LES FRANCAIS LIBRES

En souvenir de mon grand-père le Commandant Fernand Mudès, qui a rejoint la France Libre à Londres en juin 1940







voir aussi  : La Résistance




Je laisse à deux historiens, spécialistes de la Seconde Guerre Mondiale, de définir les " Les Français Libres ".
Définition
Il paraît utile de donner en introduction une définition pour mieux préciser qui ils sont. Les Français libres sont ces hommes et ces femmes qui ont choisi de répondre à l’appel du général de Gaulle (appel du 18 juin ou un des jours suivants) de poursuivre le combat à l’extérieur ou à l’intérieur.
Ils combattent en uniforme ou sans uniforme. Ils ont formellement signé un engagement pour la durée de la guerre et sont des volontaires. Sont donc Français libres ceux qui ont rallié avant la date du 31 juillet 1943 après quoi les forces françaises libres et l’armée d’Afrique et troupes coloniales sont réorganisées au sein de l’Armée française. La France libre au sens strict cesse d’exister le 3 juin 1943 lors de la mise sur pied du Comité français de libération nationale à Alger.
1. Des ralliements individuels
Les premiers Français libres sont des hommes ou des femmes seules qui rallient avec des camarades ou individuellement. Ce sont " des hommes partis de rien " pour reprendre la formule de René Cassin. Churchill le 27 juin dit au général de Gaulle le fondateur de la France libre : "Vous êtes seul ? et bien je vous reconnais tout seul ! ".Daniel Cordier, Philippe de Hauteclocque, le lieutenant de Vaisseau d’Estienne d’Orves, Jean Simon, Pierre Messmer. Civils ou militaires rallient individuellement.
A la mi - juillet 1940 : Les FFL sont 1 500 ; à la mi-août, ils sont 6 000, fin 1940, 12 000 ; Ils sont Français, étrangers, habitants l’Empire. Des unités : une partie de la 13e Demi-brigade de légion étrangère. C’est le cas de l’escadron du capitaine Jourdier qui en juillet 1940, entraîne ses spahis en Palestine.
2. Les ralliements des territoires
De Gaulle veut entraîner l’Empire dans la Guerre car la France n’est pas seule, elle a un vaste empire ! Du même coup les populations françaises et autochtones rallient globalement.
Dans l’été 1940, rallient pacifiquement :
. 20 juillet : Nouvelles Hébrides
. 26, 27, 28, août : Tchad, Cameroun, Congo
. Début septembre : Oubangui-Chari
. 9 septembre : Les Cinq Comptoirs de l’Inde (Changernagor, Karikal, Mahé, Pondichéry, Yanaon)
. 19 septembre :Nouvelle Calédonie.
Ralliement par campagnes militaires :
. 10 novembre :Gabon
. Juin 1941 : Syrie
. Novembre 1941 : Côte française des Somalis
. Mai 1942 : Madagascar.
. Juin 1943 : les Antilles françaises.
3. L’entrée des Français libres dans la guerre et l’échec de Dakar
Décembre 1940, les FFL sont engagés aux côtés des Britanniques, d’abord contre les Italiens : le 1er bataillon d’infanterie de marine intervient en Libye ; Février - avril 1941 : la 13ème DBLE en Erythrée.
La colonne Leclerc en janvier - mars 1941 prend Koufra le 1er puis Fezzan puis Tunis (300 hommes dont 2/3 d’Africains).
Juin 1941, la 1ère DFL combat en Syrie les forces Vichystes. Puis en 1942, c’est lépisode héroÏque de Bir Hakeim. En jjuin 1942 : El Alamein se bat contre les Forces allemandes.
Janvier-mai 1943 : en Tunisie Les FNFL participent à la bataille de l’Atlantique, vitale pour l’approvisionnement de la Grande-Bretagne ; Les FAFL contribuent à la défense de la Grande Bretagne, elles soutiennent également les opérations des FFL au Levant et en Afrique. Les groupes Alsace, Lorraine, Ile de France, Bretagne, Artois, Picardie, mènent des missions de chasse et de bombardement, dans lesquels se distinguent des pilotes comme René Mouchotte.
En septembre 1942, le groupe Normandie est envoyé en URSS combattre aux côtés des Soviétiques.
4. La France libre dans le monde
La conquête de l’opinion par les émissions radio et l’écoute de la BBC permet d’informer et contrebalancer la propagande du gouvernement de Vichy . Les comités de la France libre dans le monde se multiplient jsuqu’à 39 comités fin 1942. Exemples : au Canada, Elisabeth de Miribel puis d’Argenlieu, en Argentine. "France for Ever" créé par Eugène Houdry puis animé par le savant Henri Laugier.
5. État quantitatif en juillet 1943
Les Forces Françaises Libres représentent 50 000 hommes. Déjà 2 000 ont été tués et 1 200 faits prisonniers.
Les Forces Navales de la France Libre sont créées le 1er juillet 1940, confiées à l’amiral Muselier. Elles regroupent 13 000 hommes et une quarantaine de bâtiments de guerre, une soixantaine de navires de commerce.
Les Forces Aériennes de la France Libres sont créées le 7 juillet 1940 et commandées par l’amiral Muselier jusqu’au printemps 1941 puis par le général Valin. Il existe plusieurs groupes : Alsace, Lorraine, Ile-de-France, Bretagne, Artois, Picardie, Normandie puis Normandie Niemen. Les FAFL représentent 3 000 pilotes et autres personnels. Les pertes sont importantes. Par exemple, dans le groupe Normandie, sur la centaine de pilotes, près de la moitié disparaît au combat.
Les Volontaires Féminines de la France Libre : a création du corps des volontaires françaises intervient le 7 novembre 1940 par la volonté du général de Gaulle. Ce corps répertorie 430 femmes.
6. Un homme : le général de Gaulle
Dans l’appel du 18 juin, et ceux qui suivront, le général de Gaulle demande à tous les Français de le rejoindre à Londres pour poursuivre le combat. Son choix qui paraît peu réaliste, est pourtant porteur d’avenir. Il jette les premières bases d’un contre-gouvernement situé dans le camp des adversaires de l’Allemagne. "A 49 ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries" écrivit-il dans ses Mémoires.
C’est un refus de la défaite motivé par l’engagement du 28 mars 1940 de la France à l’égard de l’Angleterre de ne pas signer d’armistice. De Gaulle, opposé au régime de Vichy, répond à Pétain après la signature de l’Armistice : "Monsieur le Maréchal, dans ces heures de honte et de colère pour la Patrie, il faut qu’une voix vous réponde. Ce soir, cette voix sera la mienne !"
Sans la reconnaissance britannique, l’action du général aurait pu être entravée. Le général de Gaulle a rejoint Londres le 17 juin. Churchill, lui fait ouvrir les micros de la BBC le 18 juin et quelques jours après le 28, le gouvernement britannique le reconnaît comme chef de tous les Français libres. Il lui faut de l’argent, des moyens, des armes. Le 7 août, Churchill affirme son soutien plein et entier au général de Gaulle car il lui faut, dans le cadre de la stratégie britannique, contrôler une force française qui demeure dans la guerre. La France libre reconnue comme une force à part entière, dispose donc de locaux et de financements.
7. La France Libre et la Résistance Intérieure.
L’action clandestine s’est perpétrée à travers le 2ème bureau du colonel Passy qui envoya des agents en France dès juillet 1940. Hubert Moreau, Jacques Mansion puis les réseaux St-Jacques, Confrèrie Notre Dame Castille, Fourcaud sont des agents de la France libre qui doivent renseigner.
Grâce à l’action de Jean Moulin, délégué du général de Gaulle, la déclaration aux mouvements du général de Gaulle a pour conséquence la constitution de la France Combattante, fin juillet 1942, regroupant ainsi la Résistance intérieure et les Forces Françaises Libres.
Conclusion : Le rétablissement de la légalité républicaine est inscrit dans l’esprit et les actes du Chef de la France libre à Londres. La France Libre a été porteuse de valeurs : dignité de la Patrie et Honneur.

Sources
Mme Maryvonne Braunschweig, M.François-René Cristiani-Fassin, Mme Christine Levisse-Touzé et M. Jean-François Muracciole
Jean-Français Muracciole, historien et maître de conférences à l’université de Montpellier III
Typologie des Français Libres
" Dans cette rapide introduction, il me paraît nécessaire d’insister sur la singularité des Français libres qui, quel que soit le critère retenu, se présentent comme une population atypique, en marge de la société française de la fin des années 1930.
Mais avant tout un rappel essentiel : dans cette enquête, il n’est question que des Français libres citoyens français en 1939 (de Métropole, de l’Empire ou de l’étranger). Autrement dit, elle ignore les étrangers et, surtout, les engagés coloniaux (de l’AEF, du Pacifique, plus tard de l’AFN) qui furent pourtant majoritaires dans les rangs de la France Libre, du moins jusqu’en 1943. Une autre enquête (voire un autre concours de la Résistance) serait nécessaire pour retrouver la trace et honorer la mémoire de ces résistants qui furent, en 1940-1941, les plus nombreux de tous les résistants français.
Singularité d’abord familiale et générationnelle
Grande jeunesse des Français Libres : 52% ont entre 19 et 23 ans au moment de l’engagement ; mais à peine 12% ont plus de 30 ans. Ce qui explique, fait remarquable, qu’environ 40% des Français Libres étaient mineurs au moment de leur engagement.
Familles atypiques : dans une France qui ne faisait presque plus d’enfants, les Français Libres proviennent de familles relativement nombreuses (42% viennent de familles de plus de 3 enfants ; 23% de plus de 4). Et ils sont le plus souvent situés en queue de fratrie. On retrouve là, de façon singulière, un phénomène de " cadets " qui caractérisait les engagements militaires au XIXème siècle et, plus encore, sous l’Ancien Régime
En outre, 23% des Français Libres sont orphelins (25% si l’on compte les fils de divorcés).
Du point de vue scolaire, on trouve une spectaculaire sur-représenation des bacheliers/étudiants/élèves de grandes écoles, à une époque où moins de 7% des effectifs d’une classe d’âge atteignaient le niveau du bac et où la France comptait moins de 100 000 étudiants. 45% des Français Libres ont au moins le niveau du bac ; 24% sont étudiants ou élèves d’une grande école. Si les élites étaient absentes à Londres en juin 1940, comme s’en désola longtemps le général de Gaulle, leurs enfants étaient bien présents.
Rien de tel chez les Français Libres, si on limite l’étude à la date butoir du 1er août 1943. Les engagements révèlent deux grandes vagues : l’une à l’été 1940 (juin-septembre), au lendemain de la défaite et de l’Appel du 18 Juin ; la seconde à partir de novembre 1942 et au printemps 1943, avec, cette fois, une nette prédominance des engagés originaires de l’Empire, surtout de l’AFN, et des évadés de France : 40% des engagés en 1940 ; 10% en 1941 ; 15% en 1942 ; 35% en 1943. Entre les deux, de l’automne 1940 à l’automne 1942, la France Libre a connu une grande " traversée du désert ", le pire étant atteint entre l’été 1941 et l’été 1942. De cette façon, on peut nettement distinguer deux " générations " de Français Libres, ceux de 1940 et ceux de 1943.
Bien d’autres points pourraient être abordés (la faible politisation des Français Libres ou de leurs familles, la lenteur de la montée en grade, les activités et les orientations politiques après la guerre, etc...), ce qui est impossible dans le cadre de cette communication. Il resterait aussi à expliquer les phénomènes que nous venons de décrire très sommairement. Je m’y emploierai dans mon étude en essayant de montrer que la grille de lecture proposée par F. Marcot pour la Résistance intérieure (principe " intentionnaliste " et principe " fonctionnaliste ", concepts dérivés de l’historiographie allemande sur le nazisme et adaptés par Marcot à la situation française) n’est guère opératoire pour les Français Libres, ce qui, à mon sens confirme à nouveau la grande hétérogénéité des deux milieux. Bref, tout cela appelle de beaux et stimulants débats.

 
Avant d’écouter les témoins présents, un intermède audiovisuel a permis d’illustrer le combat de ces " Français libres " à travers un témoignage de Pierre Mesmer et des images d’archives.
Réalisée en juin 2003, l’interview de Pierre Messmer*, Compagnon de la Libération, Président de la Fondation de la France Libre, a donné un exemple fort de l’engagement d’un jeune homme dans la France Libre :" Quand j’ai entendu à la radio la déclaration du maréchal Pétain, j’ai eu l’impression que cette voix chevrotante, d’un vieillard illustre, certes, ne pouvait nous laisser présager que du pire. Et c’est vraiment l’audition de cette allocution du maréchal Pétain qui m’a décidé à partir tout de suite ... " Un grand message d’espoir pour tous les jeunes étudiants présents à conclu ce premier document audiovisuel : " Dans les grandes crises, le ressort a été celui de la jeunesse. J’ai été frappé à Londres, par la jeunesse de tous ceux qui avaient rejoint le général de Gaulle, la moyenne d’âge ne devait pas dépasser beaucoup vingt ans.(...) c’est la preuve que dans une crise la jeunesse joue un rôle déterminant. "
* Cette cassette-vidéo sera envoyée gracieusement aux professeurs de collège, lycée ou université, et aux animateurs socio-culturels (personnels de mairie, institution à caractère culturel) sur simple demande à "Mémoire et Espoirs de la Résistance - Marie Delaleu, 16-18 place Dupleix, 75015 - Paris, ou par email à memoresist-mer@club-internet.fr ).
Puis deux films regroupant des images d’archives exceptionnelles ont été projetés
"Les Français libres ", avec l’aimable autorisation du Mémorial Leclerc et du Musée Jean Moulin de la Ville de Paris.
Ce film documentaire assemble des images d’archives montrant le général de Gaulle saluant les combattants de Bir Hakeim et passant en revue les soldats de l’Empire des territoires ralliés et le parcours héroÏque de la Colonne Leclerc en Afrique.
"Ceux du Maquis", avec l’aimable autorisation de l’ECPA et du Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne.
Ce film a été réalisé en 1944, à l’initiative de Jacques de Bingen, délégué général en France du CFLN, et de Jacques Brault, responsable du Service national Maquis, pour la revue filmée mensuelle "Ici la France".
Il met en scène de jeunes maquisards d’un maquis de la Drôme dans leurs gestes quotidiens. On les voit ainsi monter leur cantonnement, passer de longues heures à s’entraîner ou encore hisser le drapeau français et saluer les couleurs. Le commentaire de ce film est dit par Maurice Schuman. Film de contre-propagande dénonçant le régime de Vichy et incitant au combat contre les nazis est aussi un outil de propagande afin de fédérer les deux grands pôles de la Résistance française : la France Libre ou les Forces Françaises Libres, travaillant depuis Londres, et la Résistance Intérieure ou Forces Françaises de l’Intérieur.

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