Dans la campagne samaritaine, entre champs de canne et de banane, une locomotive sauvée de l'oubli transporte désormais les visiteurs à travers un voyage dans le temps, entre patrimoine, nature et mémoire. Un petit train qui raconte une grande histoire, au départ du musée du Rhum de la distillerie Saint-James.
Halte à Sainte-Marie, lors d'un matin ensoleillé. Avant-veille d'une étape de Tour des yoles, la ville s'active pour accueillir le public dans les meilleures conditions. Tandis que la plupart des regards se tournent vers le célèbre Tombolo, une relique du passé s'apprête à reprendre les voies une fois de plus.
Une histoire de passion
Entre les champs de canne et les effluves sucrées du rhum, une locomotive vrombit doucement, prête à embarquer ses voyageurs. Son nom : Moïse. Son histoire : une renaissance. Retrouvée au fond de la rivière Cerise et restaurée avec amour à la fin des années 90, elle est aujourd'hui le moteur de l'association Les Rails de la Canne à Sucre.
À la tête de cette aventure humaine et patrimoniale, Patrice Pinard, ancien de la RATP devenu président presque malgré lui : « À la base, je suis venu pour aider en informatique... et me voilà président de l'association ! » Depuis 2013, il œuvre bénévolement avec quelques passionnés pour faire revivre un fragment oublié de l'histoire martiniquaise. Unique vestige ferroviaire encore en activité sur l'île, ce petit train touristique réserve quelques surprises. Bien plus qu'une simple balade, il offre un ticket pour remonter le temps, au fil des rails qu'empruntaient autrefois les convois de cannes.
Voyage dans le passé
Dans cette petite gare nichée au cœur de la distillerie Saint-James, le coup de sifflet retentit. Les passagers quittent le quai pour découvrir l'histoire du train, des plantations, les secrets du rhum et l'évolution des transports agricoles. Le parcours, rythmé par des anecdotes, dévoile une succession de tableaux authentiques : champs de canne, arbres fruitiers, chai de vieillissement du rhum, gare de triage, plantes médicinales, entre autres.
Mais tout ne roule pas aussi aisément qu'il y paraît. Reliant symboliquement le musée du Rhum à celui de la Banane, le train doit aujourd'hui s'arrêter quelques mètres avant son terminus à cause d'un pont en mauvais état. Un obstacle qui ne gâche toutefois pas la visite. La locomotive fait demi-tour et marque un arrêt à la sucrerie Lassalle. Là, les visiteurs disposent de 45 minutes pour explorer le site et en découvrir les secrets.
Un patrimoine sur des rails fragiles
Trois rotations par jour, une poignée de bénévoles épaulés et quelques jeunes en mission locale : la dynamique est fragile mais tenace. La distillerie Saint-James, elle, joue le rôle de fidèle mécène et accompagne l'association en contribuant à l'entretien et aux réparations. Malgré les défis et les contraintes, le train poursuit donc son chemin. Grâce à la passion de ceux qui veulent transmettre, et à l'enthousiasme des visiteurs charmés par l'expérience. En haute saison, le succès est définitivement au rendez-vous : touristes et locaux s'émerveillent devant les paysages et les anecdotes partagées. Certains découvrent même le train pour la première fois. « Beaucoup d'autochtones ne savaient même pas qu'il existait. Quand ils montent à bord, il se passe quelque chose », confie Patrice avec émotion. L'attraction reste ouverte toute l'année, sauf en septembre, période dédiée à la maintenance. Et comme chaque année, l'association est à la recherche de jeunes motivés pour s'investir dans le projet. Alors, si vous passez par Sainte-Marie, n'hésitez pas à monter à bord. Écoutez les histoires, sentez l'odeur de la bagasse et laissez le passé vous murmurer à l'oreille.
√ Pour plus d'informations (tarifs et horaires), rendez-vous sur le site de l'association : https://traindesplantations-rcs.fr/
Contact : 0596 63 31 08 ou 0696 86 99 09