf des siens sur les champs de bataille. "La Croix du Drapeau", deux cent quatre-vingt-dix. Quant à la promotion "la Grande Revanche", elle donne quatre cent cinquante trois noms au Livre d'Or.
1922/1932
Le 20 mai 1922, le Président Millerand inaugure le monument élevé dans la cour Wagram à la mémoire des morts de l'École Spéciale Militaire. A côté de la Croix de la Légion d'Honneur fixée en 1914, il épingle à la cravate du drapeau la Croix de Guerre, tandis que le ministre Maginot donne lecture de la citation décernée à l'École, qui "par la valeur et l'héroïsme des officiers qu'elle a formés, a consacré, au cours de la Grande Guerre, sa longue tradition de sacrifices à la Patrie et a justifié d'éclatante façon sa devise glorieuse: "Ils s'instruisent pour vaincre". Paradoxalement, Si l'on compare les années vingt à celles qui suivirent la défaite de 1870, la gloire dont les saint-cyriens viennent de se couvrir semble avoir des conséquences néfastes sur le recrutement de l'École.
Pour la promotion de 1920, il n'y a que trois cent quatre-vingt-six candidats, alors qu'en 1895 on en comptait trois mille pour cinq à six cents places. La jeunesse désapprend alors le chemin d'Écoles comme celle de Saint-Cyr. Elle ne peut y être poussée par l'appât d'une maigre solde, dans une France où, après les privations dues à la guerre, beaucoup se sentent saisis d'un immense appétit de jouissance, ni par l'attrait de la carrière militaire, dans un monde où il paraît désormais entendu que la guerre est hors-la-loi.
Saint-Cyr ne se revalorise que lorsque les premiers effets de la grande dépression économique de 1929 atteignent la France. Encore cette revalorisation apparaît-elle souvent plus superficielle que profonde, beaucoup de jeunes gens venant alors chercher dans l'Armée une carrière modeste certes quant aux avantages matériels, mais, dans une certaine mesure, assurée. Cependant, le prestige international de Saint-Cyr est toujours aussi grand, l'École accueillant un nombre croissant d'élèves-officiers étrangers: des Tchèques, des Polonais, des Finlandais, des Lithuaniens, des Roumains, et même quelques Chinois et Siamois. L'École diversifie également ses formations: un groupement d'élèves-officiers de réserve est établi en 1920, une escadrille y est créée en 1932.

SAINT-CYR DANS L'HISTOIRE
Napoléon passe les élèves en revue (en haut à gauche).
La cavalerie sous le Second Empire (à gauche).
La tenue du saint-cyrien sous le Second Empire (en haut à droite): tunique bleue à longue jupe, épaulettes écarlates, pantalon garance à bande bleu de ciel, buffleteries en cuir ciré noir, shako bleu de ciel à jugulaire de cuivre doré, casoar blanc.
Le Monument aux morts, après les bombardements de 1944 (ci-dessus)

1940/1966
Le 20 mars 1940, la dernière promotion formée à Saint-Cyr, celle de "L'Amitié franco-britannique", quitte l'École pour les dépôts des corps de troupes. Trois mois plus tard, la ville de Saint-Cyr est occupée par la Wehrmacht, et les bâtiments de l'École abritent pour plus de quatre ans une garnison allemande. Paradoxalement, ce sont des bombes alliées qui anéantissent Saint-Cyr: le 25 juillet 1944, deux vagues de "Forteresses volantes" arrivent en fin d'après-midi à la verticale de l'École; la première suffit pour la transformer en un immense amas de ruines, desquelles n'émerge que la chapelle. S'agit-il d'une erreur, l'objectif visé étant la gare de triage de Trappes, ou bien les Alliés ont-ils cru que des "bombes volantes" étaient entreposées dans les caves des bâtiments?
L'École Militaire Interarmes, qui avait repris vie en Algérie, à Cherchell, est installée en 1945 en pleine lande bretonne, à Coëtquidan. La vieille Maison est bien incapable de l'accueillir: le site sert de "jardin" aux habitants de Saint-Cyr qui viennent s'y promener le dimanche en famille, au milieu des blocs dispersés par les explosions et gagnés par les herbes folles. La nuit, les ruines prennent un aspect plus sinistre; cette atmosphère quasi irréelle inspire Jean Cocteau, qui vient y tourner certaines scènes de son film "Orphée"
Le cinéma s'est emparé de Saint-Cyr
et des saint-cyriens: "Trois de Saint-Cyr"

Mais rien n'arrête la piété des anciens saint-cyriens pour la chère École. Ils multiplient les études et les articles de presse pour attirer l'attention du public et des pouvoirs établis sur ce haut lieu militaire. Le 3 mars 1949, Jérôme et Jean Tharaud publient dans Le Figaro une poignante description des ruines laissées à l'abandon et lancent cet appel : "Ces murs calcinés, lézardés qui ont abrité tant de jeunesse et tant d'espoirs ne retrouveront-ils pas leur destinée unique au monde ? Ne ressuscitera-t-on pas Saint-Cyr? Ne rendra-t-on pas sa tradition - ou plutôt, sa vocation à ce lieu en quelque sorte sacré?" Quelques mois plus tard, le général Desmazes, ancien professeur d'Histoire à Saint-Cyr, rappelle que "(...) quarante mille jeunes sont entrés dans ces murs dont huit mille sont tombés pour la Patrie. Une École qui a su infiltrer (...) un tel sens du dévouement et du patriotisme ne peut disparaître !" Commence alors ce que certains appellent la " bataille de Saint-Cyr", laquelle ne prend fin que dix ans plus tard, grâce à un ancien saint-cyrien de la promotion de Fez, le général de Gaulle, dont le gouvernement décide, le 3 septembre 1959, de reconstruire à Saint-Cyr "un établissement d'enseignement secondaire, annexe du Prytanée Militaire". Il faut attendre le mois de septembre 1966 pour que le Collège - aujourd'hui Lycée Militaire de Saint-Cyr - ouvre ses portes, et le début de l'année 1976 pour avoir achevée la restauration du Pavillon des Archives. C'est dans ce cadre d'une grande pureté architecturale que le capitaine Milhiet établit un Musée "destiné, en premier lieu, aux élèves, pour leur apprendre l'histoire de leur Maison, les faire réfléchir sur tous ces jeunes qui, depuis trois cents ans, les ont précédés, pour qu'ils y trouvent eux aussi, la foi dans leur pays et le goût de servir".

1966/1986
Le Lycée Militaire accueille aujourd'hui plus de sept cents élèves. Civil ou militaire, Saint-Cyr a toujours eu pour vocation l'enseignement. L'ensemble de ses traditions est conservé par la "Corniche" qui regroupe les élèves de l'établissement se préparant aux concours d'entrée à l'École Spéciale Militaire, à l'École Navale et à l'École de l'Air. Au cours de la cérémonie traditionnelle du "2 S" - 2 décembre, jour anniversaire d'Austerlitz - de 1973, la Corniche reçoit le nom de Pol Lapeyre. Celui-ci, jeune sous-lieutenant, était sorti de Saint-Cyr en 1923 et avait alors choisi les troupes coloniales. Au mois d'avril 1925, lorsqu'Abdel-Krim lance son offensive sur le Rif, Pol Lapeyre commande le poste de Beni-Derkoul, l'une des petites forteresses qui défendent la vallée de l'Ouergha. Le 15 avril, le poste est encerclé. Le 4 mai, un groupe mobile le débloque pendant une journée; puis le siège reprend. La suite est rapportée par la citation: "Lapeyre Pol, sous-lieutenant au 5e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, commandant le poste de Beni-Derkoul comprenant quatre Français et trente et un Sénégalais, a tenu en échec pendant soixante et un jours un ennemi ardent et nombreux, a conservé jusqu'au bout un moral superbe, sans une plainte, sans un appel à l'aide. Le 14 juin 1925, submergé par le flot ennemi, a fait sauter son poste plutôt que de se rendre, ensevelissant à la fois sous ses ruines les restes de sa garnison et les assaillants".
Saint-Cyriens en grand uniforme
lors des manifestations du tricentenaire
de leur Ecole (21 juin 1986)
Le casoar, qui orne le shako,
n'apparut qu'en 1855.
Depuis 1973, cette citation est lue chaque année devant tous les élèves de la Corniche, rejoints par ceux de leurs anciens qui ont intégré, à l'occasion du "2S". Ainsi se trouve réalisé le souhait exprimé par le général de Gaulle venu se recueillir en 1969 devant le monument aux morts: "Que ces vieux murs reconstruits et rénovés apprennent aux jeunes qui vivent en ces lieux toute la gloire que leurs Anciens avaient acquise sur tous les champs de bataille. Qu'ils se souviennent aussi qu'aucune catégorie de Français n'avait fait autant de sacrifices pour la France et la liberté du monde".
Alain-René GENNARI
professeur d'histoire
au Lycée Militaire de Saint-Cyr
(Article publié dans Historia n°477/1986)


















 PROMOTIONS

DE L'ECOLE SPECIALE MILITAIRE

DE SAINT-CYR (E.S.M)



 
Accueil 

mercredi 1 février 2017

TANTE VONNIK

Voici le mémoire que je viens de retrouver écrit par ma tante Yvonne FEKETE née GOELO (en 1912)  , cousine germaine de ma mère puisque la mère d'Yvonne, Louise Mudès, était la soeur de mon grand-père Fernand Mudès, et dont je voudrais faire perdurer les souvenirs, ses  " souvenirs du temps passé " ...



 à Paimpol en 1987 ma tante terminait d'écrire ce qui suit :



MON ENFANCE

Je suis née dans un petit village appelé "KERGICQUEL" qui veut

dire "Beau Château".

Le 23 janvier 1912 à trois heures de 1'après midi je suis venue en ce monde, le médecin étant passé le matin et ayant dit à maman qu'il n'y aurait pas de naissance avant le soir. Ce sont les lavandières d'un "douet" (lavoir) qui ont assis à cet événement et coupé le cordon ombilical. Par maman j'ai appris plus tard que j'étais un beau bébé et dans ces lieux purs de ce coin de Kergicquel j'ai fait mes premiers pas.

Derrière notre maison s'étendait une grande étendue de terre sur laquelle je pouvais me débattre. Cette terre, lors de la saison des blés se couvrait de la blondeur des épis que j'avais plaisir à mâchonner et ressens encore le lait qui en sortait ; puis il y avait aussi 1'odeur des foins, tant d'arômes qui pour moi l'ai appris en grandissant était l'époque des saisons. Papa était lieutenant au Long Cours, quand maman partait le rejoindre elle me confiait à ma tante Marianne ; au retour de maman, vu mes refus d'aller dans les bras d'une étrangère, car un enfant de cet âge oublie vite, puis un jour j'ai tendu mes petits bras vers elle et par la suite n'ai pas voulu la quit­ter ; rien ne vaut la tendresse maternelle. Hélas ! Un après-midi nous nous trouvions sur la route, je tenais la robe de maman. Comment une petite fille de deux années et demie puisse-t-elle se souvenir de voir sa maman en larmes ; les personnes avec lesquelles elle discutait pleuraient ; pourquoi ces larmes ? Avec 1'accompagnement de grosses cloches, tintant lentement des notes de tristesse. Plus tard, en grandissant j'ai appris que les cloches avaient sonné le tocsin et par ces notes lugubres annonçaient la déclaration de guerre à 1'Allemagne

mardi 31 janvier 2017

ARTISTES PEINTRES DE BEGARD


ARTISTES PEINTRES DE BéGARD, COTES D'ARMOR



Adrien Hamon

Qui était Adrien Hamon ?


• SON HISTOIRE

Né en 1875 à Bégard, il quitte très jeune Bégard et fait ses études à Saint
-Brieuc et Saint-Malo, où il découvre la mer mouvementée baignant les
remparts de la cité corsaire.
Engagé dans la "Royale", Adrien Hamon voyage à travers le monde, et
devient cartographe. Des ennuis de santé l'obligent à rester à terre et il
est réformé.
Désormais une passion l'occupe, le dessin et la peinture. Il expose pour
la première fois à Toulon en 1909.
En Breton de bonne souche, il connaissait et adorait la mer. Elle fut donc
tout naturellement sa grande inspiratrice.
Né dans les terres, Adrien Hamon est le peintre de la mer.
Un dessin solide et précis, une mise en place heureuse, un choix habile
des tons selon le mode impressionniste auquel il reste fidèle.
Le Breton installé dans le Rousillon, a peint sa Bretagne natale
(Baie de Saint-Brieuc) et aussi le Cap Béar, à proximité de Port-Vendres
dans les Pyrénées-Orientales.

Adrien Hamon (1875-1963)








• LES GRANDES DATES

1909 : Première exposition à Toulon
1924 : L'Etat retient sa toile "Le port de Collioure" qui lui vaut le nom
de "Peintre de la Mer"
1930 : Sociétaire du salon des Artistes Français
1939 : La commune de Bégard rend hommage à son illustre habitant en
apposant une plaque sur sa maison natale à la
Barrière-Rouge et en inaugurant l'avenue à son nom, Adrien Hamon.
1945 : Reprise des expositions au Salon d'hiver
1956 : Bégard salue l'artiste-peintre pour la seconde fois, en inaugurant
la stèle portant un médaillon de bronze de
Raymond Sudre à l'éffigie d'Adrien Hamon

Adrien Hamon ?
Né en 1875 à Bégard, Adrien Hamon est l'une des grandes figures de notre commune.
D'abord Cartographe de son état, Adrien Hamon se tourne par la suite vers ses 2 grandes
passions : le dessin et la peinture.

1909 : Première exposition à Toulon
1924 : L'Etat retient sa toile "Le port de Collioure"
qui lui vaut le nom de "Peintre de la Mer"
1930 : Sociétaire du salon des Artistes Français
1939 : La commune de Bégard rend hommage à son illustre habitant en apposant
une plaque sur sa maison natale à la
Barrière-Rouge et en inaugurant l'avenue à son nom, Adrien Hamon.
1945 : Reprise des expositions au Salon d'hiver
1956 : Bégard salue l'artiste-peintre pour la seconde fois, en inaugurant la stèle portant
un médaillon de bronze de Raymond Sudre à l'éffigie d'Adrien Hamon


Le port de Collioure

Né dans les terres, Adrien Hamon est le peintre de la mer ...






Labour Horva, rare tableau qui ne représente
pas la mer. Réalisé à la demande du
Maréchal Lyautey, à Madagascar.




 




Maria Mudès

Qui était Maria Mudès ?


• SON HISTOIRE

Née Maria Nicolas le 8 mai 1902 à Bégard, elle fait ses études à l'Ecole Supérieure
de Tréguier.
En 1923 elle épouse le Commandant Fernand Mudès et ils ont trois enfants :
- Marie-Thérèse
- Fernand-Eugène
- Yves
Son mari ayant rejoint l'Angleterre et le Général de Gaulle dès le 14 juin 1940
elle doit affronter l'Occupation : sa maison est réquisitionnée et un officier
s'installe chez elle.
Elle ne peut toucher la solde de son mari, considéré comme " hors-la-loi " par  le
gouvernement de Vichy. 
et c'est grâce à la pension de veuve de 14-18  de sa mère que la famille survit.

A la fin de la guerre une passion l'occupe:  la peinture et elle prend des leçons
auprès d'Adrien Hamon qui habite une maison en bas du village de Bégard non
loin ducimetière  et de la maison du  maire M.Person.
Le peintre bégarrois l'encourage.

Usant généreusement d'une manière  franche de touche, Maria Mudès traite
paysages, marines ou fleurs avec une égale sensibilité à la lumière.
Dans ses marines, qui semblent être sa spécialité, les effets de ciel y sont bien
observés et bien rendus, dans un style recherché.

La personnalité de cette femme peintre s'impose par une inspiration naturelle,
interprétée en réaliste qui ne force pas l'effet   et ne cherche qu'à s'exprimer
dans une oeuvre reposante, harmonieuse et vraie.

Elle expose 
- en 1959 pour la première fois au Salon d'Hiver du samedi 12 décembre au
dimanche 27 décembre :
n° 790  "Navires à voile dans le vieux port de Marseille"  (Musée des Beaux-Arts)
- en 1960 du 19 novembre au 4 décembre au Musée d'Art Moderne
de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson.
- au 72° Salon des Indépendants au Grand-Palis des Champs-Elysées,
du 22 avril au 14 mai 1961
     


Maria Mudès  (1902-1998)

vendredi 16 décembre 2016

FRANçOIS TASSEL (1918-2016) ALIAS COMMANDANT GILBERT

Il avait honoré de sa présence les obsèques de maman, sa chère "Mythé" le 25 juillet 2015 à La Clarté
Barbara JOLIVET s'en souvient


Le Résistant François Tassel est décédé

Il était la mémoire des combats de la Seconde Guerre mondiale. François Tassel, le "Commandant Gilbert" dans la Résistance, est décédé ce mercredi à 98 ans.

14/12/2016 à 12:35 par Erwann Hirel

 En 2014, le « Commandant Gilbert » avait été fait officier dans l’ordre national du Mérite (photo : Isabelle Philippet).
En 2014, le « Commandant Gilbert » avait été fait officier dans l’ordre national du Mérite (photo : Isabelle Philippet).
François Tassel, « Commandant Gilbert » dans la Résistance, est décédé mercredi à l’âge de 98 ans, en son domicile du bourg de Ploubezre, et non pas dans son cher chalet de Kerguiniou, au bord du Léguer. Il était le doyen de la commune. Né à Buzulzo à Lannion le 19 juin 1918, il était l’un des derniers témoins de la Seconde Guerre mondiale. En 2010, il avait publié ses mémoires de résistant dans un livre, « Pour la France », avec le concours de Jean-Claude Le Gueziec, décédé la semaine dernière.

La mémoire de l’attaque du maquis de Kerguiniou

François Tassel était le président de l’Amicale des résistants et maquisards du secteur nord 1 des Côtes-d’Armor. Et comme tel la mémoire incontournable des événements qui se sont déroulés dans le secteur. A commencer par l’attaque du maquis de Kerguiniou, le 23 mai 1944, qui avait vu Yves Derriennic, Amédée Prigent et Yves Cudennec, trois résistants maquisards, tomber sous les balles allemandes. Un épisode dramatique de la Résistance commémoré chaque année sur place, devant la stèle.
Afin que perdure la mémoire, les communes de Ploubezre et Tonquédec avaient d’ailleurs récemment soutenu le projet de l’amicale des résistants et maquisards : un panneau explicatif avec photos et textes a été installé près de la stèle.
La députée Corinne Erhel avait eu l’occasion de saluer François Tassel « pour la force de ses témoignages, son engagement à pérenniser la mémoire de la Résistance. »

  Aller au contenu principal Aller à la recherche des programmes Aller au pied de page Découvrez tout l’univers TF1 INFO Créer un compte Se ...