vendredi 4 octobre 2013

LES FRANCAIS LIBRES

En souvenir de mon grand-père le Commandant Fernand Mudès, qui a rejoint la France Libre à Londres en juin 1940







voir aussi  : La Résistance




Je laisse à deux historiens, spécialistes de la Seconde Guerre Mondiale, de définir les " Les Français Libres ".
Définition
Il paraît utile de donner en introduction une définition pour mieux préciser qui ils sont. Les Français libres sont ces hommes et ces femmes qui ont choisi de répondre à l’appel du général de Gaulle (appel du 18 juin ou un des jours suivants) de poursuivre le combat à l’extérieur ou à l’intérieur.
Ils combattent en uniforme ou sans uniforme. Ils ont formellement signé un engagement pour la durée de la guerre et sont des volontaires. Sont donc Français libres ceux qui ont rallié avant la date du 31 juillet 1943 après quoi les forces françaises libres et l’armée d’Afrique et troupes coloniales sont réorganisées au sein de l’Armée française. La France libre au sens strict cesse d’exister le 3 juin 1943 lors de la mise sur pied du Comité français de libération nationale à Alger.
1. Des ralliements individuels
Les premiers Français libres sont des hommes ou des femmes seules qui rallient avec des camarades ou individuellement. Ce sont " des hommes partis de rien " pour reprendre la formule de René Cassin. Churchill le 27 juin dit au général de Gaulle le fondateur de la France libre : "Vous êtes seul ? et bien je vous reconnais tout seul ! ".Daniel Cordier, Philippe de Hauteclocque, le lieutenant de Vaisseau d’Estienne d’Orves, Jean Simon, Pierre Messmer. Civils ou militaires rallient individuellement.
A la mi - juillet 1940 : Les FFL sont 1 500 ; à la mi-août, ils sont 6 000, fin 1940, 12 000 ; Ils sont Français, étrangers, habitants l’Empire. Des unités : une partie de la 13e Demi-brigade de légion étrangère. C’est le cas de l’escadron du capitaine Jourdier qui en juillet 1940, entraîne ses spahis en Palestine.
2. Les ralliements des territoires
De Gaulle veut entraîner l’Empire dans la Guerre car la France n’est pas seule, elle a un vaste empire ! Du même coup les populations françaises et autochtones rallient globalement.
Dans l’été 1940, rallient pacifiquement :
. 20 juillet : Nouvelles Hébrides
. 26, 27, 28, août : Tchad, Cameroun, Congo
. Début septembre : Oubangui-Chari
. 9 septembre : Les Cinq Comptoirs de l’Inde (Changernagor, Karikal, Mahé, Pondichéry, Yanaon)
. 19 septembre :Nouvelle Calédonie.
Ralliement par campagnes militaires :
. 10 novembre :Gabon
. Juin 1941 : Syrie
. Novembre 1941 : Côte française des Somalis
. Mai 1942 : Madagascar.
. Juin 1943 : les Antilles françaises.
3. L’entrée des Français libres dans la guerre et l’échec de Dakar
Décembre 1940, les FFL sont engagés aux côtés des Britanniques, d’abord contre les Italiens : le 1er bataillon d’infanterie de marine intervient en Libye ; Février - avril 1941 : la 13ème DBLE en Erythrée.
La colonne Leclerc en janvier - mars 1941 prend Koufra le 1er puis Fezzan puis Tunis (300 hommes dont 2/3 d’Africains).
Juin 1941, la 1ère DFL combat en Syrie les forces Vichystes. Puis en 1942, c’est lépisode héroÏque de Bir Hakeim. En jjuin 1942 : El Alamein se bat contre les Forces allemandes.
Janvier-mai 1943 : en Tunisie Les FNFL participent à la bataille de l’Atlantique, vitale pour l’approvisionnement de la Grande-Bretagne ; Les FAFL contribuent à la défense de la Grande Bretagne, elles soutiennent également les opérations des FFL au Levant et en Afrique. Les groupes Alsace, Lorraine, Ile de France, Bretagne, Artois, Picardie, mènent des missions de chasse et de bombardement, dans lesquels se distinguent des pilotes comme René Mouchotte.
En septembre 1942, le groupe Normandie est envoyé en URSS combattre aux côtés des Soviétiques.
4. La France libre dans le monde
La conquête de l’opinion par les émissions radio et l’écoute de la BBC permet d’informer et contrebalancer la propagande du gouvernement de Vichy . Les comités de la France libre dans le monde se multiplient jsuqu’à 39 comités fin 1942. Exemples : au Canada, Elisabeth de Miribel puis d’Argenlieu, en Argentine. "France for Ever" créé par Eugène Houdry puis animé par le savant Henri Laugier.
5. État quantitatif en juillet 1943
Les Forces Françaises Libres représentent 50 000 hommes. Déjà 2 000 ont été tués et 1 200 faits prisonniers.
Les Forces Navales de la France Libre sont créées le 1er juillet 1940, confiées à l’amiral Muselier. Elles regroupent 13 000 hommes et une quarantaine de bâtiments de guerre, une soixantaine de navires de commerce.
Les Forces Aériennes de la France Libres sont créées le 7 juillet 1940 et commandées par l’amiral Muselier jusqu’au printemps 1941 puis par le général Valin. Il existe plusieurs groupes : Alsace, Lorraine, Ile-de-France, Bretagne, Artois, Picardie, Normandie puis Normandie Niemen. Les FAFL représentent 3 000 pilotes et autres personnels. Les pertes sont importantes. Par exemple, dans le groupe Normandie, sur la centaine de pilotes, près de la moitié disparaît au combat.
Les Volontaires Féminines de la France Libre : a création du corps des volontaires françaises intervient le 7 novembre 1940 par la volonté du général de Gaulle. Ce corps répertorie 430 femmes.
6. Un homme : le général de Gaulle
Dans l’appel du 18 juin, et ceux qui suivront, le général de Gaulle demande à tous les Français de le rejoindre à Londres pour poursuivre le combat. Son choix qui paraît peu réaliste, est pourtant porteur d’avenir. Il jette les premières bases d’un contre-gouvernement situé dans le camp des adversaires de l’Allemagne. "A 49 ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries" écrivit-il dans ses Mémoires.
C’est un refus de la défaite motivé par l’engagement du 28 mars 1940 de la France à l’égard de l’Angleterre de ne pas signer d’armistice. De Gaulle, opposé au régime de Vichy, répond à Pétain après la signature de l’Armistice : "Monsieur le Maréchal, dans ces heures de honte et de colère pour la Patrie, il faut qu’une voix vous réponde. Ce soir, cette voix sera la mienne !"
Sans la reconnaissance britannique, l’action du général aurait pu être entravée. Le général de Gaulle a rejoint Londres le 17 juin. Churchill, lui fait ouvrir les micros de la BBC le 18 juin et quelques jours après le 28, le gouvernement britannique le reconnaît comme chef de tous les Français libres. Il lui faut de l’argent, des moyens, des armes. Le 7 août, Churchill affirme son soutien plein et entier au général de Gaulle car il lui faut, dans le cadre de la stratégie britannique, contrôler une force française qui demeure dans la guerre. La France libre reconnue comme une force à part entière, dispose donc de locaux et de financements.
7. La France Libre et la Résistance Intérieure.
L’action clandestine s’est perpétrée à travers le 2ème bureau du colonel Passy qui envoya des agents en France dès juillet 1940. Hubert Moreau, Jacques Mansion puis les réseaux St-Jacques, Confrèrie Notre Dame Castille, Fourcaud sont des agents de la France libre qui doivent renseigner.
Grâce à l’action de Jean Moulin, délégué du général de Gaulle, la déclaration aux mouvements du général de Gaulle a pour conséquence la constitution de la France Combattante, fin juillet 1942, regroupant ainsi la Résistance intérieure et les Forces Françaises Libres.
Conclusion : Le rétablissement de la légalité républicaine est inscrit dans l’esprit et les actes du Chef de la France libre à Londres. La France Libre a été porteuse de valeurs : dignité de la Patrie et Honneur.

Sources
Mme Maryvonne Braunschweig, M.François-René Cristiani-Fassin, Mme Christine Levisse-Touzé et M. Jean-François Muracciole
Jean-Français Muracciole, historien et maître de conférences à l’université de Montpellier III
Typologie des Français Libres
" Dans cette rapide introduction, il me paraît nécessaire d’insister sur la singularité des Français libres qui, quel que soit le critère retenu, se présentent comme une population atypique, en marge de la société française de la fin des années 1930.
Mais avant tout un rappel essentiel : dans cette enquête, il n’est question que des Français libres citoyens français en 1939 (de Métropole, de l’Empire ou de l’étranger). Autrement dit, elle ignore les étrangers et, surtout, les engagés coloniaux (de l’AEF, du Pacifique, plus tard de l’AFN) qui furent pourtant majoritaires dans les rangs de la France Libre, du moins jusqu’en 1943. Une autre enquête (voire un autre concours de la Résistance) serait nécessaire pour retrouver la trace et honorer la mémoire de ces résistants qui furent, en 1940-1941, les plus nombreux de tous les résistants français.
Singularité d’abord familiale et générationnelle
Grande jeunesse des Français Libres : 52% ont entre 19 et 23 ans au moment de l’engagement ; mais à peine 12% ont plus de 30 ans. Ce qui explique, fait remarquable, qu’environ 40% des Français Libres étaient mineurs au moment de leur engagement.
Familles atypiques : dans une France qui ne faisait presque plus d’enfants, les Français Libres proviennent de familles relativement nombreuses (42% viennent de familles de plus de 3 enfants ; 23% de plus de 4). Et ils sont le plus souvent situés en queue de fratrie. On retrouve là, de façon singulière, un phénomène de " cadets " qui caractérisait les engagements militaires au XIXème siècle et, plus encore, sous l’Ancien Régime
En outre, 23% des Français Libres sont orphelins (25% si l’on compte les fils de divorcés).
Du point de vue scolaire, on trouve une spectaculaire sur-représenation des bacheliers/étudiants/élèves de grandes écoles, à une époque où moins de 7% des effectifs d’une classe d’âge atteignaient le niveau du bac et où la France comptait moins de 100 000 étudiants. 45% des Français Libres ont au moins le niveau du bac ; 24% sont étudiants ou élèves d’une grande école. Si les élites étaient absentes à Londres en juin 1940, comme s’en désola longtemps le général de Gaulle, leurs enfants étaient bien présents.
Rien de tel chez les Français Libres, si on limite l’étude à la date butoir du 1er août 1943. Les engagements révèlent deux grandes vagues : l’une à l’été 1940 (juin-septembre), au lendemain de la défaite et de l’Appel du 18 Juin ; la seconde à partir de novembre 1942 et au printemps 1943, avec, cette fois, une nette prédominance des engagés originaires de l’Empire, surtout de l’AFN, et des évadés de France : 40% des engagés en 1940 ; 10% en 1941 ; 15% en 1942 ; 35% en 1943. Entre les deux, de l’automne 1940 à l’automne 1942, la France Libre a connu une grande " traversée du désert ", le pire étant atteint entre l’été 1941 et l’été 1942. De cette façon, on peut nettement distinguer deux " générations " de Français Libres, ceux de 1940 et ceux de 1943.
Bien d’autres points pourraient être abordés (la faible politisation des Français Libres ou de leurs familles, la lenteur de la montée en grade, les activités et les orientations politiques après la guerre, etc...), ce qui est impossible dans le cadre de cette communication. Il resterait aussi à expliquer les phénomènes que nous venons de décrire très sommairement. Je m’y emploierai dans mon étude en essayant de montrer que la grille de lecture proposée par F. Marcot pour la Résistance intérieure (principe " intentionnaliste " et principe " fonctionnaliste ", concepts dérivés de l’historiographie allemande sur le nazisme et adaptés par Marcot à la situation française) n’est guère opératoire pour les Français Libres, ce qui, à mon sens confirme à nouveau la grande hétérogénéité des deux milieux. Bref, tout cela appelle de beaux et stimulants débats.

 
Avant d’écouter les témoins présents, un intermède audiovisuel a permis d’illustrer le combat de ces " Français libres " à travers un témoignage de Pierre Mesmer et des images d’archives.
Réalisée en juin 2003, l’interview de Pierre Messmer*, Compagnon de la Libération, Président de la Fondation de la France Libre, a donné un exemple fort de l’engagement d’un jeune homme dans la France Libre :" Quand j’ai entendu à la radio la déclaration du maréchal Pétain, j’ai eu l’impression que cette voix chevrotante, d’un vieillard illustre, certes, ne pouvait nous laisser présager que du pire. Et c’est vraiment l’audition de cette allocution du maréchal Pétain qui m’a décidé à partir tout de suite ... " Un grand message d’espoir pour tous les jeunes étudiants présents à conclu ce premier document audiovisuel : " Dans les grandes crises, le ressort a été celui de la jeunesse. J’ai été frappé à Londres, par la jeunesse de tous ceux qui avaient rejoint le général de Gaulle, la moyenne d’âge ne devait pas dépasser beaucoup vingt ans.(...) c’est la preuve que dans une crise la jeunesse joue un rôle déterminant. "
* Cette cassette-vidéo sera envoyée gracieusement aux professeurs de collège, lycée ou université, et aux animateurs socio-culturels (personnels de mairie, institution à caractère culturel) sur simple demande à "Mémoire et Espoirs de la Résistance - Marie Delaleu, 16-18 place Dupleix, 75015 - Paris, ou par email à memoresist-mer@club-internet.fr ).
Puis deux films regroupant des images d’archives exceptionnelles ont été projetés
"Les Français libres ", avec l’aimable autorisation du Mémorial Leclerc et du Musée Jean Moulin de la Ville de Paris.
Ce film documentaire assemble des images d’archives montrant le général de Gaulle saluant les combattants de Bir Hakeim et passant en revue les soldats de l’Empire des territoires ralliés et le parcours héroÏque de la Colonne Leclerc en Afrique.
"Ceux du Maquis", avec l’aimable autorisation de l’ECPA et du Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne.
Ce film a été réalisé en 1944, à l’initiative de Jacques de Bingen, délégué général en France du CFLN, et de Jacques Brault, responsable du Service national Maquis, pour la revue filmée mensuelle "Ici la France".
Il met en scène de jeunes maquisards d’un maquis de la Drôme dans leurs gestes quotidiens. On les voit ainsi monter leur cantonnement, passer de longues heures à s’entraîner ou encore hisser le drapeau français et saluer les couleurs. Le commentaire de ce film est dit par Maurice Schuman. Film de contre-propagande dénonçant le régime de Vichy et incitant au combat contre les nazis est aussi un outil de propagande afin de fédérer les deux grands pôles de la Résistance française : la France Libre ou les Forces Françaises Libres, travaillant depuis Londres, et la Résistance Intérieure ou Forces Françaises de l’Intérieur.

jeudi 3 octobre 2013

LA CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

Constitution de 1958:
 
 
55 ans, déjà ! Qui l'eut crû?
La Constitution du 4 octobre 1958 s'inscrit dans la durée, et pour longtemps. Les pourfendeurs de la Ve République d'hier et aujourd'hui en sont pour leurs frais. La réussite de ce régime n'est pas le fruit du hasard, même si les circonstances politiques l'ont bien servi. La longévité de notre Constitution était inscrite dans ses gènes.
La Ve République, solidement assise, traverse toutes les épreuves qui se présentent à elle et qui auraient pu la mettre à genoux plus d'une fois: alternances, cohabitations, construction européenne, décentralisation, justice politique défaillante, crises sociales et économiques, scandales politico-financiers, nouvelle donne internationale... Rien ne semble l'atteindre ou plutôt tout semble être digéré par ce régime, le prévisible comme les imprévus. Deux explications principales à cette longévité: la stabilité gouvernementale et l'adaptabilité du texte constitutionnel.
Un acquis fondamental: la stabilité gouvernementale
C'est assurément le premier et le plus précieux des acquis de "la Cinquième". Certaines recettes du parlementarisme rationalisé (notamment le fameux article 49 alinéa 3 de la Constitution, imprudemment amendé lors de la révision constitutionnelle de 1958 en en réduisant son assiette) servies par l'installation durable du fait majoritaire (à partir de 1962) y ont fortement contribué. D'autres mécanismes de nature constitutionnelle ou législative ont également assuré la sérénité de l'exercice du pouvoir exécutif. Les modalités du scrutin législatif ont permis de dégager des majorités stables et solidaires de l'exécutif, même relatives ou traversées par des tensions entre groupes majoritaires.
Cette permanence dans la puissance de l'exécutif a toujours dérangé. Mais il faut être honnête sur cet aspect tant pointé du doigt par la doctrine et les responsables politiques. La Constitution a été bâtie sur l'idée d'un exécutif fort et respecté, soustrait aux joutes parlementaires. En conséquence, le gouvernement présidentiel a reçu tous les moyens nécessaires pour accomplir au mieux sa tâche constitutionnelle: conduire et déterminer politique de la nation sans craindre les parlementaires.
Ces derniers par lassitude, par un investissement total dans leur mandat exécutif local et l'acceptation de la discipline de vote rarement prise à défaut ne pouvaient assurément qu'influencer à la marge le contenu des politiques nationales. L'interdiction prochaine du cumul du mandat parlementaire et d'une fonction exécutive locale valorisera leur mandat national sans pour autant mettre à mal la stabilité exécutive.
En contrepoint, l'exécutif ne cesse d'étendre sa sphère d'influence et d'intervention. Avec la construction européenne et par le truchement du conseil des ministres européen, le gouvernement devient un acteur décisif dans toute une série de matières qui relevaient, avant transfert de souveraineté, du domaine de la loi. La complexification de la gestion des dossiers, la technicité croissante des normes, l'internationalisation des règles dépossèdent aussi immanquablement le Parlement, privé d'une réelle capacité d'expertise comparable à celle de l'exécutif. Pour toutes ces raisons, le pouvoir exécutif est dominant en France, comme il l'est dans les autres démocraties majoritaires. Mais la révision constitutionnelle de 2008 qui a revalorisé le Parlement, du moins permis que la majorité parlementaire devienne un vrai partenaire du Gouvernement, et la fin annoncée du cumul des mandats et fonctions sont de nature à instaurer un nouvel équilibre entre l'Exécutif et le pouvoir parlementaire sans saper l'acquis de la stabilité.
L'élection présidentielle au suffrage universel direct, en inversant l'ordre de la légitimité du gouvernement en période de fait majoritaire, a également et bien entendu puissamment contribué à la stabilité gouvernementale. Affaiblir l'équipe ministérielle, c'est affaiblir le Président. Elu, ce dernier a une autorité réelle et a autorité sur les députés dont la majorité d'entre eux s'est engagée à appliquer ses propositions débattues devant le peuple. Cet engagement politique devant les électeurs soude la majorité et institue une solidarité bien comprise entre le Palais-Bourbon et l'Elysée. Il institue de facto une relation de dépendance du Premier ministre vis-à-vis du chef de l'Etat, chef de la majorité parlementaire de fait. L'axe rive droite - rive gauche perd de sa belle harmonie et de sa cohérence dans le seul cas de la cohabitation. Précisément, cette désunion du couple exécutif, pour être exceptionnelle, révèle la deuxième grande caractéristique de la Constitution de 1958 : son adaptabilité.
Un atout précieux: son adaptabilité
Il n'est pas nécessaire de figer toutes les règles dans le texte constitutionnel. Les conventions de la Constitution existent et créent un espace de respiration pour les pouvoirs publics. L'exemple des questions d'actualité au gouvernement, instituées en 1974 à l'Assemblée nationale, dupliquées au Sénat en 1982 et pratiquées en marge de la Constitution jusqu'à la révision du 4 août 2005, le démontre de manière magistrale. Mais parfois la contrainte constitutionnelle est trop forte. La révision constitutionnelle est alors indispensable. Amendé à 24 reprises, le texte constitutionnel a paradoxalement autant évolué par la sollicitation du constituant que par les interprétations qu'en ont fait les juges constitutionnels et ordinaires. Ces derniers, sans jamais remettre en cause les grands équilibres institutionnels, ont pris une part déterminante à la juridicité des prescriptions constitutionnelles. La Constitution de 1958 avait mis en place un régime constitutionnel efficace. Par ses multiples et diverses interprétations, la Constitution de 1958 abrite désormais un Etat constitutionnel efficient.
La cohabitation en témoigne. La dyarchie au sommet de l'Etat est objectivement une source sérieuse de dysfonctionnement institutionnel. Or force est de constater que les trois épisodes de divergence politique entre le chef de l'Etat et le Premier ministre n'ont pas entravé fondamentalement la bonne marche de l'Etat. La Constitution a su surmonter trois cohabitations très différentes. Le secret réside très certainement dans la souplesse de ses dispositions qui donnent lieu à des interprétations ouvertes au compromis. La personnalité et la responsabilité des dirigeants, soucieux de ne pas trop instrumentaliser les institutions au détriment d'un équilibre général, ont permis également le franchissement de ces étapes délicates. "Le premier qui tire est mort". Cette formule prêtée au président François Mitterrand est devenue une loi de la cohabitation, toujours observée en dépit d'une pertinence indémontrable.
L'interprétation politique des dispositions constitutionnelles est essentielle. Elle n'est pas unique. Elle doit composer avec la lecture qu'en font les juges. Cour de cassation, Conseil d'Etat et Conseil constitutionnel ont pris une part déterminante dans l'adaptation de la Constitution aux contextes politiques et juridiques qui s'imposaient à eux. Leur interprétation de la loi fondamentale et leur participation active à la transformation de notre ordre juridique, parfois critiquées, ont rarement été désavouées. La décision du 16 juillet 1971 du Conseil constitutionnel sonne comme le premier "big-bang constitutionnel" en transformant radicalement la mission du Conseil constitutionnel, aidé en cela par le constituant en 1974. De garant de l'autorité de l'exécutif, le Conseil s'érige en garant des droits et libertés, complétant l'action des juges judiciaires et administratifs.
Par ses interprétations au laser, ses censures ciblées, le juge constitutionnel français façonne la charte des droits fondamentaux des citoyens. De façon plus générale, en faisant prévaloir finalement la norme internationale et notamment communautaire dérivée sur les lois, les juges vont ébranler définitivement la loi et par-delà la fonction législative du Parlement. Désormais, le législateur est contraint de respecter les engagements internationaux auxquels la France est liée par sa seule volonté. Le rétablissement de la fonction législative du Parlement passe donc nécessairement par une présence marquée dès le stade de la préparation des actes communautaires. Le domaine de la protection des libertés n'est pas le seul domaine d'intervention des juges.
Pour s'en tenir aux juges ordinaires et à une courte évocation, la Cour de cassation a défini par exemple, à plusieurs reprises, les contours du régime de responsabilité pénale des ministres et du chef de l'Etat. Le Conseil d'Etat, pour sa part, a contribué à la présidentialisation du régime en validant l'appropriation par le Président de la République de compétences réglementaires remises normalement au Premier ministre. Mais l'action des juges n'est pas toujours exempte de critiques sévères.
Une VIe République, pour quoi faire?
Il y a une règle en matière constitutionnelle que chaque citoyen devrait connaître. Toute nouvelle Constitution n'est appliquée dans le sens voulu de ses initiateurs que le premier jour de sa promulgation. Dès le lendemain ses dispositions sont interprétées et celles-ci peuvent très fortement s'éloigner avec le temps des objectifs initiaux. Les IIIe et IVe Républiques ont été interprétées dans une direction sans réel rapport avec l'esprit qui a présidé à leur rédaction. Il faut s'en souvenir. Aussi vouloir une VIe République soulève de réelles interrogations. Tout d'abord quelle République, parlementaire ou présidentielle? Ensuite, quel intérêt de changer de régime dès lors que l'actuel assure la stabilité, but ultime de l'organisation des pouvoirs pour une protection maximale des libertés?
Certes, des corrections semblent indispensables. Certains mécanismes du parlementarisme rationalisé paraissent manifestement excessifs. Des insuffisances sont toujours criantes. Des anomalies majeures méritent d'être traitées au cœur comme l'égalité des chambres  en matière de révision constitutionnelle, mais autant dire que, solide sur ses fondamentaux, soumise à des interprétations responsables, ayant fait preuve à plusieurs reprises de sa faculté à franchir les obstacles, à s'adapter aux attentes des citoyens de plus en plus soucieux de leurs droits et libertés, la Constitution de 1958 est encore promise à de longues années
 
Anniversaire de la Constitution: Hollande fête un texte qu'il ne parvient pas à réviser
Le HuffPost | Par Geoffroy Clavel Publication: | Mis à jour: 03/10/2013 12h42 CEST
CONSTITUTION - Un anniversaire en grande pompe pour un président au bord du coup de pompe. Pour marquer le 55e anniversaire de la Constitution, Jean-Louis Debré, qui n'est autre que le fils du rédacteur de la Loi fondamentale en 1958, a eu l'idée d'inviter près de 200 ministres, anciens ou encore en fonction, pour une cérémonie au Conseil constitutionnel ce jeudi 3 octobre.
Les anciens présidents et anciens chefs de gouvernement ont également été conviés, même si Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac n'ont pas répondu présent. François Hollande, si. Il a même prononcé un discours durant lequel il a annoncé un projet de loi d'ici à la fin de l'année pour mettre en oeuvre le référendum d'initiative populaire. Et il a surtout vanté ce texte fondateur de la Ve République. "La Constitution de 1958 a fait la preuve de sa solidité et de sa plasticité", a expliqué le chef de l'Etat. Elle a en effet été révisée 24 fois en un demi siècle mais toujours pas par l'actuel locataire de l'Elysée qui, en dépit de tous ses efforts, ne parvient pas à amender
 
Un texte rafistolé 24 fois, dont 14 sous Chirac
Rédigée par Michel Debré en l'espace de trois mois, la Constitution du 4 octobre 1958, avait été taillée sur mesure pour De Gaulle, instaurant un monarque républicain. Mais les six présidents suivants se sont coulés aisément dans ce costume institutionnel, y compris son plus vif opposant François Mitterrand qui y fut probablement le plus à l'aise.
Combattu par l'extrême gauche et les écologistes qui réclament un régime parlementaire et une VIe République, la Constitution de 1958 bénéficie toujours de solides partisans partout ailleurs, y compris au Parti socialiste ou au Front national. Gages de "stabilité" des institutions après les remous de la IVe République, les qualités et originalités du texte sont connues: le principal est le système hybride autorisant à la fois un pouvoir présidentiel fort (renforcé par l'instauration du quinquennat) et un régime d'assemblée en cas de cohabitation.

vendredi 27 septembre 2013

LE RESEAU TURQUOISE

Les évadés de La Horaine


Mémorial de Lézardrieux dédié aux évadés de novembre 1943 sur la vedette La Horaine

La vedette La Horaine, la première du nom, celle qui servit à l'évasion de 1943, renommée La Triagoz, photographiée en 1977 à Lézardrieux par François Jouas-Poutrel, gardien du phare des Roches-Douvres pendant 21 ans
 
Le 22 novembre 1943 , à la faveur d'une relève du gardien du phare des Roches-Douvres, la vedette La Horaine prend le chemin de Dartmouth, au lieu de revenir à Lézardrieux, avec à son bord Charles Jézéquel, le gardien de phare descendant[, Jean Le Meur, un autre gardien de phare, le mécanicien de La Horaine Pierre Richard, son pilote Louis Thomas, Yvon Jézéquel, membre de l'équipage, et Karl, un militaire Allemand fait prisonnier lors de l'évasion.
L'opération, d'abord prévue pour le 15 novembre 1943, est repoussée au 22 novembre d'abord pour cause de tempête, puis pour un mitraillage malencontreux de La Horaine par la Royal Air Force, la RAF l'ayant confondue avec une vedette rapide allemande stationnée également à Lézardrieux.
Cette opération a un double objectif : permettre à l'équipage enrôlé et à deux des gardiens de phares basés à Lézardrieux de rejoindre le monde "libre", ainsi qu'à deux douzaines d'hommes en attente à Plougrescant, dont des pilotes alliés dont les avions avaient été abattus.
L'opération La Horaine est organisée par le lieutenant André Cann et l'ingénieur des ponts et chaussées André Le Bras, alors responsable local du Service des phares et balises et membre du réseau Cohors-Asturies.
Suite au report de la date, la marée étant défavorable à l'approche de Plougrescant, la seconde phase de l'opération échoue, et seulement les cinq personnes précitées gagnent l'Angleterre après avoir neutralisé Karl, le soldat Allemand, sur la route des Roches-Douvres à Plougrescant. Elles arrivent en Angleterre le 23 novembre 1943. Les évadés ont eu des destins divers, en particulier Yvon Jézéquel, qui revient en Bretagne en janvier 1944 monter une mission Blavet, en liaison avec le réseau Turquoise.

Yvon Jézéquel (1924-1945),
né à Lézardrieux, est inscrit en 1942 dans une classe préparatoire et désire intégrer l'École navale. Après la fermeture des classes préparatoires à cette école par le Gouvernement de Vichy, qui suivait le sabordage de la flotte française à Toulon, Yvon Jézequel envisage de s'engager dans les Forces navales françaises libres en utilisant La Horaine. André Le Bras lui conseille de participer à cette évasion groupée de novembre 1943, qui se concrétise pour lui par une formation d'agent secret intensive en Angleterre, et un retour le 30 janvier 1944 à l'Île d'Er comme chef du réseau Turquoise. Ce réseau Turquoise, chargé du renseignement sur la baie du Mont Saint-Michel, est démantelé par la Gestapo en avril 1944. Des trente trois membres du réseau, quatorze sont déportés, et sept mourront dans les camps, dont Yvon Jézéquel et sa sœur Simone.

vendredi 20 septembre 2013

POUR UNE AUTRE FRANCE...

 
 
Tenez-vous prêts 
c'est pour la St Michel (prémonitoire)

On va leur montrer qu'il existe une autre France, pas prête de capituler, qui reste attachée aux valeurs patriotiques.
Allez on envoie çà à tous nos contacts.
 

CONCOURS NATIONAL DE LA RESISTANCE ET DE LA DEPORTATION

Mémoire et histoire

Le Concours national de la résistance et de la déportation a été créé en 1961 par le ministre de l'Éducation nationale. Il vise à perpétuer chez les jeunes Français le souvenir des crimes de guerre, des sacrifices consentis pour la libération de la France. Il leur donne l'occasion de rencontrer directement déportés et résistants, et d'établir à ce titre un lien tangible entre les générations.

Vecteur essentiel de transmission de la mémoire, le concours national de la Résistance et de la Déportation offre également aux élèves l'opportunité d'approfondir leurs connaissances sur certains aspects fondamentaux de l'histoire de la Seconde guerre mondiale. C'est aussi pour eux l'occasion de réfléchir à la dimension civique de ces événements.

http://eduscol.education.fr/cid45607/concours-national-de-la-resistance-et-de-la-deportation.html‎
www.cndp.fr/crdp-creteil/resistance

Liens externes



Pour l'année scolaire 2013-2014, le thème retenu est
"La libération du territoire et le retour à la république".
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La présidente du jury national du concours propose un éclairage du thème annuel sur le portail officiel du CNRD.
Chaque année, au début du mois d'octobre, une brochure pédagogique est publiée sur le thème du concours. Elle est diffusée notamment sur les sites suivants :
En 2013/2014, la Fondation de la Résistance est chargée de l'élaboration de cette brochure pédagogique.
D'autres outils d'accompagnements autour du thème du concours sont produits chaque année dans les académies.
Ainsi, un bulletin pédagogique annuel est édité par le Musée de la Résistance nationale et le CRDP de l'académie de Créteil dans le cadre de la préparation du Concours national de la Résistance et de la Déportation.
De même de nombreux musées ou services des archives accompagnent les enseignants et les élèves dans la préparation du concours. Les établissements peuvent se renseigner auprès des délégués académiques à l'éducation artistique et à l'action culturelle (DAAC) de leur académie.
 
 
 

Sujets

Le thème de l'année 2006-2007 était « le travail concentrationnaire ».
Le thème de l'année 2007-2008 était « l’aide aux personnes persécutées et pourchassées en France pendant la seconde guerre mondiale : une forme de résistance ».
Le thème de l'année 2008-2009 était « l'enfant et l'adolescent dans le système concentrationnaire nazi ».
Le thème de l'année 2009-2010 était « l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et son impact jusqu'en 1945 ».
Le thème de l'année 2010-2011 était « la répression de la Résistance en France par les autorités d'occupation et le régime de Vichy ».
Le thème de l'année 2011-2012 était « Résister dans les camps nazis. On présentera les différentes formes qu'a pu prendre cette résistance et les valeurs qu'en transmettent les déportés par leurs témoignages ».
Le thème de l'année 2012-2013 est « communiquer pour résister (1940-1945) ».
Le thème de l'année 2013-2014 est « la libération du territoire et le retour à la République ».
  • Session 2012-2013
Thème : "Communiquer pour résister"
Le jury national établira le palmarès à la fin du mois de septembre 2013. La remise des prix devrait se dérouler en décembre 2013.
  • Session 2011-2012
Thème : "Résister dans les camps nazis"
 

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